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Critiques de Yann Queffélec (627)
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La mer et au-delà

"C'est pas l'homme qui prend la mer

C'est la mer qui prend l'homme, ta tin

Elle prend pas la femme

Qui préfère la campagne." Renaud.





Yann Quéfellec connait une Florence qui préfèrait la mer, à la terre ferme. le marin, Le Breton pur beurre s'en souvient...





Il pleut sur ce "manoir désert, au bord de la rade de Brest" et sur le rivage, et si le vieux loup de mer a de l'eau dans les yeux, c'est qu'il pleut sur son visage.





-"Vous avez remarqué ? Je l'appelle Florence, pas Flo, ni Mimine".

Cette drôle de femme imprévisible, cette "petite fiancée de l'Atlantique" qui faillit mourir d'un accident de voiture, à 17 ans.





Cette petite sirène qui désirait écrire un livre, avec son ami Yann. Mais, il y avait du vent dans les voiles, des bourrasques, un avis de tempête et le projet tomba à l'eau...

-" Florence debout sur l'échelle de baignade, les pieds dans la mer, le dos tourné... Sa longue chevelure cuivrée ruisselle entre ses omoplates... Je reçois des gouttes d'eau qui m'aveuglent, hélas".





Yann Quéfellec le regretta souvent et ce livre est un hommage à son amie. Il a pris la barre pour témoigner et rester dans le sillage de celle qui gagna, contre vents et marées, la "Route du Rhum", en 1990...





Le 29/10/2011, quand Florence tomba à l'eau en pleine nuit, au large du Cap Corse, dans une eau à 18 degrés... Elle dut se débarrasser de ses vêtements et surtout des bottes auxquelles elle tenait beaucoup. Heureusement, grâce au téléphone étanche acheté avant de partir, elle appela sa mère qui demanda à son frère de contacter les secours...

"Et je vous jure, que j'ai pensé à ça...Au destin qui ne plaisante jamais." Raconte Yann Quéffelec.





Quand Florence, à bout de forces, coula au fond de l'eau, ce fut un pompier, installé sur l'échelle de l'hélicoptère de secours, qui la récupéra par les cheveux!

-"On peut dire que je suis une miraculée, le Diable n'a pas voulu de moi!"





Cette histoire, elle était en train de la raconter, quand elle entendit l'hélicoptère de "Dropped", en Argentine, le 09/03/2015. Ce jour là, le Destin était en marche...





"Flo

C'est bien le nom que tu voulais

Toi qui ressemble à la marée

Sous tes paupières ultra marines

Parfois, je lis ou je devine

La solitude des bateaux." Pierre Bachelet.
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Les noces barbares

Si avec un peu d’amour, juste un peu d’amour, un enfant grandissait en paix.

Si avec la résilience sur les chemins en déroute, la vie se montrait un peu clémente.

Si l’intelligence se mariait aux sentiments, y aurait-il une toute petite place pour les enfants malheureux.

Si la chance se montrait généreuse, les étoiles protégeraient.

Si l’espoir existait, cela se saurait.



Avec des si, on referait un autre monde. Avec des si, la nuit ne s’abattrait pas sur les noces barbares comme une plainte craintive et saignante.



Ludo, tu es arrivé le jour où les loups ont dévoré ta mère, tu as crié ta première larme quand ta mère vomissait la sienne. Tu n’as rien demandé à personne et elle t’en veut ta mère Nicole. Adolescente, jeune, naïve, elle croyait du haut de ses quinze ans à l’amour dure toujours, à l’amour c’est beau comme une fleur au printemps. Mais Will, son petit ami, il voyait l’amour dans un bain de sang. Une première fois, cela ne s’oublie pas. Et tu ne l’oublieras jamais ta première fois Nicole. Déchirée, violée, bafouée, dans ta robe décousue, tu portes en toi le fruit de la honte et de l’horreur. Non Ludo, tu n’y peux rien. On ne peut simplement pas donner de l’amour faute d’un marécage de haine. T’es né dans la merde et pas dans l’amour Ludo. Tu seras toujours seul parce que tu fais honte à ta mère, honte à tes grands parents. Tu dormiras dans le grenier, tu ne recevras qu’insultes et reproches. T’existes, c’est beaucoup trop. Tu es le miroir de l’horreur. Même si t’es qu’un gosse, un enfant du bon dieu. T’aurais pas dû naître.

