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Critiques de Percy Wyndham Lewis (1)
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Tarr

Il existe des livres dont la découverte, simplement du fait d'un éditeur à qui l'on fait grande confiance ( ici L'Age d'Homme ré-éditant Christian Bourgois ), sans n'en avoir jamais entendu parler de quiconque — malgré les nombreux câbles et antennes installés tout autour, captant les signaux de précieux prescripteurs officiant dans l'ombre, bravant l'omniscient bruit de fond, blanc et sourd, du Milieu de l'Edition, fort bien représenté ici et ailleurs — tout simplement « inconnu au bataillon », semble frappée du sceau de l'anomalie, de l'erreur, voire du soupçon, surtout quand il s'agît d'un authentique chef-d'oeuvre.

Auteur maudit ? démodé ? ou simple oubli de l'Histoire ?

Est-ce bien ce trésor tant convoité auquel on a affaire ? cette merveille oubliée après laquelle bon nombre d'entre nous, lecteurs hardis, courons toute notre vie ?



Les étoiles ici ne sauraient mentir, surtout quand elles sont utilisées avec conscience et parcimonie, la note ayant déjà répondu à ce faux suspens, l'effet de surprise jouant en sa faveur.

La fiche technique — disons le pédigrée — permet déjà de flairer la bonne prise, un léger fumet sulfureux l'accompagnant : Ezra Pound y signe la quatrième de couverture, et le sieur Lewis a lui aussi pris quelques positions grisou-brunbruns… sans que cela n'empêche d'autres d'être toujours aussi plébiscités ( Céline, Brasillach, Rebatet, etc. ), le placard ne venant donc pas de ses dangereuses opinions…

( Rassurez-vous, il n'en est aucunement question dans ce livre, écrit juste avant la Première Guerre Mondiale ( 1910 - 1915 ), bien qu'entretenant un curieux rapport à la nation allemande, dans un Paris cosmopolite où s'y côtoie une grande communauté, la majorité de ses personnages en étant issue )



On n'ira pas voir du côté d'une certaine presse d'opinion, parfois réjouissante en ces temps inversés, pour trouver trace de cet auteur ; on pourrait à la rigueur le croiser dans un livre d'histoire de l'art, de son appartenance à un mouvement issu du cubisme et du futurisme, le « vorticisme », étant peintre plutôt doué.

Mais à en croire Lawrence Durell ou bien T.S. Eliott, c'est bien son talent de romancier qui est à distinguer. On a même eu droit à l'époque à quelques poncifs de la critique, du genre « tournant de la littérature anglaise», etc. comme le seront Joyce ou Beckett par la suite ( et encore, certains ont pu se tromper… mais c'est une autre histoire… ).



C'est donc avec agitation, voire méfiance, que la rencontre de ce potentiel post-pompier ex-adulé est placée, bien vite calmée par la virtuosité de sa plume, de par son cynisme miraculeusement dosé, ainsi que son éclatante modernité, tant par sa forme — rappelant celle qu'un Henry Miller a cherché ( en vain ? ) toute sa vie — que son fond, constitué d'une étude de cette petite société bourgeois-bohème, fraichement nommée, où les personnages féminins sont pleinement et charnellement émancipées, faisant passer les héroïnes d'Henry James ( pas même une génération en arrière ) pour des fossiles congelés.



Ses personnages sont d'un jusqu'au-boutisme réjouissant, incarnant à leur manière des formes de sociopathie dont Dostoïevski aimait à peupler ses romans.

La comparaison vient d'ailleurs naturellement, sans qu'il ne faille y donner plus d'importance ; détendu, on bouquine de la grande littérature, en sifflotant.



Il faut ajouter que c'est la version ré-écrite par l'auteur en 1928 que l'on trouve chez nous ( y compris dans sa mouture la plus récente, chez le très discret, mais fort intéressant éditeur Pierre-Guillaume de Roux ) ; les anglophones peuvent eux juger des corrections apportées à l'édition originale de 1918, les deux étant commercialisées ; nous héritons d'une version « allant dans le sens de la correction et de la modération », assurément plus subtile, avec quelques différences fort savoureuses ( telle cette bande de Polonais… ) … pour comparer, il faudra soi-même y jeter un oeil…



Voilà, je n'en dis pas plus, espérant vous avoir déjà hameçonné, n'en revenant toujours pas d'être le premier, tout éberlué, pas très à l'aise dans ce rôle de solitaire, ma foi convaincue du caractère exceptionnel de ce texte.

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