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3.85/5 (sur 1006 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Chalon-sur-Saône , 1950
Biographie :

Infernus Iohannes est un des noms de plume d'Antoine Volodine, romancier français.

Source : aoc.media
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Rencontre animée par Pierre Benetti Depuis plus de trente ans, Antoine Volodine et ses hétéronymes (Lutz Bassmann, Manuela Draeger ou Eli Kronauer pour ne citer qu'eux), bâtissent le “post-exotisme”, un ensemble de récits littéraires de “rêves et de prisons”, étrangers “aux traditions du monde officiel”. Cet édifice dissident comptera, comme annoncé, quarante-neuf volumes, du nombre de jours d'errance entre la mort et la réincarnation selon les bouddhistes. Vivre dans le feu est le quarante-septième opus de cette entreprise sans précédent et c'est le dernier signé par Antoine Volodine. On y suit Sam, un soldat qui va être enveloppé dans les flammes quelques fractions de seconde plus tard, quelques fractions de seconde que dure ce livre, fait de souvenirs et de rêveries. Un roman dont la beauté est forcément, nécessairement, incandescente. À lire – Antoine Volodine, Vivre dans le feu, Seuil, 2024. Son : Axel Bigot Lumière : Patrick Clitus Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan

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Citations et extraits (312) Voir plus Ajouter une citation
Antoine Volodine
L’étrange est la forme que prend le beau quand le beau est sans espérance,
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Le chant cristallin des gouttes retombant dans la vasque. Le goût de l’eau. Un lointain parfum de tourbe, de silice un peu poivrée. Une impression de transparence, d’éternité. L’émotion de pouvoir ressentir cela, de ne pas être mort encore.
Le silence de la forêt.
Le martèlement d’un pic creusant l’écorce avec violence, à quelques centaines de mètres de la fontaine.
Puis, de nouveau, le silence.
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Les êtres aimés disparaissent, la révolution mondiale s’éparpille en poussière comme une bouse sèche, dans l’espace noir on ne rencontre plus les personnes qu’on aime, les golems s’effondrent les uns après les autres, le sens de l’histoire s’inverse, les passions dérivent vers le rien, la signification des mots s’évanouit, les ennemis du peuple et les mafias triomphent à jamais, les rêves trahissent la réalité, mais la vengeance subsiste, un chicot irréductible de vengeance qui n’a plus aucune justification, qui se limite à un geste de violence sur une cible très douteuse.
Et ceci encore, le plus révoltant : on n’échappe pas à son schwitt.
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Les panneaux d’interdiction et de danger rongés par la rouille. Sur une tête de mort encadrée de rouge et noir, des escargots qui, avant de mourir, avaient abandonné autour d’eux d’intenses traces de bave.
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C’était un homme de haute stature, barbu, broussailleux, avec une grosse figure de héros irascible. Ses cheveux et sa barbe étaient restés noirs, comme s’il avait toujours la quarantaine ou la cinquantaine, alors qu’il avait à peu de chose près le même âge que la Mémé Oudgoul. Il dominait Kronauer d’une bonne tête et, en largeur, les deux hommes n’étaient pas comparables. Avec son coffre et ses épaules de lutteur de foire, son ventre dont les abdominaux débordaient, le président du kolkhoze donnait une impression d’invincibilité. Ses iris, d’une couleur fauve, cuivrée, empiétaient sur l’espace réservé au blanc de l’œil – particularité qu’on observe généralement chez les rapaces et assez souvent aussi chez les thaumaturges. On ne pouvait rencontrer un tel regard sans tout faire pour ne pas s’y noyer, et on détournait les yeux, mais alors c’était avec un sentiment de petitesse et de défaite. Ce Solovieï était habillé d’une chemise blanche sans col, serrée à la taille par une ceinture de cuir dans laquelle il avait passé une hachette. Son pantalon en toile épaisse entrait en bouffant dans d’énormes bottes de cuir noir. Pour résumer, il paraissait être issu d’un récit de Tolstoï mettant en scène des moujiks et des koulaks, à une époque préhistorique, antérieure à la première collectivisation des campagnes.