Maintenant que tu es là, tu cherches l’amour de ta mère qui jamais ne vient. Tu grandis comme un dingo à qui on n’a rien appris, rien donné. Ta mère ne te supporte plus, elle te voit pas, elle voit que les loups affamés, que la folie des noces barbares. Tu vas être placé à l’institut Saint Paul. Faut t’éloigner, faut t’éviter, faut t’oublier. Toi tu n’oublies rien. Tu écris à ta mère qu’elle vienne te voir mais tu es toujours tout seul. Un pauvre vagabond abandonné. Pourtant tu n’es pas méchant, ni simplet, t’as juste jamais été aimé.



Pas de pathos. Pas de larmoiement. Juste une histoire triste à mourir. Aucune lumière ne perce derrière les barreaux. Une mère et un fils emprisonnés dans leur souffrance. Ils n’avaient rien demandé à personne. La vie s’est chargée d’eux. Barbares sont les noces, noires comme une nuit sans étoile. Les chiens errants lèchent la rosée, il n’y a plus aucun espoir. Tu crois que plus bas que terre tu finis par remonter, mais non, le jour il ne veut pas voir. Le jour il peint tout en noir pour pleurer en secret.



Barbares.

Les noces.



Traumatiques.

Irréversibles.

Inexorables.

Interminables.



Brillant, c’est les noces barbares.

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Les noces barbares

Une femme peut-elle aimer son enfant lorsque celui-ci est le fruit d’un viol ?

C’est ce sujet douloureux que nous propose Yann Quéfelec dans ce très beau roman plein de force et de pudeur.



Nicole, adolescente trop crédule se laisse séduire par un militaire américain qui la viole avant d’en faire profiter ses copains.



Lorsque Ludo vient au monde, il représente la honte absolue pour la famille de la jeune fille qui le cache dans un grenier jusqu’au mariage de sa mère avec Micho, un brave homme auprès duquel l’enfant trouvera un semblant d’amour.



C’est l’histoire d’un môme qui n’aurait pas dû naitre, qui n’a pas de place dans l’existence. Qui mendie désespérément l’amour maternel, cherchant à se plier à ses quatre volontés, attiré par sa lumière et sa beauté comme un papillon de nuit. Mais qui n’obtient jamais un geste de tendresse, ni même d’attention.



L’écriture de Yann Quéfellec est magistrale de justesse, sans jamais tomber dans le pathos. Les mots font mal, les phrases claquent comme des coups de fouet. On ressent une immense compassion pour ce petit garçon, une envie de le serrer fort et le protéger.

Quant à la fin, elle est à la fois d'une beauté et d'une tristesse infinie.



Lecture forte, puissante, couronnée en 1985 par un Prix Goncourt, ô combien mérité.

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Les noces barbares

Une jeune fille ( presqu’une petite fille) s’éprend folement d’un de ces militaires amérricains stationnés en France après la seconde guerre mondiale. Jusqu’à braver tous les codes sociaux, moraux, et familiaux , pour fuguer un soir, avec des vètements qui ne sont pas les siens, des atours destinés à séduire le G.I qui d’ailleurs, lui a promis le mariage et un avenir éblouissant, avec l’assentiment de ses parents.



Bien sûr, les intentions du soldat ne sont pas toutes aussi pures que les espoirs de Nicole et la soirée se transforme rapidement en situation d’horreur orgiaque. Soumise aux délires sexuels de trois hommes avinés, soldats « fétant » la fin de leur mission en France.



