Actuellement nous pouvons lire plein d avis différents sur le livre "Naissance"
Tant que vous n avez pas lu ce livre vous ne pouvez émettre de jugements car l interprétation de celui ci sera différent en fonction de votre vécu , de votre propre naissance... Bien sur ce "pavé" de plus de mille pages pourrait en effrayer plus d un.. Moi même d ailleurs
étant blonde et belge j ai hésité avant de l acheter..mais n ayez crainte, il peut se lire par parcimonie, partout, on peut le laisser le reprendre, relire un passage, passer les passages qui nous plaisent moins..seul inconvénient son poids et taille car je l ai emmené lors de mes différents voyages et il prend un peu de place..
Ce roman est complètement différent et original, c est un concentré de démesure, cela nous change des romans bien lisse..moi qui aime les spectacles humoristique, le théâtre, l opéra, le cinéma, j ai découvert un spectacle littéraire burlesque!
Monsieur Moix a choisi l humour pour nous parler de choses ignobles tout en gardant le plaisir du bon mot...
Dans ce monde où tout doit aller très vite, où nous sommes tous accros à nos écrans de Smartphone de télévision, quel bonheur de se plonger dans ce pavé où notre imagination peut vagabonder, quel délice de prendre le temps d une pure stimulation intellectuelle et au final aussi revivre notre naissance et commencer notre renaissance..
A consommer sans modération..
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Aller au-delà de la polémique suscitée par ce livre.
Oublier la médiatisation du personnage et les phrases déplaisantes entendues par-ci par-là.
Que contient ce livre?
Un « dedans » et un « dehors ».
Le premier fouette la bien-pensance.
Il y eut d'autres exemples dans la littérature, en voici un de plus qui bousculera les braves gens.
Le degré zéro de l'amour parental y est décrit.
Les mots y deviennent durs, laids, abjects.
Les actions ne le sont pas moins et l'on se demande comment cela a pu être sans réaction d'aucune sorte dans l'entourage de cet enfant martyrisé au-delà de l'inimaginable.
Du moins est-ce ce que l'auteur nous conte, d'autres réactions ont lieu.
Le lecteur lit, reçoit en plein visage ces monstruosités.
Le deuxième, plus clair, irradie de cette recherche adolescente : la découverte de soi et de l'autre.
Tour à tour maladroites, comiques, émouvantes, agaçantes, avec son lot de tristesses, d'incompréhensions, de non-dits et d'humiliations, ces évocations racontent les marques indélébiles qui perdurent (paroles-gestes-amour bafoué-mort).
De très beaux passages sur la notion de temps et sur l'écriture amènent une réflexion et donnent une profondeur à cette partie.
Quelques avis personnels sur l'enseignement, sur les années 70… sont effectivement très personnels.
La beauté du livre réside dans cet amour total et intense des mots et de la littérature.
André Gide, le plus aimé, est le sauveur de l'enfant malheureux et incompris dans sa quête de lui-même comme dans son rêve d'écriture.
Hommage lui est rendu ainsi qu'aux autres auteurs qui ouvrirent des mondes, des sensations, des vies à celui qui souffrait et se cherchait.
Une vie parmi d'autres, une expérience livrée en toute « humilité » comme l'auteur l'écrit, la construction d'un homme et d'un écrivain.
Le style montre un talent dans la simplicité, une écriture qui coule belle et précise.
Un témoignage.
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Ce roman du jeune Yann Moix de 29 ans, le deuxième paru, est superbement écrit ; mais d'une cruauté insoutenable (pour moi) : une femme occasionne la mort de ses deux enfants dans un accident de voiture. Son mari imagine un moyen pervers pour la punir : la pousser au suicide en utilisant à son égard deux armes odieuses, l'indifférence et un silence accusateur. Y parviendra-t-il ? Je n'en sais rien car je ne terminerai pas ce livre dans lequel un homme sans merci s'octroie le rôle du Dieu Vengeur. Il y développe l'histoire d'une mise à mort jubilatoire et hideuse, d'une constance inhumaine.
Il m'est devenu évident au fil des pages que la haine du narrateur pour sa femme préexistait à la mort des enfants, et qu'elle avait trouvé là un prétexte commode pour s'épanouir, parée du manteau vertueux de l'amour paternel.
