Son existence n'était qu'un long combat livré à des objets déments qui se désagrégeaient ou se ruaient sur lui, ou se refusaient à fonctionner, ou
malignement encore, disparaissaient dès qu'ils pénétraient dans la sphère de son existence. Inapte des deux mains à un degré rare, il ne s'en croyait pas moins remarquablement doué d'adresse et de talent mécanique parce qu'il savait improviser sur le champ une flûte avec une cosse de pois, parce qu'il réussissait dix ricochets au moyen d'un seul caillou plat sur la surface d'une mare, qu'il faisait avec ses doigts un lapin en ombres chinoises (oeil compris), et qu'il connaissait plusieurs autres de ces trucs que les Russes ont dans leur sac à malice.