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4.06/5 (sur 232 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Kabylie , le 06/06/1979
Biographie :

Bibliographie

Gallimard NRF, collection Blanche: CENT VINGT FRANCS, roman, parution 11 Février 2021

JC Lattès: DE GRÂCE, roman paru en Janv. 2008 (sous le nom de Hamid Aït-Taleb)

Sorbonne 2009: 1er Prix pour la nouvelle LES TUILES ANDALOUSES

Il vit à Londres.

Gallimard Jeunesse: lauréat deux années consécutives du Prix coup de plume pour des nouvelles: Mazeltof en 1999 et Requiem pour du pipeau en 2000 (recueil)

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Écrire des livres permet parfois de rendre justice, de remettre un peu d'ordre dans la vie : Sabyl Ghoussoub et Xavier le Clerc sont des enfants de la guerre (du Liban pour l'un, de l'Algérie pour l'autre) et de l'exil familial. Ils ont choisi de raconter la vie de leurs parents fuyant la fureur et la misère, abandonnant leur famille pour cette France qui intègre si bien leurs enfants. Dans Beyrouth-sur-Seine, Sabyl Ghoussoub interroge les souvenirs de son père, poète de PMU qui trimbale son passé dans des sacs plastique, et de sa mère, prêtresse WhatsApp du Liban familial. Dans Un homme sans titre, Xavier le Clerc rend hommage à cet enfant affamé décrit par Albert Camus, devenu ce père taiseux, cet ouvrier invisible qui nourrit sa famille, tête baissée. Deux magnifiques déclarations d'amour filial. Rencontre avec Sabyl Ghoussoub (https://ohlesbeauxjours.fr/programme/les-invites/sabyl-ghoussoub/) et Xavier le Clerc (https://ohlesbeauxjours.fr/programme/les-invites/xavier-le-clerc/)animée par Salomé Kiner (https://ohlesbeauxjours.fr/programme/les-invites/salome-kiner/)et enregistrée en public en mai 2023, au Mucem, à Marseille, lors de la 7e édition du festival Oh les beaux jours !.   __ À lire Sabyl Ghoussoub, Beyrouth-sur-Seine, Stock, 2022 (prix Goncourt des lycéens 2022). Xavier le Clerc, Un homme sans titre, Gallimard, 2022. __ Montage : Arthur James Voix : Benoît Paqueteau Photo : Nicolas Serve Un podcast produit par Des livres comme des idées (http://deslivrescommedesidees.com/). __ La 8e édition du festival Oh les beaux jours ! (https://ohlesbeauxjours.fr/) aura lieu à Marseille du 22 au 26 mai 2024.

