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Critiques de Vladimir Arséniev (36)
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Dersou Ouzala

Quel beau voyage ! Pour l’instant, je n’ai pas vu le film et c’est tant mieux ; plus longue fut l’immersion. Traduit par Yves Gauthier, édité par Transboréal, édition complète de janvier 2022, Vladimir Arseniev témoigne de sa vie d’explorateur dans les forêts de l’Extrême-Orient russe et de sa rencontre avec Dersou Ouzala, chasseur animiste, coureur des bois. J’ai avidement contemplé les illustrations du livre et recherché tel oiseau, animal, arbre, vent, pluie, brouillard, fleuve, et Gens spécifiques ainsi nommés par Dersou pour prolonger cette marche au cœur de la taïga, confondant hommes et bêtes en leur humanité. Ce fut long mais tellement passionnant qu’à la fin j’en demeure d’autant plus frustrée que je perds des amis. Un tant soit peu idéalisé, le Golde, diront certains, qu’il ait pu sentir mauvais ou revêtir quelques défauts, peu m’importe en vérité, mon chien lui aussi a une haleine de chacal mais c’est un Gens que j’aime et s’il y a un peu de Saint-Exupéry là-dedans, grand bien lui fasse à l’officier de nous l’avoir donné. Trop long serait en dire davantage quand lire exalte en atmosphère.
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Dersou Ouzala

Ce livre est en grande partie autobiographique. Vladimir Arseniev, officier de l’armée impériale russe, fut explorateur, géographe et ethnologue ; il nous livre, ici, le récit de ses explorations entre 1901 et 1906, dans le territoire de l’Oussouri, affluent de l’Amour. Dans l’inextricable taïga, il rencontre Dersou Ouzala, un trappeur Gold d’origine mongole qui sera son guide. Une formidable amitié nait entre les deux hommes.

Dans ce très beau récit d’aventures, nous découvrons la faune, la flore et les coutumes des ethnies vivant dans la sombre taïga de l’extrême orient sibérien. Dersou communie avec la nature, le ciel et les étoiles, il est aussi notre guide dans ces forêts des monts du Sihoté Aline le long de la mer du Japon au nord de Vladivostok. Surtout suivez le trajet de l’expédition sur une des cartes …

Dépaysement garanti dans ce bout du monde, aux confins de la Sibérie, dont on parle si peu ! Ce pays incommensurable, « cette terre qui n’a pas fait les choses à demi mais s’est étendue comme une tâche d’huile sur la moitié du monde » dit Gogol dans les « Ames mortes ».



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Dersou Ouzala

Les fabuleux souvenirs de la vision du film-phare — et film fleuve (2 h 41) — d'Akira KUROSAWA, sorti en 1975 (ce fut une coproduction soviéto-japonaise) nous ont "naturellement" amenés à rencontrer le beau récit-témoignage — publié en 1921 — de "l'explorateur" (ethnologue et géographe) Vladimir ARSENIEV, homme de coeur et scientifique bientôt rattrapé — avec toute sa famille — par l'abyssale connerie staliniste...



Là encore une ode à l'amitié : cette matière friable qui se construit, jour après jour, sous les mille yeux des esprits sauvages de la Taïga. Le miracle d'une rencontre. Le sens de la survie et du groupe. Au début du XXème siècle, la petite troupe dirigée par l'officier scientifique Arseniev en "mission d'exploration" (pour le compte du régime tsariste) rencontre un trappeur golde nommé Dersou Ouzala, vivant du commerce des peaux de zibelines et connaissant tous les secrets de la forêt arctique....



On se souviendra longtemps de la nuit de survie d'Arseniev et Dersou perdus sur le lac gelé... De ces roseaux, à très-très vite rassembler en meule, bien sûr... Le vent glacial. La mort à coup sûr...



Un très beau récit, fait de souvenirs personnels de deux missions scientifiques (1901 et 1906), dont nous connaissions le très mélancolique dénouement : ces destinées séparées de Dersou le Golde et du "capitaine Arseniev".



Magnifique...
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Dersou Ouzala

Avant toute chose, puisque la référence à Akira Kurosawa semble être un passage obligé quand on évoque l'oeuvre de Vladimir Arseniev : je n'ai jamais vu le film "Dersou Ouzala", même si j'ai désormais bien envie de combler cette lacune après avoir lu et apprécié le roman qui l'a inspiré.



D'ailleurs, le terme "roman" définit-il précisément ce qu'est le "Dersou Ouzala" d'Arseniev ? En réalité, on a davantage affaire à un récit dans la grande tradition des écrivains-voyageurs, voire à un précurseur du genre "nature writing" à la mode actuellement. Ici, l'officier-topographe au service du tsar Nicolas II rend compte de ses explorations à travers les étendues sauvages du Primorié, cette région de l'Extrême-Orient russe dont nous connaissons tous le nom de la ville principale : Vladivostok, symbole pour nous de ce qui est lointain et inaccessible. Véritable "Frontière" comme pouvait l'être l'Ouest américain, le Primorié demeurait encore largement inconnu il y a un siècle, et d'une certaine manière l'est encore aujourd'hui. Pour toute présence humaine, seuls de rares colons russes y côtoyaient une poignée d'indigènes oudégués, de paysans coréens et de bandits chinois... En somme, le paradis de l'aventurier.



