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Critiques de Wolfgang Hermann (18)
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Monsieur Faustini part en voyage

Quel délice que ce petit livre. Il ne s’y passe pourtant rien, pour ainsi dire. M. Faustini, le personnage principal, est un retraité, qui a connu un vie de travail au bureau, sur laquelle l’auteur ne nous fournit aucune précision. Comme il ne nous fournit pour ainsi dire aucune précision sur une vie de famille, jusqu’à l’apparition d’une sœur, qui jouera un rôle important dans le récit.



M. Faustini vit seul, comme il semble l’avoir toujours fait, si on excepte son chat, un chat sans nom, mais à la présence certaine. Il ne semble avoir aucun hobby, aucun passion, aucun intérêt marqué pour une activité ou domaine. Son activité principale semble être la flânerie, dans les environs de sa maison, mais aussi dans les localités voisines, c’est un amoureux des autocars et des trains locaux. Il a ses petits circuits, qu’il a n’a pas vraiment envie de dépasser. Mais n’importe quel petit événement, n’importe quelle rencontre, aussi banale soit-elle, sont source d’émerveillement et d’interrogations pour M. Faustini. Un paysage ou un lieu, même très bien connus, peuvent provoquer une forte résonance, chez notre personnage.



M. Faustini pourrait sembler être un naïf, un éternel optimiste, mais l’air de rien, par petites touches, une ironie affleure de ses descriptions du monde tel qu’il le voit. Sa visite au Liechtenstein pour ouvrir un compte est par exemple au final un tant soit peu féroce, de même que le vernissage d’art moderne auquel il assiste un peu par hasard. Le tour de force de Wolfgang Hermann consiste à garder sa bienveillance profonde au personnage, tout en se montrant presque féroce, en tous les cas terriblement drôle. Mais M. Faustini semble ne pas se rendre compte de ce qu’il met à nu, comme un véritable naïf, personnage décalé dans le monde, dans lequel tout lui paraît exotique, et dont il rend compte en se contentant de décrire, comme il le ferait dans un endroit lointain, où tous les repères sont abolis.



Mais M. Faustini doit se mettre en route, déplacer ses repères. En effet, sa sœur l’invite à son anniversaire. Elle a beau habiter en Suisse, pas très loin au final, le voyage prend les allures d’une épopée. Il faut dire que M. Faustini choisit le trajet en transport le plus long. Ce voyage sera source de bonheurs, de regrets et de changements. Et même s’il part rapidement, peut-être aussi par peur de voir sa vie lui échapper, le goût de l’aventure semble avoir été semé. Et se traduira par un autre voyage, plus improbable, et sans doute métaphorique, dans un final surréaliste qui résume tout le roman.



J’ai pris un plaisir fou à cette lecture. Tellement que le finir a été difficile. D’autant plus, que les nombreux, semble-t-il, écrits de Wolfgang Hermann, dont plusieurs romans consacrés à M. Faustini, n’ont pour ainsi dire pas été traduits. Il ne me reste plus qu’à espérer que les excellentes éditions Verdier vont continuer à publier cet auteur, qui mérite incontestablement de l’être.
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Monsieur Faustini part en voyage

Drôle de lecture. de celle qui peut nous laisser au bord de la route comme nous prendre dans ses filets.

J'ai aimé déambuler avec Monsieur Faustini, j'ai aimé le suivre dans ses pérégrinations et ses cocasses réflexions. Un émouvant personnage un peu simplet au premier abord mais qui gagne en profondeur au fur et à mesure de ses aventures.

« [...] ce n'est qu'en nous détachant des biens de ce monde que nous jetons bas notre fardeau, et que de tout autres chemins s'ouvrent à nous. »

À lire comme on irait marcher en forêt, comme on partirait en voyage, pour remplir cet instant de vide, le dépouiller de tout sens, pour ralentir le rythme, s'oxygéner d'air respirable, laisser ses pensées vagabonder, s'émerveiller d'un rien. Une lecture teintée de burlesque et d'humour, et beaucoup de tendresse, qui fait réfléchir. Pour moi, c'est une lecture qui fait sens.

« Au loin le lac était piqueté de voiles blanches. le souffle qui montait de ses eaux d'un bleu profond lui effleurait le visage avec force qu'il se sentit comme suffoqué de bonheur. M. Faustini pressentait confusément que se cachait derrière le mot voyage, pour anodin qu'il fût, une succession sans fin d'impressions propres à soulever le coeur, et susceptibles de vous procurer des sensations fortes comme vous n'en aviez jamais connu encore. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Adieu sans fin

Lorsque j’ai fermé ce court roman, il m’a fallu de longues minutes pour rassembler mes émotions, me rassembler moi même.

