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Critiques de Wally Lamb (205)
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La puissance des vaincus

Je commence par la saveur d'une bière fraîche, une blonde de 33 cl. 979 pages plus loin et quelques capsules supplémentaires, je me retrouve dans la poussière des vaincus. Même pas eu peur, j'ai fait fi du nombre de pages, passionné par l'histoire de ces deux frères jumeaux à Three Rivers, dans le Connecticut, Dominick et Thomas Birdsey.



La première scène est frappante. Thomas, aux tendances schizophréniques, se tranche la main dans la bibliothèque municipale. Guidé par Dieu, persécuté depuis tous temps par la CIA et les communistes, la voix divine lui a donné sens à son sacrifice, sa manière de protester contre l'absurdité de cette guerre du Golfe orchestré par Bush père.



Et pendant que Thomas se voit interné de force dans un asile psychiatrique plus proche d'une prison que d'un centre de soin, Dominick se démène avec son passé, ses origines, son père... Il a ce besoin de comprendre ses racines, peut-être pour sa rédemption, une façon à lui d'apaiser la culpabilité qui le ronge depuis tant d'années. Triste, sombre, intérieurement colérique, il s'en veut, en veut à tout le monde, son "père", son grand-père, sa mère surtout qui lui a toujours refusé la vérité sur son vrai père, et qui lui a fait promettre à la veille de sa mort de toujours veiller sur son frère. Mission échouée.



Une histoire bouleversante, un pavé intense de la première à la dernière page, un grand moment de littérature américaine. Sans temps morts, bourré de remords. Une histoire contemporaine, une histoire sociale, une nouvelle pinte de bière pour m'accompagner ? La peur du Vietnam, le système de santé, les relations humaines, les délires d'un homme. L'Amérique. Son immigration italienne, "je suis ton père", il s'en passe des choses dans ce long roman, fleuve impétueux de la littérature, qui retracent l'histoire d'une vie, d'une génération, d'un pays. Bien au-delà des maux.



La puissance des vaincus, c'est aussi le souffle de la vita americana. C'est une immersion totale dans la folie, une plongée en apnée dans la vie, une tristesse profonde ancrée dans l'âme d'un frère survivant. C'est surtout le roman de sa solitude.



Maintenant, pour prolonger cet état hypnotique dans lequel le roman m'a plongé pendant des jours et surtout des nuits, bien au-delà des mots, j'ai rendez-vous avec Marc Ruffalo pour deux fois plus de plaisir. I know this much is true.
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Felix Funicello et le miracle des nichons

♫" J'ai dix ans -

Je sais que c'est pas vrai , mais laissez moi croire que j'ai dix ans ...♫,

Qu'on est en 1964, aux USA, que je suis copine de classe de Felix Funicello , à l'école Saint- Louis-de Gonzague .



Bon , je prend peut-être pas tout , parce qu'à St Louis de Gonzague , [déjà le nom est tout un programme ..], sévit Soeur Dymphna . Et cette soeur, c'est pas de la tarte!

Souffrant de troubles de bi-polarité , puis diagnostiquée maniaco-dépressive , elle leur en fait voir de toutes les couleurs, "plaçant les éléves en fonction des résultats "du premier de la classe au dernier , [Tiens , ça me rappelle ma maîtresse de CE2, Madame Galinatto , les coups de règles en fer sur les doigts n'étant pas optionnels ...].

Félix est toujours le deuxième de la classe , derrière cette fayotte de Rosalie Twerski ,[ tu sais le genre de gamine qui demande juste avant la sonnerie , s'il n'y a pas des devoirs en plus ...] . Son meilleur ami , c'est Lonny , le dernier de la classe , celui qui a redoublé déjà deux fois . Tous les deux se sont adaptés au caractère de soeur Dymphna , multipliant les bêtises pour lesquelles Félix n'est jamais puni à cause de sa gueule d'ange , jusqu'à l'envoyer au tapis ...

C'est là qu'intervient Melle Marguerite , la nouvelle instit' , nettement plus funky, suivie de près par l'arrivée en cours d'année d'une élève russe , en plein milieu de la guerre froide . Et Zhenya , c'est quelque chose ! Déjà son accent savoureux et sa façon d'écorcher les mots prête à sourire , mais son âge (13 ans ) et son coté garçon manqué sont irrésistibles .

Inventant tout ce petit monde ,( ce ne sont pas des souvenirs d'enfance ), Wally Lamb nous croque un portrait tendre et drôle d'un garçon de dix ans , pas encore rentré dans l'adolescence , dépassé par son meilleur ami , bien plus avancé que lui sur "les choses du sexe ", un regard naïf sur l'Amérique des années 60, tout juste effleurée , et un regard aimant et chaleureux sur la famille .

Si , ♫Sans contrefaçon, vous êtes un garçon ♫; et qu'en plus ,vous avez fait votre scolarité dans une école catholique , ce livre résonnera en vous d'une façon particulière , les autres sentiront un grand vent de fraîcheur ...



Je tiens à remercier les éditions Belfond et Babélio , pour ce livre reçu dans le cadre d'une masse critique privilégiée , qui est arrivé dans ma boîte aux lettres , pile le jour de mon anniversaire ! Merci pour ce joli cadeau plein d'humour ...

