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Citations de Xavier Orville (13)


Chair de sa chair et os de ses os, toujours la terre est plus sensible à l'endroit des racines, et quand on arrache un jeune plant, le cœur saigne à vie.
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Les souvenirs affluent avec cette eau.
Ils glissent comme des gouttes à la surface des feuilles, le long des troncs, imbibent la terre, pénètrent et suivent le tracé des racines jusqu'aux recoins les plus secrets, là où la mort et la vie poursuivent leur dialogue millénaire.
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EDITA BLANCHE

Il se mit à pleuvoir sans autre raison qu'une incontinence de rires qui s'était emparée le vendredi d'avant d'un couple d'amants s'amusant à réinventer l'amour.

Il plut pendant deux jours, puis pendant toute la semaine pour faire bonne mesure. Le temps ne paraissant pas disposé à éclaircir les choses, je fis un saut par dessus l'almanach et retombai loin en arrière, à l'époque où.
La première chose que j'entendis ce fut un hurlement prolongé : ainsi criait Edita Blanche, quand ses orgasmes violents lézardaient les nuits de chaleur.

En ce temps-là, elle vivait avec John Smart, un baryton jamaïcain d'une telle profondeur de voix qu'il fallait plusieurs bathyscaphes pour espérer descendre là où il allait. Cet homme sans moustache était pourtant doté d'un organe puissant : il faisait trembler les miroirs. Il avait traversé la mer et était venu s'installer ici. Ses goûts étaient simples ; il n'aimait que la soupe de pied de veau à cause de la gélatine qui s'en dégageait. "C'est elle qui donne du bronze à ma voix", disait-il.

Il y avait trois mois à peine qu'il avait débarqué, quand Edita Blanche le rencontra ; c'était un jour de mauvais temps, mais elle l'avait trouvé si beau, que le soleil avait aussitôt provoqué une éclaircie par où, elle avait glissé dans l'amour.

Lorsqu'elle l'entendit chanter pour la première fois, elle était revenu chez elle, avait pris ses bijoux et les objets auxquels elle tenait, puis avait abandonné tout le reste à son mari, y compris un vieux perroquet qui s'essoufflait à répéter des gros mots.

Elle installa son coeur et son corps chez John, tomba dans l'exaltation la plus extrême. Jusqu'ici, elle avait passé pour discrète. On la savait silencieuse et voilà que, brusquement, elle se mis à troubler, par ses cris, le sommeil des voisins.

Certains soirs, elle criait si fort que la nuit prenait peur. dans tout le quartier, ses cris poussaient des piquants dans la tête des adolescents et des hommes. Nous avions beau nous boucher les oreilles, nous les entendions jusque dans la galerie de nos os.

Moi, je mettais beaucoup de temps à retrouver le sommeil. Le plus souvent, j'entrais dans un paysage de lianes obscures que j'écartais pour épier les gestes d'Edita. Je la voyais s'avancer nus jusqu'au pied de mon lit, son sexe tiédi de poivre.

Je la mangeais des yeux, mais tellement troublé que je n'arrivais pas à donner le branle à mon désir. Je me suis mis à rêver d'elle toutes les nuits, même celles où elle ne criait pas. J'ai tellement rêvé d'elle que je suis tombé malade. On m'a hospitalisé le 23 janvier...
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On ne pouvait plus se confier, même entre amis ; la franchise valait son pesant de chaînes depuis que, d'une manière ou d'une autre, les masques paraissaient trop crispés pour être honnêtes. C'était toujours Un tel qui avait dit qu'Un tel avait dit à Un tel... Mais qui, Un tel ? En fin de compte on ne savait jamais au juste et les gens se rabougrissaient de peur, rentraient dans la coquille du silence, serrant les fesses, fermant les yeux.
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On jouait à faire semblant, comme les enfants : tu serais un vrai homme et moi je serais une vraie femme, et tu me verrais et tu tomberais amoureux de moi et moi de toi, et nous aurions une vraie maison avec des enfants dedans, des bêtes dehors, des fleurs autour, et tu serais le papa et moi la maman, et puis on s'aimerait toute la vie et puis et puis...
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La saison de l'agonie n'en finit pas. Quand je pense que c'est le dernier pas, le sentier toujours s'allonge et la vie pèse chaque fois plus ; renaissent les douleurs, les vieilles plaies mal fermées, les visages qui pleurent, les mots qui font mal. Les souvenirs que je remue me brûlent. Je consume un bois déjà calciné.
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Les couples d'à présent étaient comme la queue des poules, penchant au moindre vent. Rien de solide. On se prenait comme on prend l'air qui passe, pour le plaisir, sans se soucier de durer. On se quittait aussi au premier courant d'air : la poussière flottant dans un rai de soleil n'était pas plus légère.
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Entre eux — elle aurait aimé pouvoir le dire aux autres —, ils avaient scellé ce qui les dépassait, comme le feuillage dépasse la graine ; ce qui ne pouvait plus se défaire, pas plus que le fruit ne défait sa saveur.
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Cette chose triste, d'avoir des yeux pour rien ! Moi qui aimais tellement la lumière, me voilà en exil. J'aurai beau retourner mes veines refaire le chemin de mon sang, je sais maintenant qu'au bout de mes yeux, il n'y a qu'une longue nuit vide. Le soleil brille ailleurs. Mon cœur a froid. La vie ne donne plus sur mon visage. Il ne me reste qu'à me souvenir des choses que j'ai connues. Je deviens moi-même une chose.
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Malheur au merle qui prétend voler dans les voies de l'intelligence oubliant celles de l'amour. Les graines que nous mangeons mûrissent bien à l'intérieur de deux membranes. Le merle lui aussi mûrit au creux des deux écailles que sont le jour et la nuit, le soleil et la lune, la raison et l'émotion.
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Il fallait faire attention, ne rien gaspiller, tirer le maximum de ce qu'on avait. Un sou était un sou. La vie refermait sa paume sur les gens. Alors ils se débattaient farouchement pour tenter de s'échapper sans une plainte toutefois, les yeux secs et durs, les mâchoires serrées. Lorsqu'ils ne pouvaient plus lutter, ils se couchaient, se dépêchant de mourir pour ne pas encombrer les autres d'un corps inutile.
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Le destin pour frapper choisit les jours gris.
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La vie n'a jamais fini de nous émerveiller, tant la réalité accroche de beautés à notre regard.
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