Ce livre ne se lit pas. Il s’éprouve, se ressent.

On pose nos pas dans ceux de ce père endeuillé.

On palpe la douleur, la colère et ce cri sans fond.

Les souvenirs s’égrènent, avec amour.

Les mains s’étreignent et nous avec.

Le cheminement est long, la vie reprend lentement ses droits.

Il n’y a pas encore de sourires. Juste ce regard qui se pose un peu au delà de la forêt. Au delà d’une chambre à jamais vide.

Un petit bijou !
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Monsieur Faustini part en voyage

Monsieur Faustini a un côté très british du siècle dernier.

Il est déstabilisé par le monde autour de lui et par toutes ses nouveautés.

Ses plus grandes aventures consistent à prendre le bus pour se rendre dans la ville la plus proche, à rentrer dans un institut de beauté pour trouver un cadeau à sa soeur ou à échanger quelques phrases avec des inconnus.

Certes, notre bon Monsieur Faustini n'est pas Mister Bean mais il en a quelques cotés : il vit seul avec son chat sur les hauteurs du lac de Constance.

Il n'est pas gaffeur mais paraît toujours très décalé dans les situations du quotidien.

Avec ce Monsieur Faustini part en voyage» l’illustre auteur autrichien Wolfgang Hermann livre un récit drôle, un roman léger, un portrait simple en apparence d'un antihéros total.

Le ton est parfois ironique, souvent malicieux mais il n'est jamais acerbe ni cynique.

On apprécie notamment beaucoup la manière dont le romancier s'amuse à déstabiliser quelque peu son personnage principal, pour le grand plaisir du lecteur.

Courrez en librairie découvrir cette carte postale autrichienne remplie d’humour et de fantaisie..
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Adieu sans fin

Difficile d'évoquer la beauté d'un livre qui traite d'un sujet aussi grave : la perte d'un enfant; voilà une douleur que personne ne devrait connaître. C'est pourtant ce qui arrive au narrateur qui découvre son petit garçon de 17 ans (parce qu'on est toujours un petit garçon ou une petite fille aux yeux de papa ) mort durant son sommeil... commence alors pour le père un adieu sans fin depuis la colère, le désespoir vers l'acceptation. Et c'est beau comme un Avé Maria à capella dans une église, comme un arbre dépouillé de ses feuilles et pris par les glaces de l'hiver... Un hiver qui est un peu le troisième personnage de ce court récit entre le père éploré et le fantôme du fils parti trop vite. Un livre que vous refermez avec un grand soupir de compassion et les yeux mouillés et pourtant enchanté par cette écriture étrangement légère et poétique malgré un chagrin si lourd et si réel.
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Monsieur Faustini part en voyage

M. Faustini se définit lui-même comme un « voyageur du minuscule ». Afin de contrer le « bloc d’ennui » qui, parfois, s’est déposé au pied de son lit au matin, il s’efforce de sortir de sa maison. Il explore alors les rues de sa petite ville autrichienne, s’efforçant de jeter un regard différent sur toutes choses et gens qu’il croise. À l’invitation pressante de sa sœur qu’il n’a pas vue depuis longtemps, il se résout à quitter son chat pour se rendre en Suisse. Un trajet qu’il fera en train, le seul transport à la mesure d’un temps que M. Faustini ne veut pas voir s’écouler trop vite.

Un éloge à la lenteur, au plaisir de perdre son temps et à l’idée que l’ennui, accueilli pleinement, peut aussi se révéler un moteur de changement. J’ai pris beaucoup de plaisir au récit de cet homme seul face au quotidien et qui choisit de se rééquilibrer pour mieux avancer. Un personnage fort sympathique au demeurant, que je m’imagine aisément retrouver dans un second volet de ses déambulations intérieures et extérieures.

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Adieu sans fin

L’indicible à pas feutrés.

Le lecteur entre par effraction dans ce livre pour ceux qui n’ont pas vécu cette perte, cet état d’être un parent orphelin de son enfant.

Pour ceux qui connaissent ce drame je pense que le texte doit résonner et les délivrer, car la justesse des différentes phases, les mots employés, les images suscitées sont d’une justesse lumineuse.

Le narrateur est le papa de Fabius 17 ans, la veille au soir il avait de la fièvre due à la grippe.

