Le café stimule la rationalité, la sobriété et l'individualisme, l'alcool stimule les vertus prolétariennes de collectivité et de solidarité.Les socialistes partisans de l'abstinence, quand ils veulent interdire aux travailleurs l'alcool et les bistrots, tentent en fait de transposer le modèle puritain bourgeois dans la classe ouvrière. Quoi qu'ils disent, leur vœu le plus cher serait de faire entrer le prolétariat dans un immense café bourgeois. Les théoriciens comme Engels et Kautsky sont, eux, très conscients de l'ancrage profond que l'alcool et le bistrot trouvent dans la mentalité ouvrière et comprennent que la lutte des classes ne se fera pas contre eux mais avec eux."Sans bistrots dit Kautsky, le prolétariat allemend n'aurait non seulement pas de vie sociale, mais même pas de vie politique."
Au début du XXe siècle, la cigarette apparaît comme le symbole explicite de la rapidité des temps nouveaux, dans la mesure précise où le cigare est encore présent partout. Ainsi, pour l'historien des civilisations Alexander von Gleichen-Russwurm, la cigarette est en 1914 "un symbole de la vie moderne, qui n'apporte aucun délassement et que n'accompagne aucune réflexion approfondie et sérieuse.Elle stimule, mais s'éteint au moment où la pensée commençait de s'enflammer.Minime occupation des mains désœuvrées, elle fournit une apparence de bon accueil lors d'une visite brève et se donne pour symbole d'hospitalité quand ni le temps ni l'heure ne permettent de proposer autre chose".