[ Ils sont trop fort chez Belfond et Babelio!!! ]

Si j'ai soufflé mes bougies ?

- ♫ "Affirmatif !"♫

Quel âge , j'ai ?

- "♫ NO COMMENT"♫ !

♫ "Je sais que c'est pas vrai , mais j'ai dix ans ,

Laissez-moi rêver que j'ai dix ans ,♫

♫ Si tu m'crois pas, hey ! T' ar ta gueule à la récré ... ♫
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Le chant de Dolorès

Il me semble que cela fait un temps infini que j’ai passé toutes mes soirées attachée à Dolores Price.

Mon Dieu que cette lecture m’a semblé longue, longue, longue.

Les critiques enthousiastes m’y avaient pourtant préparée favorablement : une analyse féminine sans tabou sur les difficultés rencontrées par une enfant, jeune fille, jeune femme ; la psychologie, le combat pendant et après l’épreuve, la condition féminine, son positionnement face à l’homme...Tout ça m’intéresse beaucoup.

Oui ? Eh bien non, pas ici.



Et pourtant, elle en connait, des épreuves, Dolorès : l’abandon du père, la dépression de la mère, le viol à 13 ans, un détour par l’obésité, qui dure et qui dure, le rejet des autres...Et ce n’est pas fini ! Heureusement que vers 30 ans, Dolores se recentre sur elle-même, avec humour, aussi. Le quatrième quart du livre me semble plus digeste.

Car je viens de mettre le doigt sur le mot juste : « indigestion ». J’ai souffert d’une trop grosse dose de coups durs. J’ai mal encaissé.



J’avais besoin de littérature plus légère, et je ne sais pourquoi je me suis lancée dans l’écoute de ce chant de Dolores, sirène du malheur. Le style, en outre, ne m’a pas semblé spécial.

Loin de moi l’idée de décourager les futurs lecteurs ! Il s’agit d’une lecture entamée au mauvais moment. Je salue quand même l’analyse fine que Wally Lamb a faite de la femme.



Si vous avez envie d’accompagner Dolores, armez-vous de courage ou munissez-vous tout simplement d’un bon morceau de chocolat qui vous permettra de passer le cap sans danger.

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Felix Funicello et le miracle des nichons

En 1964, dans une petite ville du Connecticut,

au collège catholique Saint-Louis de Gonzague,

un miracle arrive dans la classe de CM2 du jeune Félix , la redoutable soeur Dymphna pète les plombs et est remplacée par Madame Marguerite une nouvelle maîtresse plus sixties et sexy.

A 10 ans le jeune Felix, bon élève commence à apprécier les balconnières...

et s'interroge sur la sexualité, questions que son père élude.

Félix va en faire l'apprentissage à son rythme avec son meilleur ami de classe plus âgé et plus déluré et la très dévergondée Zenhya de souche russe pas farouche qui a la langue qui fourche.

Les meilleurs moment du livre

où il découvre les blagues osées et bien lourdes que Felix pige pas trop...normal vu son âge et va en faire les frais...

et les gros mots et quiproquos qui sortent de la bouche de l'impertinente Zenhya.

Sinon à mon avis, le reste du livre reste trop bon enfant et ennuyeux

et le style plat de l'auteur coule paisiblement sans vague..

Un roman d'apprentissage qui vous rappellera peut-être votre enfance, vos premiers émois...petit(es) coquin(es)

Pour ma part, un roman jeunesse un peu trop fleur bleu qui ne m'a pas fait vibrer les cordes sensibles ni tordu les côtelettes.



Je remercie Babelio, Masse critique et les éditions Belfond pour cette tendre découverte...

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Le chagrin et la grâce

Puissant. Vaste. Profond. Bouleversant. Chaotique. Magistral.

Voilà les mots qui me viennent pour qualifier ce roman que j'ai adoré. Magnifique et imposant ouvrage comme seuls les Américains savent nous en offrir. Une fresque historico-familiale, un scénario à tiroirs, une écriture minutieuse, une construction parfaite. Une femme, un homme, broyés par la vie et par l'histoire, empêtrés dans leurs contradictions, leurs souffrances et leurs peurs, mais toujours debout. Comment vivre, survivre et garder le cap, comment conserver la foi et l'amour de la vie après un traumatisme et dans le chaos d'une vie malmenée par le destin ? Le héros, Caelum, au prix d'un formidable travail sur lui-même, apprend à combattre une colère sourde qui le hante depuis l'enfance et parvient à émerger d'une fatalité qui semble s'installer, à se dépasser et à devenir un homme différent et apaisé tout en s'ouvrant aux autres. Derrière Caelum défilent toute une génération d'individus et tout un pan de l'histoire des USA dont les errances et les blessures sont à l'image des siennes.

C'est le premier roman que je lis de cet auteur et je découvre, du moins si je m'en tiens aux autres critiques babéliotes, qu'il s'agit du moins bon ? Et bien je m'en réjouis, car cela veut dire qu'il m'en reste deux autres à dévorer et que ce sera encore meilleur !!

