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Critiques de William Boyle (210)
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Tout est brisé

Dernière lecture de 2018 avec ce sombre "tout est brisé".

A Brooklyn , un femme, la cinquantaine, lutte entre son travail dans un cabinet médical et son père de plus en plus dépendant. Elle a récemment perdu sa mère et son mari et son fils ne donne aucune nouvelle depuis son départ à Austin .

Le décor est planté et cela manque clairement de gaité , gaité que le titre ne suggérait d'ailleurs pas.

Le livre tourne autour d'Erica , la mère; Les relations avec son fils , que son père avait rejeté, la gestion de son père . Mais c'est aussi une vision sombre de l'Amérique : Malgré son travail fixe , elle n'arrive pas à joindre les deux bouts, le système d'assurance en prend pour son grade.

La jeunesse est présentée ici comme désespérée, déconnectée du monde du travail. Une sorte de "No Future " que l'auteur, disquaire, agrémente de références musicales ( qui m'ont bien fait sentir que j'étais un bel ignare :))

Un peu d'espoir ? Oui, mais pas trop quand même !

Il y a un autre protagoniste dans ce roman, tombé du ciel, ou plutôt d'un tabouret de bar , qui va tenter philosophiquement de recoller les morceaux , en tous les cas de fournir la colle.

Il se définit comme prof .Enfin , il n'a pas tenu bien longtemps ( une pensée émue ici à ceux qui pensent que c'est un métier facile :)

Son influence sur la mère, dont le ton va changer vis à vis de son fils , est indéniable. Il est vraie qu'elle était chiante la mère : "Mets ton manteau, où vas tu , ne bois pas ..." pour recoller les morceaux , on a connu stratégie plus efficace.

C'est une lecture poignante mais qui pour moi manque de densité . Sans tomber dans le pavé , une étude un peu plus longue des personnages n'eut pas été superflue. On reste un peu sur sa faim, d'autant plus que les 205 premières pages sont très bien. Mais il n'y en a pas d'autres !

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Éteindre la lune

Avec William Boyle, Brooklyn ressemble toujours à un village. Tôt ou tard, on se croise, tôt ou tard, on se retrouve. Ses personnages ont grandi et travaillé dans ce quartier dont les enfants tentent de s’échapper sans savoir comment s’y prendre. Les noms italo-américains comme Santovasco, Cornacchia et Brancaccio y sont monnaie courante.

Avec William Boyle, on croit lire un roman policier mais les crimes ne sont pas le moteur de l'histoire, ce sont les personnages. Les crimes ne sont que des catalyseurs qui affectent les destins.



« Éteindre la lune » se passe à la fin des années 90 et au début des années 2000. Des gamins s’amusent à lancer des pierres sur des voitures. Un jeu innocent qui vire au drame et qui va briser plusieurs vies.

On entre dans une mosaïque complexe de personnages interconnectés, chacun coincé dans ses ornières. Les chapitres passent d'un personnage à l'autre et, si au début, vous vous demandez pourquoi vous en apprenez autant sur un tel ou tel, vous comprenez vite les liens qui vont les réunir. Vous attentez la confrontation finale où les secrets seront révélés, les crimes passés mis en lumière et la rédemption enfin trouvée.



Magnifique portrait de vies qui s'entrechoquent au tournant du siècle, ce roman est à la fois tragique et tendre.

Je suis admirative de l'habileté de l'auteur à jongler entre tous les protagonistes sans en laisser un de côté, à la sensibilité qu’il met dans son histoire, à la justesse de ses dialogues.

Bref, le dernier Boyle est bon, très très bon.



Traduit par Simon Baril
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Gravesend

Le numéro 1000 de chez Rivages/Noir se devait de marquer le coup et au lieu de miser sur un auteur connu, François Guérif a misé sur un inconnu.



Pari osé ? Pari risqué ? Oui, mais mais pari gagné !



Dans ce roman noir, il y a des voix… Les vois désabusées des personnes qui gravitent à Graveland, petit quartier de Brooklyn, sorte de microcosme où les habitants végètent, n’attendant plus rien de la vie, cette chienne.



Que ce soit Conway qui rêve de venger la mort de son frère Duncan, tué par Ray Boy, le caïd du coin; Alessandra qui se rêvait actrice et qui est juste une starlette ratée condamnée à ne faire que de la figuration; Stéphanie, vieille fille de 30 ans, vierge et vivant toujours chez sa mère, sorte de demi-folle tarée; ou Eugene, le neveu de Ray Boy qui ne rêve que de ressusciter le culte de son mauvais genre de tonton, rêvant même d’en faire un flingueur.