Je crois cette oeuvre excellente, mais je n'ai pas supporté sa désespérance. Evidemment, comme j'ai pu m'en rendre compte en parcourant le livre en diagonale, j'ai raté l'argument principal de l'auteur, qui est le revirement des sentiments du narrateur à l'égard de sa femme.
Tant pis !
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Un homme écrit une lettre de rupture à la femme qu'il a aimée.
On retrouve dans cette oeuvre le génie stylistique de l'auteur, sa profondeur d'analyse, ses formules fulgurantes ainsi que la sincérité douloureuse qui est sa patte personnelle.
Voici quelques extraits en vrac :
On perce mieux les mystères de l'univers en finissant clochard dans sa propre venelle que muni de sa carte Visa sur l'Amazone à Belém do Para.
... les larmes, ces poèmes du corps...
Il me fallait du neuf, de la chair inédite, du coccys impénétré, du non encore visité par ma secousse.
Le sexe est chronophage : tandis que l'on s'y livre, on ne lit pas Zola.
Les gens sont plus intelligents seuls.
L'amour est plus méchant que la guerre, puisque la guerre consiste à faire du mal à ceux que l'on n'aime pas.
On pénètre dans le couple par la porte Carmentale, en char fleuri de jasmins sous le patronage ému des nymphes : on s'en évade par le hublot des sanitaires.
L'amour, c'est de l'infini qui se rétracte.
Depuis je suis la tristesse et la grisaille entière. Dans chacune de mes mains, un oursin.
Ma gueule veuve et solitaire qui marche sous les gouttes froides.
Pourtant je préfère "Naissance" à "Une simple lettre d'amour" : ce qui fait pour moi la force de Yann Moix, c'est son extrême vivacité, la profondeur de ses analyses ainsi que sa très grande mobilité imaginative. Là, forcément, le déploiement de ces qualité est limité par l'unicité du thème.
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Que l'écriture représente pour Yann Moix une raison d'exister, soit. Mais que la littérature se transforme en moyen de régler ses comptes et de prendre à témoin (et en otage) ses lecteurs, il y a alors à l'oeuvre une inclination pernicieuse.
Chez Yann Moix, ce phénomène de dénaturation (et de manipulation), autant de la parole écrite que parlée, est indissociable du personnage qu'il s'est forgé. Si l'on fait abstraction de son côté provocateur et sulfureux (mais comment le faire?) et que l'on se concentre uniquement sur la qualité littéraire de ses livres, sans se demander s'il s'agit, comme dans le cas d' « Orléans », de la pure fiction ou de l'autobiographie (voir d'un mélange des deux), que trouve-t-on vraiment, et que restera-t-il dans 20, 50 ou 100 ans?
Le nec plus ultra, ou rien de bien marquant, rien de bien édifiant, rien qui n'ait pas été déjà dit, avec plus de sobriété, de classe et de finesse par des auteurs passés à la postérité, c'est à dire ceux auxquels Yann Moix fait parfois allusion dans ses propres récits ?
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Une longue complainte nombriliste et autocentrée, fort bien écrite au demeurant, faisant preuve de l'apitoiement permanent d'un esprit imbu de lui-même au point que l'une des causes premières de ce comportement destructeur ne suscite même pas la compassion.
Je n'appréciais pas le personnage, il transparaît fortement dans ce livre. Il va falloir que j'en lise un autre de lui pour me faire une idée du romancier.
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Je ne comprends pas.
Vraiment.
Pourquoi Yann Moix est aussi détesté ?
Pourquoi on ne l'aime pas ?
Alors oui, le personnage public est honni, certes il peut être odieux, prétentieux, en un mot imbu de lui-même.
Mais ce n'est qu'un masque que porte ce cher Moix. Un masque pétri de névroses (Merci Maman, merci Papa), J'y reviendrai.
Oui, j'aime Moix, infiniment, complètement, sans retour.
Alors que l'on aime ou pas le personnage (car il y a deux Yann Moix ; celui des plateaux de télé, provocateur insupportable, tel un gamin blessé qu'il est, mais également, et cela il le cache, un vieux gamin désabusé, malheureux, dépressif), il est indéniable que son écriture est extraordinaire, lumineuse, sublime. Cela on ne peut pas lui retirer.
Il utilise à loisir une conjugaison désuète, certes, mais savoureuse.
J ai rarement lu un style aussi beau, juste, précis.
Dans cette galerie de personnages, certains sont truculents et si bien décrits.
Je pense à Delphin Brach dont les tirades sur les femmes feraient bondir les #meetoo.
