Chez nous, tout le monde est fonctionnaire...des esclaves du système, des esclaves de la lutte interne pour le pouvoir.
Et si on établissait à Moscou un tribunal comme celui de Nuremberg, aucun juge et aucun procureur ne trouveraient de coupables. Du haut en bas, personne ne croit plus aux dogmes marxistes, mais on continue de s'y conformer, de s'y référer et de se battre en leur nom : c'est une preuve de loyalisme, c'est la carte de pain assurée.
Je n'ai jamais nourri d'illusions sur le compte de l'Occident.
Des centaines de pétitions désespérées, adressées par exemple à l'ONU, n'ont jamais reçu de réponse.
Et la prétendue " politique de détente", les accords d'Helsinski ?
Nous , en tout cas, dans la prison de Vladimir, nous avons senti dans notre peau qui d'entre eux avait gagné.
Gorbatchev a commis deux erreurs de calcul fondamentales: il a surestimé la puissance du Parti dirigeant et sous estimé la haine du peuple pour l'ancien régime.
Le vent va vers le midi,tourne vers le nord,tourne, tourne, va et le vent reprend ses tours.
L'ecclésiaste I . 6
Peu à peu, il commence à distinguer que tout n'est pas aussi facile dans la vie que dans les journaux. Tout le monde vit, à l'exception des grands chefs, en attendant le jour de la paie. Et, plusieurs jours avant de la toucher, on ne joint les deux bouts qu'à grand peine, on emprunte à l'un ou à l'autre. Et si l'on veut acheter un vêtement, un meuble ou un poste de télévision, il faut se débrouiller, faire des économies ou travailler au noir. Et puis, il y a toujours des choses qui manquent : tantôt il n'y a pas de viande, tantôt le beurre disparaît, tantôt ce sont les pommes de terre qui n'ont pas poussé en suffisance. Il y a des files d'attente partout. On finit par ne plus s'en apercevoir, mais on reste debout pendant des heures.
L'homme s'habitue à tout et, peu à peu, sa peau se transforme en un cuir épais, insensible. Il faut apprendre à ne rien voir autour de soi, à ne pas penser à sa maison, à ne pas attendre la liberté. Il faut faire en sorte que cette vie se déroule à côté de vous, parallèlement, comme si elle ne vous concernait pas. [ ... ] Non, il n'est pas vrai que toute vie vaille mieux que la mort !
Nous avons certes, des opinions politiques différentes, mais personne ne réussira plus jamais à nous départager en "camps". Nous ne connaissons qu'un seul camp politique, le camp de concentration. Nous avons appris dans les camps qu'il y a dans le monde une seule lutte, celle de l'humain contre l'inhumain. Tous, nous sommes tous responsables de l'issue de cette lutte.
J'ai vécu dans votre avenir et ça n'a pas marché!
Les idéologies de masses sont les plus méprisables. Elles font de l'humanité un troupeau de moutons.
La crise soviétique a quelque soixante douze ans d'âge et elle est aussi prévisible que le lever et le coucher du soleil.
Perestroïka et stagnation, détente et guerre froide alternent avec l'inéluctabilité du jour et de la nuit.
Mais à chaque crépuscule, des foules hystériques remplissent les rues, prêtes à trahir toutes les valeurs de l'humanité, et même à virer au rouge, pourvu qu'on leur promette le retour de la lumière.