AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de William Bradford (1)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Histoire de la Colonie de Plymouth: Chroniq..

C’est le récit du voyage et des tribulations d’un groupe de séparatistes politiques et religieux. Ce groupe minuscule (35 personnes sur le Mayflower, en comptant les femmes et les enfants), deviendra le groupe mythique des Pilgrim Fathers. Il débarqua avec 67 aventuriers et hommes d’équipage dans la baie de Cape Cod en 1620. Les passagers mâles - pèlerins, aventuriers et marins, rédigèrent et signèrent le pacte du Mayflower (Mayflower Compact), qu’on a depuis célébré comme l’acte originel de la démocratie américaine. Les colons moururent pour moitié dans le premier hiver. L’été suivant, ils remercièrent le ciel pour leur récolte dans le premier Thanksgiving, une action de grâces qui est restée la fête consensuelle et cardinale des Etats-Unis d’Amérique. Cette chronique est donc le support d’un mythe. Elle a été rédigée à la fin de sa vie par Bradford, le gouverneur de la communauté, dans un style dévot, modeste, exempt de tout pathos.



Ces « saints et sobres chrétiens » originaires du Yorkshire se disaient proches de l'Église primitive et défendaient leur lecture personnelle de la bible. Ils étaient convaincus de leur élection divine. Leurs contemporains, qui les trouvaient arrogants, leur donnèrent « l’ignominieux sobriquet de Puritains ». Ils avaient d’abord fui l'Angleterre vers la Hollande pour préserver leur liberté religieuse. Dans cette première migration, les trahisons des passeurs leur firent perdre en mer beaucoup de leurs membres et de leurs biens (l’histoire ne se réinvente pas). Ils vécurent saintement et pauvrement à Leyde pendant 12 ans mais ne supportèrent pas cet état libéral où les mauvais exemples, en particulier celui des distractions le jour du sabbat, leur « imposaient une emprise tyrannique sur leurs enfants ». Ils décidèrent de fuir l’Europe corrompue pour se protéger des tentations et de l’acculturation, et pour augmenter le royaume du Christ. Ils négocièrent avec la couronne anglaise une lettre de patente pour la Virginie Septentrionale (la baie d’Hudson), et avec un groupe d’investisseurs de Londres, un contrat léonin pour l’affrètement de deux bateaux, le Speedwell et le Mayflower. Le Speedwell prenait l’eau et ils durent l’abandonner. Le Mayflower partit tard en saison et rencontra des conditions effroyables de navigation. La rédaction du Mayflower Compact, à l’arrivée des voyageurs épuisés, était une tentative désespérée pour prévenir une mutinerie. Ce pacte faisait allégeance au roi d’Angleterre, le souverain même de ce royaume que les pèlerins avaient fui. Il mentionnait une forme politique obscure, un « corps de société politique ». Sa clause principale était un engagement solennel d'obéissance à des lois non encore écrites : [nous] « convenons de passer, promulguer et instituer tels lois, ordonnances, actes, constitutions et Offices, tous justes et équitables, qu’il semblera à l’occasion adéquats et nécessaires pour le bien général de la colonie, et nous engageons à leur témoigner toute soumission et obéissance » (p 29). C’était donc un contrat ouvert, non républicain, auquel manquait l’ébauche d’une constitution ou d’institutions. Comment un groupe si petit, si hétérogène, menacé de toutes parts, a pu survivre et grandir ? On apprend seulement que la communauté avait un capitaine - celui du Mayflower, qui avait une formation militaire, et qu’elle élisait un gouverneur et son adjoint. Une chose est claire cependant : la colonie a connu une période de communisme communautaire dans une période d’extrême dénuement, mais la propriété privée et le troc ont été rapidement rétablis : L'expérience [] montre bien la vanité de cette riche idée de Platon et d'autres anciens, applaudie plus tard par certains, qui voulait que l'abolition de la propriété privée et la communauté des biens rendissent les hommes heureux et prospères, comme s'ils étaient plus sages que Dieu. Or, on s'aperçut que cette communauté, telle qu’elle était, était à l'origine de beaucoup de confusion et de mécontentement qui retardaient le travail qui ne leur aurait apporté que bénéfice et confort. Les jeunes hommes, qui était fort capables et plus aptes aux travaux et aux services, se plaignaient de devoir dépenser leur temps et leurs forces à travailler pour les femmes et les enfants d'autres hommes sans obtenir de récompense (p 165-6). Le chacun pour soi est la sagesse de Dieu.



Cette chronique ne dévoile pas le secret d’un contrat social opérationnel au sein d’une microsociété misérable, non hiérarchique (la hiérarchie et le pape sont l’œuvre de Satan), qui a pourtant fonctionné le dos au mur. On peut la lire comme un roman de fondation : épidémies, scorbut, attaques des indiens, échec des premières plantations, incendie de la maison commune, distributions des terres sans égard pour les indigènes, premiers contacts avec des indiens anglophones, traités indiens, coalitions fragiles, commerce des peaux de loutre, âpres négociations avec les investisseurs anglais etc.

Commenter  J’apprécie          41


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de William Bradford (3)Voir plus

Quiz Voir plus

Mauvaise connexion

Julie se dispute avec

son père
sa mère
son frère

20 questions
43 lecteurs ont répondu
Thème : Mauv@ise connexion de Jo WitekCréer un quiz sur cet auteur

{* *}