Au matin, le père ouvre les yeux sur un jour nouveau, et immédiatement l’anormalité du silence de la maison ressentie au plus profond de sa chair lui fait pressentir le drame.

En entrant dans la chambre de son fiston, il sait, de façon irrémédiable qu’il ne respire plus.

Il appelle les secours et pour ce père il y a dissociation, son corps lâche, l’esprit se vide et est englouti dans une lumière noire et son cœur tambourine à contre-temps, à contre-cœur.

Il est entouré par Christian, puis Anna la maman de Fabius dont il est séparé depuis 16 ans.

Mais il est seul, comme jamais et pour toujours.

« C’est impossible, ce n’est pas vrai, ma vie gisait là devant moi, les yeux éteints, ma vie, mon fils. »

La météo est de la partie, la neige recouvre tout de sa lumière blanche et étouffe toutes velléités de vie sans le sortir de cette enveloppe noire.

Ce papa-narrateur n’a pas d’autre nom que ce statut, cela renforce à la fois cette descente aux enfers et permet à chaque lecteur de ressentir au plus profond de lui-même ces émotions dévastatrices, ce vide abyssal.

Il y a une telle précision dans la description de ce séisme de souffrance que tout affleure dans la chair du lecteur. Qui y a-t-il de plus horrible que la perte d’un enfant ?

Sur le chemin du calvaire il y a le refus, puis les mots qui disent par fragments l’incompréhension, la colère, la révolte et surtout l’impuissance.

Les phrases sont fortes et nous transpercent jusqu’au vertige.

Il y a dans ce texte une réelle poésie, une lumière : celle de ceux qui savent.

Je ne sais comment dire que cette douleur est aussi très lumineuse, comme le soleil se reflétant sur la neige.

La beauté du style m’a fait penser à la tâche du lissier qui met en laine une œuvre en alliant plusieurs techniques de combinaisons de fibres et de couleurs. Le résultat offrant une tapisserie de Bayeux ou d’Aubusson.

©Chantal Lafon


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Adieu sans fin

Le portrait lumineux d'un fils décédé, par-delà le naufrage du deuil.



Comment dire l'obscurité, la pétrification du réel que représente la perte d'un fils ?



Simplement fiévreux, Fabius, le fils du narrateur d'«Adieu sans fin» est décédé pendant son sommeil à l'âge de seize ans, au début d'un hiver rigoureux, un hiver saturé de neige et de nuit pour son père.



«Ce furent des jours sans lumière. La maison sombre était tout ce qui restait au monde. Dans cette demeure évoluaient des êtres que je connaissais de longue date, des proches, des amis, et pourtant j'étais seul avec le gouffre noir au fond de moi. le pire, c'était quand il me fallait dormir. le sommeil est un assassin. le sommeil m'a volé mon fils. le sommeil est un poison qui s'instille sans un bruit dans mes veines. Je me cabrais contre lui, mais j'étais à bout de forces, l'épuisement avait raison de moi et m'entraînait dans les chambres obscures. Je plongeais dans les eaux d'effroi, je me réveillais en sursaut, je criais. Il n'y avait pas de refuge, il n'y avait pas d'issue. L'épouvante était partout, elle s'insinuait dans mes veines, elle attendait patiemment que la fatigue me terrasse. Alors je lui étais livré tout entier.»



La suite sur mon blog ici :
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Monsieur Faustini part en voyage

La première scène fait pénétrer le lecteur dans l'antre de Monsieur Faustini, retraité et célibataire, qui a une vie simple faite de rituels, tel nourrir son chat et laisser Maria faire le ménage de la maison.

Ménage qui déménage car la bonne dame serait plutôt maladroite et le nombre d'objets cassés ne se calcule plus…

Monsieur Faustini préfère faire comme le chat s'éclipser de chez lui à pas feutrés.

Où aller ? Sur les bords du lac de Constance.

« M. Faustini n'était pas à proprement parler un homme farouche. Mais il ne mettait rien au-dessus de sa tranquillité et aimait jouir en paix de la vue sur le lac. A côté du monsieur d'un certain âge qui, vêtu d'un slip de bain réduit à sa plus simple expression, la peau roussie par le soleil, s'était assis sur sa serviette à moins d'une vingtaine de pas de lui, M. Faustini se démarquait assurément. »

La retraite c'est ne plus avoir d'obligations mais si elle n'est pas préparée, c'est aussi devenir « transparent » au mieux, « invisible » au pire. Surtout lorsque comme tout le monde il a espéré « offrir à quelqu'un chaleur, sécurité et protection » mais qu'aucune femme n'est entrée dans sa vie.

