Nous avons marché sous la lune, ivres de fatigue mais aussi de cette immensité qui nous accompagnait. Les genoux cédaient de temps en temps sous le poids de la fatigue, alors nous nous obligions à continuer jusqu'à un point choisi comme repère, un monticule de neige par exemple, où nous nous accordions une courte pause. Mais plus nous approchions, plus ce monticule semblait reculer, conservant toujours la même distance entre lui et nous ; comme un mirage, vraiment. À un certain moment, j'ai repéré sur la neige une grande tache sombre. C'est là que la nuit précédente nous avions jeté, dans un accès de colère, ce qui restait d'une boîte de cacao amer qui s'était ouverte dans le sac à dos. Nous nous sommes précipités sur cette neige et l'avons léchée goulûment.