AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Walt Whitman (63)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Feuilles d'herbe, tome 1

Vous connaissez ce poète américain, j'en suis presque sûre. "Le Cercle des poètes disparus", ça vous parle ? Que répétait le professeur Keating ? "Ô Capitaine, mon Capitaine !" Eh bien voilà, nous y sommes ! Il s'agissait d'un poème de Whitman dédié à Abraham Lincoln.



Dans ce recueil, cet écrivain du XIXe siècle va surprendre par les thèmes traités. En effet, là où il était bon de faire dans le romantique, le symbolique, le métaphorique, le spirituel, bref, tout ce qui définissait un poème dans la norme, Whitman va s'attaquer au moins noble, au moins pur : le quotidien, le matériel, la chair... Le style est plutôt vindicatif. On sent qu'il veut révolutionner la poésie "pompeuse" pour en faire quelque chose de plus moderne. D'entrée de jeu, le ton est donné dans ce petit texte intitulé "Mon Legs" :





A vous, qui que vous soyez, (en baignant de mon

souffle cette feuille-ci, pour qu'elle lève — en la

pressant un moment de mes mains vivantes ;

— Tenez ! sentez à mes poignets comme bat mon



pouls ! comme le sang de mon cœur se gonfle et

se contracte !) Je vous lègue, en tout et pour tout. Moi-même, avec

promesse de ne vous abandonner jamais,

En foi de quoi je signe mon nom.





Provocateur, il précise dans sa "Chanson de l'Universel" :







Viens, me dit la Muse

Chante-moi un chant qu'aucun poète ne m'a encore chanté,

Chante-moi l'universel.

Au cœur de cette vaste terre

Au fond même des grossièretés et des scories

sûrement enseveli dans son cœur,

germe le grain de la perfection.







J'ai découvert très récemment ce poète et j'avoue que ce côté rebelle m'a plu.


Lien : http://www.lydiabonnaventure..
Commenter  J’apprécie          854
Feuilles d'herbe, tome 1



Attention chef d'œuvre : un prophète nous raconte les États-Unis ! Nous raconte le monde, les humains la guerre, la paix, la démocratie, le progrès et la promesse d'un monde meilleur !



C'est dans une liste de listes infinie que le poète embrasse le monde, les humains, les animaux, les montagnes, les plantes, les paysages, les cours d'eau, les bateaux qui y naviguent, les inventions, les constructions, les grandes réalisations humaines, le génie de l'Amérique, mais aussi le plus petit des efforts, le plus petit geste du plus simple individu, tout ce qui qui contribue dans l'histoire des vieux continents et du nouveau à ce génie naissant et prometteur de progrès, de paix et de félicité.



Prophète sans vraie religion, ou plutôt acheteur de toutes du moment qu'elles participent de l'élan, prophète du réel tangible et sensible, Walt Whitman est intarissable, ne peut s'arrêter de contempler et dire le monde, dire les hommes, dire les femmes, les individus, sa foi en eux… dire encore.



Parce qu'au-delà de la politique ou la science, la poésie est appelée à régner en maître, à dicter au monde sa voie.



Les 700 pages sont donc profondément poétiques par le rythme, le ton prophétique, la déclamation liturgique, la litanie qu'il nous débite sans respirer, l'antienne dont il nous inonde. Poésie non pas faite pour seulement nous émerveiller mais pour nous rallier à sa pensée, à l'énergie de son élan, faire de nous non pas ses suiveurs mais ses partenaires - chaque individu apportant avec lui son individualité indéfectible - dans sa grande vision de "demain l'Amérique".



C'est en effet dans l'anaphore, par l'anaphore, et pour elle, pour prendre le temps dans ces listes sans fins de visiter le monde, s'en emparer, l'extirper à lui-même, l'arracher avec ses yeux, ses dents, l'ingérer comme un affamé de Nature, de paysages, affamé d'Humanité ("J'écris des vers omnivores") afin de nous le raconter, citer, montrer, débiter, de gré ou de force, celui qui nous entoure, le présent, le passé sans oublier de nous dévoiler l'avenir dans cet élan prophétique quasi christique que Walt (Whitman pas Disney) nous partage dans sa poésie.



