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Citation de Julitjubile


Chère Mili,
Je suis sûr que tu es allée te promener dans les bois ou les vertes prairies, et que tu as franchi l'eau vive et claire d'un ruisseau. Et dans ce ruisseau tu as jeté une fleur, une rouge, une bleue, ou une blanche comme neige. Elle est partie à la dérive, et tu l'as suivie des yeux aussi loin que tu le pouvais. Et elle s'en est allée, tranquille, portée par les vaguelettes, de plus en plus loin, tout le jour et toute la nuit aussi, au clair de la lune ou des étoiles. De lumière, elle n'avait pas beaucoup besoin, car elle connaissait le chemin et elle ne se perdit point. Après qu'elle eût voyagé trois jours sans s'arrêter pour se reposer, une autre fleur vint à sa rencontre sur un autre ruisseau. Une enfant comme toi, mais loin, très loin d'ici, l'avait en même temps jetée au fil de l'eau. Les deux fleurs s'embrassèrent et poursuivirent ensemble leur chemin ; ensemble elles restèrent jusqu'à ce que toutes deux sombrent dans le fond. Tu as également vu un petit oiseau s'envoler au soir à tire-d'aile au-dessus de la montagne. peut-être as-tu pensé qu'il allait se coucher ; pas du tout : un autre petit oiseau survolait à tire-d'ailes d'autres montagnes, et tandis que tout sur le terre était plongé dans l'obscurité, tous deux se rencontraient dans le dernier rayon de soleil. Le soleil étincelait sur leurs plumes et, tandis qu'ils virevoltaient dans la lumière, ils se disaient l'un à l'autre bien des choses que nous, sur la terre en dessous, ne pouvions entendre. Tu vois, les ruisseaux, les fleurs, les oiseaux se rejoignent, mais les gens ne le font pas ; les grandes montagnes et les fleuves, les forêts et les prairies, les cités et les villages s'interposent entre eux, ils ont leurs places définies, l'on ne peut les bouger, et les humains ne savent pas voler. Mais un cœur humain s'échappe vers un autre, en dépit de ce qui s'interpose. Ainsi mon cœur s'échappe vers le tien et, bien que mes yeux ne t'aient point encore vue, il t'aime et pense qu'il est assis auprès de toi. Et toi, tu dis : "Raconte-moi une histoire". Et il répond : "Oui, chère Mili, prête-moi donc l'oreille."
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