Weidong Chen

34 pages de rien. C'est un résumé assez sévère, sans doute, mais qui exprime très bien mon ressenti.



C'est l'histoire d'A You, un ado de 19 ans, qui a un job dans une usine. Mais il n'y arrive pas, les cadences, la monotonie, le lieu, le boss... il multiplie les absences, les congés et les arrivées tardives, jusqu'à une grosse bourde qui lui vaut... une semaine de repos chez lui. C'est sans doute la manière chinoise de traiter l'inadéquation au travail.



Non content de n'aligner que 34 pages, l'auteur nous gratifie de quelques cases par planches. Ce qui rend une impression de vide intense. On change plusieurs fois de sujets, en démarrant par un cauchemar, en poursuivant par le trajet pour l'usine, puis par la rencontre avec une amie/collègue, puis en terminant par l'usine proprement dite.



Cela dit, cela pourrait s'arranger aisément. A You est assez charismatique et ses réflexions empreinte de bon sens pourraient faire mouche, mais ce n'est pas suffisamment mis en avant dans la BD. Même les personnages secondaires sont inexistants. Restent les décors, pas mauvais et la piaule d'A You est sympa. Mais cela ne suffit pas à remplir une BD.

belle dimension philosophique à la portée du jeune public.

Il n'est pas rare qu'A You, durant son sommeil, fasse ce rêve interminable dans lequel il est prisonnier d'un labyrinthe infernal. Suivant un décor mêlant tuyauteries, échelles et paysages psychédéliques, il parvient alors dans un monde dont l'unique relief vient de ces innombrables portes qui s'étendent jusqu'à l'infini. Chacune d'elle ouvrant sur un nouveau monde... sans issue.

Pourtant, lorsqu'il revient à lui dans sa chambre à coucher (dans laquelle passent des tuyaux et des échelles, tiens, tiens...), il retrouve son quotidien du tout jeune adulte à peine sorti de l'adolescence. Pas encore tout à fait mur pour affronter le monde du travail, trop vieux pour rester à la maison à ne rien faire... un monde qui ne l'enchante pas mais qu'il devra apprendre à appréhender.



Je me plonge corps et âme dans la BD chinoise... Après mon désarroi devant la lecture de Princesse Bari, j'essaie de me réconforter ailleurs.

Un monde idéal, c'est une série que j'ai achetée lors du festival d'Angoulême en 2008, alors que la ville mettait en avant la bande dessinée chinoise par l'intermédiaire de l'éditeur Xiao Pan. Parmi tous les albums présentés, c'est celui-ci sur lequel j'ai finalement jeté mon dévolu... Peut-être pas le plus abouti graphiquement, mais sûrement celui dont l'univers me paraissait le plus torturé, à grand renfort d'images psychédéliques issues de ce rêve que fait le héros de l'histoire.



Torturé ? Ce n'est pourtant pas vraiment l'impression qui ressort de ce tome 1, qui aborde plutôt le récit d'un jeune garçon qui entre dans l'âge adulte sans pour autant se sentir prêt et investi dans ce nouveau rôle...



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