Un vrai moment de bonheur littéraire que ces portraits de femmes faciles, dont Brach honore tout à loisir. Cet homme à femmes, dont le style est savoureux, pourrait avoir sa place parmi la gouaille d'un Audiard.
Dans ce livre, Paris, Moix est un Rastignac arrivé de sa province.
C'est le quatrième opus et le dernier visiblement. J'ai adoré Orléans, le premier tome, et Paris vient en second dans mes préférences.
Yann Moix nous narre par le menu la difficulté d'écrire son premier ouvrage, Jubilations vers le ciel, premier livre, prix Goncourt du premier roman tout de même.
Mais Yann est dépressif, doute de lui tout le temps, est rattrapé par son passé de maltraitances parentales.
J'ai adoré le passage sur la boîte de nuit Les Bains où j ai eu mes entrées il y a cela de nombreuses années, avec le portrait extraordinaire de la physio de la boîte mythique, Marilyne, que j'ai bien connue.
Il y a des fulgurances dans ce livre-là.
Un talent époustouflant, un regard sur soi sans indulgence, toujours à se dénigrer, à se détester, à se maudire.
Il n'aura pas toutes les femmes qu'il veut, il est trop triste et trop maladroit.
Il explique, et c'est très touchant, les sévices multiples de ses géniteurs, qui l'handicapent et le freinent dans sa recherche d'un bonheur imparfait, certes, mais un bonheur tout de même.
Yann Moix est dépressif, doute de lui, est imparfait à ses yeux.
Ce que l'on prend pour de l'arrogance n'est autre que les séquelles de son enfance massacrée.
J ai également beaucoup aimé sa théorie sur ses échecs ; enfant maltraité à outrance (Je n'y reviendrai pas, lisez Orléans), il'a une toute petite image de soi, il est timide à outrance, il est maladroit, parfois insupportable, certes, mais si malheureux finalement. Son regard est triste, ce qui fait fuir les dames et la copulation. C'est bien connu, les enfants maltraités sont tristes à l'âge adulte. Et on les fuit.
La double peine.
Il a été mis au banc des accusés pour avoir été franc.
Et c'est tout à son honneur.
Il publiera son premier livre et l'apportera chez Grasset.
La suite, on la connaît.
Ah, j'allais oublier l'essentiel ; j'ai ri à gorge déployée, lors de ma lecture, car oui, Moix est drôle.
C'est cela que j'affectionne particulièrement ; la schizophrénie de Moix ; on rit, et l'on pourrait pleurer. Un roman complet finalement.
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce dernier opus, en espérant que son auteur soit mieux compris, et que l'on lui pardonne ses éclats télévisés.
Et oui, j'aime Yann Moix.
Mais cela, vous l'aurez compris.
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Cette autofiction ressemble aux livres de Christine Angot, la comparse de l'auteur à la télé.
Ce n'est ni bon, ni mauvais.
Je connais bien Orléans et je m'attendais à une description plus intense de cette ville de province aux portes de Paris.
Pour moi, il s'agit d'un récit journalistique, ce qui n'a rien d'étonnant puisque Yann Moix est journaliste avant d'être écrivain.
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Roman burlesque sur les sosies, fable sur les années clo-clo, balade nostalgique au musée Grévin des icones de la culture populaire, Podium raconte drôlement une histoire désespérée : comment le désir d'être célèbre est devenu la religion des temps moderne.
Je n'ai pas vu le film, mais le bouquin est désopilant. Les batailles de sosies m'ont fait hurler de rire.
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J'aurais dû lire "Reims" avant "Paris", mais cela a peu d'importance, car la pâte est la même, et c'est une bonne pâte.
Le narrateur intègre une école de commerce de deuxième catégorie à Reims, où il rencontre d'autres recalés des grands concours parisiens. Raté pour raté, autant ne pas faire les choses à moitié et former société avec les plus grands loosers de l'établissement. Loosers dans leur tête, surtout, mais c'est comme si ce qu'on avait dans la tête clignotait sur le front : tous s'en rendent compte, les filles surtout.
Le petit groupe philosophe à la petite semaine et va de bitures en bitures dans une spirale descendante qui les colle plus souvent qu'il le faudrait au lino jamais lavé de leurs studios d'étudiants.