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Nous sommes l'eau

Artiste plasticienne révélée sur le tard, Annie Oh s'apprête à se marier avec Viveca, la galeriste qui a lancé sa carrière. Dans le somptueux appartement new-yorkais de sa future épouse, Annie s'interroge sur son avenir mais aussi son passé. La noce doit se dérouler à Three Rivers, la petite ville où elle a grandi et où elle a vécu pendant 27 ans avec son premier mari, Orion, un psychologue qui lui a donné trois enfants. L'endroit est chargé de douloureux souvenirs, ceux d'une enfance brisée dont elle n'a jamais parlé à personne, ni à Orion, ni à Viveca. C'est dans ses œuvres d'art qu'elle a transmis toute sa colère et son chagrin, gardant pour elle ses secrets bien enfouis. En proie au doute, Annie aimerait que les siens l'accompagnent en ce jour où elle commence une nouvelle vie mais tous hésitent. Orion, toujours épris de son ex-femme, se sent trahi par la révélation de son homosexualité. Alors qu'il traverse une situation professionnelle pénible, peut-il prendre sur lui et assister à ce remariage qu'il a tant de mal à accepter ou doit-il dire oui à Viveca qui lui propose d'occuper sa villa de Cape Cod tout l'été ? Andrew et Ariane, les jumeaux, sont d'un avis très différent. Le premier, infirmier militaire basé au Texas, a récemment découvert la foi et refuse ce mariage contre nature tandis qu'Ariane qui a toujours été la plus pondérée, la plus gentille, va délaisser pendant quelques jours la soupe populaire qu'elle dirige à San Francisco pour assister à la noce. Les choses sont plus simples pour Marissa, la petite dernière, extravertie et new-yorkaise d'adoption, elle adore Viveca qui la couvre de cadeaux et semble accepter l'union homosexuelle de sa mère de bon cœur.





Magnifique fresque familiale qui brasse des thèmes aussi variés que l'amour, le couple, l'homosexualité, la pédophilie, la maltraitance, les blessures de l'enfance, le racisme, la foi, etc., Nous sommes l'eau est un roman moderne qui évoque, à travers la famille Oh, l'Amérique d'aujourd'hui avec ses failles, ses doutes, ses échecs. Cette famille où les non-dits ont exacerbé la violence intérieure, se dévoile peu à peu à travers la voix de chacun de ses membres. Les évènements relatés par chacun des protagonistes abordent la façon dont chacun vit au sein de la famille, perçoit les choses, les interprète pour finalement découvrir qu'on peut vivre chaque jour auprès des siens sans vraiment les connaître. Car chacun garde ses secrets pour ne pas se blesser ni blesser les autres mais si les mots ne sont jamais dits, parfois les actes parlent plus forts et plus hauts. Au fil des pages, on s'attache aux personnages, on voudrait qu'ils se sortent du marasme psychologique dans lequel les a plongés leurs blessures et leurs secrets. Mais Wally LAMB ne cède pas entièrement à la facilité du happy end, même si les liens se resserrent, certains auront payé au prix fort l'émergence de la vérité...

Un roman américain comme on les aime, profondément ancré dans son époque, avec sa part de douleur, de mystère et de bons sentiments. Un coup de cœur.



Mille mercis à toi zabeth pour ta générosité.
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Le chant de Dolorès

Hélas pour elle, Dolorès porte bien son nom. Wally Lamb a créé là un sacré personnage : une écorchée vive, meurtrie par la vie, qui ne peut pas laisser le lecteur indifférent.

Si le début du roman m'a semblé assez lent, voire un peu poussif par moments, je me suis petit à petit attachée à Dolorès, jusqu'à ne plus pouvoir m'en détacher.

Des parents défaillants (chacun à sa façon), une agression subie alors qu'elle a treize ans : Dolorès part dans la vie avec un handicap certain. Pourra-t-elle s'en sortir, comment, avec qui, et surtout, en aura-t-elle la volonté ?

Wally Lamb explore dans ce roman la capacité d'un être humain à faire face (ou non), à avancer (ou non) malgré les obstacles, et j'ai trouvé l'ensemble vraiment réussi.

Ce que j'ai apprécié est le fait qu'en dépit de tous les malheurs qui s'abattent sur elle, Dolorès n'est jamais réduite à une simple victime sur laquelle le lecteur devrait s'apitoyer, devrait pleurer. Non, Dolorès est bien plus que cela, et c'est tant mieux.

Il y a dans son parcours de petits moments de bonheur, comme de petites éclaircies, et même des moments franchement heureux. Quelques petites touches de fantaisie judicieusement distillées dans le récit, sans oublier de l'humour : Dolorès est plus vraie que nature et c'est pour cela qu'on peut croire à son histoire, et que cette héroïne malgré elle nous émeut.

Un coup de chapeau à l'auteur, qui a si bien su se glisser dans la peau de ce personnage féminin, partager ses pensées, ses sentiments, nous la faire comprendre et finalement aimer.

Lorsqu'elle était lycéenne, dans le "carnet d'appréciations" dans lequel les camarades de classe écrivent de petits mots les unes sur les autres, Dolorès avait marqué sur sa page : "Gagne à être connue". Voilà qui résume parfaitement ce que je pense d'elle : Dolorès gagne à être connue.
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Le chagrin et la grâce

En 1999, Caelum est prof de lettres, Maureen infirmière au lycée de Columbine - ah, l'auteur va sans doute évoquer le célèbre massacre, la quatrième de couverture vous dévoile comment dès les premiers mots, ne comptez pas sur moi pour spoiler. Ils ont la quarantaine, il en est à son troisième mariage, elle à son second, le couple a connu une crise suite à des écarts de madame. Ça semble aller mieux...



