Après avoir médité six longues années sur le mot « rien », qui
se prononce wu en Chine et mu au Japon, l’honorable Wu-Men
Hui Kai (1183-1260) écrivit enfin ce poème, qui clôt définitivement la question :
Rien, rien, rien, rien, rien
Rien, rien, rien, rien, rien
Rien, rien, rien, rien, rien.
Rien, rien, rien, rien, rien.
C'est trop clair et c'est pourquoi cela est difficile à voir
Il était une fois un imbécile
qui cherchait du feu avec une torche allumée
S'il avait su avant ce qu'était le feu,
le riz aurait été cuit bien plus tôt
Joshu (Chao-chou, 778-897) demanda à Nansen (Nan-chuan, 748-835) : "Qu'est-ce que la voie?"
Nansen répondit: "L'esprit ordinaire est la voie."
Nansen demanda: "Dois-je la chercher?"
Nansen répondit: "Plus tu la cherches, plus elle se détourne de toi."
Joshu insista: "Comment puis-je connaître la voie sans la chercher?"
Nansen répliqua: "La voie ne relève pas de la connaissance ou de l'ignorance. La connaissance est illusion, l'ignorance est confusion. Quand tu auras atteint la vraie voie au-delà du doute, tu t'apercevras qu'elle est aussi vaste que l'espace insondable. Comment dans ce cas parler de vrai ou de faux?"
À ces mots, Joshu connut soudain l'illumination.
C'est tellement clair
mais il a compris trop tard
S'il s'était souvenu plus tôt que la lampe donne du feu,
Le riz serait cuit depuis longtemps
Les cent fleurs au printemps, la lune en automne,
vent frais en été, la neige en hiver,
Si le cœur s'affranchit de tout souci futile,
Ce sont des moments plaisants dans le monde des hommes.
Un moine demanda à Mǎzǔ (Mã Tổ): ‘Qu’est-ce que le Bouddha ?’- Ni l’esprit ni le Bouddha’, répondit celui-ci.