Alors, qu'est-ce qui est romancé par Arseniev ? Sans doute quelques menus détails destinés à donner du liant à son histoire. On sait par exemple que l'auteur croisa la route du dénommé Dersou Ouzala lors de sa deuxième expédition en 1906, et non lors de la première en 1902 comme il le relate — une astuce qui permet d'introduire rapidement le personnage marquant du récit, ce vieux chasseur de l'ethnie gold vivant en parfaite communion avec la forêt et auquel il est difficile de ne pas s'attacher. Pour le reste, l'auteur se passe des ingrédients romanesques habituels pour nous livrer la relation méticuleuse de son exploration : inutile d'espérer du suspense ou des rebondissements, ni même de véritables enjeux scénaristiques. Y compris lorsque les membres de l'expédition font face à une difficulté majeure, comme une inondation ou une rencontre avec un tigre, le récit fait l'économie de grands effets narratifs. Il en résulte que "Dersou Ouzala" n'a rien d'un "page turner". C'est plutôt le genre de livre qu'on lit tranquillement, que l'on déguste pour mieux apprécier sa beauté, au rythme lent auquel les hommes progressent au sein de la taïga. Autrement, on pourrait trouver lassante cette litanie de bivouacs, de marches dans la forêt, de chasses, de descriptions minutieuses de la faune et de la flore... À ce sujet, de nombreuses scènes sont susceptibles de heurter la sensibilité d'un lectorat citadin du 21ème siècle : on abat beaucoup d'animaux dans ces pages, qu'il s'agisse de sangliers, d'oiseaux, de zibelines, d'ours ou de biches. Ces tueries ne sont pas gratuites, pour les chasseurs et les trappeurs il ne s'agit que de survivre dans un environnement très éprouvant, mais mieux vaut être prévenu...



À noter, enfin, que l'édition de poche parue chez Payot, établie par le sinologue Michel Jan, est un modèle du genre : une introduction fort instructive qui a le bon goût de ne pas trop déflorer l'oeuvre, un glossaire des lieux et des termes locaux, une courte bibliographie et, surtout, trois cartes très utiles pour mieux suivre les pérégrinations de l'officier-topographe russe et de son ami le vieux chasseur gold dans des territoires que le commun des mortels ne parcourra jamais qu'en rêve.
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Dersou Ouzala

Voici une réédition des textes de Vladimir Arseniev, officier russe, qui, au début du vingtième siècle, effectua plusieurs voyages d’exploration dans les forêts de l’Extrême-Orient Russe.



Lors de ses explorations, il fit connaissance de Dersou Ouzala, un chasseur Nanaïs. Entre les deux hommes, aux parcours si différents, naquit alors une profonde amitié.



Ce pavé, basé sur les notes de voyages d’Arseniev est romancé mais, repose en grande partie sur son vécu.



Comme tout récit d’exploration qui se respecte, les descriptions des paysages traversés sont très nombreuses et détaillées. Vous retrouverez le nom commun, le nom latin et les descriptions des animaux croisés et de la flore locale. 



Ce qui entraîne une certaine longueur du récit. Cependant, je n’ai pas abandonné ma lecture car Arseniev est un excellent conteur, et lorsqu’il raconte la vie de leur expédition, le récit trouve un rythme et un charme indéniable. 



J’ai aimé voir ces hommes se confronter à la nature implacable, sans nourriture parfois, trouver des solutions, écouter le vent pour connaître la météo du jour. Sans parler des moments où les soldats sont pris en chasse par des tigres. 



J’ai aimé, aussi, lire en filigrane le regret de l’auteur pour ce monde qui se civilise, cette nature qui se fait grignoter par l’exploitation humaine. 



Mais surtout j’ai été émue par cette histoire d’amitié, sans expansion, mais où chacun se soucie de la vie de l’autre, de la confiance accordée et des échanges sur les croyances et les connaissances de l’autre.