Dans ce livre vous trouverez tout, beaucoup de sujets rebattus et traités ici sans grande originalité. En vrac : malaise adolescent, grand huit conjugal, addiction (alcool, médicaments...), maltraitance sur enfants, inceste, secrets de famille, folklore kitsch de la jeunesse américaine (dont le côté hystérique me hérisse toujours le poil), importance de la religion aux Etats-Unis, traumatisme de la guerre (Corée, Irak, Sécession), syndrôme post-traumatique, psychothérapie, univers carcéral, Alzheimer, brouilles familiales, ouragan Katrina, homosexualité, ségrégation raciale, féminisme, mythologie antique, théorie du chaos, lettres et journal intime d'une ancêtre dans des cartons. N'en jetez plus. J'aurais pu trouver ça riche, mais non, l'assemblage m'a paru mal fichu, lourd, désagréable à lire - ah les passages sur le XIXe, quel ennui ! Je me suis perdue dans les générations sur la fin et je ne cherchais pas à creuser tant j'avais hâte d'en finir avec ce pavé de 800 pages.



Alors oui, c'est vrai, comme dans ce livre « La vie est désordonnée, violente, déroutante et pleine d'espoir. » (p. 742). Mais là, trop c'est trop. Enfin je ne sais pas, ça ne m'a pas convaincue. Je suis d'autant plus déçue que 'Le chant de Dolores' de cet auteur m'avait totalement séduite.



Point positif à l'issue de cette lecture : l'envie de voir le film "Bowling for Columbine" (Michael Moore, 2002) parce que le sujet des jeunes adultes rongés par la haine au point de tuer et se suicider est tristement d'actualité et pose forcément beaucoup de questions sur notre société.
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Le chagrin et la grâce

Est-ce l’application de la théorie du chaos qui fait basculer la vie de Maureen et Caelum, déjà mise à mal par la sourde rage de ce dernier, le jour ou Maureen se retrouve terrée dans un placard au lycée de Columbine en pleine tuerie ? qui ramène Caelum dans la ferme familiale du Connecticut où vont être déterrés tant de secrets ? qui amène Janis et Moze, rescapés de l’ouragan Katrina, dans cette ferme, et envoie Maureen à la prison voisine ?



Un roman difficile à cerner dans son ensemble car Wally Lamb embrasse large, trop large peut-être : la tuerie de Columbine, l’ouragan Katrina, les souffrances post-traumatiques, l’absurdité dévastatrice de la guerre en Irak, les violences sexuelles sur enfants, celles du système carcéral américain, le poids des ancêtres sur le destin des descendants, la portée des mythes fondateurs… n’en jetez plus !



Et pourtant toute cette matière massive et disparate fait sens à la lecture. Bien qu’un peu bavarde et portée sur le pathos, la plume de Wally Lamb est d’une fluidité d’un tel naturel qu’elle nous emmène avec aisance en empathie avec ses personnages empêtrés dans le labyrinthe de leurs vies.



C’est mon deuxième Lamb et ma foi il me plait ce bonhomme, tout en délicatesse et sincérité qui fait qu’on lui pardonne quelques longueurs, pas mal d’atermoiements convenus et un angle d’attaque un peu trop large pour raconter cette histoire, dont il explique lui-même en postface qu’il a eu du mal à accoucher.

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Nous sommes l'eau

Annie Oh, divorcée et mère de trois enfants, s’apprête à épouser Viveca, une galeriste new-yorkaise qui l’a révélée en tant qu’artiste. La cérémonie doit se dérouler à Three Rivers où Annie a vécu avec son mari pendant vingt-sept ans. Vingt-sept ans de silence et de non-dits. Plus le mariage approche, plus les souvenirs remontent à sa mémoire. Est-il possible de construire un nouveau bonheur sans se libérer du poids du passé est l’une des nombreuses questions posées par ce récit.

À travers les voix de toute la famille, nous explorons également les émotions liées à l’annonce de ce mariage. Comment vont réagir les enfants d’Annie, dont son fils Andrew, très catholique ? Acceptera- t-il l’union homosexuelle de sa mère ? Wally Lamb nous donne la vision d’une certaine Amérique, où le passé raciste et puritain du début du xxe siècle semble en permanence menacer le présent. Un livre fascinant, où le suspense grandit comme une vague… jusqu’à nous emporter.

En conclusion, une superbe première rencontre avec un écrivain dont j’ai bien l’intention de découvrir le reste de l’œuvre.





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Le chagrin et la grâce

Dans cette histoire familiale on retrouve les ingrédients de la puissance des vaincus.

Les mémoires écrites d'un ancêtre, les évènements tragiques qui secouent l'Amérique, le personnage principal perdu dans un labyrinthe où coule la rivière du temps, la religion. L'ambiance de Three Rivers, le Dr Patel, l'ombre des jumeaux Birdsey effleurent ce récit.