De cette union barbare, naîtra Ludovic. Honte inavouée de la famille et symbole de la déchéance maternelle, on le cachera pendant des années dans un grenier, à peine nourri, considéré comme un animal.

Ludovic était déjà un peu limité, mais ces années sans sociabilisation ne vont pas arrranger son profil. Il sera toujours tenu à l’écart que ce soit par sa famille, l’école, les soi-disant copains !

Et même quand il sera pris en charge par un établissement dit spécialisé il aura toujours du mal à comprendre ce que l’on attend de lui.



Yann Quefelec a une grande capacité à nous mettre dans la peau de Ludo, mais aussi de tous ses personnages, de nous faire raisonner comme eux, ressentir les mêmes émotions, les mêmes peines.

Tout est abordé dans ce livre ; Ce pauvre Ludo est idiot, inadapté, enfant non-désiré, juif, boche… tout y passe dans l’esprit des « bonnes gens ».



Il s’agit pourtant d’un gamin sympathique, que l’on a envie de protéger et qui tout à coup sème le doute et que l’on aurait peut-être envie de gifler si on l’avait au quotidien.

On oscille entre la vision d’un enfant relativement sain et pourtant rejeté par des adultes qui semblent avoir de bonnes raisons de le faire, et un enfant/ado/adulte qui raisonne dans son monde et dans l’attente de l’amour des autres.



Chacun des personnages rencontrés à sa personnalité, ses tares, ses fantasmes et ses travers. Il n’en est pas un qui soit parfaitement lisse ou cohérent.

Ce livre est merveilleux, plein d’espoir et cependant désespéré, magnifiquement écrit sur un terrible sujet.



Je connaissais Yann Quefelec médiatiquement, mais là je suis tombé sur un grand roman.

Prix Goncourt ? Mais c’est évident !

J’en suis sans voix, heureux et ému. Je le conseille à tout mon entourage, donc aussi à ceux d’entre-vous qui ne l’auraient pas encore lu.

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Les noces barbares

Il était une fois un gentil petit garçon , Ludovic , choyé par des grands-parents aimants et une maman surprotectrice qui le couvait de son amour journalier . Bon , visiblement , ce scénario ininteressant et convenu à la miévrerie sirupeuse n'a pas tapé dans l'oeil de Queffélec qui a décidé d'en conter son exact opposé . Une couverture rose , pastichant de façon éhontée la délicieuse collection Harlequin , gage d'amour forcément contrarié mais au final toujours vainqueur . Huuum , prometteur tout ça ! Amour contrarié , le doux euphémisme que voilà ...

Ludovic , victime expiatoire d'une jeune mere démissionnaire et aussi encline aux marques d'affection que le Trésor Public à vous restituer de l'argent , connaitra une vie météorique au cours de laquelle il découvrira un panel de sentiments divers et variés tels que tristesse , désillusion , peur , colere...mais jamais au grand jamais il ne touchera du doigt ce sentiment maternel bien légitime que l'on nomme amour !



Ludo est le fruit d'un viol ! Fruit pourri dès sa naissance . Cicatrice que l'on cache au grenier , tache indélébile sur l'arbre généalogique des Blanchard , batard emmuré dans un silence familial se voulant punitif . Sept longues années à ruminer , seul , à espérer et quémander le moindre signe d'affection de la part de Nicole , sa maman qu'il aime malgré tout...A entendre , par une lucarne , le bruit de la mer qu'il n'a jamais vu mais qu'il apprécie terriblement .

