La communion avec la nature à travers de la peinture ou à travers de la littérature ôte la tristesse, les soucis, l'esseulement et l'oppression du cœur. La pratique de la peinture rend calme, paisible, doux, accommodant, et permet de "nourrir la vie".
(ami(e)s Babelio, vous savez maintenant d'où vous viennent votre grande sérénité, votre aménité, votre immense tolérance et votre douceur d'âme....)
Le volume précédent traitait de la peinture des bambous et de la peinture des fleurs ; celui-ci traite de la façon de peindre les poussins, certains oiseaux, la carpe, certains insectes, la grenouille, le chien et le cheval.
Comment la grenouille et le cheval font-ils partie du même genre que les oiseaux et les fleurs ? Ne sommes-nous pas ici dans cette chinoiserie excentrique dont s'est amusé Borges, cité par Foucault préfaçant "Les Mots et les Choses", en caricaturant un pseudo-classement chinois dans les termes que voici :
"Les animaux se divisent en
a) appartenant à l'empereur,
b) embaumés,
c) apprivoisés,
d cochons de lait
e) sirènes,
etc." ?
.... mais, il ne s'agit pas ici de zoologie, mais de technique de peinture.
Traditionnellement, la peinture chinoise se divise en trois catégories :
la peinture de "fleurs et oiseaux" (huaniao)
la peinture de paysage ou "montagne et eau" (shanshui)
la peinture de "personnages" (renwu)
Ce classement, qui risque de paraître étrange aux yeux des Occidentaux, se fonde sur les conceptions philosophiques et cosmologiques de la Chine antique.
Selon ces conceptions, le monde se divise en 3 parties : le ciel, la terre, et l'homme.
L'homme se situe entre le ciel et la terre car il doit lever la tête pour contempler le ciel et la baisser pour observer la terre.
Or, ce que l'homme voit en levant la tête, ce sont des monts élevés, des cascades, des brumes, des nuages, c'est-à-dire tout ce qu'exprime la notion de paysage, qui se dit en chinois "montagne-eau".
Et ce qu'il voit en baissant la tête, ce sont des plantes et des animaux, ce qu'exprime l'expression chinoise de "fleurs et oiseaux".
Tous les arts chinois de l'écriture, aussi bien la peinture à l'encre et à l'eau que la calligraphie et que la composition poétique, nourrissent l'énergie vitale. Shitao, dans ses "Propos sur la peinture, va jusqu'à dire que c'est précisément parce que l'être humain possède le don de nourrir la vie qu'il est capable de peindre
"la réalité concrète des monts et des fleuves et de l'infinité des créatures, saisie sous ses aspects variés : à l'envers, à l'endroit, de biais, de profil, concentrée, dispersée, proche, lointaine, intérieure, extérieure, vide, pleine, interrompue, prolongée, en gradation successive, dépouillée, florissante, flottante, évanescente",
"en tirant du pinceau et de l'encre une réalité qui ait chair et os, ... ... exprimant dans chaque détail la totalité de son âme"
"Je ne sais pas si je suis papillon ou si le papillon est moi" !
(Zhuangzi (369-286 av.J.-C.), philosophe taoïste
Pour représenter la nature dans son essence même, il faut d'abord être capable d'en percevoir la beauté et la délicatesse.
La carpe n'est pas un poisson comme les autres pour les Chinois. Selon une légende, elle saute vigoureusement pour rivaliser avec le dragon et occupe donc une place privilégiée dans la culture traditionnelle.
La nature enrichit notre vie car elle nous offre un monde dans lequel notre esprit peut se reposer tout en augmentant notre vie spirituelle.