On parle ici d'énergie, de puissance insufflée de cette immense Nature (oui avec un grand N), de cette histoire des hommes, des femmes, la puissance des démunis, la fragilité des bien-portants. Même la mort, cette inéluctable Mort qu'il écrit avec une majuscule est partie prenante, sinon l'inductrice majeure de cette énergie vitale qu'il célèbre (et cela est très neuf en cette fin du 19e siècle):



"Ô les années les tombes! ô l'air le sol! ô mes morts, leur doux arôme!

Exhale-les, mort pérennement douce, dans les années, les siècles futurs. "



Walt Whitman est un ogre à la vision universelle, cosmique dirais-je s'il n'y avait poète moins dans la lune que lui, lui si attaché à décrire l'Amérique du Nord qui l'entoure, telle que Mr Pablo Neruda a déclamé l'Amérique du Sud dans son Chant Général. Feuille d'herbe : une clameur, un cri, précurseur à Neruda, un chant de 700 pages à la gloire mais aussi à charge des États-Unis (et du Canada, qu'il écrit encore avec un K).



Feuilles d'herbe est un poème monde ou notre Capitaine s'offre corps et âmes, membres et voix, en victime consentante pour nous chanter son éblouissement et sa foi.
Commenter  J’apprécie          5010
Feuilles d'herbe

Belle découverte. Un recueil de poésie pas comme les autres. Les thèmes sont assez classiques, la nature, l'être humain, l'amour mais il y a ce petit plus qui le rend original. Tout d'abord, les illustrations simples et colorées. On dirait un livre d'enfant avec ses couleurs primaires. Les poèmes ne sont pas toujours très simples à comprendre mais tout est dans le ressenti, c'est cela qui est magique. C'est un hymne à la vie et à la nature.

L'auteur, Walt Whitman à vécu au 19e siècle aux États-Unis. Dans sa préface : il est à la fois un cow-boy et un indien : un homme libre. Il est tout à la fois et son contraire, il symbolise l'universalité, le monde entier à lui tout seul.

Un bien beau recueil que je vous conseille.
Commenter  J’apprécie          443
Feuilles d'herbe, tome 1

Walt Whitman est sans aucun doute - avec Emily Dickinson - le plus grand des poètes américains du XIXe siècle.

Précurseur des symbolistes français, il est très attaché à se séparer des conventions poétiques européennes pour produire une poésie authentiquement américaine. On trouve dans cette édition française qui s'appuie sur la première édition américaine de 1855, tous les ingrédients que Whitman veut développer à travers son oeuvre : la Nature, les rapports humains, une certaine idée de la transcendance, un universalisme américain.

Les poèmes ont aussi une très forte innovation (rupture des vers, nombreuses images) et une dose d'érotisme assez incroyable pour l'époque.

Un auteur qu'il faut avoir lu au moins une fois !



Commenter  J’apprécie          350
Paroles du Nouveau Monde

connaissez-vous Walt Whitman de nom peut-être, si je vous cite ceci " ô capitaine mon capitaine " ça vous dit quelque chose.

henry David Thoreau et Ralph Waldo Emerson, pour les profanes comme moi sont les poètes emblématiques des États Unis du 19 eme siècle.

ce livret est donc un condensé de leurs écrits, agrémenté de très belles peintures paysagère de la nouvelle Angleterre.

j'ai deux remarques à faire, la première je suis resté sur ma faim, en effet c'est trop court, moin de cinquante pages, le deuxième bémol, pour moi la poésie est autant féminine que masculine, je trouve qu ´Emily Dickinson avait sa place dans ce livre, ainsi le cercle des poètes disparus aurait fermé la boucle.

au risque de décevoir les futurs lecteurs cette édition est épuisée, mon exemplaire vient de la bibliothèque de Montréal où il a été retiré de la collection.

vous pourrez toutefois trouver ces poètes humanistes dans toutes les bonnes librairies.

Bonne lecture à toutes et tous
Commenter  J’apprécie          336
Feuilles d'herbe, tome 1

Je découvre Walt Whitman, poète américain. En 1855, il écrit et imprime lui-même « Feuilles d’herbe », un recueil de poèmes qui reste inaperçu dans un premier temps puis s’élève au rang d’écrit de grande influence grâce à Malcolm Cawley.

La poésie de Walt Whitman est considérée par sa modernité, sa clarté, son authenticité. Elle sera reconnue sur la même lignée que celle des plus grands tels que Homère ou encore Shakespeare.

L’auteur sait provoquer, emporter, prendre par le bras et transmettre par son écriture réaliste très terre à terre l’expression de bons sentiments.