Pas facile de se construire...Puis vient le temps de l'espoir symbolisé par Micho , un brave mécanicien veuf assorti de son fils , Tatav , publicité vivante des méfaits du Mc Do et peu partageur quand à l'amour paternel . Tatav est un passionné malgré tout ! Il vit pour deux choses : emmerder le monde et s'emmerder tout seul en pratiquant un petit loisir assez peu représenté dans le milieu associatif : la scatophilie . Une mere desormais esclavagiste , un demi-frere jaloux et merdique , un beau-pere aimant mais ayant bien du mal à s'affirmer face à sa nouvelle compagne : rien de nouveau sous le soleil . Ludovic subit encore et encore . Ses rares éclaircies , il les doit à Nanette , la cousine qui voit en lui ce qu'il est , à savoir un petit garçon en mal d'affection qu'elle s'efforcera de lui apporter avant de personnifier l'adage : ce sont toujours les meilleurs qui...Quand ça veut pas...



Nicole ne supporte plus son fils . Désormais prégnante , c'est là l'occasion de s'en débarasser en l'expédiant illico presto dans une pension assez particuliere : le Centre Saint-Paul ,établissement mixte dévoué aux simples d'esprit . Car si Ludo n'est pas attardé , il en présente tous les symptomes . Son phrasé est parfois incohérent et souvent aléatoire , ses réactions atypiques mais comment en etre autrement apres un tel parcours ? Mademoiselle Rakoff , vieille fille acariatre , regne en maitre sur ce petit monde et prendra tres rapidement en grippe le dernier arrivant . Les pensionnaires sont éclectiques . Cela va de l'autiste au délirant en passant par l'halluciné . Un monde hétéroclite favorisant peu l'épanouissement personnel . Olidon , nain trigant et posteur , verra d'un tres mauvais oeil sa cote de popularité chuter au profit d'un Ludo n'ayant rien fait pour . Bref , les jours passent et se ressemblent , le confortant dans sa solitude innée , ses parents trouvant toujours un pretexte pour échapper à la visite dominicale . Quand ça veut pas...



Et le pire reste à venir . Ce bouquin est une ode à la désillusion filiale . Un chant puissant clamant haut et fort les couleurs de la solitude et du ressentiment . Porté par une écriture magistrale , ce récit vous colle un bourdon terrible . Ce petit bonhomme , condamné des la naissance , cristallisant la faute supreme sans en etre en rien responsable , est desormais voué à une vie de ténebres , à une quete sentimentale que l'on sait vaine mais en laquelle il s'evertuera à croire jusqu'au bout , son reve ultime etant de se retrouver enlacé dans les bras de sa mere , désormais baigné d'un amour maternel qui toujours lui fit défaut .



L'on peut accoler pléthore de rimes aux Noces Barbares : carambar , canard , Giscard , j'en passe et des moins bons . Il en est un que l'on doit taire impérativement : espoir .
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Dictionnaire amoureux illustré de la Bretagne

Très beau livre sur la Bretagne présentée par Yann Queffélec sous la forme d'un dictionnaire, avec sa sensibilité personnelle, donc un choix des mots bien à lui, sans écarter les incontournables d'une terre-pays pour les bretons.



Ainsi, il évoque des lieux, des personnages célèbres, des spécialités culinaires, des épopées, des particularités bien locales, tout ce qui fait de la belle Bretagne une région à découvrir par les routes, les sentiers, la mer.



Pour les célébrités, d'abord Florence Arthaud, en évoquant d'ailleurs son livre dans lequel elle raconte sa chute en mer de nuit au large de la Corse, une véritable héroïne. Et bien sûr, un autre mythe de la mer, référence entre toutes, admiré par tous les gens de mer, Eric Tabarly. Puis,, Ernest Renan, Jules Verne, Chateaubriand, les peintres avec notamment la photographie d'une très belle marine bleue de Georges Lacombe.



Pour la gastronomie, les pâtisseries comme le far ou le kouign-amann, mais aussi le homard, il ne cite pas les huîtres de Paimpol, si délicates, à la saveur qui porte tout le parfum de la mer bretonne.



De nombreux lieux et villes sont dans ce dictionnaire, photographies à l'appui, comme les alignements de Carnac, le havre naturel de la Brière, Saint-Malo, Brest, un coucher de soleil saisissant sur la pointe du Raz, par mer calme.



