Apollon fut le dieu de la poésie et de la vérité. Depuis Héraclite, il n'est plus que celui de la poésie. Ainsi tombent les idoles et se brisent-elles.
La critique de la littérature s'exerce toujours au nom d'une autre autorité : religieuse, politique, philosophique. On ne renverse le pouvoir que pour en mettre un autre à la place :
- C'est une révolte ?
- Non, Sire, c'est une révolution.
Or, pas de coup d'Etat sans Etat ou sans pouvoir : s'il y eut une antilittérature, c'est que la littérature fut d'abord une puissance.
Ou, pour parler plus précisément, il y eut avant Héraclite une puisse, et à cette puissance perdue, oubliée, nous donnons aujourd'hui le nom de littérature.
Littérature est nostalgie d'un pouvoir déchu.