Sa vision du monde est admirablement optimiste et joyeuse.

Sa poésie est différente de celle de nos auteurs français, elle respire la nature, le naturel, les feuilles d’herbe…

Une belle découverte.

Commenter  J’apprécie          311
Paroles du Nouveau Monde

Un livre qui procure le bonheur . La maestria des mots , la force des idées , la puissance des pensées . Cet opus qui regroupe tant de textes majeurs de ces auteurs incroyables s'avére étre ni plus , ni moins , qu'un refuge dans le monde dela pensée quand cette réalité qui voit tf1 au sommet devient trop dure à accepter . Immense tout simplement .
Commenter  J’apprécie          281
Paroles du Nouveau Monde



Merveilleux petit condensé de poésie et de philosophie .Difficile à trouver cependant.

C'est en voyant associés les noms de Kenneth White et de Thoreau que j'ai craqué ! Ils ont une bonne place parmi mes poètes-routards préférés (avec Abbey et Muir bien sûr !)



C'est un ouvrage étonnant. Hors du temps.

Quand on l'ouvre, c'est une explosion de couleurs : à chaque page ou presque, des reproductions d'une nature luxuriante, oeuvres de peintres du XVIII ème et XIX ème siècle alternant avec les poèmes de Thoreau , d'Emerson ou Whitman.

Cependant, la "maigreur" de l'ouvrage m'a étonnée .De la taille d'un carnet ,il n'a que 53 pages.

Mais, outre son charme , ce livret a aussi vocation de découverte .





Commenter  J’apprécie          230
Feuilles d'herbe, tome 1

Longue lecture, des mois dans l'âme d'un homme, qui est plus qu'un homme, qui est l'univers, qui est l'Amérique, écrivant l'épopée de ce pays neuf, immense, infini. La poésie de Whitman est heureuse, et c'est ce qui déconcerte. Le poète n'est pas maudit, il est béni. Et il bénit. Il bénit le monde, dans de longues listes qui donnent, brut, le réel au lecteur. Il chante la vie sous ses formes multiples, universelles, immuables et changeantes. Il célèbre la guerre et la paix, l'homme, la femme, le corps, la pensée, Walt Whitman, la démocratie. Il ennuie un peu, car son invention est sans adieu, elle se développe sans cesse, et le temps qui tue est le seul point final du déroulement perpétuel de la poésie totale. Plus personne ne place si haut la poésie, qui est devenue une langue morte.

Commenter  J’apprécie          230
Feuilles d'herbe

Walt Whitman est pour moi le plus grand poète américain, son génie poétique, sa fluidité littéraire, ses paroles hypnotiques et son utilisation du vers libre a libéré la poésie américaine, enserrée à l'époque dans un carcan religieux et puritain presque enfantin.

Avec son chef-d'œuvre monumental Feuilles d'herbe, il transcende la didactique poétique l'emmenant sur les chemins de la beauté retrouvée. Ode à l'esprit libre, au corps sensuel, à la nature, source d'harmonie indissociable pour les êtres humains qui veulent exister dans un univers tempétueux. Car l'action incessante pour la liberté, la dignité, la paix sont les moteurs intellectuels de Whitman, ses vers regorgent de lyrisme quand il évoque la guerre de sécession, la camaraderie de combat, la bravoure des hommes pour une juste cause, comme celle de la lutte contre l'esclavage.

Mais là où Whitman diffère vraiment des autres poètes et poétesses américains, c'est dans sa célébration sans tabou d'une âme transgressive exaltant un narcissisme spirituel et sensuel du corps et de l'esprit, brisant la chape de plomb puritaine de la société. D'ailleurs, sans vraiment l'énoncer clairement, l'auteur suggère dans ses mots une homosexualité personnelle de façon discrète.

Comme pour d'autres grands poètes, la censure lui tombera dessus pour des allusions tendancieuses à son mode de vie libre et hors des conventions sociétales de l'époque.
Commenter  J’apprécie          212
Feuilles d'herbe, tome 1

Poussées à l'autre bout de l'Atlantique et à la même florissante époque que « Les Fleurs du Mal » de Charles Baudelaire, ces « Feuilles d'herbe » de Walt Whitman figurent en mon panthéon de la poésie, non seulement américaine mais universelle. Car il y a dans la poésie de ce « solitaire américain poussé comme un gratte-ciel dans un désert inculte de maisons à bas étages », entre Brooklyn et Manhattan, une universalité incarnée par les thèmes qui y sont célébrés, ceux de la nature et de la place que tient l'Homme en son sein nourricier. Admirablement traduite en français et introduite par Jacques Darras, la poésie de Whitman nous invite à une épopée transcendantaliste, dont le courant de pensée vise à encenser la bonté et la beauté inhérentes des humains et de la nature.