D'autres photographies sont très émouvantes, comme celle de l'auteur en compagnie de son père, Henri et une citation de lui où se mêlent la nuit, la mer, le soleil et ces "tendresses mouillées de l'aube et de l'aurore". Ou encore, celle de Tabarly, compas en main dans une lumière ajoutant à sa dimension de héros des mer.



Bien plus qu'un dictionnaire, ce livre est le reflet de la passion d'un homme pour "sa" Bretagne dont il sait transmettre l'amour qu'il éprouve pour elle.

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Les noces barbares

Ludovic a les même grands yeux verts que son père. Mais son père n'est pas un papa, c'est un violeur. Un soldat américain qui a abusé d'une jeune fille de treize ans avant de retourner dans son pays, auprès de sa femme.

Alors la mère et les grands-parents boulangers de Ludovic ne supportent pas les grands yeux verts du petit garçon, ça leur rappelle le drame. L'enfant vit reclus au grenier, attifé de vêtements féminins, mal nourri :

« Nicole avait refusé son lait ; le boulanger refusait son pain. »

De loin en loin, Ludovic reçoit la visite d'une cousine, Nanette, une chouette fille qui essaie de lui apprendre à lire, à écrire. Pourquoi n'irait-il pas vivre chez elle ? Elle ne demande pas mieux. Mais non, il ne le mérite pas...



Terrible roman, sombre, suffoquant, qui nous laisse peu de répit. De rares rayons de soleil avec la tendresse de Nanette, l'affection de Micho, qui réchauffent brièvement le coeur glacé du lecteur, mais pas celui de l'enfant, qui souffre trop, depuis trop longtemps, d'un cruel manque affectif. C'est la reconnaissance de sa mère qu'il attend, il n'y a que cela qui puisse le rendre réceptif à l'amour des autres. Alors le lecteur garde la gorge nouée parce que Ludovic est attachant, bouleversant, mais que visiblement personne ne peut rien pour lui. La seule qui pourrait - sa jeune mère - ne le peut pas, revivant à l'infini à la vue de cet enfant le traumatisme d'un viol collectif, pas aidée par des parents bornés qui ont honte et la traitent de catin.



J'ai dévoré ce livre, au programme de 3e de ma fille. Je l'avais lu à sa sortie en 1985, je me souvenais seulement de l'abandon maternel consécutif à un viol et de la douleur d'un enfant. J'ai redécouvert une excellente plume, très classique, qui pourrait être celle d'un auteur du XIXe, et tous les changements dans la vie de Ludovic que j'avais oubliés. Ce roman est l'un des plus poignants que j'aie lus à ce jour, il me semble, à cause de la douleur morale du petit et du sentiment de révolte et d'impuissance qui étreint le lecteur.



On peut y voir un plaidoyer en faveur de l'avortement, de l'adoption. Mais surtout de la parole entre adolescents et adultes - les dégâts auraient été moindres si les parents de la gamine violée n'avaient pas réagi ainsi.

C'est une bonne idée de faire lire ce roman à des collégiens dès 13-14 ans, si souvent persuadés d'être mal aimés, d'avoir des parents tortionnaires, d'être enfermés... Suis mon regard, ô jeune fille qui ressors de cette lecture impressionnée et conquise.



Le roman a été adapté en film, cela me bouleverse d'imaginer qu'on ait pu faire endosser ce rôle à un enfant.

• Merci à Latina qui me précise que "c'est surtout sur le Ludovic jeune homme (Thierry Frémont) que le réalisateur a insisté, et sur la mère (Marianne Basler)".
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Les noces barbares

Voici une relation mère-fils à l'extrême opposé de celle de "La promesse de l'aube", que je viens de lire.

