Xavier Hanotte :
De secrètes injusticesOlivier BARROT se trouve au
musée HORTA à Bruxelles (en ill, quelques images de la ville) afin de présenter le livre de
Xavier HANOTTE, "
De secrètes injustices".
" Nous mettons du temps à croire
Ce qui fait mal à croire. "
Ovide
(page 7)
Le parfum d'amande écrasée , je le retrouvais avec une émotion incrédule , comme si trente ans plus tard le pot de colle s'était trouvé ouvert dans l'habitacle de la voiture .
La maison, ce n’est ni un tas de briques, ni les murs accueillants d'une chambre. Mais un lieu ou quelqu’un vous attend, espère votre retour.
Je n’ai plus de maison. Page 43
On ne connaît jamais les morts, Nickie. Jamais. Ils s'en vont avec les clefs des coffres qu'on n'a pas pris la peine d'ouvrir. C'est peut-être pour ça qu'on les regrette le plus ? Pour ça aussi qu'on se sent un peu coupable, un peu floué quand ils nous laissent tomber ?
Au milieu du front, entre le sourcil gris de boue séchée, le trou rond percé par le schrapnell dessinait un troisième œil, le seul qui fut ouvert. En se couchant sur moi, William m’avait sauvé.

Je repense à certains soirs de Coupe, près de Queen's Park. les guerres alors duraient quatre-vingt-dix minutes et se déroulaient sur une pelouse rectangulaire. Les civières n'emmenaient que des gars en short, cheville foulée ou muscle froissé. Pour être différents, les drapeaux, les écharpes et les fanions ressemblaient fort à ceux-ci. Mais cette fois, tout le monde peut monter sur le terrain, les entraîneurs engagent. Ca rapporte un shilling par jour avec, en prime, l'aventure, le voyage. Pour ces jeunes ouvriers, la première et la dernière fois qu'ils traverseront le Channel - dans un sens en tout cas. Ils marchent dans la nuit tombante vers un but qu'ils croient connaître, pour des raisons qu'ils croient comprendre. Ils ont signé, ils ont choisi. Mais en fin de compte le but leur importe peu. Même allongée d'alcool, ils ont la foi. Et surtout, l'élan. Cela seul compte. Et puis, de toute façon, ils n'auront peut-être pas le temps de la connaître, cette guerre.
"A Noël, cette guerre devrait être terminée."
"Non, on ne perd pas vraiment qui nous a déjà quitté. On perd juste le bonheur. Et à la longue, jusqu'à l'idée qu'on s'en était faite. On perd son avenir, aussi. Et la foi qu'on avait en lui. Restent le vide et le silence."
Accrochée à l’angle d’une ruelle, une lanterne s’alliait aux étoiles pour soulever la nuit.
Je pense aux parcs, aux maisons que je ne construirai jamais. A commencer par la nôtre. [...] Je prie aussi, peut-être... Sans espérer aucune réponse, car si Dieu est un grand silence, l'homme ne Lui laisse aucune chance de se faire entendre.
Je vais te dire : si tout le monde faisait comme toi, au nom d'une prétendue intégrité artistique, l'écriture s'apparenterait à du cabotage, voire à du pédalo dans une piscine. L'audace, mon vieux, ça consiste à placer l'écriture au-dessus de ta précieuse petite personne. Quant à la gloriole,pour peu qu'elle t'échoie, il faut la consommer sur place, sans modération, avec appétit.