Caelum et Maureen se retrouvent dans le chaos suite au massacre du lycée de Colombine. Comme les battements d'ailes d'un papillon, ils vont se retrouver dans un labyrinthe, luttant contre les flash-back de la tuerie, contre un Minotaure qui se nourrit de leurs peurs.



Le chaos, source de vie, de changement, mènera peut-être à un ordre nouveau, après les secousses innombrables qu'ils vont devoir affronter.



La trame de l'histoire est construite comme un labyrinthe, inextricable, où seuls ceux qui ont subi les blessures peuvent pénétrer, mais ne peuvent en sortir.

Peut-être y a-t-il justement trop de croisements. L'auteur a dessiné un labyrinthe un peu fouillis, où il y mêle le 11 septembre, l'ouragan Katrina, l'Irak, la Corée, la guerre de Sécession, la condition féminine, le racisme, les traumatismes de l'enfance. En fait tous les maux que contient la boîte de Pandore. Mais il reste le chérubin, l'ange de l'espérance qui plane sur cette fresque familiale.



Malgré tout, j'ai aimé m'y perdre. Et puis, la vie est ainsi faite si on a le don de voler au-dessus de ces rivières, on y verra tous ces traumatismes, qui coulent du passé vers le présent.



Il faudra la patience de la mante religieuse, il faudra s'élever au-dessus de ce labyrinthe, pour y voir un avenir ouvert, un ordre nouveau, où le papillon pourra voler librement.



Caelum est professeur de lettres et écrivain, il a pour lui les mots pour sortir du gouffre. Il se sert des Mythes anciens pour accéder aux mystères de l'homme moderne. Il instaure un véritable échange avec ses étudiants, et cela est touchant. Maureen est infirmière, elle peut aussi guérir les maux des autres, et à travers eux, les siens.



Grâce aux cartons de lettres et d'articles de journaux de son arrière grand-mère, une source a jailli de la « rivière souterraine et invisible », et Caelum pourra maîtriser son histoire, malgré tous ces battements d'ailes de papillon.



Hasard ou Ordre ? Chaos ou spiritualité ? de quoi sont fait les évènements qui jalonnent notre vie ?



" La question qu'il faut poser , c'est pas "pourquoi"? ni "si?". La question c'est "comment?"
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Felix Funicello et le miracle des nichons

Comment peut-on affubler un livre d'un titre aussi stupide, quand la version originale en est "Wishin' and hopin'" ?

Franchement, cela m'aurait rebutée et fait classer d'emblée le roman dans la catégorie "texte bien gras pour émoustiller les ados" si l'auteur n'avait été Wally Lamb. Celui dont j'avais particulièrement aimé Le chant de Dolorès.

Me voilà donc lancée dans cette lecture.

Le début, malheureusement, me fait regretter d'avoir tenté ma chance.

Ces gamins de CM2 débitant des blagues graveleuses (qu'ils comprennent d'ailleurs plus ou moins) et riant de mauvais tours joués à l'aide d'un coussin péteur ou autres subtilités du même genre m'ont vite tapé sur les nerfs. J'ai trouvé ça lourd et pas vraiment drôle : on est bien loin du niveau du petit Nicolas et de sa bande de copains. Bien loin du "roman d'apprentissage à se tordre de rire", "bourré de tendresse et de nostalgie" promis par la quatrième de couverture, même si la description de la très catholique école Saint-Louis-de-Gonzague prête parfois à sourire.

De plus, l'action se passant en 1964, ces petits écoliers ne m'ont pas paru crédibles : trop matures, trop dévergondés pour des enfants d'école primaire des années soixante.

Je poursuis tout de même ma lecture : je ne trouverais pas correct de ne pas terminer un livre qui m'a été offert et pour lequel je me suis engagée à écrire une critique.

Eh bien, j'ai bien fait de continuer (les sœurs de Saint-Louis-de-Gonzague me diraient certainement que le Seigneur m'a récompensée pour ma persévérence !) parce que l'arrivée dans ce petit monde de Zhenya bouscule un peu tout et amène un intérêt qui jusque-là m'avait échappé.

Zhenya est drôle, délurée, n'a pas froid aux yeux et dérange l'orde bien établi par les religieuses.

À partir de son apparition les choses s'animent, l'histoire gagne en crédibilité, et sans être exceptionnelle, la lecture s'est poursuivie sans encombre jusqu'à la fin.

Toutefois, Felix Funicello ne me laissera pas un souvenir impérissable et je pense que, plus qu'à un public adulte, il pourra plaire à des collégiens.

Je remercie Babelio et les éditions Belfond pour ce livre. Je suis désolée pour cette critique que j'aurais aimé pouvoir rendre plus enthousiaste, mais je m'efforce de toujours être honnête dans ce que j'écris.
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Le chant de Dolorès

Mon coup de coeur surprise du confinement! Un de ces moments de lecture, assez rares finalement et donc chers, où l'on tombe littéralement dans le livre que l'on ne peut plus lâcher, où les personnages et les scènes s'animent dans votre esprit comme dans la réalité, mieux en fait, car débarrassés des scories du quotidien.