C’est noir, c’est sombre, à se demander si la lumière viendra les éclairer un jour. Sans compter que certains habitants du quartier n’ont jamais mis les pieds en dehors ! Le Bronx, Manhattan, c’est déjà trop loin pour eux. Un peu comme si Gravesend les retenait dans son orbite.



Ceux qui ont quitté le quartier n’ont pas mieux réussi. Eux qui reprochaient à leurs parents d’avoir loupé leur vie n’ont pas réussi la leur, même s’ils ne s’en vanteront pas.



Les chapitres alternent les aventures – les déconfitures – des uns et des autres, nous offrant des tranches de vie misérable, sombre, sans espoir.



L’auteur ne ménage pas ses personnages et les fait se croiser, s’entrecroiser pour mieux jouer avec leur désespoir, leurs illusions, qui deviendront des désillusions.



La vie est une chienne mais parfois, certains personnages prennent conscience que tout compte fait, ils ne sont pas si mal que ça comparés à d’autres encore moins bien lotis qu’eux.



Gravesend, c’est une voix, des voix… C’est l’histoire d’un quartier de New-York, l’histoire de ses habitants, une satyre de la société, un abîme dans lequel des gens habitent, c’est le blues du dimanche, des journées qui s’écoulent, toutes les mêmes, des parents qui rêvent d’un avenir meilleur pour leurs enfants, qui leur offrent une belle école et piquent une crise si le gamin se fait renvoyer du bahut.



C’est aussi une histoire de vengeance qui ne tourne pas comme Conway voudrait, c’est l’histoire d’une rédemption, une histoire violente, inscrite dans le sang.



Une histoire que certains croyaient écrite pour eux, qui pensaient que le destin jouait en leur faveur mais qui au lieu de faire banco, ils ont trouvé l’éternel dodo.



Ce sont des gens qui se cherchent et qui ont du mal à se trouver. Des jeunes qui voulaient une autre vie que celle de leurs parents et qui reproduisent le même schéma, comme condamné à faire pareil. Ou pire.



C’est une histoire qui pourrait se dérouler à n’importe quelle époque, tant les nouvelles technologies sont peu présentes dans les pages. Et c’est tant mieux car dans ces pages, pas besoin d’artifices, on est dans la vraie vie, celle qui est ironique, cruelle, vache, celle qui ne vous loupe pas.



Un bon cru pour cette 1000ème bouteille chez Rivages/Noir. Un vrai noir sans sucre, hormis Alessandra. Et encore !


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Le témoin solitaire

LE TÉMOIN SOLITAIRE de WILLIAM BOYLE

Brooklyn, Amy aide à l’église et va porter la communion à domicile à des personnes très âgées ou handicapées. Elle va régulièrement chez Madame Epifanio, 90 ans, qui s’inquiète de ne plus voir Diane, qui vient lui tenir compagnie et lui faire un peu de ménage. Depuis quelques jours c’est son fils Vincent qui la remplace et Madame Epifanio ne l’aime pas, s’en méfie d’autant qu’il a une clé pour rentrer chez elle. Il rappelle à Amy un garçon de son enfance et elle décide de le suivre, c’est quelque chose qu’elle a déjà fait avec un amant. Amy est désormais lesbienne a un proprio sympa, vit de petits boulots, son seul regret est d’être séparée d’Alessandra. Au milieu de sa filature elle voit débarquer Fred, son père, la dernière fois qu’elle l’a vu, elle avait 12 ans. Alcoolique, homme à femmes, elle s’interroge sur sa présence qu’elle espère brève. Elle continue de filer Vincent qui se prend un couteau dans la gorge et décède. Elle a l’idée de ramasser le couteau et de le garder. Cacher à la police une telle pièce à conviction est très risqué surtout si l’assassin est au courant…

Un roman noir qui ne manque pas de charme dont les principales qualités portent sur les caractères, Amy et Alessandra, mais la trame est quand même bien mince et il y a beaucoup mieux dans le genre.
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Tout est brisé

TOUT EST BRISÉ de WILLIAM BOYLE

Brooklyn. Erica en plus de son travail doit s’occuper de son père malade qui veut à tout prix quitter son lieu de convalescence alors qu’il n’a pas les moyens d’avoir une aide à domicile. Erica a un fils gay, Jimmy qui ne donne jamais de nouvelles. Elle a également une sœur, Jeannie qui ne croit ni aux médecins ni aux hôpitaux et qui n’a jamais le temps de venir aider sa sœur. Quand Jimmy demande à Erica de lui payer un billet d’avion pour rentrer à la maison elle est ravie, un peu moins quand elle le voit, il ressemble à un clochard, ce qu’il est en fait. Jeannie va arriver au même moment.