La sensualité étonnante de ses vers conduira Walt Whitman jusqu'à un procès pour atteinte aux bonnes moeurs, et son optimisme jubilatoire lui vaudra d'être taxé d'idéalisme naïf. Mais là où « Les Fleurs du Mal » distillent les ténèbres, « Feuilles d'Herbe » fait jaillir la lumière. Whitman n'a pas son pareil lorsqu'il s'agit de célébrer la création, le corps de la femme comme celui de l'homme. Il prend à témoin, se met en scène, interpelle sa propre chair, contemple avec autant d'application les rêveries, les ambitions ou les gaucheries humaines. Il clame l'amour, vante la vie. Avec lui, l'insignifiant devient glorieux, le simple merveilleusement complexe, le vil garni d'espoir. Il parle de la conquête des terres, du labeur des Hommes, de l'esclavage, de cette expectative que l'on place dans sa descendance. Mais il « ne scande pas seulement la joie du Vivre », il « chante aussi la Mort, la joie de la Mort ! La caresse merveilleuse de la Mort, son apaisant engourdissement, sa brève persuasion. (…) A quoi sert désormais mon enveloppe vide sinon à être purifiée pour des tâches futures, à être réemployée dans les usages éternels de la terre. » Un étonnant parallèle avec la création de Baudelaire qui changea la boue en or.
Commenter  J’apprécie          204
Lincoln

DE LA VIE A LA LÉGENDE D'UN GRAND HOMME



Le 14 Avril 1865, moins de deux mois après son investiture à la Maison-Blanche, suite à une réélection plus que confortable avec 56 % des voix, -contrairement à la première, en 1860, qui fut très compliquée -, l'homme qui avait toujours souhaité, contre vents et marées, l'abolition de l'esclavage, celui dont l'élection fut le déclencheur aussi involontaire que malheureux, bien que prévisible, de la sécession des sept états esclavagistes du sud, le géant dégingandé d'un mètre quatre-vingt-treize qui serait aux commandes, dans la douleur mais sans vergogne, de l'entrée et la conclusion de cette fameuse Guerre de Sécession, Abraham Lincoln, seizième président des Etats-Unis d'Amérique venait d'essuyer des coups de feu, tandis qu'il assistait de sa loge à une représentation théâtrale - l'une de ses passions - à Washington.



Lincoln mourrait d'une balle tirée en pleine tête par un partisan sudiste, John Wilkes Booth, le lendemain même du drame et sans jamais avoir pu reprendre connaissance, le 15 Avril 1865 à 7h22.



Ainsi s'achevait la carrière d'un grand homme d'état américain.

Ainsi pouvait naître une légende !



C'est sous la plume de Walt Withman que celle-ci, entre autres thuriféraires, va prendre forme.

Le poète des Feuilles d'Herbe, texte qu'il n'a cessé de remanier de sa publication originelle en 1855 à son ultime réédition en 1891, un an avant le décès de l'auteur, n'aura de cesse tout au long de sa longue vie, de partager ses souvenirs et ses pensées liés à cet homme d'état passablement hors-normes.



Qui ne se souvient de cette scène finale inouïe et tellement émouvante du film "Le cercle des poètes disparus", durant laquelle les jeunes élèves du professeur Keating, bouc-émissaire absolu d'une Amérique blanche, arrogante, raciste, réactionnaire, pétrie de certitude et dénuée de tendresse ni d'humanité, se lèvent sur leurs tables de travail et entament le célèbre poème de Walt Withman : "O Captain ! My Captain !" en signe de respect et de courage à leur ancien enseignant ?

Bien entendu, les jeunes américains et leurs aînés le savent pour beaucoup, mais c'est une chose moins connue, chez nous, que ce texte puissant était l'hommage du poète au président. Et ce poème participa grandement à la postérité du vainqueur du camp confédéré.



Withman avait, de son propre aveu, eu l'occasion de rencontrer Lincoln une petite trentaine de fois. En revanche, il est parfaitement honnête : sa description des minutes du drame, il les a retranscrite selon ce qu'il a pu en lire dans la presse du moment, n'étant aucunement témoin direct de l'attentat.