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Citations et extraits (65) Voir plus Ajouter une citation
Tant de bataillons, de chair à canon, comment te déblayer d’un amas de cadavres ? Quel tri sordide. J’ai vite compris que ton histoire me dépassait. Pourtant, sans elle, ma génération ne saurait trouver la paix. On pourrait croire que c’est toi le fantôme. Après tout tu es mort il y a bien cent ans. Mais nous sommes les fantômes. C’est nous qui sommes tourmentés et qui tourmentons. C’est nous qui bourdonnons comme des mouches contre la vitre.
Pourquoi nous appelle-t-on encore les jeunes issus de l’immigration ? Pourquoi sommes-nous des arbres isolés du reste de la forêt dont on questionne les racines ? Peut-être un jour entendrons-nous ton sacrifice, celui de tant d’autres indigènes aussi. Peut-être un jour comprendrons-nous que toi aussi tu as donné ton sang dans la boue de Verdun. Que nous sommes un peuple magnifique de sangs mêlés. Que nous ne remplaçons donc personne.
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Avant de me coucher, comme presque chaque soir, je me plongeai dans Les Trois Mousquetaires. Ce qui me transportait, c'était moins les rêves de cape et d'épée que le maniement de la langue française. Des mots qui me faisaient oublier les engueulades des voisins du troisième, les pleurs étouffés sous les draps de Keltoum ou les ronflements de Mustapha. Le livre que j'avais piqué à la bibliothèque renfermait des cavalcades effrénées, des duels sans pitié et tout cela devait tenir sous mon matelas. Je redoutais que Larbi ne le découvrît: une dénonciation m'aurait valu un châtiment à la hauteur du forfait. Je culpabilisais tellement d'avoir volé un tel trésor que je m'étais juré qu'un jour j'en écrirais plusieurs, qui trôneraient eux aussi sur les étagères, et à leur tour seraient volés par un enfant venu d'une barre de béton. (P.80)
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Mon père n'était vraiment pas un héros, au sens où l'entendait le gamin que je deviendrai plus tard et qui rêverait à l'école du panache des Trois Mousquetaires. Lui qui trimait à l'usine n'avait pour ennemi que la peur du lendemain. Analphabète comme ma mère, il avait cette hantise du manque qui le rongeait jour et nuit, jusqu'aux plateaux des hauts-fourneaux, où il se rendait en bus avec sa gamelle cabossée pleine de riz sans sauce. [...] Les soirs de la troisième semaine de chaque mois, mon père qui n'avait plus un centime, pas même de quoi acheter une plaquette de beurre pour l'étaler sur le pain, devenait fou et colérique. Dans la lumière pisseuse d'une ampoule qui pendait à un fil accroché au plafond, il hurlait sur sa femme enceinte et sur ses enfants, sans retenue. Il ne lui restait que des dettes, plus un seul meuble d'occasion à troquer, si ce n'est une table en formica jaune canari et quatre chaises assorties aux pieds chromés. Petit comme j'étais, impossible de savoir à quoi mon père pensait quand il retrouvait son calme. Ce n'est qu'en grandissant que j'ai compris qu'il y a les pères qui accumulent les connaissances, les richesses, les voyages et ceux qui perdent le peu qu'il détiennent, encore et encore, jusqu'à finir dépossédés de tout amour propre, résignés et dociles, dans la chaleur suffocante de l'usine et des coulées de métal en fusion. (P. 49)
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Xavier Le Clerc
En 2012, je mis à jour mes documents administratifs : acte de naissance, passeports, diplômes, factures. Hamid Aït-Taleb devait se fondre comme du sucre dans l'eau, pour devenir Xavier Charles Le Clerc. Charles, c'était en hommage à Foucauld, le "marabout blanc" qui avait vécu parmi les Berbères du Sahara, rachetant des esclaves pour les libérer, et qui grâce à son dictionnaire touareg-français préservait une partie de mon héritage amazzigh, d'homme libre.
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Je dois tout à la France, aux bonnes sœurs de Normandie qui m'ont habillé dans ma prime enfance, aux professeurs qui m'ont élevé, aux docteurs qui m'ont soigné, aux bibliothecaires qui m'ont nourri, aux conducteurs de trains et de bus qui m'ont transporté, aux HLM qui m'ont logé. Ayant voyagé dans le monde entier, je ne connais pas de pays aussi lumineux. A tel point que si je n'ai pas dans le malheur de la guerre I'honneur, comme mon arriere-grand- pere Said ou mon grand-oncle Moussa, de mourir pour la France, j'aimerais que l'on dise de moi, le temps venu, que j'aurai au moins bien vécu pour elle.
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Vivre au grand jour et dans la joie, refuser la soumission, les carcans, le conformisme, voilà ce à quo j'aspirais, ivre de mes vingt ans et du tourbillon de mes lectures.