Un récit qui, clairement , ne réussira pas à convaincre tout le monde mais, qui m’a personnellement charmé.
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Dersou Ouzala

Vladimir Arseniev, officier topographe au service du tsar Nicolas II nous fait le récit de ses explorations entre 1901 et 1906 dans le territoire de l'Oussouri, affluent de l'Amour, à travers les étendues du Primorie, l'extrême-orient russe. A travers la taïga il est guidé par Dersou Ouzala, trappeur local, avec qui se noue une forte amitié. Dersou Ouzala nous guide nous aussi, nous faisant découvrir faune, flore et même coutumes. Nous sommes dans des territoires quasiment vierges, les humains sont rares : quelques colons russes, quelques coréens, quelques bandits chinois, quelques oudégués… de la vraie aventure à la frontière des cultures russes, coréennes et chinoises. C'est romancé, mais pas énormément : en réalité il n'a rencontré Dersou Ouzala que lors de sa dernière expédition. A part ça, c'est plutôt la relation précise, détaillée, d'une exploration et du coup cela peut sembler parfois répétitif : campement, marche, chasse pour se nourrir, description de la faune et de la flore...A mi-chemin entre le journal de voyage et le roman d'aventure. Mais grâce à Dersou Ouzala, personnage envoûtant qui communie avec la nature, celle-ci, qu'elle soit forêt, montagne, faune ou flore, devient personnage à part entière du récit.

L'amitié entre les deux hommes, si dissemblables, est aussi un grand point fort du récit, amitié qui est narré par Arseniev avec une plume respectueuse, s'effaçant presque derrière son guide.

Akira Kurosawa en a fait un film en coproduction soviéto-japonaise en 1975, excellent film qui transmet bien l'essentiel du livre. le livre et le film font tous les deux un bien fou.
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Dersou Ouzala

Entre 1902 et 1907 Vladimir Arseniev, officier-topographe de l'armée russe, va mener trois expéditions aux confins de la Sibérie orientale.

Même si ces expéditions sont organisées avec rigueur, la taïga, entre Oussouri et Pacifique, est un milieu hostile exigeant une connaissance du terrain que seuls les natifs possèdent. Lorsqu' Arseniev rencontre un vieux chasseur gold, Dersou Ouzala , il comprend très vite qu'il sera leur guide.

A la frontière entre les mondes chinois, coréen et russe on avance sous le charme de ces récits. On savoure chaque instant. Des récits d'aventures, d'épreuves aussi imprévisibles que redoutables. Seul Dersou, l'autochtone attentif à chaque pas, à chaque bruissement fait preuve d'une sagacité sans égale.. Son seul agacement ira à la nonchalance des Russes pressés ne voyant rien, « pareils à des enfants ». Dersou parle aux animaux comme à des hommes, sa vision anthropomorphique qui semble naïve résonne très fortement en nous. Elle se révèle aussi d'une belle efficacité. Des incendies de forêt aux tempêtes de vent ou de neige, de la traversée périlleuse d'une rivière à la rencontre glaçante d'un tigre aux discussions intimes autour d'un feu, c'est toute l'histoire d'une amitié touchante de deux hommes si dissemblables.

On ne sait plus si c'est le personnage de Dersou qui nous envoûte ou si c'est l'écriture limpide et respectueuse d'Arseniev qui nous retient....Quelles que soient ses erreurs d'appréciation ou les épreuves traversées, le narrateur, intrigué et parfois dubitatif, reste humble, sobre et positif.

Ces journaux d'expédition rédigés plus d'une décennie, voire deux, plus tard sont peut-être romancés. Ils restent un témoignage vibrant. Une douce lecture intemporelle.

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Dersou Ouzala

Livre splendide qu'aimeront tous les aficionados de la nature sauvage et des relations humaines profondes. Les rencontres entre un officier de l'armée du tsar Nicolas II et Dersou, trappeur, qui vit au coeur de la nature, sont emplies de poésie et d'émotion. C'est une immersion dans l'immense nature russe avec des descriptions d'une qualité exceptionnelle. C'est également un roman d'amitié entre deux hommes de conditions très différentes qui vont partager une passion, celle de la nature, tout au long de leurs rencontres. Et bien sûr, un film de Kurosawa pour sublimer avec talent toutes les images de cette très belle harmonie.
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Dersou Ouzala

Dans les années 1900, Arseniev est chargé de faire des relevés cartographiques de la région de l'Oussouri, dans l'extrême-orient sibérien. Pour cela, des expéditions, formées de soldats (souvent cosaques) sont montées. Il embauche pour quelques jours des éclaireurs sur place.



Une nuit surgit dans son bivouac, un Gold, venu se réchauffer au bûcher. Arseniev discute avec lui jusqu'au matin et l’enrôle comme guide. C'est ainsi que commence une amitié ou plutôt selon moi la rencontre de l'élève et du maître.



Dersou chasse, toute l'année dans la taïga, depuis que sa femme et ses enfants sont morts de maladie. Il a abandonné sa maison. Plus Arseniev et ses hommes le côtoient plus ils découvrent les connaissances qu'il a des animaux, du climat et du milieu dans lequel il vit et plus ils l'apprécient.



Mais surtout, Dersou a un sens de l'observation hors du commun et une vive intelligence qui lui permettent de tirer des conclusions très justes et d'éviter bien des pièges.



Dersou est généreux et solidaire : il ne tue que pour manger, pense aux autres, bêtes ou hommes... Il est courageux, débrouillard, et foncièrement humains.