En revanche, il avait compris toute l'importance de la destinée de cet élu tellement atypique, fait le tour de la grandeur du personnage et de ce qu'il représentait, pour ainsi dire à lui seul, de cette démocratie américaine toujours plus ou moins à la recherche d'elle-même, l'épisode sanglant, mais pas si surprenant que cela, de la guerre civile tout juste achevée l'attestant.



Ainsi, les éditions La Part Commune, par le choix de ces textes - notes, conférence - et la traduction dus à Thierry Gillyboeuf, bon connaisseur de la littérature américaine du XIXème siècle, de l'oeuvre de Henri David Thoreau en particulier, nous proposent-elles de découvrir le lien intime entre ces deux immenses personnalités, Whitman estimant par ailleurs que Lincoln était une sorte d'âme sœur. En quelques mots bien compris, l'auteur des Feuilles d'Herbe permet aussi de mieux comprendre la portée, l'importance, la syncrétisation de l'essence d'une Nation, la sienne, dans le creuset de la destinée d'un seul homme, mais quel !



Petit volume d'une lecture rapide et sans doute assez anecdotique malgré les personnalités en présence, il sera le bon complément de tout passionné de l'oeuvre du poète, de la biographie du politique ou de l'histoire des USA.
Commenter  J’apprécie          200
Feuilles d'herbe, tome 1

Je crois que c'est Saint Augustin qui demandait qu'on se méfiât de l'homme d'un seul livre. Walt Witman fut pourtant cet homme puisque son recueil de poèmes « Feuilles d'herbe »[Leaves of grass), même s'il ne fut pas son œuvre unique [Il est moins connu pour Good by my Fancy, Spécimen Days and Collecte...], il reste qu'il est surtout célèbre pour ce recueil de textes souvent remaniés et réédité neuf fois de son vivant, parfois sans l'aide d'un éditeur. On ne sait d'ailleurs pas s'il s'agit de prose ou de poésie, tant sa prosodie emprunte la forme nouvelle pour son époque du vers libre, pourtant le film « Le cercle des poètes disparus » de Peter Weir [1989] a remis à l'honneur un de ses poèmes, écrit à la suite de l'assassinat d'Abraham Lincoln [Oh capitaine, mon capitaine]. Son style est à la fois baroque et les grandes envolées lyriques voisinent avec des banalités étonnantes et quotidiennes. Son écriture passe sans grandes transitions de phrases prétentieuses voire pédantes, à l'usage de mots argotiques, abstraits, voire des néologismes ou des mots créés à partir de langues étrangères ou d'onomatopées, pour repartir en évocations mystiques, usant d'une langue faite d'éléments hétéroclites donnant au lecteur une impression mitigée, déconcertante même, sans réelle différence entre la langue parlée et la langue écrite. C'est un peu comme si l'auteur se sentait grisé par les mots et leur musique. On a voulu en faire le précurseur des symbolistes en ce qu'il a voulu exprimer l'inexprimable puisqu'existe dans sa créativité des correspondances entre le monde matériel et spirituel. On a même été jusqu'à voir en lui l'annonciateur des surréalistes. C'est dire l'importance de cet écrivain qui ne laisse personne indifférent.

On a beaucoup parlé de Witman, et il est vrai qu'il s'agit d'un grand poète américain, autodidacte et humaniste. L'expression peut d'ailleurs surprendre chez un peuple traditionnellement plus attaché à la recherche du profit et à la réussite sociale qu'à la culture et qu'à la poésie dont on sait qu'elles ne rapportent rien ou pas grand chose, mais c'est ainsi! Ce fils de fermier de Long Island s'est très tôt tourné vers l'écriture, comme journaliste d'abord, comme homme de Lettres ensuite. Il reste un écrivain spécifiquement américain qui croit en l'homme, en ses capacités de construire l'avenir dans le respect de la démocratie et la foi dans le bonheur sur terre et l'égalité entre hommes et femmes. Il était en cela tout à fait en phase avec son temps, mais aussi un précurseur notoire.