Pour mieux supporter un milieu ambiant délétère et des études qu'il exècre (marketing, économie, comptabilité, droit), le jeune Moix se consacre à la littérature et à la philosophie, ce qui lui procure de grandes jouissances solitaires mais ne lui assure pas un succès éclatant aux examens (ni auprès des filles qui se refusent toutes obstinément à lui, pourquoi, il n'est ni très laid, ni très bête, mais voilà, le manque de confiance en soi est très pénalisant : cela rappelle beaucoup "Extension du domaine de la lutte" et son inexorable sélection sexuelle).
Heureusement la littérature tirera le jeune naufragé par les cheveux : il sortira de ces trois années d'apparente stagnation et de fréquentation assidue des oeuvres des phrères simplistes (trois lycéens poètes des années 1920 qui hantèrent eux aussi l'ennui rémois, René Daumal, Roger Gilbert-Lecomte et Roger Vailland) avec une farouche résolution : "Je décidai de devenir le personnage de mes oeuvres inexistantes et géniales. Demain, tout-à-l'heure, après la pluie, j'irai montrer mes pages aux éditeurs et à la postérité".
Il arrive que la lumière jaillisse de l'obscurité et que le temps qui semblait irrémédiablement perdu ne l'ait pas été.
***
Ps : rajouté à la suite de la lecture de commentaires trouvant l'auteur très sarcastique envers autrui et beaucoup trop auto-centré :
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J'ai trouvé ses portraits de condisciples de Reims assez "empathiques", justement : jamais il ne les démolit, parce qu'ils partagent un malaise comparable au sien. Son regard est lucide, mais indulgent, sans jugement sur ce que sont les êtres au fond : ils sont le miroir les uns des autres et comme il est lui-même, il les voit : nulle arrogance à leur égard. Leur pratique frénétique de la masturbation est le symbole de leur désenchantement : se contenter de pis-aller au lieu de la vraie vie ; constat que les choses ne sont pas ce qu'on vous avait laissé entendre ; illusions perdues de Moix qui, sorti des griffes parentales, croyait que la vraie vie allait commencer.
Ce que j'ai aimé ce sont les portraits atemporels, de ces jeunes hommes, Roger Lecomte, René Daumal, Roger Vailland et Robert Meyrat et de leurs désarroi comparés à ceux de Moix et de sa bande soixante dix ans plus tard. Non, la jeunesse n'est pas le plus bel âge de la vie, c'est celui où les jeunes adultes sont pris en tenaille entre leurs aspirations et le désir forcené de prouver à leurs parents qu'ils ne sont pas les "nuls" qu'on croit. Ah ! le terrible destin des fils ! (je pense à la mère de René Char qui considérait son fils comme un raté parce que la poésie ce n'était pas "viril" : il fit d'ailleurs, pour lui complaire, des études à l'Ecole de commerce De Marseille (tiens !) ; il devint aussi résistant, mais jamais ne trouva grâce à ses yeux).
Vingt ans : l'âge où on commence à comprendre que la vie ne vous attend pas avec un bouquet de roses et qu'il faudra survivre à bien des déceptions. Il y a ceux qui se suicident, et ceux qui deviennent des morts vivants, aigris, méchants. Les phrères simplistes finirent mal dans l'ensemble : alors quel avenir pour la promotion Moix ? L'auteur, au tout dernier chapitre de Reims, se révèle à lui-même : il sera son propre sujet littéraire !
Car Moix s'est choisi comme sujet : ce n'est pas plus sot que parler de ce qu'on ne connaît pas car dans le moi pas mal de choses se reflètent : anamorphose du moi.
Un énorme ego, Moix ? Oui ! Alors autant en faire la source de son inspiration. de toute façon on ne tourne jamais en rond qu'autour de son nombril. Il le fait brillamment.
Cette quadrilogie intitulée "Au pays de l'enfance immobile" (excellent titre ! ) devra un jour, à mon sens, ne faire qu'un seul volume avec ses quatre sous-parties : Orléans, Reims, Verdun, Paris.
Pour l'instant, le choix des quatre livres est parfait.
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Formidable roman, ce n'est pas qu'un petit chef d'œuvre, il y a certes des listes, des énumérations, des catalogues mais je ne me suis pas ennuyé une seconde. Les dialogues sont parfois hilarants, il y a un comique de l'absurde, des néologismes croustillants. On croise Brian Jones, Georges Bataille, André Gide, et de nombreuses personnalités des années 70. C'est peu dire que je recommande ce livre.