Arseniev est officier-topographe. Sans le vouloir il dresse son propre portrait dans ce livre. Il est juste, ouvert aux autres cultures et coutumes, curieux de tout, tenace dans sa mission.. Arseniev connaîtra inondations, feux de forêt, tempête de neige, froid intense, faim, fatigue extrême... et même la météorite de 1908. Mais rien ne l’arrête et chaque soir il s'attelle à la rédaction de son journal de marche.



Arseniev écrit plusieurs fois qu'il questionne Dersou pour apprendre à suivre une piste, pour arriver à prévoir les changements de temps, par exemple. Dersou a bien deviné que cet homme est sans préjugés, sans arrogance.. Le professeur c'est lui.



Arseniev a tiré ce livre, qui n'est pas un roman, à mon avis, de ses journaux, les redites en donnent l’impression. Mais cela rend la lecture encore plus intéressante. En faisant le portrait d'un « homme des bois » dont il ne resterait même pas le nom dans un registre quelconque aujourd'hui, il rend hommage aux peuples de Sibérie, aux inconnus de l'histoire, et surtout, à une culture appelée a disparaître (même la tombe de Dersou reste introuvable après le défrichage de la région). C'est la fin d'une époque. Arseniev veut laisser un hommage à son ami et le sortir de l’anonymat.



Arseniev est un héro positif, de ceux qui construisent le monde. Il doit sa renommée à son travail, à son amour des autres. Bien sur il va s'en dire que cela lui attira les persécutions des bureaucrates staliniens : on détruisit ses archives, on tua sa femme...



Lors de ma première lecture ma conscience écologique était beaucoup moins développée. Elle m'a fait voir aujourd'hui une autre facette de ce texte. «  Dersou Ouzala » est aussi un contre-portrait d'une époque où tuer un animal était banal voir un exploit. Arseniev va à la chasse à l’ours pour savoir ce que c'est et peut-être même voir s'il en a le courage.



Dersou arrête plusieurs fois un cosaque qui s’apprête à tirer, par exemple sur des otaries dont on aurait même pas pu récupérer la viande. Page 87, Arseniev cite des « chasseurs » qui ont tué plus de 140 ours à eux deux !!! Maintenant les russes doivent se battre pour sauver certaines espèces !!!



La traduction est loin d’être parfaite. Il est en effet peu probable que les russes utilisent le mot kilomètre dans ces années-là mais plutôt verstes qui n’apparaît qu'une fois à l'avant-dernier chapitre.



« Dersou Ouzala » est un livre dépaysant, d'aventure, d'amitié, et aussi de géographie et d'histoire. Un vrai plaisir de retrouver ces personnages et la taïga pour la seconde fois.
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Dersou Ouzala



"Dans la taïga oussourienne, il faut toujours prévoir la possibilité de se trouver face à face avec des fauves. Mais rien n’est aussi désagréable que de se heurter à un être humain. La bête, généralement, se sauve à la vue d’un homme et ne l’attaque que si elle est pourchassée. Dans ces cas-là, chasseur et animal savent ce qu’ils ont à faire. Un être humain est tout autre chose. Il n’y a pas de témoins oculaires dans la taïga, aussi la coutume a-t-elle créé cette tactique singulière : l’homme qui en aperçoit un autre doit tout d’abord se cacher et tenir sa carabine prête." (77)



L’écriture est simple et humble, sobre en sentiments personnels. Le narrateur, en sa qualité d’observateur scientifique, s’efface, se glisse derrière les bouleaux, ratons laveurs, polatouches, chênes et grimpereaux. Il rapporte des bruits, des sensations. Le cri aigu, perçant et court de l’écureuil, la chaleur de l’air, la terrible piqûre des gnouss, le souffle de l’ours. Les descriptions des mœurs côtoyées et des paysages traversés n’ont pas beaucoup de relief pour notre goût actuel. On a le sentiment d’un monde lointain qui se dérobe à notre compréhension. Le passage qui se situe entre la première rencontre avec Dersou et la seconde est assez lancinante et morne. C’est le Gold, qui, par sa présence, fait respirer le livre. On découvre un pisteur hors pair, à l’égal de l’inspecteur australien Napoléon Bonaparte, du navajo Joe Leaphorn, voire même de Sherlock Holmes. Il est à la fois touchant et insaisissable. En refermant l’ouvrage, on se dit qu’Akira Kurosawa en a tiré toute la substance.



"La nuit, quand on voit une lumière, on ne peut en déterminer la proximité ni l’éloignement, pas plus que le degré d’élévation au-dessus du niveau de la terre. Elle apparaît simplement quelque part dans l’espace." (105)


Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Dersou Ouzala

Ce fut l'coup d'foudre, je crois qu'on peut identifier comme ça ma plongée dans la forêt oussourienne aux côtés de Vladimir Arseniev et du fidèle Dersou. Mi-journal de bord, mi-roman d'aventure, ces pérégrinations d'un topographe besogneux et de ses équipes dévouées ont le souffle des plus belles promenades, celles qui sillonnent les mondes perdus et surprennent les bestiaires les plus fascinants.