C’est un roman tout simple, sans artifice, une famille déglinguée où une femme tente seule de maintenir un semblant de normalité entre les survivants. Le père malade odieux et tout puissant, terrorisant sa fille, le fils Jimmy, lucide mais incapable de mettre en œuvre ses résolutions et Erica, sorte de mère courage sur laquelle tous se reposent.

Un style minimaliste pour une histoire de losers poissards. Une belle découverte.
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L’amitié est un cadeau à se faire

William Boyle signe un roman délicieusement addictif au rythme endiablé, hymne aux femmes et à la liberté... Playlists rétros à l'appui, humour noir et courses poursuites effrénées ravissent le lecteur qui dévore littéralement chaque page (plus d'infos : https://pamolico.wordpress.com/2020/06/22/lamitie-est-un-cadeau-a-se-faire-william-boyle/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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L’amitié est un cadeau à se faire

« L’amitié est un cadeau à se faire » Ce titre pourrait tenter les amateurs de Feel good mais non ce n’est pas un bonbon littéraire ! Peut être un arrière goût de sucettes à l’anis …



Le film (lapsus révélateur) démarre par un premier mort, le mari de Rena, mafieux assassiné des années auparavant, sur le perron de leur propre maison.

Le voisin Enzio, un vieillard libidineux viagra-lisé tente de la mettre dans son lit en l’invitant à boire un verre avec, pour musique d’ambiance : un film porno !…

Alors démarre une folle course poursuite, un rythme effréné, des morts mais pas de temps mort, des bains de sang, carnages gratuits, coups de marteau fatals …: crises de fous rires pour le lecteur !

Ces hommes, revendiquant un code d’honneur, ont la gâchette facile, sont obsédés par leurs bagnoles et leur référence cinématographique : le porno.

Ils représentent à eux seuls tous les clichés machistes !

Une multitude de personnages mais pas tous en même temps et beaucoup meurent donc on suit !

Une pause nostalgique dans ce tourbillon où les souvenirs refont surface pour les trois copines et même Richie qui pleure son Adrienne réussit presque à m’attendrir !

Cette accalmie dure peu, revoilà Créa le psychopathe et son massacre au marteau : l’horreur !

Effectivement excès de tout et caricatures pourraient rendre l’histoire absurde mais… ce roman est un cadeau époustouflant à se faire !

C’est un polar burlesque vu du côté des femmes.

Elles partagent la même expérience, celle de la bêtise et de l’arrogance des hommes qu’elles regardent tomber comme des mouches !

Un puissant hymne à la liberté et aux femmes !

Et c’est vrai que ce livre leur fait la part belle :

ces copines qui ont désormais la soixantaine, courageuses, belles et terriblement attachantes.

Elles carburent à l’alcool fort et à la liberté radicale.

Elles se font confiance, ne se jugent pas, s’entraident.

Même si la vie n’a pas été tendre pour certaines,

Elles se font le cadeau d’une amitié, à priori improbable mais il faut toujours se méfier des « à priori »



« Cà signifie que l’amitié est la plus belle des histoires d’amour. Et que les hommes gâchent tout, mais parfois des climatiseurs leur tombent sur leur putain de tête quand ils marchent dans la rue. »



Merci aux amis Babéliots pour leurs critiques : elles m’ont permis de découvrir ce livre :

Je suis rentrée dans ce roman, à toute allure, sortie sans aucune égratignure et ... me suis régalée !



Pour reprendre les dernières citations d’un ami babéliot, sensible comme moi à la poésie de Tachan, parti récemment dans le silence des médias !

« Entre l’amour et l’amitié il n’y a qu’un lit de différence »

Je rajouterais

« qu’l’amour et la l’amitié ont la même gueule d’innocence »

« Entre l’amour et l’amitié se cache un petit bout d’enfance »



Pour les hommes de ce livre, je choisirais :

« Les z’hommes »

Z'aiment les femmes comme des fous

C'est si pervers mais c'est si doux

Enfin quoi c'est pas comme nous

Les z'hommes

Z'aiment les femmes à la folie

Passives muettes et jolies

De préférence dans le lit

Des z'hommes

Au baby-room ou au boudoir

À la tortore ou au trottoir

Z'aiment les femmes sans espoir

Les z'hommes

Prostituées ou Pénélopes

Apprivoisées ou antilopes

Toutes les femmes sont des salopes

Pour les z'hommes



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Tout est brisé

Une femme perdue et son fils alcoolique et dépressif. Un monde pas gai et où les solitudes, les non-dits, les manques ressurgissent au cours de retrouvailles. Sensible, touchant et somme toute, avec un peu d'espoir, j'ai été émue par cette relation mère-fils qui peu à peu renaît de ces cendres après une longue séparation choisie par le fils.
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Éteindre la lune

Les chouchous du comité de lecture polar.

