Là où la nuit est plus claire que le jour et où elle s’exhibe sans vergogne, voici le quartier Gangnam qu’il voit depuis la fenêtre de son appartement au trente-huitième étage d’une grande tour résidentielle sise au numéro 447 de Daechi-dong. (p. 5)
En regardant les dossiers contenant les photos et les données sur les cinq victimes féminines, il se rend compte que rayer une vie de la carte coûte en moyenne trente millions de wons. Convertir une vie humaine en chiffres, quoi de plus abject ? Le prix attribué à la vie d'une serveuse de nar d'une vingtaine d'années n'est même pas celui d'une voiture de taille moyenne.
En regardant les dossiers contenant les photos et les données sur les cinq victimes féminines, il se rend compte que rayer une vie de la carte coûte en moyenne trente millions de won. Convertir une vie humaine en chiffre, quoi de plus abject ? Le prix attribué à la vie à la vie d'une serveuse de bar d'une vingtaine d'années n'est même pas celui d'une voiture de taille moyenne.
Ces très riches se repaissent, sous la protection d'agents de sécurité appartenant à des sociétés ou de gardes du corps privés, de plaisirs inimaginables dans un monde sensé. C'est un univers où l'on peut transgresser tous les interdits et où l'argent domine tout, absolument tout, plus encore que dans le monde normal. Cette population fortunée qui règne sur les nuits de Gangnam se livre à des actes sexuels pervers, consomme des stupéfiants et se laisse même aller à un certain degré de violence, en dépensant sans compter. Les conséquences fâcheuses qui en découlent sont le cadet de leurs soucis. Car l'argent est là pour tout arranger. Au prix de sommes faramineuses ils achètent une nuit entière à Gangnam, au sein de laquelle ils peuvent faire n'importe quoi sans aucune crainte. Tout leur est permis.
Min-kyu est désormais habitué à ce genre de visage presque inexpressif, à l'impassibilité forcée, qu'il a vu si souvent à Gangnam. C'était comme si, pour travailler à Gangnam, il fallait d'abord satisfaire à cette exigence : savoir maîtriser son expression.
Gangnam-gu, 663 Sinsa-dong. Il y a vingt ans encore, ce quartier était rempli de vieux appartements au milieu desquels s'élevait un centre commercial, seul gratte-ciel du coin. C'est aujourd'hui devenu un quartier animé abritant des cliniques de chirurgie esthétique qu'affectionnent les touristes chinois, des cafés et une multitude d'agences artistiques plus ou moins importantes ; des aspirants artistes s'y bala- dent dans l'espoir de décrocher une audition et les employés des agences les prennent en vidéo avec leur téléphone pour d'éventuels castings. A l'orée de ce quartier, détonnant dans cet environnement luxueux, demeure un vieux parking à ciel ouvert au sous-sol duquel s'est établi un golf sur écran.
Quand l'argent occupe une place centrale dans une relation, la cupidité devient incontrôlable, mais dans le même temps, elle consolide les liens, dont on ne peut plus se libérer.