Une couverture mystérieuse, voire suggestive, parlante (après coup) comme souvent les couvertures de la collection pointillé des éditions Belfond et ma curiosité est titillée.
Comment résumer un tel livre ? Là est la question !
Tout commence, je dirais, normalement. Une histoire d’espionnage lambda. Bénédicte Gardier se trouve ficelée comme un rôti dans sa chambre d’hôtel par une jeune femme qui va prendre sa place. J’ai omis de préciser que ladite Bénédicte est gradée dans l’armée (cf 4ème de couverture). L’échange verbal entre les deux femmes est drôle enlevé, enfin surtout pour la seconde, la première, bâillonnée, a un discours beaucoup plus monosyllabique.
Ensuite, toujours dans la continuité, je fais connaissance avec l’auteur Jérémie Straube dans le bureau de son éditeur. Jérémie est un auteur dilettante, qui aime tout écrire à condition que cela lui rapporte de l’argent. Il saute d’un projet à l’autre. Dans le cas de Bénédicte, il passe le bébé à Jérôme Walque, son ami d’enfance, écrivain « sérieux » qui planche sur la vie de Lépide, Marcus Aemilius Lepidius, le troisième du triumvirat avec Antoine et Octave.
Ici aussi, c’est un triumvirat.
Trois auteurs, trois livres. Pourtant, tout n’est pas aussi simple, surtout lorsque Jérôme Walque passe de l’autre côté du miroir pour y sauver son Alice, pardon Bénédicte. Les éditeurs, les fameux B&B sont-ils ce qu’ils disent ?
Heureusement l’auteur a pris soin de mettre un avertissement « les amateurs d’Histoire romaine férus de cartésianisme peuvent fort bien se porter immédiatement aux chapitres 6, 10,13 et 18 de cet ouvrage qui en contient plusieurs. »
Avec humour (le fameux humour belge ?) Xavier Hanotte parle du métier d’écrivain dans ce qu’il peut avoir de vain et surfait comme Jérémie Straube ou bûcheur, sérieux, cherchant l’angle réaliste, exact ou poétique comme Jérôme Walque. Le succès et l’argent sont inversement proportionnels au talent des auteurs. Selon Jérémie « tout écrivain digne de ce nom devait suivre sa pente naturelle et sacrifier la sécurité au profit de l’audace créatrice. Au lieu de peaufiner en amateur, avec une maniaquerie de miniaturiste, ses gros romans tellement étrangers à l’esprit du temps, pourquoi Jérôme ne se lançait-il pas dans la grande foire d’empoigne du monde littéraire, où vie quotidienne et écriture se mêlaient dans une exaltante étreinte ? » Cela me rappelle certains pisse-copie ((Argot) Écrivain très fécond qui fait passer la quantité devant la qualité. Selon Wiktionnaire) que nous retrouvons à chaque rentrée littéraire. Ecrire un roman, est-ce jouer avec le vent ?
Au début du livre, j’ai pensé que Jérémie et Jérôme étaient les deux faces d’un même personnage ; l’auteur écrit page 79 « il goûta la joie tranquille de redevenir, enfin, Jérôme Walque ». L’explication vient ensuite.
Xavier Hanotte, que je découvre, réussit la performance d’écrire trois romans aux styles très différents avec la même qualité d’écriture. Les romans, les auteurs s’emboîtent, se télescopent, divaguent, philosophent (de comptoir), le tout avec humour.
Du vent , un roman échevelé (il fallait bien que je la fasse !) où je sens le plaisir qu’a pris Xavier Hanotte à l’écrire. Il y a des rires, des sourires entre les mots avec, quelques pointes caustiques qui pimentent le livre.
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