Les coups de coeur des bibliothécaires

Dans ce roman en forme de conte noir, on se promène dans Brooklyn aux côtés de losers magnifiques qui font de leur mieux pour vaincre les aléas de la vie en restant dignes.

En s'amusant à lancer des cailloux sur des voitures, Bobby, 14 ans, touche une conductrice qui perd le contrôle de son véhicule et meurt dans l'accident. Quelques années plus tard, Jack, le père de la victime, un redresseur de torts de Brooklyn, s'inscrit à un atelier d'écriture dans l'espoir d'exorciser sa douleur. Il y rencontre Lily, qui n'est autre que l'ex-belle-soeur de Bobby.

L’écriture, très cinématographique, l’atmosphère générale et le lieu m’ont rappelé le film Smoke. Son charme irrépressible saisit dès les premières lignes et ne nous quitte plus jusqu’à la fin. C’est juste magnifique. Boyle est décidément un auteur à suivre de très près.

Par Flo, Bibliothèques de la Ville de Paris


Lien : https://collectifpolar.blog/..
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Éteindre la lune

Il suffira d'un caillou pour bouleversé le destin de Bobby, de Jack, de Lilly... D'un caillou.

Roman très bien construit avec des personnes détruits par la vie, détruit par le mal, détruit par leur action.

William Boyle fait vivre ses personnages au fils des pages, leurs offrants une destiné tracé et bouleversé par des choix parfois douteux.

Bonne lecture
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La Cité des marges

Pour son premier roman, William Boyle endossa le numéro 1000 de la collection Rivages avec Gravesend, qui emprunte son nom à un quartier de Brooklyn où l'auteur a passé toute son enfance. Il s'agissait là d'une des dernières découvertes de François Guérif pour Rivages, ceci avant qu'il n'intègre la maison d'éditions Gallmeister que William Boyle rejoindra plus tard. Roman noir par excellence, Gravesend soulignait déjà le talent d'un auteur accompli qui parvenait à restituer l'atmosphère d'un secteur méconnu de Brooklyn au rythme d'une tragédie qui prenait forme peu à peu autour des personnages qui peuplaient le quartier. Sur la couverture de Gravesend figure la photo de la devanture décatie du Wrong Number, un bar d'habitués qui devient l'un des points centraux de La Cité Des Marges, dernier roman de William Boyle qui nous offre une nouvelle immersion au sein du lieu où il a grandi en se remémorant la période des années 90.



Un soir de juillet 1991 à Brooklyn, Donnie Parascandolo donne une leçon au jeune Mickey Baldini qui draguait une fille du quartier. Dans la foulée, ce flic brutal et corrompu décide de s'en prendre à Giuseppe, le père de Mickey qui doit plus de 25'000 dollars à Big Time Tommy, un caïd du quartier. Outrepassant les règles de l'intimidation et se moquant bien de récupérer l'argent de cette dette de jeu, Donnie emmène Giuseppe au Marine Parkway Bridge pour le balancer froidement dans les eaux du détroit de Rockaway. Le meurtre prend l'apparence d'un suicide, affaire classée, ceci d'autant plus que nul n'oserait inquiéter un flic de l'envergure de Donnie. Mais bien des années plus tard, Mickey apprend ce qu'il est réellement advenu de son père et prend une décision qui va bouleverser sa vie ainsi que celle de son entourage dans un enchevêtrement de conséquences qui vont également bousculer l'existence de nombreux habitants de ce quartier italien où tout le monde se connaît pour le meilleur comme pour le pire.