Pour Monsieur Faustini chaque rencontre, ne fût-ce que de quelques minutes, est une fête, pour lui seul.

Il imagine facilement que les autres ont des vies faites de mille promesses…

Chaque évènement peut être un obstacle, par exemple trouver un cadeau d'anniversaire pour sa soeur.

L'incursion de notre héros dans un salon de beauté est des plus savoureuse, voire hilarante. Tout à son importance.

La vie c'est simple comme un coup de fil, disait un slogan il y a quelques années déjà, mais ce slogan suranné pourrait aller à la perfection à Monsieur Faustini.

En peintre de talent, l'auteur façonne les traits nécessaires à son tableau figuratif qui devient une peinture impressionniste, après y avoir déposé mille touches de couleur lorsque notre héros malgré lui sort de la chrysalide de sa solitude pour déployer ses ailes de papillon vers un ailleurs qui lui parait possible.

L'ironie est toujours rieuse et précieuse pour faire défiler des scènes cocasses sous nos yeux où Monsieur Faustini est en décalage comme un danseur maladroit qui a raté un mouvement.

Chez les gens ordinaires la vie n'est pas si ordinaire que cela, car des petites choses qui font leur bonheur se dégagent de plus vastes horizons accessibles à ceux qui voient avec le coeur. Monsieur Faustini en est l'allégorie.

Si Wolfgang Hermann manie avec virtuosité la cocasserie des situations, il montre une réelle originalité dans la malice de son personnage et notre sourire du départ se transforme vite en rire avec le personnage.

C'est le lecteur qui tombe le veston du carcan de sa pensée pour avoir des yeux emplis de tendresse, d'attention et de bienveillance.

Un bel exercice de style qui nous mène plus loin, le lecteur lui aussi monte dans un bus qui va lui faire faire un voyage étonnant.

Un court roman avec une fin aussi inattendue qu'onirique qui nous laisse supposer que Monsieur Faustini fera d'autres voyages.

Une délicieuse escapade livresque qui vous chante de vous méfier de l'eau qui dort.

©Chantal Lafon

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Monsieur Faustini part en voyage

Monsieur Faustini se balade près du lac de Constance. Il rencontre une nageuse qui le prend pour un écrivain. Il va ensuite chez le coiffeur. Il rencontre en ville un éleveur qui lui présente son chien. Puis un parachutiste lui dit que ce n’est pas si compliqué de se lancer dans le vide. Un soir, il se rend au vernissage d’une exposition d’art contemporain. Suite à un petit héritage, il va au tout proche Liechtenstein pour ouvrir un compte en banque.

Ces petites aventures du quotidien, parfois détonantes, mais souvent banales et caractéristiques d’une vie monotone, sont racontées par Wolfgang Hermann de façon à interpeller le lecteur. C’est comme si l’échelle de valeur qui détermine ce qui fait événement était inversée, et on découvre toute la poésie que recèle le quotidien. Une simple pérégrination, une rencontre anodine, l’échange de quelques paroles entre deux inconnus, deviennent des épisodes romanesques qu’on lit avec gourmandise. Mais lorsque Monsieur Faustini décide de partir pour un voyage d’une dizaine d’heures à travers les Alpes suisses pour assister à l’anniversaire de sa sœur, on a l’impression que des choses extraordinaires arrivent à ce héros qui, parce qu’il porte un regard naïf sur le monde, nous le fait voir comme nous ne l’avons jamais vu.
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Adieu sans fin

Un matin, un sombre pressentiment assaille le narrateur: la maison est trop silencieuse...... En entrant dans la chambre de son fils de 17 ans, il découvre son corps sans vie.

Comment réagir à un tel drame? Comment surmonter cette perte? Le narrateur nous relate le chemin qu'il emprunte et les limbes dans lesquelles il erre.

Ce roman est perturbant de par son thème. Il est à aborder en pleine connaissance de cause, à mon avis. Le texte est pudique et non mélodramatique. C'est sobre, simple, sincère. Cette histoire n'est pas là pour faire pleurer dans les chaumières mais raconte la profonde, très profonde douleur de la perte d'un enfant.

Touchée personnellement plus ou moins indirectement par cette expérience, j'ai identifié le narrateur à un membre de ma famille. Beau témoignage.
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Monsieur Faustini part en voyage

Monsieur Faustini mène une vie régulière dans sa petite ville au-dessus du lac de Constance. Il y a son chat, ses plantes, les commerçants du quartier, sa voisine serviable. Jusqu'au jour où il commence à prendre le car et à apprécier les paysages qui se déroulent devant ses yeux, lui si casanier. Puis il va de plus en plus loin, lui si peu sociable, se rend à l'anniversaire de sa soeur où il est très apprécié par une peintre locale.