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Je me rappelle un colis de mon père. Une fois la ficelle de jute dénouée, les multiples épaisseurs de scotch marron lacérées aux ciseaux, la surveillante me remit un gros sac en plastique qui contenait des cacahuètes à éplucher. Je me demande encore, alors qu'il ne savait ni lire, ni écrire, qui s'était chargé d'indiquer l'adresse sur le colis. Encore aujourd'hui, lorsque je reçois des achats en ligne, je repense à ce paquet- là, non par nostalgie mais parce que ce souvenir m'aide à distinguer l'essentiel du superflu. Le langage courant utilise ce mot pour désigner des objets sans valeur, mais pour moi les cacahuètes évoqueront toujours la valeur et le goût du réconfort. (P.58)
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« Dès ma naissance, j’ai été une mauvaise nouvelle, lança la vieille Keltoum à Tassahdith. Le pire, c’est que c’est nous les femmes, nous les premières à déplorer la naissance des filles. On se met à pleurer, on se lamente de la mauvaise récolte. Alors j’espère que tu accueilleras ton enfant avec le même bonheur, qu’il soit un garçon ou une fille.
— Mais tu sais bien ! C’est plus utile d’avoir un garçon pour les champs…
— Tu vas accoucher d’un enfant ou d’une bête de trait ?
— Tu vois bien de quoi je veux parler. Pas une fille que je connais qui aurait la force d’un homme.
— Et qui va chercher de l’eau alors ? Qui porte les lourdes amphores qui briseraient le dos d’un soldat ? Qui porte les montagnes de bois ? Nous avons autant de force qu’eux, encore plus de mérite. Et pourtant, on apprend à nos fils à marcher sur leurs sœurs. Et en grandissant, certaines refusent de se marier, comme moi. Quel choix j’avais, moi ? J’avais quinze ans. Je ne voulais pas être mariée. Peut-être un jour, mais pas maintenant, je me disais. Pas avec ce grabataire que je ne connais même pas. Mes parents voulaient me forcer.
— Ils voulaient probablement ton bien, tu sais…
— Ils veulent toujours notre bien ! Jusqu’à ce qu’ils veuillent notre mort ! Et puis il y a celles qui sont nées difformes, tellement laides qu’on dirait l’enfant d’un homme et d’une mule. Tu te souviens de la pauvre Khadija. La petite qui avait la tête déformée. Qu’est-ce qu’elle avait fait au bon Dieu pour mériter ça ? Moi je la trouvais belle. Elle avait un sourire tellement sincère. Elle que tout le monde regardait de haut, avec méfiance, avant de passer son chemin. Comme si scruter sa laideur trop longtemps, la dévisager, risquait de les déformer eux aussi !
— Je me souviens d’elle, la pauvre. Toujours souriante même quand on la repoussait. Aucun enfant ne voulait jouer avec elle. Elle avait la santé fragile, la pauvre. Qu’Allah la bénisse.
— Mais il y a aussi les autres femmes, celles qui sont jugées trop belles, trop bavardes, trop curieuses, trop mutiques. Celles qui désobéissent comme moi, qui répondent aux coups, qui veulent sortir sans raison, qui veulent apprendre à écrire…
— Avant de te rencontrer, je ne pensais pas qu’une femme puisse lire et écrire, à part chez les Français.
— Bien sûr que nous pouvons tout autant que les hommes. Tu vois, nous les femmes en trop, nous les laides, nous les sorcières comme ils disent. On nous jette l’opprobre. Pas un mollard au visage, non. Un crachat, ça s’essuie facilement. Non, leur mépris nous marque au fer rouge. Tu ne la sens pas cette odeur ? L’odeur de roussi du rejet ? Tu ne la reconnais pas l’odeur du crâne de mouton grillé ? Une puanteur si forte qu’elle en corrompt les sens et l’amour-propre ! C’est pour ça qu’on en arrive à pleurer la naissance des filles, à regretter notre propre existence. »
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Saïd n’avait jamais compris le pourquoi de la guerre. Lui qui n’avait pas connu les bancs de l’école se retrouvait dans la boutique de Constantine. La voix éraillée de Mme Benguigui, ses manières viriles, la fumée de cigarette, les jouets animés dansl a vitrine lui revenaient : les cabrioles du singe, le narguilé du vieux Turc, la baguette du calife magicien, le ventre ballottant de l’âne gris, le garde-à-vous incessant du soldat…
Saïd se sentait tout cela à la fois. Tous possédés, se disait-il. Comme si leurs vies ne leur appartenaient pas. Chaque mouvement obéissait à une spirale invincible, à des ordres sans appel. Mais de qui sommes-nous les jouets ? se demandait Saïd en scrutant le ciel.
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Le président Valéry Giscard d'Estaing avait inventé "une prime au retour de dix mille francs" pour encourager les immigrés à quitter la France, une fois pour toutes. Et si mon père, le pauvre ouvrier Mohand-Said, au lieu du regroupement familial, avait accepté cette modique somme de dix mille francs ? J'aurais probablement grandi dans les montagnes kabyles ou les paraboles diffusent le chant des sirènes en provenance de la France. Et comme tant d'Africains, j'aurais peut-être rejoint moi aussi, tôt ou tard, les milliers de noyés échoués sur les rives de la Méditerranée.
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