On boit des verres au Wrong Number, on mange des hot dogs chez Nathan, on se fait une toile à l'Alpine Cinéma et on se balade sur la promenade du bord de mer de Coney Island, c'est ainsi que William Boyle décline son Brooklyn des années 90 qu'il saisit avec une aisance peu commune pour nous immerger dans ce décor urbain d'une communauté italienne où se côtoient flics véreux, truands malfaisants autour desquels gravite toute une cohorte de petites gens plus ou moins paumés. Pour ce disquaire, amateur de rock indépendant, les nombreuses références qui jalonnent La Cité Des Marges sont avant tout musicales avec un hommage appuyé à Bruce Springsteen et son emblématique album Nebraska. Mais William Boyle fait également de nombreuses allusions au cinéma, dont celui de Scorcese et à quelques romans classiques comme ceux de Herbert George Wells et de Mary Shelley. Une somme de détails et de lieux emblématiques nous permettant de nous fondre au sein de cet environnement dans lequel évolue toute une galerie d'hommes et de femmes issus de la communauté italo-américaine qui se croisent régulièrement tout en cherchant un sens à leur existence qui prend parfois la forme d'une longue pénitence. Roman choral par excellence, où les chapitres prennent les noms des différents protagonistes qui jalonnent le récit, La Cité Des Marges fait référence à cette cohorte d'individus qui sont à la limite de la rupture et que William Boyle dépeint avec force de tendresse et d'humanité pour nous entraîner dans les méandres de rencontres qui vont virer à la tragédie au gré d'une construction narrative habile recelant tout un lot de situations surprenantes qui ne manqueront pas de déstabiliser le lecteur. Comme enchaînés au quartier tous aspirent à tourner la page, quitter les lieux, à se débarrasser du fardeau qu'ils traînent derrière eux, à l'instar de Donnie Parascandolo le flic véreux et de son ex-femme Donna Rotante que tout sépare depuis la mort de leur jeune garçon, de Mickey Baldini et de sa mère Rosemarie qui doit rembourser les dettes de jeu de son mari défunt et d'Ava Bifulco et son fils Nick, professeur minable qui s'essaie en vain à l'écriture. Il en résulte une intrigue où la morale s'efface derrière la détresse ou le désarroi de personnages doté d'une propension à tout dissimuler derrière un masque d'apparence qui se désagrège peu à peu pour révéler la part d'ombre que chacun porte en lui. Et c'est cette part d'ombre que William Boyle parvient à mettre en perspective au gré des interactions entre les différents protagonistes qui va brouiller leurs relations respectives dans une mise en abîme qui se révélera bouleversante, et forcément tragique.



Avec des dialogues qui sonnent toujours juste, La Cité Des Marges permet à William Boyle de mettre en scène, au cœur de Brooklyn, toute la complexité d'histoires d'amour rédemptrices sur fond de vengeances dramatiques au travers du quotidien d'hommes et de femmes tentant vainement de donner du sens à leur existence. Un roman noir lumineux.



William Boyle : La Cité Des Marges (City Of Margins). Editions Gallmeister 2021. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Simon Baril.



I'm On Fire de Bruce Springsteen. Album : Born In The USA. 1984 Bruce Spingsteen.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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Tout est brisé

Ce livre sonne comme un constat.



Une famille américaine dont les rapports sont douloureux.

Erica est veuve. Elle a assisté à l'agonie de son époux à l'hôpital.

Elle vit avec son père qui lui-même est en bout de course. Elle n'a pas les moyens de payer des auxiliaires de vie et doit jongler entre son travail et prendre soin de son père. Celui-ci est dur à vivre, il n'est pas reconnaissant de tout ce que sa fille fait pour lui et ne cesse de la critiquer.



Erica a un fils, Jimmy qui a fui la maison très jeune. Il a arrêté ses études au lycée. Il vie dans un autre état, il est hébergé par des amis, ne travaille pas, s'alcoolise.

Un jour, celui-ci revient sans prévenir chez sa mère. Erica est heureuse et en même temps malheureuse de voir son fils dans un état épouvantable et alcoolique.



Elle essaie de recréer des liens avec son fils mais c'est très difficile. Jimmy n'est pas très coopérant. On apprend qu'il déteste son père décédé car celui-ci n'a pas supporté que son fils soit homosexuel. Ce père le rabrouait indirectement par des phrases assassines.

Voilà globalement la trame.



Mon avis : ce livre est sombre et triste. Les liens familiaux sont certes brisés mais autant on comprend pourquoi Jimmy en veut à son père mais je n'ai pas trouvé de réponse concernant l'attitude du fils à la mère. Il aurait été bien que cela soit plus développé. Jimmy est distant, n'a pas envie de communiquer avec sa maman, pourtant il aimerait dire des choses mais il ne peut pas. Jimmy est un jeune homme depuis son adolescence qui est dans une impasse, sans projet de vie, ne se projette pas dans l'avenir, rien n'est réglé pour lui et il boit pour se sentir mieux, ce qui d'ailleurs ne fonctionne pas puisque lorsqu'il est seul et saoul, il est profondément triste.

Est-ce que la mère et le fils pourront renouer, s'expliquer, se comprendre ? Peut-être, peut-être pas...