Je connaissais pourtant Wally Lamb, son talent mais aussi ses limites, et n'étais qu'à moitié décidée à découvrir les affres d'une ado en souffrance. Or avec Le chant de Dolorès j'ai découvert un nouveau talent à l'auteur, celui, rare, de savoir se mettre dans la peau d'une femme, et avant elle d'une enfant et d'une adolescente. Les malheurs s'abattent sur la jeune Dolorès comme la vérole sur l'honnête homme mais son personnage reste toujours parfaitement crédible dans ses réactions, tout comme son chemin de vie qui ne tombe jamais dans l'outrance que je craignais. Il y a bien sûr quelques scènes climax où le pathos déborde un peu: c'es Wally Lamb quand même, mais que ce soit dans l'évocation des blessures de l'enfance, l'enfermement sous des kilos agressifs face à la violence de l'adolescence, la lente et douloureuse remontée à la surface et la redécouverte de la vie sociale et amoureuse avec ses hauts et ses bas, tout fonctionne, Dolorès ressent et parle juste.

On n'est certes pas dans la grande littérature mais pas dans la soupe commerciale non plus, et je suis ravie finalement de me redécouvrir ce petit côté fleur bleue qui m'a fait regretter que ce pavé ne compte pas 700 pages de plus.
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La puissance des vaincus

Thomas mon ancre, mon ombre.

Thomas est le frère jumeau de Dominick.

Enfant, il doit protéger son frère doux et fragile. Lui est le plus fort, le plus dur. Face au beau père violent, et à la passivité de sa mère, il se défend, en n'employant pas toujours les armes qu'il faut.

Comment ne pas tomber tout en portant ce frère, cette mère, cette histoire de famille dont il doit sonder les secrets ? Comment aimer ce double qui le fait tant souffrir ?

Pourquoi son frère est-il schizophrène ? Peut-il l'entraîner lui aussi au fond du gouffre de la folie ?



Long parcours entre le passé de cette famille d'origine sicilienne et les années 90 dans le Connecticut.

Un récit troublant. Une introspection douloureuse au coeur des secrets de famille et de la maladie. On apprécie que ce roman soit un pavé, pour ne pas avoir à le quitter trop tôt.

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Le chant de Dolorès

Les adolescents en grande souffrance qui tyrannisent leurs proches et leur font vivre un enfer, ça existait déjà dans les années 60. La preuve avec Dolorès Price, malmenée par la vie, à la fois odieuse, injuste et cruelle avec sa mère et sa grand-mère, et terriblement touchante vue de l'extérieur.



Wally Lamb retrace vingt années de la vie de cette jeune femme, entre profond mal-être, comportements auto-destructeurs, rémissions et rechutes, entre mesquineries et cruautés d'étudiantes, univers psychiatrique, difficultés conjugales. Avec, pour décor, les Etats-Unis des années 1960 à 1980.



J'ai dévoré ce roman intense et bouleversant la gorge serrée, très étonnée de découvrir à mi-parcours que son auteur était un homme et non une femme à qui la gente masculine en aurait fait baver : les portraits virils y sont vraiment sans complaisance, on croise des violeurs, des menteurs, des monstres d'égoïsme, des maris/amants volages, mais peu de types bien au final.



Il est dommage que les éditions Pocket aient choisi une couverture grotesque qui laisse attendre de l'humour et/ou de la légèreté ; le visage féminin de celle du Livre de Poche me semble plus adapté au ton du récit.

Trois autres romans de Wally Lamb sont disponibles en VF, je suis curieuse et impatiente de les découvrir, a fortiori s'ils sont de cette envergure, comme les avis de lecteurs le laissent présager.



/!\ Attention à la quatrième de couverture : on y apprend dès la première phrase un événement qui ne survient qu'après plus de cent cinquante pages.
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Le chant de Dolorès

Je l'ai vue nager et voler. Elle m'a aspergée et je suis couverte d'écume.

Baptisée. Je ris, je pleure en léchant mes lèvres salées.

- Je l'ai vue Thayer ! Je l'ai vue !



Dolorès est la première à l'apercevoir dans l'océan gris bleu. Mais au fond, comment aurait-il pu en être autrement ? Il fallait qu'elle voie celle dont elle a tant de fois porté le nom : une baleine !



Dolorès est grosse certes, mais il n'en n'a pas toujours été ainsi. Abandonnée par son père à onze, violée par le locataire de sa grand mère à treize ans, la jeune Dolorès Price se réfégie dans la nourriture. En quelques mois, elle pèse cent soixante cinq kilos pour son mètre soixante deux, ingurgitant encore et encore des kilos de détresse. Sa vie se résume à deux choses : la nourriture et la télévision.

Son entrée à l'université ne fait qu'accentuer son mal être. Face à la répulsion de Kippy à devoir partager sa chambre avec une grosse, au fil des jours, Dolorès devient le souffre douleur de cette dernière et de sa bande. Lors d'une soirée, incapable de supporter davantage leurs moqueries, après avoir été la risée de tous, traitée de Mongole Fière et de baleine, Dolorès s'enfuit dans la nuit, décidée à mettre fin à son calvaire. Et quel endroit plus significatif pour se noyer que celui où viennent mourir des baleines depuis quelque temps, sans que l'on n'en connaisse la raison ? Sauvée in extrémis, la jeune fille va mener un rude combat. Celui de s'accepter telle qu'elle est, mais aussi et surtout, renouer avec le goût de vivre.