Tout y a le délice des descriptions de coin du feu, verve admirable pour laquelle j'ai le plus grand respect, et qui demande un savoir faire assez subtil dans l'enthousiasme et le pouvoir d'évocation. La forêt y est un personnage à part entière et la montagne en est un autre. L'une endosse divers pelages et se dresse partout, ronge sols et monts, bête sombre prête à dévorer les hères les plus téméraires, l'autre érige ses façades versatiles sur tous les horizons, tantôt protectrice contre les ouragans les plus hostiles, tantôt rempart devant tous les espoirs. Et la faune garde une part magnifique, unique, décrite avec l’œil craintif du gamin qui frissonne dans les premières ténèbres nocturnes.



Sangliers de bonne taille, glouton le bien nommé qu'on hèle également sous les sobriquets de carcajou ou wolvérène et qu'on ne pourra accuser de manquer de mélodie dans ses dénominations, écureuils volants, portes-musc, corneilles, saumons de diverses formes et volumes, chats sauvages, ours bruns et ours à collier, les bêtes sont de sortie et offrent à cette expédition toutes les richesses de l'inattendu. Et le tigre, bien-sûr, le grand rayé, le bagnard de la jungle, seigneur et maître en ces terres, roi mystique emportant dans ses zébrures tous les arômes du fantastique et marquant dans les regards et les voix des âmes aux seules frondaisons comme toit la crainte d'un dieu incarné. Celui qui a une plaine de hautes herbes peinte sur le corps ne peut-être un simple mortel.



Et puis il y a Dersou, un personnage brillamment écrit et décrit, un petit bout de taïga fait homme, fichtrement touchant dans son lien avec Arseniev. C'est ce genre d'amitié ceinte par la collision de deux cultures, ces bons vieux rat des champs et rat des villes, qui d'ordinaire peine tant à trouver sa justesse et qui ici, dans ces bois fantasmés, là où les chaperons apportent leurs victuailles aux mères-grands et où les mômes sèment des cailloux pour retrouver leur chemin, n'a que sa simple et belle évidence à proposer.
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Dersou Ouzala

Au tout début du XXème siècle, l'auteur et une demi-douzaine de soldats russes explorent la région de l'Oussouri à l'extrême Est du continent (entre la Mandchourie et la mer du Japon). A cette occasion, ils rencontrent un chasseur gold avec lequel Vladimir Arseniev noue une amitié profonde et réciproque. La grande connaissance de la nature de l'autochtone en fait un guide précieux, indispensable à la survie dans ce milieu hostile (conditions climatiques rigoureuses, animaux dangereux...).

J'ai nettement préféré ce récit à un autre du même auteur lu récemment (Aux confins de l'Amour). En plus de l'exposé de ses aventures, il exprime ici ce qu'il ressent à l'égard du guide Dersou Ouzala et confronte leurs visions différentes du monde qui les entoure.

L'excellente adaptation cinématographique éponyme de cet ouvrage m'avait cependant paru encore plus émouvante - peut-être parce qu'il s'agissait alors pour moi d'une découverte totale ?

Si les récits d'aventure, d'exploration, de voyage vous intéressent, je vous recommande vivement ce livre.

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Dersou Ouzala

Pendant une de ses traversées, Vladimir Arseniev rencontre Dersou Ouzala, un homme de la taïga exceptionnel, qui lui servira de guide. Il sait décrypter son entourage, comprend le monde animal et végétal. Et plus important, il a une nature bienveillante.

Quel formidable livre ! A travers ce personnage étonnant et réfléchi, j’ai appris plein de choses sur les ours, sangliers et autres animaux peuplant la taïga. A un moment, ils rencontrent des coléoptères d’une grandeur de 9.5 cm ! Incroyable. Il ne manquait que les images, j’ai souvent du regarder à quoi ressemblait tel animal dont je n’avais peu ou jamais entendu parler. Ils ont souvent eu à affronter des climats extrêmes : neiges, tempêtes, pluies diluviennes… C’est un livre que j’ai pris plaisir à lire doucement pour découvrir à petites doses, la belle nature. Un beau documentaire, dommage qu’ils aient parfois à utiliser des armes.

Je regarderai bien l'adaptation cinématographique, elle doit bien compléter le livre d'Arseniev.
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Dersou Ouzala

A cause de la puissance du souvenir que me laisse le film éponyme de Kurosawa (qui m'avait subjugué dans les années 80), je pousse disons d'un demi point ma note pour ce récit. Il lui manque en effet un peu de l'incroyable présence des éléments naturels que permet l'immersion devant un film exceptionnel. Il y manque l'impact visuel et sonore qui s'impose aux sens, dans cette salle obscure où on s'est isolé au milieu de ses semblables pour recevoir un message qu'on a choisi.