Lu en janvier 2020 / Gallmeister - Prix : 8,20 €.
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Tout est brisé

Il y a quelque chose de brisé, de fêlé, de blessé dans l'ouvrage que propose William Boyle. Oui, dès les premières pages, vous sentez que quelque chose n'est plus comme avant. Et c'est avec cet élan de mélancolie que l'auteur nous entraîne dans les tranches de vies d'Erica, la mère (et la fille aussi) et de Jimmy, le fils. Chacun est là, sur Terre, et ils se demandent bien pourquoi. Erica sent bien qu'elle s'est sacrifiée toute sa vie, et qu'elle ne peut échapper à ce sacrifice : aider son vieux père, aider son fils alcoolique... On ne peut fuir son destin que si on blesse les proches. Et pourtant, son père la déteste parce qu'elle a décidé de le mettre en maison de repos et de rééducation. Et Jimmy, son fils, la déteste parce qu'elle ne le comprend pas, elle ne comprend pas son mal être. Et ils évoluent tous, comme des étrangers l'un pour l'autre. Ils sont là et en même temps, ils ne le sont pas vraiment.



C'est sur ce fil ténu de la vie que William Boyle nous raconte les déboires et les malheurs d'une famille. Il raconte avec douceur et beaucoup de poésie dans ses mots, la société d'aujourd'hui, la vie, la vraie. L'auteur a cette écriture presque cinématographique qui colle parfaitement à une œuvre d'analyse de la société américaine. Cette société qui semble stagner, s'enorgueillir du progrès, mais qui ignore les laissés pour compte, ceux sur le bas-côté, ceux qui n'en valent pas la peine de toute évidence... Au fur à mesure du récit, on entre plus profondément dans les pensées des uns et des autres, on essaye de comprendre l'alcoolisme de Jimmy, les indécisions et les doutes d'Erica. On voudrait leur donner des claques, on voudrait qu'ils se bougent, qu'ils entrent dans la vie, la Vie avec un grand V, qu'ils profitent, qu'ils sourient un peu... Et puis, soudain, alors qu'on penserait que le roman s'enfonce dans le désespoir et la tristesse, un rayon d'humanité traverse le roman.



C'est un roman sur la solitude des êtres, sur le passé, sur la famille. Ce roman nous dit qu'on ne peut pas vivre seul, qu'on ne peut pas laisser les souvenirs envahir le présent. C'est un roman qui fait qu'on ne peut pas rester passif, dans l'inaction. Un roman sur les retrouvailles. Faire table rase du passé, pardonner, avancer.



J'ai trouvé ce roman très juste et empreint de poésie, avec une pellicule de mélancolie qui recouvre chaque page. C'est comme un vieux vinyle, dont le chanteur à la voix éraillée chante une litanie emplie de spleen. Une belle lecture.
Lien : http://www.unefrancaisedansl..
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Éteindre la lune

Brooklyn- Vengeance- Jeunesse- Coïncidence.

Tout commence par un jeux d'enfants aux conséquences dramatiques: lancer depuis un pont un caillou sur les voitures. Celui-ci va heurter Amelia et la tuer.

Quelques année plus tard, on retrouve Jack, le papa ,veuf qui essaie de survivre et qui va s'inscrire à un atelier d'écriture en souvenir de sa fille qui écrivait des romans.

Nous allons retrouver l'enfant Bobby qui a tué la jeune fille et toute une galerie de personnages qui dans un premier temps nous ne trouvons pas le lien et qui au fur et à mesure les liens se resserrent dans cette histoire dramatique et dense.

Un roman noir, très bien construit, d'une belle sensibilité malgré cette vengeance et ce petit monde de truands.

Un roman très plaisant et puissant.
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L’amitié est un cadeau à se faire

Il ne faut pas se fier à la couverture rose et girly de ce roman. Car celui ci est plutôt du genre noir.

Les trois filles dans la voiture (empruntée) sont respectivement Rena, la soixantaine, veuve d'un mafioso à la petite semaine, Lucia, 14 ans petite fille de Rena et enfin Lacey, un ex-star du porno.

Et il ne s'agit pas d'une promenade de santé car les trois femmes essaient d'échapper à Richie (qui veut son demi million), à Crea le bandit-marteau à qui Richie a piqué le magot…

Bref on se croirait dans un film : pas un temps mort, ça canarde dans tous les sens tout en restant crédible….

L'action est vue tour à tour par un des nombreux personnages .