Durant sept années, avec le soutien de son mentor, le Docteur Shaw, Dolorès va se battre pour retrouver son identité et accepter ce qu'elle refusait d'admettre: l'amour que lui portait sa mère, cette mère qui n'est plus de ce monde. Sa rencontre avec Dante, dont l' autorité se dévoile peu à peu, se soldera par une rupture, accentuant sa méfiance envers les hommes. Mais l'amour, le vrai n'est jamais loin et se trouve souvent là où on ne l'attend pas. Le jeune Thayer mettra tout en oeuvre pour recoller les morceaux de ce coeur brisé en mille éclats.



Le chant de Dolorès, terriblement poignant et réaliste est un véritable hymme à la vie, une renaissance à part entière que Wally Lamb nous décrit magnifiquement. Ce parcours exceptionnel d'une jeune femme en devenir, meurtrie au plus profond d'elle même, conquit et révolte tour à tour le lecteur par le courage dont elle fait preuve et le mépris qu'elle inspire à cause de son poids.

Parceque l'on ne guérit jamais d'un viol, ce récit traite intelligemment, sans faux semblants, la souffrance vécue après un tel fait, les conséquences qui en résultent et le regard d'une société méprisante sur l'obésité, plus particulièrement. Rien n'est omis dans cet ouvrage efficace et bouleversant : La douleur physique et morale d'un corps et d'un coeur maltraité depuis l'enfance. Un récit où les mots justes nous décrivent les blessures profondes d'une Dolorès dont le chant, croyez moi, nous trottera très longtemps dans la tête...

Un véritable coup de coeur pour ce roman qui aurait pu s'intituler " Le chant de la douleur " ( Dolorès signifiant douleur )



Merci à Verdorie pour ce conseil de lecture avisé. Merci également à tous les membres de Babelio qui m'ont orientés vers des ouvrages enrichissants.



Bonne année à tous pour ma première critique 2014 !





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Le chagrin et la grâce

Le roman de Wally Lamb est profondément américain avec tous les défauts et les qualités inhérents à cette culture finalement assez éloignée de celle de notre vieille France. Tout est démesuré dans Le Chagrin et la Grâce : les personnages, les tragédies, l'ampleur de l'histoire. Finalement, le personnage de Caelum nous emmène dans le mélodrame d'une Amérique en prise avec ses contradictions et ses ambivalences. Bien sur, l'auteur en fait parfois un peu trop ; du début à la tragédie presque antique jusqu'à la fin d'un lyrisme affolant. Mais c'est admirablement fait. Sous la plume incisive et précise de Wally Lamb, le mélodrame se fait œuvre d'art. Et l'écrivain arrive, en 800 pages, à nous embarquer dans la quête mystique de son personnage... De l'histoire des États-Unis avant tout, par le prisme d'un présent où les héros, comme le pays, ont été traumatisé par Columbine. Étrangement, lors de ma lecture, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à la littérature russe car j'ai parfois eu l'impression que comme dans Guerre et Paix, c'est plus d'un pays tout entier dont nous parle l'auteur que d'un personnage. L'esclavagisme, la Guerre de Sécession, celle de Corée, Colombine... et un point commun aux tragédies américaines dans leurs effets sur les individus : l'Etat de Stress post-traumatique. L'ESPT est admirablement décrit bien que l'on ne s'éloigne pas une seconde du schéma type - la psychologie des personnages est parfois un peu scolaire. En vrac nous avons donc les thèmes suivants : la violence, le racisme, l'Histoire, la guerre, la psychologie, les secrets de familles, les addictions, la prison, le féminisme... Et à force de tragédies Caelum devient un Job des temps modernes, qui tente de ne pas baisser les bras alors que tous les malheurs le frappent. Finalement la Grâce du titre est sans nulle doute la grâce divine, objet véritable de la quête du héros.



Je ne pense pas que l'on doivent aborder Le Chagrin et la Grâce comme un roman réaliste ou un thriller psychologique, pour moi c'est une tragédie lyrique moderne, presque une parabole. Le genre d'ouvrage qui me rappelle pourquoi, depuis toujours, j'aime la lecture avec passion.
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Nous sommes l'eau

C’est toujours un plaisir pour moi de découvrir un nouvel auteur américain, et Wally lamb ne peut pas renier ses origines, car c’est sans nul doute un bon gros roman américain contemporain que nous avons là : récit polyphonique raconté par plusieurs protagonistes (la leçon de creative writing la plus consciencieusement appliquée outre atlantique pour donner du peps et de la perspective à la narration! perso, je ne m’en lasse pas car ça fonctionne plutôt bien), histoire familiale chargée de violences et de secrets, un savant mélange d’exhibitionnisme et de pudeurs des sentiments, un autre curieux mélange de modernisme exacerbé et de conservatisme, de la culpabilité, une ou des scènes climax où les émotions se déchaînent en torrent …



En l’occurrence, nous faisons par touches successives connaissance avec la famille Oh dont la mère, Annie, s’apprête à se remarier avec sa compagne Viveca, mariage auquel elle convie autant son ex-mari et ses trois enfants aux parcours perturbés que sa douloureuse enfance.



Wally Lamb n’est pas Philip Roth, mais sa plume est délicieusement fluide, on sent le bonhomme sincère et cela m’a suffi pour couler sans efforts le long des pages de ce gros pavé et dans la peau de ses personnages, à qui on pardonne facilement quelques traits caricaturaux.



