Dans le schéma de sélection de cette brebis si prometteuse (la Tête Rousse), il fut décidé de supprimer les cornes. Ces cornes si malcommodes et si encombrantes lorsqu'on veut serrer les animaux les uns contre les autres à l'auge ou à la traite. Elles auraient été un frein à l'intensification qui est l'aboutissement naturel du travail d'amélioration génétique de l'INRA.
(Institut National de la Recherche Agronomique).
Info supplémentaire :
les béliers de la race Tête Rousse ont continué à faire l'objet de manipulations génétiques par l'INRA, entraînant une "féminisation" des mâles (les testicules se rapprochaient du corps et perdaient leur fonction). "Heureusement", l'INRA a su stopper cette évolution tout en maintenant les caractéristiques "plus de lait, moins de cornes".
Le Bleu Blanc Belge a toujours présenté des capacités à produire "de la cuisse", mais à force de sélectionner sur des individus atypiques exagérément développés, on a fini par produire du culard en série.
De telles conformations dénaturées finissent par poser tellement de problèmes à la mise-bas, pour faire sortir des veaux pré-conformés culards par un orifice qui lui ne s'est pas élargi, que certaines vaches sont maintenues en césarienne permanente; on ne les referme plus complètement entre deux césariennes.
La production agricole coûte trop cher à la communauté. Sa structure est jugée archaïque. Elle est donc un "frein à l'expansion économique de l'industrie et du commerce". La solution paraît limpide : la modernisation de l'agriculture sera conçue comme un soutien direct à la modernisation de l'industrie. On s'appuiera sur les finances des agriculteurs en faisant en sorte qu'ils deviennent des consommateurs de produits industriels (machines agricoles, engrais,...).
On trouve la volonté aveugle d'avoir voulu faire correspondre une population à une logique bureaucratique. Logique qui s'est révélée être systématiquement créatrice de conditions d'existence intenables. Puis, de mesures inadaptées en solutions inefficaces - et surtout méprisantes-, on fabrique des situations humainement invivables mais qui restent toujours sous contrôle... jusqu'au jour où l'émeute vient briser la Belle Histoire.
Ils virent que ce dernier geste bureaucratique avant qu'ils ne quittent à jamais le monde agricole, celui d'empêcher la transmission de leur ferme, était à l'image de tout ce qu'ils avaient vécu ces quarante dernières années à son contact : une insulte à leur intelligence, du mépris pour leur travail.
C'est l'Etat qui nourrit, ce ne sont plus les paysans. Car une "production agricole" ne devient "alimentation" que si elle est passée par toutes les étapes de certification, du respect des réglementations (sanitaires, commerciales, environnementales), si elle a consommé des pesticides et des engrais chimiques, si elle a subi de la transformation agroalimentaire, si elle est passée par des réseaux de distribution. Lorsque cette production agricole a produit de l'emprunt, du travail administratif, de l'activité bureaucratique publique et privée, qu'elle a nécessité de la formation, qu'elle a été le sujet de spéculations et de transactions financières... alors, et alors seulement, la production agricole acquiert le statut d'"aliment". Aliment de masse, issu d'une production de masse pour une consommation de masse dans une société de masse.
Ainsi l'Etat créa et mit sous son contrôle la "filière" de l'élevage. Il lui sera ensuite aisé de mettre en place les mécanismes que nous connaissons bien aujourd'hui, et qui mettent les éleveurs devant le simple choix de s'y soumettre ou de disparaître.
Lorsqu'on lui demanda pourquoi avoir choisi un emblème si peu britannique, il répondit : " Comme le crocodile, le progrès avance en dévorant tout sur son passage, avec ses mâchoires d'acier, et sans jamais se retourner.
Comme à l'époque des Soviets, ce n'est pas la façon dont vous envisager votre propre vie qui compte, mais la façon dont votre vie s'intégrera dans l'avenir de tous. Et ce n'est évidemment pas vous qui pouvez le choisir, puisque cela vous dépasse, mais ce cher modèle de pensée numérique - bel oxymore.
Vouloir abattre la Traçabilité est interprété est interprété comme une tentative d'abattre toute l'organisation. A partir de là, s'entêter vous expose à trouver sur votre chemin, dans le rôle de ses défenseurs les plus acharnés, ceux qui la subissent le plus.