Quand j’étais gamin, on ignorait le chômage. Mon père en parlait souvent, avec des mots terribles, mais la menace nous paraissait loin. En grandissant, la crise a pourri notre petit univers aussi sûrement que les métastases d’un cancer. J’ai vu la souffrance s’installer dans les yeux de ceux qui allaient pointer, au soir de leur vie, sans plus d’espoir de retrouver la dignité du boulot.