Une très bonne lecture… mention spéciale à Lucia pour sa débrouillardise….
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Le témoin solitaire

Amy s’est depuis peu racheté une conduite. Elle a quitté sa petite amie, a cessé de fréquenter les bars et de de faire la nouba. Désormais elle travaille, et donne de son temps à l’Eglise en visitant régulièrement les dames âgées de son quartier. Son quartier c’est Gravesend, le plus vieux quartier de Brooklyn, à son extrême sud à deux pas de la plage et de la célèbre foire foraine de Coney Island. Nous sommes à New-York, et pourtant à des années- lumière de Big Apple.

Tout pourrait aller pour le mieux pour Amy…sauf que un jour pas comme les autres, elle est témoin malgré elle du meurtre d’un jeune homme croisé la veille chez une des vielle dame à qui elle rend visite.

Amy aurait pu en rester là ! Et bien non !

Quelle mouche a donc bien pu piquer Amy pour s’embarquer dans une cascade de faux pas ?

Amon sens l’intérêt de ce roman noir n’est pas tant la résolution de l’histoire que l’atmosphère si particulière de ce quartier de Brooklyn parfaitement rendue.

L’histoire est intense, les personnages sont bien campés, mais ce que j’ai le plus apprécié c’est l’immersion dans Gravesend, le quartier de l’auteur, et personnage à part entière !

William Boyle dresse un portrait tout en contraste d’Amy son héroïne qui ne parvient pas à se trouver, se laisse influencer par le premier venu, et a du mal à tirer les leçons de ses erreurs. Amy est une looseuse attachante, et cela m’a également séduite.


Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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L’amitié est un cadeau à se faire

Si l'amitié est un cadeau à se faire, je ne suis pas sûre de m'être fait un cadeau avec ce livre. Non pas que je n'ai pas aimé mais je n'y ai pas trouvé ce à quoi je m'attendais. Décris comme dingue drôle et touchant, je n'y ai pas trouvé mon compte. Certes le rythme est soutenu, l'accumulation de rebondissements y est pour quelque chose et cet effet est accentué par le changement de narrateur à chaque chapitre. La rencontre d'une veuve de mafioso sans histoire et d'une ancienne star du porno arnaqueuse a ses heures a un petit côté improbable mais pourquoi pas. Lorsque la première croit avoir tué son voisin et trouve refuge chez la seconde, on pourrait penser que c'est le point de départ de la cavale. Mais le vieux libidineux a la tête dure et débarque, précédé d'une des victimes de l'arnaque de la hardeuse et suivie de la fille de la veuve avec sa propre fille et son amant, eux même poursuivis par un mafieux à qui ils ont volé de l'argent. C'est là que tout s'emballe et effectivement c'est dingue comme tous ces ennuis s'accumulent. Pour autant ce n'est pas drôle, je n'ai pas trouvé ou pas compris l'humour. Pour moi, c'était une course poursuite entre les mamies et les tueurs, violente et sanglante, pas forcément tragique mais pas à pleurer de rire non plus. Quand au côté touchant, il y a ces deux vieilles dames qui se prennent d'amitié d'un coup mais finalement peu approfondi à mon goût, et les retrouvailles entre la grand-mère et sa petite-fille. Pourtant je n'ai pas été touchée par ce livre. J'ai un peu l'impression d'être passée à côté.
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Tout est brisé

COUP DE COEUR "On aurait dit que le monde entier n'était qu'une cicatrice" voilà l'une des très nombreuses phrases sublimes qui figurent dans ce livre magnifiquement écrit. J'avais adoré Gravesend et m'étais sciemment gardée son deuxième Livre pour ma pal estivale que je veux chaque année exceptionnelle (après une année de boulot, je le vaux bien !). Je suis très heureuse de ce choix car ce livre est plus introspectif, plus lent et moIns immédiatement immersif que Gravesend. Il demande plus de temps et de calme pour le recevoir. Mais que je l'ai aimé : j'ai l'impression de connaître Jimmy, Erica, Frank, Joe et les autres et je n'ai aucune envie de les quitter après ces moments partagés. William Boyle décrit magnifiquement ces êtres abîmés par la vie sans commisération ni grandiloquence. Pour moi William Boyle est un auteur sensible et il y en a peu. Ce livre est un cadeau et je n'oublie pas que c'est grâce au #picaboriverbookclub que j'ai découvert cet auteur.
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Tout est brisé

Dans la multitude des livres pour la rentrée littéraire mon choix s'est porté sur tout est brisé car son auteur Willian Boyle venait dans une petit librairie que j'aime bien. je me suis donc dépêchée de le lire et je n'ai pas été déçue. Tout se passe dans un laps de temps assez court avec un nombre de personnes restreint. Une sorte de huis clos en quelque sorte car les lieux eux aussi sont limités. L'intrigue se déroule dans des lieux précis. Lors de l'échange avec Boyle il nous a expliqué qu'il avait mis beaucoup de lui dans ce livre, le quartier de son enfance, sa mère qui fait le même métier qu'erika, la musique qui a fait parti de sa vie à un moment et plein d'autres petites choses. Pour moi c'est toujours un moment magique que de rencontrer un auteur. Il m'a donné envie de lire son premier ouvrage.