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J’ai voulu lire ce « roman » deux mois après sa sortie, une fois les polémiques sur le thème récurrent de style « doit-on écrire toute la vérité sur sa famille » évaporés. Et j’ai envie de conclure ce battage médiatique par une question qui m’est venue aussitôt à l’esprit une fois la dernière page tournée : « tout ça pour ça » ? Franchement, c’est vraiment parce que monsieur Moix appartient à « l’intelligentsia » parisienne bobo que tant de voix se sont élevées pour cancaner. En effet, la thématique de la maltraitance est récurrente dans les récits à portée autobiographique, et Yann Moix n’apporte rien de nouveau dans ce domaine… Les sévices sont toujours répugnants à lire quelque soit l’auteur qui a eu le courage de les écrire.
Bref, si je voulais lire le dernier roman de cet auteur, c’est qu’avant sa publication, des journalistes en avaient vanté la qualité stylistique, à tel point qu’on l’avait déjà sélectionné pour certains grands prix d’automne. Ayant particulièrement apprécié ses précédents romans, tels « Podium » et « Panthéon », ma curiosité livresque naturelle m’a fait me jeter sur ce livre dès sa sortie. Le pataquès médiatique en aura reporté la lecture, mais je ne regrette pas d’être aujourd’hui capable de me construire ma propre opinion, un peu sur le contenu donc, mais beaucoup sur ledit style.
Je dois donc reconnaître que les premières pages m’ont conquise par leur musicalité. Ainsi cette phrase : « Dans la salle de classe, éclairée par des néons grésillants, j'éprouvais, dans la bouche, ou plus exactement au fond du palais, un goût d'amande et d'abri. » m’a aussitôt transportée assise à côté du petit Moix sur un banc de classe de maternelle, suçotant la petite pelle d’une célèbre colle à l’effigie d’une Egyptienne, avec ce sentiment d’innocence et de bien-être qu’on ne connait que dans la plus tendre enfance.
Mais, hélas, les phrases vont vite se durcir, voire s’appauvrir, abordant dans la première partie du livre, intitulée « Dedans », les cruautés infligés par les géniteurs de l’auteur et dont le style se retrouve immanquablement assombri, ainsi que, avouons-le, beaucoup moins travaillé.
La deuxième partie, intitulée « Dehors », elle, m’a parue lourde, obséquieuse quant aux auteurs du siècle dernier tels Gide, Péguy et Ponge. Certains passages m’ont semblé même être proches du plagiat ! J’ai eu l’impression que plusieurs plumes se substituaient l’une à l’autre. Et puis, le petit Moix, là, reprend de la hauteur ! « A quatorze ans, j'étais riche déjà d'une œuvre inachevée et inachevable considérable. » : quelle fatuité ! Le jeune homme ne parvient pas à séduire les filles malgré les lettres enflammées qu’il leur envoie, et en conclut finalement qu’elles font preuve de mauvais goût.
Par ailleurs, de petites incohérences entre les deux parties me questionnent : dans la première, les parents semblent confisquer et détruire tout ce que Moix lit et écrit, alors que dans la deuxième partie, à la chronologie ancrée par les années scolaires de manière parfaitement identique, il y a profusion d’œuvres diverses et d’écrits rédigés de la main du petit Yann…
Bref, une lecture dont je ressors plus que désappointée…
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J'aimerai connaitre ses commentaires si ce livre avait été écrit pas quelqu'un d'autre ... Deux parties complément dissolues et sans rapport, la première sur la maltraitance de ses parents la deuxième sur son rapport à la littérature, l'écriture et ses déboires amoureux. Aucun intérêt sinon pour l'auteur soit pour une thérapie soit pour son portefeuille.
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Provocateur, cru et osé! Dans la forme comme dans le fond! "Partouz", comme son nom l'indique déjà, est un roman qui choque et qui retient l'attention et, en bien ou en mal, il ne laisse pas indifférent.
Le récit est celui d'un jeune homme qui tombe amoureux d'une jeune femme dans le métro, la suit et découvre qu'elle fréquente les clubs échangistes. Pour la séduire, il va donc lui-même se mettre à la pratique de la "partouz", et son récit est celui de son aventure, de son amour, mais aussi plus largement de sa vie, de ses pensées et de ses délires. Il y sera donc question de sexe bien sûr, mais aussi de romantisme, de terrorisme et d’idéalisme...
