Je n'en ai jamais vu, ce qu'on appelle la neige. Ma mère m'a raconté, c'est quelque chose de blanc, léger et vaporeux, qui fond lorsqu'on la touche. Il a neigé, une fois, quand elle était petite. Mais je connais la grêle, qui s'abat sans prévenir durant les mois d'hiver et décime les récoltes qui ne sont pas sous serre.
Les outils du langage viennent fixer ce qu'ils peuvent de l'expérience humaine. Souvent, c'est moins le sens des mots qui rend pleinement ce qu'ils tentent de décrire, que le rythme qu'ils prennent à l'oreille qui entend, sans même qu'on les prononce.
J'observe l'enfant qui a six ans et je m'étonne qu'il soit si facile d'être heureuse. Il suffit de vivre dans l'ignorance de qui a vécu là avant nous. De ce qui existait et n'est plus.
Qu’elle écrive la fin toute seule maintenant. Je deviens page blanche et ma rage est muette, elle n’aura pas un mot.
Il me reste des années passées au lit, malade, l'immense gratitude d'avoir été soigné, d'avoir été aimé, d'avoir repris des forces grâce à tes soins constants. Je n'en ai pas conçu le goût d'être puissant, mais la conscience aiguë que sans le soin des femmes, les hommes ne seraient pas ce qu'ils sont aujourd'hui, et pourtant la plupart méprisent où trouvent cela normal, puisque c'est un acquis, qu'on s'occupe ainsi d'eux, comme de leurs enfants. Je ne suis pas de ceux qui trouvent cela banal qu'une femme sacrifie son temps chaque jour de sa vie, sa santé, ses envies et souvent ses besoins les plus élémentaires, pour élever des enfants.
Le grand génie de notre époque et de ceux qui la gouvernent, c'est de nous avoir fait croire que nous vivions en paix quand ils lâchent des bombes sur d'autres continents.
[...] la conscience aigüe que sans le soin des femmes, les hommes ne seraient pas ce qu'ils sont aujourd'hui, et pourtant la plupart méprisent ou trouvent cela normal, puisque c'est acquis, qu'on s'occupe ainsi d'eux, comme de leurs enfants.
Pour se protéger du monde il faut devenir invisible, transparente. Qui n'a pas de contours ne devient jamais cible.
"Les outils du langage viennent fixer ce qu'ils peuvent de l'expérience humaine. Souvent, c'est moins le sens des mots qui rend pleinement ce qu'ils tentent de décrire, que le rythme qu'ils prennent à l'oreille qui entend, sans même qu'on les prononce. Car les mots qu'on écrit présentent ceci d'étrange qu'ils égrènent en musique résonnant seulement pour l'être qui les lit. Et c'est cette musique silencieuse et secrète qui dessine le mieux la forme de ce qu'ils disent." P100
Camille lève le visage vers elle et sur ses traits, Ashanta lit de l'appréhension. Camille murmure dans un souffle : " il se passe que peut-être oui, je suis enceinte"