L'Allemagne des frères Grimm - Arte

De bonne humeur et piquant l'aiguille avec enthousiasme par un beau matin d'été, un petit tailleur était au travail, assis sur sa table devant la fenêtre. Vint une paysanne qui descendait la rue en criant : « À la crème, à la crème ! À la bonne crème fraîche ! » Cet appel chatouilla fort agréablement les oreilles du petit tailleur, qui passa sa tête menue par la fenêtre pour l'appeler : « Par ici, ma bonne dame, vous avez amateur ! »
La femme grimpa les trois marches qui menaient à la petite échoppe du tailleur avec son lourd panier, qu'elle dut vider complètement pour lui montrer tous les pots qu'elle avait. Il les examinait les uns après les autres, les soupesait, les reniflait d'une narine attentive, et finalement il lui dit : « La crème m'a l'air excellent, ma bonne dame : vous pouvez m'en mettre quatre demi-onces, bon poids, et même si vous arrivez jusqu'au quart de livre, cela ne ferait rien ! » La femme, qui avait pensé avoir trouvé un client pour le tout, lui donna ce qu'il voulait et s'en alla en bougonnant de colère.
LE VAILLANT PETIT TAILLEUR.

Au bout d'un an, le roi prit une autre femme qui était très belle, mais si fière et si orgueilleuse de sa beauté qu'elle ne pouvait supporter qu'une autre la surpassât. Elle possédait un miroir magique avec lequel elle parlait quand elle allait s'y contempler :
« Miroir, gentil miroir, dis-moi, dans le royaume
Qui est la femme la plus belle ? »
Et le miroir lui répondait :
« Vous êtes la plus belle du pays, Madame. »
Alors la reine était contente, car elle savait que le miroir disait la vérité.
Blanche-Neige cependant grandissait peu à peu et devenait toujours plus belle ; et quand elle eu sept ans, elle était belle comme le jour et bien plus belle que la reine elle-même. Et quand la reine, un jour, questionna son miroir :
« Miroir, gentil miroir, dis-moi, dans le royaume
Qui est de toutes la plus belle ? »
Le miroir répondit :
« Dame la reine, ici vous êtes la plus belle,
Mais Blanche-Neige l'est mille fois plus que vous. »
La reine sursauta et devint jaune, puis verte de jalousie ; à partir de cette heure-là, elle ne pouvait plus voir Blanche-Neige sans que le cœur lui chavirât dans la poitrine tant elle la haïssait.
BLANCHE-NEIGE.
Elle était belle [ou le croyait], mais fière et hautaine à ne pouvoir souffrir qu’aucune autre la surpassât en beauté. Elle avait un miroir merveilleux ; et quand elle se mettait devant lui pour s’y mirer, elle disait :
« Petit miroir, petit miroir,
Quelle est la plus belle de tout le pays ? »
Et le miroir répondait :
« Madame la reine, vous êtes la plus belle. »
Alors elle était contente, car elle savait [croyait] que le miroir disait la vérité.
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• d'après Blanche-Neige, conte transcrit par les frères Grimm

Elle était si belle que le chasseur eut pitié d’elle et dit :
« Va, pauvre enfant ! »
Il pensait en lui-même :
« Les bêtes féroces vont te dévorer bientôt. »
Pourtant, il se sentit le cœur soulagé d’un grand poids à l’idée qu’il avait pu se dispenser de l’égorger. Et comme il vit courir devant lui un marcassin, il le tua, en prit le foie et les poumons, s’en fut les présenter à la reine, qui les fit bien assaisonner et cuire : et la méchante femme crut manger la chair et le sang de Blanche-Neige.
Pendant ce temps, la pauvre enfant errait toute seule dans l’épaisse forêt, et elle avait si grand’peur qu’elle regardait d’un air inquiet tous les arbres et toutes les feuilles, ne sachant où trouver du secours. Puis elle se mit à courir sur les pierres pointues et sur les épines, et les bêtes féroces bondissaient à côté d’elle, mais sans lui faire aucun mal. Elle courut aussi longtemps que ses pieds purent la porter, jusqu’à la brune, et elle aperçut alors une petite cabane où elle entra pour se reposer. Tout dans cette cabane était petit, mais si gentil et si propre qu’on ne saurait le décrire. Il y avait une petite table recouverte d’une nappe blanche avec sept petites assiettes, chaque assiette avec sa petite cuiller, puis sept petits couteaux, sept petites fourchettes et sept petits gobelets. Contre le mur, il y avait sept petits lits l’un à côté de l’autre, couverts de draps blancs comme la neige.
Les sorcières ont les yeux rouges et la vue courte, mais elles ont le nez fin comme les animaux et sentent l'approche des hommes.