Ludo est le fils de Nicole, le fruit du viol collectif de celle-ci alors qu'elle n'avait pas 15 ans. Non désiré, rejeté par sa mère mais aussi par ses grands-parents, le garçon est livré à lui-même depuis le plus jeune âge, enfermé dans un grenier comme un animal. Enfant sauvage, on ne lui a inculqué aucune notion d'hygiène, aucune bonne manière, aucun code social. Mais on lui reproche d'être sale et répugnant, mal élevé, bête, de ne jamais dire "maman", lui qui sait à peine parler et ignore ce que sont la tendresse et l'affection.

Alors que le gamin a cinq ou six ans, Nicole se marie avec Micho, un brave type, qui se prend d'affection pour Ludo, mais cela ne suffira pas. Nicole, hantée par ses fantômes qu'elle retrouve dans le regard de son fils, le fait placer dans une institution pour débiles légers. Mais les choses ne s'arrangent pas davantage, et Ludo, qui veut retrouver sa mère, adorée en dépit de tout (mais qu'a-t-il compris de l'amour, cet enfant ?), s'échappe. Et tout cela finira mal.

C'est peut-être un mauvais timing de lecture*, mais je n'ai pas aimé lire cette histoire. J'aime le noir, mais là c'est trop. Sombre, glauque, malsain, j'ai eu l'impression que l'auteur se complaisait à saturer le lecteur de détails sordides, à mettre en scène des personnages odieux et détestables. Je peux comprendre qu'une mère rejette son fils après le traumatisme d'un viol, mais les grands-parents ? J'ai peine à croire que la peur du qu'en dira-t-on rende les gens aussi stupides, cruels, inhumains. Et que dire de la directrice de l'institution, vieille fille frustrée et d'une perversité sans nom. Il y a bien quelques bribes de bienveillance chez Micho et d'autres personnages secondaires, mais elle est vaine, maladroite, niaise, tellement inutile qu'on finit par penser que personne ne se préoccupe réellement de Ludo. Paroles, paroles… Pas davantage de chaleur dans l'écriture, froide, sans pathos, clinique. C'est peut-être bien écrit (Goncourt 1985, si cela a une signification) mais cela se traîne en longueur et cela ne suffit pas à rattraper tant de noirceur et de désespérance.



*Mais quel est donc l'impact du confinement sur la sensibilité d'un lecteur ?
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Les noces barbares

Première rencontre avec Yann Queffélec, couronnée de succès.



J'ai tout de suite été saisie par le style, une petite voix dans mon crâne me disant que cette écriture m'en rappelait une autre à laquelle j'étais particulièrement attachée. Il a fallu encore quelques paragraphes d'une narration naturaliste et franche pour que je mette le doigt dessus : Zola. Rien de moins. D'autres réflexions sont venues étayer mon comparatif audacieux au fil de ma lecture : roman social, roman noir, drame, folie, maltraitance...



"Les noces barbares" auraient aussi bien pu s'appeler "Les vies violées". Tout commence dans la violence, celle d'un crime odieux perpétré sur une adolescente par trois soldats. La haine née de la violence - et avec elle Ludovic - enchaîne tous les protagonistes de ce récit dur et troublant - qui m'a tiré des larmes - dans un réseau serré et inextricable.



Je considère le thème de la folie comme un des plus délicats à traiter en littérature et Yann Queffélec n'a certes pas volé son prix Goncourt 1985 : l'émotion est palpable, le malaise croissant, les sentiments partagés, l'atmosphère oppressante, la pitié impuissante.



"Les noces barbares" forment le récit d'un calvaire. Ludovic, enfant illégitime rejeté, maltraité, torturé et enfermé est l'incarnation de la solitude et de la marginalisation qui mènent au désespoir et à la folie. Un martyr innocent dans les deux sens du terme et pour lequel il est impossible de ne pas ressentir de compassion.



Une lecture qui remue en profondeur.





Challenge ABC 2016 - 2017

Challenge ATOUT PRIX 2016 - 2017

Challenge MULTI-DÉFIS 2017

Challenge GONCOURT général
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Les noces barbares

J'avais mal choisi mon moment... Les deux premiers mois de l'année, mes énergies positives sont généralement en pleine hibernation et il faut peu de choses pour me plomber un moral déjà raplapla.