C'est vrai qu'il a été un auteur controversé, mais il a évoqué l'humanité toute entière, ce qui a fait de lui un poète universel. Il a été un être complexe, comme nous le sommes tous, à la fois poète de la terre, du peuple, célébrant les valeurs physiques, celles du travail, de la vie au grand air et volontairement oublieux des barrières sociales, mais étonnamment moderne et intellectuel. Pour autant son écriture trahit un être angoissé, désespéré parfois ou bizarrement optimiste, mais sans la souffrance et le mélange de sentiments que seule nous inspire la vie, il n'y a pas de création artistique, d'autant que son existence ne fut pas exempte de passions tumultueuses [on a même évoqué l'homosexualité] dont il parla.

En cela, Witman était un être humain, avec ses passions, ses contradiction, ses doutes, ses espoirs et ses découragements. Il fut à la fois un écrivain mythique et mystique en ce sens qu'il parla de la vie sous toute ses formes, évoqua Dieu, source de toute création mais aussi force qui donne l'impulsion à toute l'humanité. Pourtant il n'était pas chrétien, mais célébra l'âme comme intimement liée au corps, aux sens. Il fut un visionnaire, chantre de la liberté et de l'égalité entre les hommes, désireux de voir d'avènement de « l'homme moderne »mais étonnamment individualiste, voire anarchiste parfois, un romantique et un prophète aussi!

Un poète disparu et injustement oublié!

© Hervé GAUTIER - Décembre 2007.
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
Commenter  J’apprécie          160
Feuilles d'herbe, tome 1

Sur le fond, j'ai aimé ce que Whitman nous a offert. De jolis vers sur la nature, la vie, la mort, les hommes.

Mais sur la forme, j'ai été déçue. Leaves of Grass est une prose. Moi qui adore la poésie en rimes, je n'ai pas été servie. Ajouté à cela des répétitions à la pelle, j'ai eu du mal à lire jusqu'à la fin.

Commenter  J’apprécie          150
Feuilles d'herbe, tome 1

« Feuilles d’herbes » est un ouvrage hors du commun permettant de se connecter à travers les siècles à un esprit d’une intelligence et d’une sensibilité précieuses.



Un peu agaçant dans son exaltation béate face aux miracles de la Nature, Whitman se montre irrésistiblement séduisant dans la partie la plus profonde de son œuvre, qui mêle profonde empathie pour la souffrance d’une jeunesse saccagée par la guerre et réflexions d’ordre philosophico-mystique sur le réel sens de l’existence.



Impossible donc de ne pas plier un genou face au talent impérissable de cet homme, capable d’émouvoir voir de bouleverser.



En 2020, « Feuilles d’herbes » reste donc comme tous les chefs d’œuvres, incontournables.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
Commenter  J’apprécie          133
Feuilles d'herbe, tome 1

Not I, nor anyone else can travel that road for you.

You must travel it by yourself.

It is not far. It is within reach.

Perhaps you have been on it since you were born, and did not know.

Perhaps it is everywhere - on water and land.
Commenter  J’apprécie          121
Feuilles d'herbe, tome 1

Walt Whitman écrit une ode à l'Amérique, à la vie, à la Nature, à l'individualisme démocratique avec une vigueur, une profondeur, une sincérité, une santé impressionnante.

On le suit sur 700 pages au long d’une vie bien remplie ou la Nature – terre, fleuves, océan, forêt, rivière, prairie, faune, flore, et l’Histoire des hommes –les guerres, surtout la guerre de sécession, mais aussi les inventions techniques de l’ère industrielle – paraissent à part égale.

Je pense mieux comprendre maintenant, après avoir lu Feuilles d’herbe l’esprit américain, dans ce qu’il a de spécifique et de non-européen.

Il y a là une fraicheur, une énergie, une vitalité, un optimisme, un amour inconditionnel de la vie qui étonnent et ravissent à la fois.

Commenter  J’apprécie          120
Feuilles d'herbe, tome 1

Cette lecture date un peu. Elle fut dans le prolongement de la sortie du film "le cercle des poètes disparus" car Whitman devient alors incontournable.