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– Tu n’as rien à te reprocher ? insista la mère de Dondog.
L’image des feuilles mortes aussitôt écrasa Dondog. Le prolétaire victime du sabotage avait eu le temps de se plaindre, ou un témoin du méfait, le crémier, par exemple, avait téléphoné au cinquième étage pour dénoncer les criminels.
Dondog rougit, les larmes lui vinrent aux yeux.
– Tu n’as rien à te reprocher ? répéta la mère de Dondog.
Elle avait cette attitude qu’adoptent les adultes quand ils savent tout.
– Non, dit Dondog éperdu.
Il ne songeait soudain qu’à sa honte et craignait affreusement d’afficher celle-ci sur son visage.
– Cherche bien, Dondog Balbaïan, dit la mère de Dondog.
Elle tenait une enveloppe déchirée. La lettre avait été repliée à l’intérieur. Les mains étaient énervées, auréolées par le jaune sombre de l’orage magnétique. Elles ne tremblaient pas. Dondog se tut pendant dix secondes, terrassé sur la chaise dont le paillage croisé lui talait les fesses. Il sentait s’embraser ses joues, ses oreilles. De l’autre côté de la table, face à lui, sa mère à son tour s’assit. L’ocre du ciel se salissait de noir à grande vitesse. Il y eut encore dix ou douze secondes de lourde accalmie, d’anxiété, puis l’interrogatoire proprement dit débuta.
– Je n’ai jamais été autant humiliée de ma vie, commença la mère de Dondog.
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Il vient d’entrer dans une réalité parallèle, dans une réalité bardique, dans une mort magique et bredouillée, dans un bredouillis de réalité, de malveillance magique, dans une tumeur du présent, dans un piège de Solovieï, dans une phase terminale démesurément étirée, dans un fragment de sous-réel qui risque de durer au moins mille sept cent neuf années et des poussières, sinon le double, il est entré dans un théâtre innommable, dans un coma exalté, dans une fin sans fin, dans la poursuite trompeuse de son existence, dans une réalité factice, dans une mort improbable, dans une réalité marécageuse, dans les cendres de ses propres souvenirs, dans les cendres de son propre présent, dans une boucle délirante, dans des images sonores où il ne pourra être ni acteur ni spectateur, dans un cauchemar lumineux, dans un cauchemar ténébreux, dans des territoires interdits aux chiens, aux vivants et aux morts. Sa marche a commencé et maintenant, quoi qu’il arrive, elle n’aura pas de fin.
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L’avion a commencé son épandage de napalm en haut du village. Je ne sais à quelle civilisation modèle il appartenait ni en quel charabia le pilote conversait avec sa base et les donneurs d’ordre. Une langue d’assassins, forcément, mais peut-être pas de l’américain militaire basique.
(Incipit)
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Les herbes avaient des couleurs diverses et même chacune avait sa manière à elle de se balancer sous le vent ou de se tordre. Certaines résistaient. D’autres s’avachissaient souplement et attendaient un bon moment, après le souffle, avant de retrouver leur position initiale. Bruit des herbes, de leurs mouvements passifs, de leur résistance.
Le temps s’écoulait.
Le temps mettait du temps à s’écouler, mais il s’écoulait.
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Les proches du défunt rémunèrent les fossoyeurs, mais ils les méprisent, ils les craignent, et pour rien au monde ils ne s’aventureraient à leur serrer la main. D’ordinaire. Mais grand-mère Abazane ne l’entendait pas ainsi. Elle avait été élevée chez des gens de très basse caste et elle ne ressentait sans doute aucun dégoût envers les misérables du bas de l’échelle, les travailleurs chargés de remettre le défunt aux envoyés du ciel. Peut-être aussi souhaitait-elle vérifier de visu que grand-père Bödgröm allait bel et bien être tronçonné, tranché et malaxé en boulettes jetées aux oiseaux, selon le rituel établi depuis des siècles. Les boulettes seraient englouties par les oiseaux, elles feraient un très court voyage à basse altitude et, qu’on le veuille ou non, elles finiraient sous forme de crottes puantes.
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