Nous étions tous perdus maintenant, le doute n'était plus permis. Tout cela me parut d'un tragique accablant. Nous qui étions partis avec une telle confiance, qui avions travaillé si dur pour arriver si près du but ; nous qui étions l'esport de notre patrie et les héros du monde entier, nous étions destinés à périr misérablement dans ce pays peu accueillant, loin de chez nous, loin de ceux qui nous étaient chers.
C'était si triste que je ne pus retenir mes larmes. Celles-ci gelèrent immédiatement et je me retrouvai soudé au glacier par deux petites stalactites, dans une situation plus pénible encore.
Après trois mois de fiévreux préparatifs, nous nous réunîmes à Londres, la veille du départ, pour examiner une dernière fois ensemble notre plan. Seul Jungle, qui devait nous entretenir de l'emploi du matériel radio et de ses méthodes personnelles de navigation en montagne, était absent au rendez-vous. Il téléphona pour annoncer qu'il s'était trompé d'autobus et qu'il ne savait pas très bien où il se trouvait ; mais il venait d'apercevoir l'étoile Polaire et comptait nous rejoindre incessamment
Nous étions tous, cela va sans dire, avides d'apercevoir l'Abominable Hommes des neiges, qui a fait couler tant d'encre. Cette créature fut aperçue pour la première fois par Thudd en 1928, non loin du sommet du Trah-Lalah. Thudd le décrit comme une créature d'apparence humaine, de quelques deux mètres dix de haut, couverte de fourrure bleue et avec trois oreilles. L'Homme des neiges émit un sifflement et s'enfuit en courant à une vitesse stupéfiante.