Pourtant je n'ai pas retrouvé l'exaltation à la lecture que j'avais imaginé lorsqu'il était cité dans le film. Je pense reprendre un jour ce recueil car il me semble l'avoir lu trop tôt pour en apprécier le contenu.
Commenter  J’apprécie          91
Paroles du Nouveau Monde

Les auteurs choisis sont magnifiques mais leurs citations (on peut les compter)bien que misent en valeur par des illustrations prestigieuses paraissent isolées et perdues au milieu des œuvres prolifiques de leurs géniteurs. Je reste sur ma faim heureusement le journal de Thoreau m'attend sur ma table de chevet.
Commenter  J’apprécie          90
Feuilles d'herbe, tome 1

Pour nous autres Européens, la littérature américaine est surtout romanesque : nous en connaissons tous les grands noms, de Fenimore Cooper à Philip Roth, en passant par Edgar Poe, Herman Melville, William Faulkner, Ernest Hemingway, John Steinbeck et tant d’autres. Mais quand il s’agit de citer des noms de poètes, tout au plus trouvera-t-on Edgar Poe, peut-être Emily Dickinson ou Walt Whitman, et c’est à peu près tout. Remarquez, ce n’est déjà pas si mal, ces trois-là tiennent la dragée haute à leurs collègues du vieux continent. Edgar Poe, on le connait bien grâce aux traductions qu’en ont faites Baudelaire (pour la prose) et Mallarmé (pour la poésie). Mais les deux autres ne sont guère connus et appréciés que des initiés. Pourtant ils valent bien qu’on leur accorde un peu de notre attention. Emily Dickinson, un jour ou l’autre fera l’objet d’une chronique car « elle le vaut bien » : excentrique et tourmentée elle laisse des centaines de poèmes, d’une écriture novatrice et d’une inspiration romantique, sinon baudelairienne.

Walt Whitman (1819-1892) est très différent : non seulement il a vécu plus longtemps (72 ans contre 55 pour Emily), mais son inspiration est complètement différente : alors qu’Emily Dickinson s’apparente un peu à ses cousines anglaises les sœurs Brontë, Walt Whitman, lui, est un américain pur jus, dans sa vie comme dans ses écrits : démocrate dans l’âme, il est également attaché à sa terre ainsi qu’à ses habitants. Une certaine idée de l’Amérique l’anime, tout comme une certaine idée de l’Homme. Ne nous le cachons pas, Whitman est un jouisseur, un hédoniste, un sensuel. Un homme en connexion avec l’univers, avec les autres humains (les hommes surtout, il est un homosexuel notoire), les animaux les plantes, les paysages, la mer, le ciel et les étoiles. Whitman prend son plaisir partout : dans la vue d’une fleur, d’un corps, d’un tableau, peut-être même prend-il son plaisir à l’intérieur même de son plaisir : écoutez la « Chanson des joies » :

« Car je veux écrire le plus jubilatoire des poèmes !

Un poème tout en musique – tout en virilité, tout en féminité, tout en puérilité !

Plénitude d’usages communs, - foultitude d’arbres et de graines.

J’y veux la vois des animaux – la balance vivace des poissons !

Je veux qu’y tombent les gouttes de pluie musicalement !

Je veux qu’y brille le soleil que s’y meuvent les vagues musicalement !

Sortie de ses cages la joie de mon esprit, filant comme une langue de foudre !

Posséder tel globe précis ou telle portion mesurée du temps ne me comblera pas,

Ce sont mille globes c’est l’ensemble complet du temps qu’il me faut ! »

De la joie, Whitman en demande partout : à la nature, à son corps, à toutes les manifestations d’une sensualité à la fois païenne et chrétienne, héritière de l’Antiquité par certains côtés, (Giono a de ces accents-là) ; en même temps profondément marquée par l’Amérique des pionniers, paradoxalement puritaine et libérée, avec des valeurs intemporelles comme la fraternité (en particulier en temps de guerre) et l’amitié (même en dehors de la sexualité). On a même reproché une à Whitman une certaine naïveté, parce qu’il évoquait des réactions primitives. Peut-être était-on jaloux de son « naturel » : « Whitman est tout le contraire de d’un poète froid. Il chauffe, il fume, il éructe, il siffle comme une locomotive prosodique entraînant d’interminables wagons d’humanité derrière elle » (Jacques Darras, dans sa remarquable préface, Poésie-Gallimard)

C’est peut-être ce qu’il faut retenir de Walt Whitman : ces interminables wagons d’humanité.



Commenter  J’apprécie          80




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Walt Whitman (974)Voir plus

Quiz Voir plus

Culture générale en rouge

Qui a écrit "Une étude en rouge" ?

Georges Simenon
Maurice Leblanc
Conan Doyle
Gaston Leroux

13 questions
564 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , chanson , cinema , art , littérature , expressions , sport , Drapeaux , egypte ancienne , histoire , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}