Chère Mili,
Je suis sûr que tu es allée te promener dans les bois ou les vertes prairies, et que tu as franchi l'eau vive et claire d'un ruisseau. Et dans ce ruisseau tu as jeté une fleur, une rouge, une bleue, ou une blanche comme neige. Elle est partie à la dérive, et tu l'as suivie des yeux aussi loin que tu le pouvais. Et elle s'en est allée, tranquille, portée par les vaguelettes, de plus en plus loin, tout le jour et toute la nuit aussi, au clair de la lune ou des étoiles. De lumière, elle n'avait pas beaucoup besoin, car elle connaissait le chemin et elle ne se perdit point. Après qu'elle eût voyagé trois jours sans s'arrêter pour se reposer, une autre fleur vint à sa rencontre sur un autre ruisseau. Une enfant comme toi, mais loin, très loin d'ici, l'avait en même temps jetée au fil de l'eau. Les deux fleurs s'embrassèrent et poursuivirent ensemble leur chemin ; ensemble elles restèrent jusqu'à ce que toutes deux sombrent dans le fond. Tu as également vu un petit oiseau s'envoler au soir à tire-d'aile au-dessus de la montagne. peut-être as-tu pensé qu'il allait se coucher ; pas du tout : un autre petit oiseau survolait à tire-d'ailes d'autres montagnes, et tandis que tout sur le terre était plongé dans l'obscurité, tous deux se rencontraient dans le dernier rayon de soleil. Le soleil étincelait sur leurs plumes et, tandis qu'ils virevoltaient dans la lumière, ils se disaient l'un à l'autre bien des choses que nous, sur la terre en dessous, ne pouvions entendre. Tu vois, les ruisseaux, les fleurs, les oiseaux se rejoignent, mais les gens ne le font pas ; les grandes montagnes et les fleuves, les forêts et les prairies, les cités et les villages s'interposent entre eux, ils ont leurs places définies, l'on ne peut les bouger, et les humains ne savent pas voler. Mais un cœur humain s'échappe vers un autre, en dépit de ce qui s'interpose. Ainsi mon cœur s'échappe vers le tien et, bien que mes yeux ne t'aient point encore vue, il t'aime et pense qu'il est assis auprès de toi. Et toi, tu dis : "Raconte-moi une histoire". Et il répond : "Oui, chère Mili, prête-moi donc l'oreille."
Petit miroir, petit miroir,
Quelle est la plus belle de tous le pays ?
Et le miroir magique de répondre:
Madame la reine vous êtes la plus belle ici
Mais, Blanche-Neige, au-delà des montagnes,
Chez les sept petit nains,
Est mille fois plus belle que vous.
A la soixante-quatorzième fois, le lièvre ne put achever. Au milieu des champs, il roula à terre; le sang lui sortait par le cou, et il expira sur place. Le hérisson prit le louis d'or qu'il avait gagné et la bouteille de brandevin; il appela sa femme pour la faire sortir de son sillon; tous deux rentrèrent bien contents chez eux, et, s'ils ne sont pas morts depuis, ils vivent encore.
Un jour, un fils de roi aperçut le cercueil de Blanche-Neige et il demanda aux nains de le lui céder.
Les nains refusèrent. Mais quand le fils du roi leur dit qu'il ne pouvait plus vivre sans voir Blanche-Neige, ils finirent par accepter.
En déplaçant le cercueil, les serviteurs du prince trébuchèrent, et la secousse fit sortir de la gorge de Blanche-Neige le morceau de pomme empoisonnée.
Et quand la pleine lune fut levée, Hänsel prit sa soeur par la main et il suivit les petits cailloux qui brillaient comme des pièces d'argent toutes neuves et leur montraient la route.