Quant à la force de l'amitié et du respect mutuel qui s'installent à la vie à la mort entre deux humains si différents, certes elle fait partie du récit d'Arséniev mais elle y est évoquée de façon un peu compassée, presque clinique, et forcément ici par un seul des deux protagonistes puisque l'autre n'est plus.

Oui, Arséniev nous fait prendre conscience de la pertinence des enseignements que Dersou lui dispensait en se contentant d'être simplement lui-même, avec toute son animalité d'animiste, cela d'ailleurs jusqu'à lui sauver la vie au risque de perdre la sienne à plusieurs reprises.

Oui, il dit son admiration et sa gratitude pour l'exemplarité de son guide et ami, si précieux pour survivre dans la nature parfois extrême que lui, le..."civilisé", était chargé par le tsar d'explorer en tant que militaire et scientifique, aventurier parfois par obligation.. .



Du film, il ne me reste en tête avec une grande précision que cette scène magnifique au cours de laquelle, au début de leur histoire commune dans la Taïga, Dersou oblige son "patron" à aller au bout de ses forces, au delà même de l'épuisement, pour amasser le plus possible d'herbes hautes et de roseaux avant que la nuit ne les en empêche, de façon à pouvoir construire en hâte un abri de fortune qui les mette à l'abri du gel nocturne qui sinon, il le pressent, va les tuer immanquablement.

Une scène incroyable qui résume un peu l'histoire de cette amitié, des raisons de sa naissance jusqu'à son dénouement . Cette scène est bien présente dans le livre, elle y prend sa place, mais elle m'a moins sauté aux yeux comme un élément fondateur du lien qui unit les deux hommes. C'est une question de tonalité qui rend moins compte de l'urgence, c'est lié je crois au style un peu daté que restitue la traduction (que je suppose d'ailleurs excellente puisque je ne lis ni ne comprends le russe)...



C'est donc une exception pour moi qui suis si souvent partisan de lire avant de voir, mais à ce livre intéressant je préfère encore, je crois, le film incroyable qu'en a tiré Kurosawa, pour autant que je m'en souvienne.

Un film que je vais d'ailleurs me dépêcher de me procurer pour raviver ce souvenir !



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Dersou Ouzala

On lit cet ouvrage avec le plaisir qu'on aurait à parcourir un roman d'aventures dont le héros affronterait courageusement des terres inconnues en vivant des expériences extrêmes. A la différence toutefois qu'il ne s'agit pas ici d'un roman, mais du récit d'une histoire vécue, celle des explorations de Vladimir Arséniev, officier du tsar Nicolas II mandaté par la société russe de géographie de l'époque, pour faire en Extrême-Orient des observations et des relevés de terrain, et pour établir des rapports et des cartes.

Le lecteur est ainsi plongé dans la découverte d'une vaste région comprise entre le fleuve Oussouri et le littoral de la mer du Japon. Un voyage lointain, au coeur d'une nature sauvage, au milieu de forêts giboyeuses, peuplées d'arbres séculaires aux essences diverses, à travers une chaîne de montagnes quasi-inexplorée à l'époque, et le long de rivières tumultueuses difficilement franchissables. Oui, ce livre dégage un véritable parfum d'aventures ! Avec une plume précise et colorée, l'auteur évoque longuement l'abondante faune terrestre qui habite les lieux, la multitude d'oiseaux et d'insectes qui survole le territoire, le littoral austère et poissonneux de la mer du Japon, ainsi que la présence par endroits d'une flore aussi belle qu'inattendue.

Mais ce récit est surtout peut-être l'histoire d'une rencontre entre deux hommes que tout oppose a priori, Vladimir Arséniev, un citadin lettré, et Dersou Ouzala, un autochtone solitaire dont les sens aiguisés lui permettent de vivre de la chasse, de survivre dans un univers souvent hostile, mais dont il fait pourtant partie intégrante, car il a appris à trouver ses repères quotidiens en lisant dans les traces des animaux de passage, dans le vol des oiseaux, en observant le ciel, les nuages et le courant des vents.

Cet "homme des bois" est un guide avisé dans les déplacements de l'explorateur, mais il est aussi pour lui un ami. Ce livre est en effet l'histoire d'une amitié d'autant plus forte qu'elle est libre de tout engagement.
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Dersou Ouzala

Qu'est-ce que l'humanité ? Mais ce merveilleux livre, évidemment... que j'ai lu il y a plus de 40 ans et dont le souvenir provoque toujours autant d'émotion.

Un livre vrai, généreux, inspiré de la rencontre entre Vladimir Arseniev, l'auteur et Dersou, trappeur vivant en parfaite harmonie avec cette nature rude et exigeante.

Je l'ai toujours dans ma bibliothèque (dans ce domaine je suis particulièrement conservatrice) et j'ai très envie de le relire.