Les personnages sont touchants avec leur fragilité, leur faiblesse et leur envie de survivre quand même un peu dans ce monde qui ne les a pas épargnés.
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Gravesend

Un peu plus d’un millier d’ouvrages. C’est le nombre de romans qu’a publié la maison d’éditions Rivages/Noir durant 30 ans devenant ainsi l’une des grandes références mondiales dans l’univers du roman noir et policier. Une belle collection si l’on prend la peine de consulter la liste où figurent les grands noms de la littérature noire, mais également des auteurs méconnus qui émaillent cet inventaire prestigieux. Travailleurs de l’ombre, très souvent mis en exergue par son directeur, il faut particulièrement saluer les traducteurs à l’instar de Pierre Bondil, Jean-Paul Gratias, Daniel Lemoine et Freddy Michalsky qui parvinrent à donner une voix française à ces auteurs américains tout en conservant leur petite musique si particulière. Outre une traduction soignée, l’une des particularités de la maison Rivages/Noir est de remettre constamment l’ouvrage sur le métier avec cette volonté farouche de nous faire découvrir de nouveaux auteurs de qualité. C’est ainsi, plutôt que de mettre en valeur une de ses têtes de file, que le numéro 1000 de la collection échoit à Gravesend, premier roman de William Boyle.



A Gravesend, quartier italien, au sud de Brooklyn, il y a ceux qui restent et ceux qui reviennent. Parmi ceux qui restent il y a Conway qui attend son heure afin de venger la mort de son frère Duncan, assassiné sauvagement, il y a de cela seize ans, par Ray Boy Calabrese une des figures du quartier. Parmi ceux qui reviennent, il y a justement Ray Boy Calabrese qui vient de purger sa peine de prison, mais qui attend désespérément de payer le prix fort de ses actes passés. Parmi ceux qui restent, il y a Eugene, jeune adolescent boiteux, qui souhaite montrer à Ray Boy, cet oncle déchu qui n’est plus que l’ombre de lui-même, qu’il peut également devenir un caïd du quartier. Parmi ceux qui reviennent, il y a la belle Alessandra qui traîne dans ses valises ses rêves déchus d’actrice de cinéma. A Gravesend, il y a des destinées qui s’entrechoquent brutalement dans un mélange acide de regrets, de colères et de désillusions.



Il y a bien évidemment des classiques immuables, tels la vengeance et l’illusion perdue, qui entrent dans la dynamique du roman noir et que William Boyle illustre parfaitement dans ce premier roman où il met en scène une tragédie prenant pour cadre un quartier modeste de Brooklyn qui devient un personnage à part entière. Plus qu’un quartier Gravesend devient une espèce d’espace verrouillé où gravitent, de manière dérisoire, des protagonistes qui ont cessé depuis longtemps d’agiter leurs illusions perdues. On perçoit ainsi cette colère et cette frustration taraudant chacun des acteurs qui ne parviennent pas à se dégager d’une destinée qui semble gravée dans la marbre glacé de l’amertume. Mais c’est lors de sursaut, de révolte que les drames se mettent en place dans une explosion de violence qui ébranle toute la communauté assoupie dans une torpeur teintée de nostalgie.



On ressent immédiatement quelque chose d’hypnotique dans l’écriture de William Boyle qui arrive à nous immerger, jusqu’à l’étouffement, dans ce quartier où il dépeint des personnages forts et poignants tout à la fois avec cette propension à mettre doucement en branle la machine infernale qui va broyer les destins dans des scènes d’une brutalité sèche et cruelle. C’est peut-être parce qu’il n’y a rien de flamboyant et d’épique dans ce roman que William Boyle parvient à incarner, avec une belle justesse, l’état d’esprit d’un pays fatigué de traîner derrière lui cette fameuse illusion du rêve américain. Finalement Gravesend c’est l’hymne du désespoir qui touche le cœur des hommes avec un roman noir pas comme les autres qui mérite bien cette mise en lumière que lui octroie ce numéro 1000 de Rivages/Noir.
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