Un léger bémol tout de même sur l’impression de déjà vu, chez Pat Conroy par exemple mais je ne boude pas mon plaisir, c’est une lecture très agréable qui raconte une vraie histoire.

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Felix Funicello et le miracle des nichons

A dix ans, j'avais des couettes ou des tresses suivant l'humeur du jour de ma mère et je la suppliais de me laisser aller en vélo à l'école, pour faire comme les grands.



A dix ans, mon meilleur copain s'appelait Séverin, et il avait les clés de sa maison autour de son cou -le chanceux! je pensais à l'époque- parce que ses parents travaillaient beaucoup, et il venait parfois en pantoufles en classe parce qu'il oubliait de mettre ses chaussures.



A dix ans, j'étais terrorisée par les mauvaises notes et ne savais pas sauter à la corde, manque de coordination, une corde à sauter dans les mains et je manquais de décapiter tout le monde (d'ailleurs, je ne suis pas plus habile maintenant... ).



A dix ans, j'en faisais de choses, je vivais dans un univers peuplés de rêves et d'aventures en tout genre (ça n'a pas changé non plus) et j'essayais de comprendre le monde qui m'entourait.



Un peu comme Felix.



Felix est le plus petit de sa classe et le deuxième juste derrière Rosalie Twerski, la fayotte de service, vous savez, celle qui a toujours la main levée et n'hésite pas à dénoncer ces camarades. Lonny est son meilleur copain. Il est plus grand que lui, mais c'est normal, il a deux ans de plus, et lui, contrairement à Felix, il s'installe au fond de la classe, ou plutôt on l'installe au fond de la classe. Parce que Soeur Dymphna n'est pas facile. En plus d'être sévère, elle a une légère tendance à la dépression et au passage de films en classe quand le rideau noir s'abat sur elle. Et par un fâcheux concours de circonstances (auquel Félix est bien évidemment étranger, il est beaucoup trop sage avec ses boucles brunes et son air de premier, euh.. second de la classe, non, ça n'a rien à voir avec ses tirs qui ont malencontreusement raté leur cible pour atteindre un obstacle non identifié et imprévu), Soeur Dymphna se voit obligée d'abandonner l'école et est remplacée par Melle Marguerite, la nouvelle instit', une laïque dans une institution privée, qui arrive avec ses manières libres et son français québecois.



L'année scolaire qui s'annonçait insipide devient franchement plus... originale.



Wally Lamb nous livre dans un portrait tendre et teinté d'humour de l'enfance qui découvre la vie. Felix est grand maintenant, il a dix ans, il comprend tout, ou presque. Et ce qu'il ne comprend pas, il doit le comprendre pour ne pas être ridicule, l'adolescence est sur le pas de la porte. Son copain Lonny sait plein de choses, il fait des blagues qui font rire tout le monde, un peu comme Chino, le serveur du restaurant de la famille, mais Felix ne peut surtout pas avouer qu'il ne comprend pas toujours leurs blagues. Il se pose des questions, la sexualité commence à l'interpeler et il a essayé de demander des explications à son père, mais celui-ci évite la question et trouve des excuses. Il se défile.



Felix porte un regard naïf sur l'Amérique des années 60, sur la modernité qui envahit le monde, les concours de cuisine et les spectacles à l'école, sur la famille, sur les amis (Zhenya et sa langue qui fourche est un personnage déluré très rafraîchissant dans ce contexte de Guerre Froide et de la peur de l'autre) et sur tout ce qui semble important quand on a dix ans.



C'est un roman que j'ai apprécié mais qui m'a un peu laissée sur ma faim. Il aurait pu me marquer, mais malheureusement, je n'en garderai pas un souvenir impérissable. Sans savoir pourquoi, j'avais en tête Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur en attaquant le récit (qui n'ont de point commun que le récit de l'enfance), et peut-être que cela a conditionné ma façon d'aborder la trame. La première partie a manqué de rythme à mon goût, mais a malgré tout été compensée par la fin qui m'a fait franchement sourire, comme un diesel qui met du temps à démarrer.



Par contre je m'interroge, pourquoi ce titre dans la version française ? On est bien loin du Wishin' and Hopin' original...
Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
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Le chagrin et la grâce

J'ai lu ce roman dans le cadre d'un challenge, un bon gros pavé qui s'est révélé être une agréable lecture.

Un roman qui met en scène un couple après la tragédie de Columbine qui essaie de se reconstruire dans la ferme familiale du mari. A cette occasion, Caelum retrouve des cartons qui contiennent les archives familiales.

Un roman ambitieux car il met en scène plusieurs personnages à des époques differentes : l'arrière grand-mère qui a créé une prison pour femme à côté de sa ferme, la tante de Caelum qui a travaillé dans cette prison et l'histoire de ses parents. Une foultitude de personnages riches, attachants et des histoires toutes aussi passionnants les unes que les autres.

Une saga familiale qui se laisse lire et dont on ne se lasse pas de tourner les pages pour connaître la suite, une grande part belle aux femmes dans ce roman et leur vie pas toujours facile suivant les époques pour mener à bien les projets.

Un roman passionnant à découvrir.

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