A voir, l'excellent film d'Akira Kurosawa (1975) dont "l'acteur" (?) Interprétant Dersou est en tout point remarquable.
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Dersou Ouzala

Un extraordinaire récit de voyage qui nous transporte en un temps lointain avec un officier géographe, découvreur de régions inconnues de la taïga sibérienne et un curieux personnage vivant en harmonie avec la nature, chasseur hors normes et fin pisteur qui se joint à lui pour vivre des aventures où la solidarité, la chaleur de l'amitié sont un atout considérable.

Basé sur des faits réels, repris en 75 par le prestigieux Kurosawa au cinéma, le film a fait oublier le livre d'Arséniev

publié en 1921.

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Dersou Ouzala

J’avais en mémoire la traversée en train du kraï de Primorié et aussi quelques scènes du film de Kurosawa, donc retour aux sources. Sources de nombreuses rivières dans le bassin de l’Amour vers l’océan. Vraiment un grand moment d’ethnologie que d’accompagner Arseniev au milieu de la population, très rare et très disséminée, dans la toundra : les peuples autochtones, mais aussi les “voisinsˮ Coréens, Chinois et autres Mandchous. L’exploration de ces régions vides d’hommes mais à la flore et faune exubérantes fait rêver, si on oublie les très difficiles conditions d’exploration de ce tournant de siècle. Et les autres bestioles moins sympathiques : moustiques et mouches attaquant par millions ou milliards, finalement les ours et tigres de Sibérie s’avèrent nettement plus fréquentables ! Et de se dire, que fais-je assis dans mon canapé ?
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Dersou Ouzala

Ce passionnant récit autobiographie raconte l'exploration de l'Oussouri par l'officier Vladimir Arseniev.

Au début des années 1900, il est chargé de sillonner cette région encore méconnue, plus particulièrement le massif de Sikhote-Aline.

Accompagné de quelques tirailleurs et cosaques , ce périple lui prendra plusieurs années de sa vie où il vivra avec la nature. Heureusement pour lui, il fait la rencontre de Dersou Ouzala, un chasseur nomade qui lui ouvrira les portes de nombreuses fanzas et facilitera ses relations avec les tribus autochtones. Grâce à sa faculté hors pair à interpréter les signes de la taïga et à suivre les pistes des animaux sauvages, il sera une allié de choix pour la survie de la petite troupe. Il sauvera la vie de Vladimir à plusieurs reprises face à l'adversité. Faim, froid, tempêtes, inondations, feux de forêts seront leur lot quotidien durant toute cette épopée.

Vers la fin du voyage, sa vue baisse et Dersou déplore sa propre vieillesse grandissante. Comme il ne peut plus chasser pour sa survie, Arseniev lui propose de venir s'installer à la ville chez lui à Khabarovsk. Mais comme on peut s'en douter, le choc avec la civilisation ne lui conviendra pas du tout...

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Dersou Ouzala

Ayant vu et beaucoup apprécié le film de Kurozawa (disponible gratuitement sur youtube) quelques mois auparavant, je suis tombé par hasard sur une présentation de cette nouvelle édition par le traducteur en librairie ! J'y ai donc assisté à l'improviste. Yves Gauthier a introduit l'auteur, le livre et ses enjeux en fin connaisseur et grand passionné.



Ce serait mentir de ne pas dire qu'il s'agit là d'une lecture très difficile, qui en rebutera plus d'un. Qualifier ce livre de "western sibérien" en quatrième de couverture est un peu exagéré ... Journal d'exploration romancé, autobiographie, récit d'aventure, roman d'amitié, roman hommage, il s'agit plutôt de tout cela que d'un "western".

Car effectivement, et comme le rappelle l'introduction, pas un caillou, pas une brindille ne se voit attribuer son nom, et dans le plus de langues possible. Chaque rivière, chaque fleuve et tous ses affluents sont décrits en long, en large et en travers, ou devrais-je plutôt dire en verstes, en sagènes et en pouces. Si, comme moi, vous avez été séduit par le film de Kurosawa, sachez bien que les scènes d'action et les temps forts du film sont très rapidement racontés dans le roman d'Arseniev et que ce sont surtout des descriptions très pointilleuses, des récits de bivouacs, de marche et de rencontres avec les hommes et les animaux de la taïga qui occupent les trois quarts des 740 pages du livre.



Il faut donc parfois s'accrocher. J'ai mis plus d'un mois à le lire, à petite dose, à mon rythme. Ce n'est pas dérangeant puisque l'auteur découpe vraiment son roman comme un journal d'expédition. Ce sont donc des étapes du voyage qui se succèdent de manière chronologique, avec leur lot d'épisodes et d'anecdotes.