C'est la folie, il change de look, se laisse aller à des excentricités (pour lui), fait les courses avec sa nièce qui l'aime bien car il ne correspond justement pas aux schémas habituels, ceux qu'on nous montre partout ou qu'on donne en exemple aux jeunes. C'est un peu un décroissant, à quoi bon changer de veston lorsque celui qu'il porte peut encore faire de l'usage ? Par les regrets qu'ils manifestent à son départ, ceux qu'il a rencontrés ont fait un pas vers lui et finalement, l'admirent, tout comme lui a fait un pas vers eux pour diffuser sa bonne parole malgré lui. (Je ne sais pas si je suis clair.)

Enfin c'est le grand départ, Monsieur Faustini « plonge dans l'inconnu pour trouver du nouveau » et va se rendre en Afrique, après avoir convaincu un prince noir qui séjournait à Bregenz.

Le style est légèrement détaché, ironique dans sa simplicité narrative et colle bien au personnage principal. L'atmosphère n'est pas sans évoquer « la montagne magique » de Thomas Mann mais c'est sans doute dû au lieu montagneux et à la proximité linguistiques des auteurs.

C'est drôle, c'est court, c'est édifiant.

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Adieu sans fin

Ecrire sur la perte d'un être cher, a fortiori celle d'un enfant, est une démarche risquée... c'est avec beaucoup de talent et de sensibilité que Wolfgang Hermann s'y est attelé.



Atteint d'une simple grippe, le fils du narrateur -Fabius, dix-sept ans-, décède brusquement. Il venait d'emménager chez son père, ses deux parents étant séparés depuis sa petite enfance.



C'est tout le processus du travail de deuil que dépeint Wolfgang Hermann.



D'abord, le vide. La vie devenue en l'espace d'un instant dépourvue de sens, et l'impression de ne plus faire partie d'un monde que l'on habitait jusque-là avec une évidence naturelle.



Ensuite, la survenance d'une douleur insondable qui s'exprime par un assombrissement général de l'environnement, comme si la lumière et le temps eux-mêmes étaient morts. Le corps qui lâche, en écho au brouillard qui anesthésie toute énergie vitale.



Puis l'amorce progressive d'une sorte de cicatrisation. La souffrance, devenant plus palpable, plus dicible, peut être affrontée. L'égrènement du temps, exprimé par le passage des saisons qui mine de rien pénètre l'inconscient de ses manifestations (l'arrivée de la première neige, la floraison du printemps), réinsère dans l'existence. Le soutien des autres -l'ex-femme avec qui l'on renoue, alors que l'on se tient tous deux "au bord de la fosse", la petite amie du fils dont on se rapproche-, les souvenirs évoqués ensemble apaisent en faisant surgir par-dessus le drame les bonheurs définitivement acquis.



Émerge alors, au bout du tunnel d'images angoissantes où l'on se sentait enfermé, non pas le salut ou une franche délivrance, mais un faible rai de lumière auquel on se raccroche instinctivement, vers lequel on avance, comme poussé par un flux imperceptible mais puissant : c'est la vie qui attend.



Quel beau roman que cet "Adieu sans fin". Loin de tout auto apitoiement, de toute ostentation dans la détresse, Wolfgang Hermann suscite pourtant à la fois plaisir et empathie, grâce à une osmose réussie entre élégance et sincérité.



L'écriture est travaillée, sans que transparaisse l'effort qu'a dû nécessiter le souci de justesse a priori primordial pour l'auteur. Comme si écrire la douleur, en un réflexe de survie peut-être inconscient, était un moyen de la dépasser, l'effort réclamé par le style et la structure permettant la prise de distance.



Le résultat, c'est un texte à la fois simple et beau, poétique et bouleversant.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Adieu sans fin

Le chemin d'un père pour retrouver le vent, la douceur et la lumière. Au travers de l'évocation délicate des souvenirs avec son fils brutalement mort, le narrateur renoue peu à peu avec le fil de la vie autour de lui. La maison redevient peu à peu le lieu d'un autre rapport au monde. Ce livre est aussi celui de la résurrection d'un amour.

Une écriture densément légère, beaucoup de pudeur qu'on sent imprégnée d'un deuil personnellement traversé par l'auteur, et un profond sentiment de paix traversant le livre comme une brise chaude et légère qui ranime la Vie.

