Berlin, 1932. Wilhelm Furtwängler est l'un des plus grands chefs d'orchestre allemands. Il dirige l'orchestre philarmonique de Berlin et éblouit son public par son génie virtuose.
1934. Hitler est chancelier et détient tous les pouvoirs, c'est le début des années noires. le nazisme s'impose et dépossède les artistes de leur art. Les juifs sont exclus de l'orchestre et contraints de s'exiler. La culture devient politique. La musique devient un véritable instrument de propagande. Continuer d'exercer son art mais en se soumettant au régime du III Reich ou fuir l'Allemagne ? Pour Furtwängler, ce choix n'a pas de raison d'être. Mais l'art est-il véritablement au-dessus de la politique ? La passivité étant souvent interprétée comme un signe d'acceptation et de collaboration, cela pourrait bien lui porter préjudice
« La musique a des accords que les mots ne peuvent dire, ni même comprendre », mais Xavier-Marie Bonnot parvient, avec ses mots, à décrire l'une des plus sombres périodes de l'Histoire sur fond de musique et d'art, contraints et fanés par le nazisme.
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L'amour, c'est ce vide persistant, l'inquiétude et le tourment.
Contrairement à ma mère , mon père n'a jamais été croyant et ne donne aucun signe de doute sur une éventuelle vie après la mort . Il nous a toujours enseigné que la mort , c'est comme quand on coupe le courant .Plus rien car plus d'énergie pour faire fonctionner la machine . Aussi simple que ça. ( p 59)
Ce n'est pas une surprise, Le Caire. C'est un choc. À tous les coups. Un carambolage de rues. Des immeubles qui tamponnent un ciel brûlant. Et la misère et la fortune se télescopent. Une ville droite, stridente et malheureuse. Une mégapole à plat, sous des planches et des briques, rongée par les tas d'ordures.
Partout, l'air tremblote, à coup de klaxon et de mélodies qui chaloupent. Et aux balcons, et sur les toits, les antennes rondes et sales qui écoutent le monde, grandes oreilles tendues vers le ciel jaune.
Pierre n'aime pas recueillir des confidences, surtout celles de sa sœur. Les épanchements et tout ce qui dégorge de l'âme et du cœur bousculent sa pudeur. Tout bouillonne en lui mais il maîtrise le feu.
Il était un collégien timoré, maladroit en gymnastique mais fort en maths. J'étais le seul à le défendre dans la cour de récréation quand les plus costauds se payaient sa tête. La guerre a fait de lui un homme redoutable. Il a tué, comme moi. A la baïonnette. Devant l'ancienne boulangerie de Tahure. Il n'en revenait pas sur le coup.
Il tuera encore. Ses mains sont devenues fortes, des serres d'aigle. Son visage a maigri, pareil à ceux des saints martyrs des statues de bois de nos églises. Il a tué Lucien. Oui. Sa jeunesse est partie en miettes, déjà rassise, broyée par la grosse main calleuse du destin.
Moncef s'exprime en français, pour que sa sœur ne comprenne pas. Chacun de ses mots force Rodolphe à regarder dans les yeux cette Égypte qu'il veut ignorer. trop rassuré de n'en admirer que le socle ancien.
On a beau se dire non croyant ou sceptique, la mort vous pousse à faire ou penser des trucs totalement irrationnels. La raison n'a pas sa place dans la mort. Mais le sacré, oui. Le sacré qui pue l'encens trouve son emploi dans le grand chambardement de la mort. Les idées rationnelles, non. C'est le drame des non-croyants.
Comme ma mère, elle a ces yeux de refuge, où la vie devient un plaisir infini.
Irène s'endort petit à petit, bercée par la voix mûre et profonde de son fils. Il dépose un baiser sur son front fiévreux et se retire. Les sanglots ne viennent pas. Miloud a dit un jour, simplement, que la mort fait partie de la vie, qu'elle s=est comme le point au bout d'une phrase.
"Le grand livre ne finit jamais, raïs. Nous ne sommes que des petites phrases. Mais chaque phrase, chaque mot compte."
Le pays est envahi par des uniformes, des bruns des fauves, des oriflammes noir et rouge pendent aux fenêtres, avec cette croix ridicule au centre de chacun. Le nombre d’uniformes augmente chaque jour, depuis les élections. Pareil pour les drapeaux.
Furtwängler fend la foule qui s’est agglutinée autour d’un crieur de journaux. Des policiers patrouillent, raides et sévères dans leur uniformes verts. Les gros aigles de fer sur le front de leurs képis jettent des éclats dans le soleil rasant de la fin de journée. Des SA marchent à leurs côtés, un chien en laisse la gueule bavant dans une muselière.