Une poésie se dégage de tout cela. L'auteur, dont on adopte le point de vue, est vraiment attachant. Il est toujours mesuré, il a toujours l'air de garder son calme, on est immédiatement charmé son humilité et sa sensibilité exacerbée au vivant, aux paysages, à l'histoire ou encore aux cycles de la nature. Il ne se met pas en valeur dans ce livre : plusieurs fois, il raconte ses erreurs, il dit avoir peur, avoir froid, avoir faim, être fatigué, etc. Il ne juge que très rarement les pratiques des hommes qu'il rencontre et, lorsqu'il le fait, préfère les éviter plutôt que d'imposer une punition tel un colon civilisateur. Je n'ai le souvenir que d'une seule intervention de sa part, lorsqu'il est sollicité par une communauté pour leur venir en aide face à leurs oppresseurs : il leur en fait la promesse et envoie donc à son retour les militaires russes pour faire respecter leurs droits.

Le reste du temps, c'est un observateur impartial, objectif, conscient de son héritage et de ses biais culturels. Il s'efforce d'éviter l'ethnocentrisme, se met en position d'apprenant vis-à-vis de tous les hommes qu'il rencontre. Il fait vraiment figure de sage, à la fois humble et conscient de ses responsabilités, c'est un véritable plaisir de l'accompagner dans ses voyages, ses réflexions et ses observations. Il s'efface derrière ces paysages qu'il décrit avec poésie mais toujours dans la retenue, les laissant s'exprimer à travers sa plume comme s'il savait que la simple description de quelque chose se suffit à elle-même.



Le véritable héros du livre, comme son titre l'indique, c'est Dersou Ouzala, le chasseur qui incarne aux yeux d'Arseniev un ancien monde qui disparaît alors même qu'il le découvre. Dersou, c'est pour cet homme cultivé et raffiné, originaire de la capitale de l'empire russe - la forêt, les paysages et les montagnes sauvages, les animaux indomptables et les cours d'eau impétueux qu'il nous décrit avec minutie parce qu'ils le fascinent et qu'il les respecte.



Les incendies de forêt hantent toutes les pages et sont constamment comme en filigrane de l'aventure d'Arseniev. Ils laissent derrière eux des paysages désolés et manquent même de tuer l'explorateur et ses hommes. Ils sont en fait une terrible image de la réaction en chaîne qu'engendrent les mouvements de population humains : surpopulation, hiérarchisation et subordination des populations indigènes par les nouveaux arrivants, plus riches et techniquement plus « avancés », paupérisation, surendettement et capitalisme effréné, mise en place de relations commerciales avec les autres régions, etc. Tous ces phénomènes humains très complexes sont décrits par Arseniev et semblent du coup très logiques, voire fatals. On ne prend plus le temps de connaître les animaux pour les traquer, on brûle tout pour les cueillir comme des fleurs alors qu'ils s'enfuient, affolés et désorientés. On ne travaille plus la terre ; on brûle tout afin de cultiver plus vite, plus efficacement, sur des terrains plus grands.



Dersou répète à plusieurs reprises « Comment vivre maintenant ? », et son désespoir résonne encore à l'heure actuelle ... Tout cela, Vladimir Arseniev s'en désole, inconscient ou niant plutôt le fait qu'il participe lui aussi, en tant que militaire russe, à la destruction du monde de Dersou qu'il admire tant. Certains chinois, certains coréens et certains vieux croyants chassent, pêchent et cultivent sans vergogne dans le seul but de s'enrichir ; les russes, grâce aux cartes et aux relevés d'Arseniev, détruiront ces territoires et construiront quant à eux des villes dans le but d'y apporter la civilisation que l'auteur aura appris tout au long de ces voyages, aux côtés de Dersou, à remettre en question.



Les descriptions de certains couchers et levers de soleil, l'évocation de certains bivouacs, de certaines nuits étoilées, sont pleines de poésie et font vraiment rêver - surtout quand on lit cela avec les bruits de la ville en fond sonore ... Comment ne pas être non plus attendri par le récit de leur réveillon de Noël improvisé au coeur de la taïga ?



J'ai aussi particulièrement apprécié les évocations de la figure du tigre, ou « Amba » comme l'appelle Dersou, sorte d'ombre planant constamment sur les hommes, sorte d'image et de symbole vivant de la mort, de la nature sauvage, du chaos d'où nous venons et auquel nous retournons tous. Chacune de ses apparitions est à la fois haletante et bouleversante tant ce rapport aux grands mammifères semble disparu à jamais …



Cela aura donc été un plaisir de suivre chaque jour cette bande dans leurs voyages, à travers les yeux d'un homme passionnant et passionné, c'est à la fois grandiose et très pragmatique, les épisodes s'enchainent comme dans un vrai journal, sans nécessairement de leçon ou de réflexion de la part de l'auteur. Ainsi, quand arrive le dénouement, si logique et pourtant si tragique, après ce qui semble avoir été tant de temps passé aux côtés de ces deux hommes à l'amitié improbable et pourtant si pure, la concision et la justesse d'Arseniev ne manquent pas d'émouvoir aux larmes.



Un dernier mot sur l'édition : l'iconographie inédite ajoute assurément une plus-value et le format est idéal mais les pages se détachent toutefois trop facilement !

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