Ce livre est un souffle, savamment maîtrisé et pourtant demeurant spontané dans le partage de l'intime et de l'indicible.
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Adieu sans fin

Cet adieu sans fin, c’est celui d’un père pour son fils mort subitement à l’âge de 17 ans. L’auteur, qui a lui-même perdu un enfant, affirme pourtant que le texte n’est pas autobiographique. Peu importe, car le récit n’est pas un simple témoignage, il est œuvre littéraire, et à ce titre, la force d’évocation de l’écriture concourt à donner au texte toute sa puissance. On suit, au fil de plusieurs mois, le parcours de ce père, dont on ignore même le nom, de l’abattement total jusqu’aux premières lueurs d’un retour à la vie. Alors certes le sujet est triste, mais le texte n’en est pas lugubre pour autant. Les mots sont justes, ils transcrivent avec grâce ce qui semble pourtant indicible. Alors que plus rien ne semble avoir de prise sur le père, la succession des saisons marque le temps qui passe. Sur le même sujet, on peut lire le texte poignant de la poète danoise Naja Marie Aidt.
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Monsieur Faustini part en voyage

Il ne se passe pas grand-chose dans la vie bien réglée de Monsieur Faustini, tout au plus un trajet en car jusqu'à la ville voisine, si bien que l’événement le plus anodin prend un relief particulier. L’auteur, on le sent, éprouve une vraie tendresse pour son personnage de vieux garçon faussement naïf figé dans ses habitudes. Dans des descriptions assez féroces, il dénonce avec beaucoup d’humour la bêtise de nos quotidiens, nos envies permanentes d’autre chose, de mieux et d’ailleurs, les faux-semblants et les hypocrisies de certaines de nos interactions sociales . A ce propos, la scène du vernissage au musée est à mourir de rire. Et puis un jour, contre toute attente, Monsieur Faustini entreprend un voyage de 250km pour rendre visite à sa sœur. Son univers vacille, mais va-t-il se fissurer pour autant ? Ce court roman autrichien est un petit bijou d’humour pince-sans-rire et d’ironie.
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Adieu sans fin

Avis Adieu sans fin de Wolfgang Hermann



La mort d’un enfant doit être le pire supporté par un père, une mère. Déjà, un parent se fait du souci pour son enfant tout le long de sa vie. Ce n’est pas dans l’ordre des choses qu’un enfant parte avant son père et sa mère, surtout lorsqu’il est adolescent. Dans ce récit, l’auteur narre la descente de ce père qui découvre son enfant mort. Il le sait, il l’a senti avant d’entrer dans la chambre. La mort est relatée avec son silence et la découverte du corps.



Le temps passe mais la douleur est toujours aussi présente, elle s’immisce partout, pour cet homme qui n’a pas élevé ce fils mais qu’il retrouvait de temps en temps. Il a vécu, avec lui, dernièrement et cela a été la meilleure expérience de sa vie. L’auteur nous raconte les souvenirs de ce père, entrecoupés de la noirceur due au deuil. Tout est à l’image de ce qu’il vit, la maison, la ville. Il n’a plus goût à rien, il se laisse dépérir. La douleur d’ailleurs le rend malade. Il fait même une Expérience de Mort Imminente où il semble retrouver son fils chéri.



Dans son malheur, heureusement que la mère de son fils est là et qu’elle l’aide. Elle semble forte. Pourtant, elle doit avoir autant de chagrin. On apprend leur histoire. Etre parent jeune n’aide pas forcément.



Cet enfant, pourtant, ne semble pas avoir souffert de la rupture de ses parents. Le lecteur apprend à le connaître grâce à son père, ses amis et sa petite amie. Il sait se faire aimer de tous.



Personnellement, je ne sais pas comment je réagirai si ma fille devait mourir. Le récit ne m’a pas profondément touché car je ne me suis pas reconnue puisque je n’ai pas vécu ce type de situation.



Lu dans le cadre de Masse Critique de Babelio.



Résumé de Adieu sans fin de Wolfgang Hermann



Fabius, jeune homme de 17 ans, vivait chez son père.



Il décède brutalement pendant la nuit. C’est son pèreW qui le trouve.



Commence alors une douleur insurmontable pour cet homme.
Lien : http://livresaprofusion.word..
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Adieu sans fin

L’Allemand Wolfgang Hermann raconte le vertige du deuil et la lente reconquête de la vie. Bref et percutant.


Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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