LES POulains, un film co-réalisé avec Yann Degruel et adapté d'un poème de José Eustasio Rivera.
Production C.CHROMATIQUES / CAP CANAL Diffusion CAP CANAL ( TV jeunesse Lyon ) .
Lorsque je rentre de ma nuit de veille, j'ai la sensation d'avoir fait un voyage dans un monde utopique idéal et bienveillant où les intelligences sont au service des plus faibles, on prend soin des pathologies sans jugement et ça me donne des ailes ! Un monde que je ne connaissais pas.
- Tu ne sais pas lire n'est-ce pas ?
- Non...
- Sais-tu ce que c'est qu'un livre ?
- Oui, j'ai vu lire à la messe.
- Alors tu comprends qu'on peut mettre des prières dans un livre...
On peut aussi y mettre des histoires, comme si on nous les racontait...
- Ha... des histoires...
Ces paroles furent pour moi une sorte de révélation.
- Comprends aujourd'hui, mon garçon...
... que la vie est trop souvent une bataille dans laquelle on ne fait pas ce qu'on veut.
Sans doute c'étaient là des paroles de sagesse, ou tout au moins d'expérience. Mais il y avait un fait qui, en ce moment, criait plus fort que toutes les paroles : la séparation. Je ne verrais plus celle qui m'avait élevé, qui m'avait caressé... Celle que j'aimais... Ma mère !
- C'est donc ça ! Petite gourmande ! C'est cette plante que tu viens manger, petite coquine !
Là-haut, tout là-haut, sur ce piton rocheux poussait une plante sauvage des montagnes...
Une plante que Saba ne connaissait pas, une plante que la chèvre connaissait très bien...
C'était même la raison de ses escapades montagnardes !
Il nous faut attendre le jour, dit Vitalis, et il s'assit devant le feu, la tête entre ses deux mains.
Je n'osais pas le troubler. Je restais immobile près de lui, ne faisant un mouvement que pour mettre des branches sur le feu. Il me semblait que j'aurais mieux aimé qu'il me grondât plutôt que de le voir ainsi morne et accablé.
Mais il ne disait rien, il ne me regardait même pas, il restait la tête penchée au-dessus du foyer, sans doute il songeait à ce que nous allions devenir sans les chiens, comment donner nos représentations sans eux ? Comment vivre ?
Le lendemain, lorsque nous nous rendîmes à Ussel, mon émotion était vive.
Mes camarades de comédie étaient habitués, tandis que moi...
... c'était la première fois.
J'avais fait des cauchemars toute la nuit, il y avait des gens qui se moquaient de moi.
C'est ici que je suis tombé malade.
- Cet enfant doit aller à l'hospice.
- Il n'en est pas question. Puisqu'il est venu tomber à notre porte c'est que je dois le garder.
On ne laisse pas tomber un enfant avait ajouté Pierre Acquin le jardinier.
- Laisse ! Ce sont des mendiants ! [une mère à son enfant]
Mendiants ! Cela n'était pas juste, j'avais chanté dansé, ce qui était ma manière de travailler, quel mal avais-je fait ?
Tendresse vaut mieux que richesse, ce n'était pas d'argent que j'avais besoin, c'était d'affection.
J'avais attendu ce moment [les retrouvailles avec sa famille] avec une telle impatience fiévreuse et je restais embarrassé, ne trouvant rien en mon cœur à leur dire, pas une parole de tendresse...
Étais-je donc un monstre ? Si j'avais trouvé mes parents dans un palais, ma réaction aurait-elle été différente ?
Cette idée m'étouffa de honte.