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Citation de CeCedille


Je sortis sur le passavent et m'appuyai au bastingage du côté babord du pont. Les chaînes et l'immense étendue des enfléchures - ô Falconer, Falconer ! - formaient une voûte au-dessus de ma tête et, par-dessus, une quantité de cordes anonymes bourdonnaient et vibraient et sifflaient. Il restait encore un petit point lumineux, mais à tribord, l'écume volait haut tandis que les nuages qui couraient au-dessus de nous et nous dépassaient semblaient à la même hauteur que les mâts. Nous avions, bien sûr, de la compagnie, le reste du convoi se trouvant par bâbord ; déjà on apercevait quelques lumières, malgré les embruns et une brume fuligineuse mêlée de pluie qui les obscurcissaient. Je respirai avec délices après avoir subi l'odeur détestable de mon réduit et souhaitai que le gros temps, de toute sa violence, en chassât l'air vicié. Quelque peu remis, je regardai autour de moi et, pour la première fois depuis que nous avions levé l'ancre, mes facultés

intellectuelles et mon intérêt retrouvèrent leur vigueur. En levant les yeux vers l'arrière, j'aperçus les deux timoniers à la roue du gouvernail, des silhouettes noires, vêtues de toile goudronnée, le visage éclairé par en dessous tandis qu'ils jetaient un regard d'abord sur la boussole, puis en levant la tête sur la voilure. Nous n'avions que fort peu de voile dehors et je crus que le mauvais temps en était la cause, mais Wheeler - ce Falconer ambulant - m'apprit plus tard que nous évitions ainsi de nous éloigner du reste du convoi, comme nous étions plus rapides que la plupart des autres navires.


Rites de passage, nrf Gallimard, trad. M.L. Marlière, 1983, p.18-19
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