J'ai personnellement trouvé ce roman plutôt bon, certaines idées développées gagnent à être connues et certains passages sont vraiment crument délicieux! Par contre, je l'ai trouvé assez inégal et si j'étais plongée dans certains chapitres, j'ai carrément eu envie d'en sauter d'autres tant ils m'ont ennuyée! "Partouz" ne reste donc pas dans ma mémoire comme un coup de cœur, (d'ailleurs, de nombreux pans du livres ne me restent pas en mémoire du tout!) mais il a quand-même un petit quelque chose qui vaut le détour...
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Toujours Moix, fidèle à son style riche au point d'en paraître un peu désuet, mais j'aime ça.
Des temps de galère à Paris dans les années 90 avec des rencontres hautes en couleur, les souvenirs du passé qui ressurgissent de l'enfance comme de rances dégueulis, toujours à point pour expliquer (justifier ?) la complaisance dans l'alcool, la fréquentation des marginaux, les échecs sentimentaux, un roman qui n'avance pas ; Inquiet, paumé au point de supporter les conseils de n'importe qui (le pathétique et immonde Delphin Drach) et de ne jamais les suivre (heureusement, qui sait si, dans la vraie vie ...?) ; mais sa foi en sa vocation d'écrivain, son attachement à Péguy, Gide, des pères pour lui, mieux : des mères, rien à voir avec des géniteurs ; des pères et mères par l'esprit.
Bien sûr on dira que Moix fait du Moix, ne sait faire que ça, et que sous une apparente humilité, son ego reste coincé dans les portes.
C'est vrai.
Que Moix est si sûr de son intelligence qu'il n'hésite pas à se reconnaître toutes les formes de bêtises possibles.
C'est encore vrai.
Mais ne parlons-nous pas tous de nous, avançant masqués sous divers discours où il n'est question que de nous et de notre sagacité, unique entre toutes, quand bien même nous semblons nous intéresser à la voûte du ciel ou aux mérites comparés de marques de Whisky ?
J'aime Moix parce qu'il n'est pas aimable : c'est bizarre de le dire ainsi, mais c'est ce que je ressens.
J'aime Moix parce que sa souffrance aurait pu en faire un mort, et qu'elle en a fait un vivant dont les cris rauques ressemblent à ceux d'un chat fuyant l'eau bouillante.
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«J'avais toujours aimé la compagnie des cancres, des ravagés, des excessifs, des démantibulés, des cas sociaux, des déchets, des inadaptés - des infréquentables.» p.58
Comment aurait-il pu en être autrement ?
Quand on a été un enfant maltraité, quand on n'a pas été aimé de ses parents, comment simplement se sentir «aimable » : digne d'être apprécié et estimé? Comment peut-on s'imaginer mériter ce à quoi on aspire ?
Rien d'étonnant, donc, à ce que le jeune Moix se retrouve à Reims, ville glauquissime, étudiant décalé d'une Ecole de seconde zone, au milieu de décors crasses et de personnages aussi désabusés que mortifères : on attire ce qu'on pense mériter.
Mais généralités et logique s'arrêtent là.
Car, depuis son enfance, Yann Moix bénéficie d'une particularité : l'extraordinaire capacité à s'extraire mentalement d'une situation, alors même qu'il la subit de plein fouet factuellement, pour ne pas dire carrément physiquement.
C'est comme si, conscientes des atrocités du parcours à venir, les fées penchées sur son berceau avaient décuplé, que dis-je : centuplé! ses réserves d'espoir, de force, de courage et de chance.
«J'étais pénétré de mort, mais une lumière, infime et vertébrale, nue, vint me visiter. Ce fut mystique : dans cette écoeurante confiture de futurs diplômés satisfaits, une embrasure me souriait - la littérature. J'étais certain cette fois de ma vocation. » p.97
Une fois de plus, c'est à la littérature que Yann Moix doit son salut : celle de ses auteurs préférés, celle des Phrères du Grand Jeu, celle qu'il produit et qui lui permet de respirer. Et il le lui rend bien : sa plume est magnifique; le style raffiné donne aux descriptions un côté précieux et charmant qui transcende un peu la dureté et l'enfer du décor.
Yann Moix a raison: le phénomène est «mystique». Chez les autres, on l'appelle instinct de survie ; chez lui, je crois qu'on a carrément affaire à la grâce. C'est dire où je situe «Reims» : du côté du meilleur et du plus troublant.
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