Et, là, c'était trop. Beaucoup trop !



Dès les premières lignes du roman on est plongés dans le glauque, le sordide, l'infâme et l'immersion se poursuit jusqu'à la dernière ligne. On pressent très vite que tout espoir est vain, que rien ne sera épargné à ce malheureux enfant.

À l'exception de deux ou trois personnages de second plan dont la bienveillance n'aura que très peu - voire pas - d'impact sur sa destinée, tous ceux qui sont intervenus dans sa courte vie n'ont été que des monstres de bêtise, d'égoïsme et de lâcheté. Déversant à l'envi sur cette innocence tout ce qu'ils avaient en eux d'ignominie, de bassesse, de frustration et de haine. Toutes et tous ont défoulé sur ce gosse leur médiocrité, leurs ratages et le lui ont fait payer au prix fort.



C'était trop. Beaucoup trop !

Je n'ai pas le goût du sordide et encore moins en Janvier.



Prix Goncourt bien mérité, néanmoins.

Ce n'était juste pas mon moment.
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Les noces barbares

Quand un livre commence par un viol, on présage la noirceur du récit.

Sauf que c'est pire que ça. Le drame continue au travers de la triste vie de l'enfant né de ce viol. On ne juge pas la mère puisqu'elle a été violée au lieu de vivre sa première histoire d'amour, qu'elle est très jeune, et qu'elle est sous le joug de ses parents qui pensent avant tout au "qu'en dira-t-on". Mais de constater que la victime peut être bourreau à son tour est toujours dérangeant. C'est une facette de l'être humain qu'on préfère ignorer. Se dire qu'il y a une frontière infranchissable entre la victime et le bourreau est plus confortable.

Alors évidemment, ce livre est dérangeant.

Un livre à lire en somme...
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Les noces barbares

"Un jour il pleura des heures et se regarda pleurer dans le miroir, n'éprouvant rien, ni douleur ni peine. Il saignait comme un astre mort, sans blessure apparente."



Magnifique. Un drame qui marque longtemps, j'en suis certaine.

Ludo, comme ta vie aura été étroite dans ce buisson de ronces, plus tu voulais t'échapper plus les ronces s'agrippaient à toi et te lacéraient le corps et l'âme. Tu saignais et tu aimais.

Cette écriture -écorchée, splendide- de Yann Queffelec, colle si bien à ce maquis ténébreux qui enveloppe ce gamin cherchant désespérément une étincelle d'amour.



Je l'ai trouvé "F.P.M.B." Cadeau

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La menace

Ce n'était pas ma première rencontre avec Yann Queffélec mais je crois que ce sera peut-être la dernière (je ne dis pas jamais, mot qu'il ne faut Jamais prononcer surtout en manière de découvertes littéraires, moi qui suis en général un peu curieuse de tout).

Ouvrage que l'on m'a donné avant le confinement pour intégrer le fonds de la médiathèque dans laquelle je travaille, j'étais curieuse de savoir de quoi il en découlait et si ma curiosité à été satisfaite, une fois encore, je reste un peu déçue par l'écriture de l'auteur, que je trouve un peu trop abrupte. La moindre des choses est que l'on ne peut pas dire que l'auteur cache ses intentions ni même qu'il prenne des gants pour faire ressortir le caractère de ses personnages.

Ici, le lecteur découvre Charlie, un petit Zaïrois, adopté par une famille de retraités et leur fils Eric. Ce dernier, profondément raciste et voyou à ses heures perdues, ne se gêne pas pour faire ressentir à "l'autre", le nouveau, qu'il n'est pas le bienvenu.



Aussi, Charlie a-t-il pu quitter l'Assistance et s'est promis de ne jamais y retourner pour ce qu'il croyait être une vie meilleure mais tiendra-t-il le coup face aux menaces et aux insultes incessantes de son frère d'adoption ?



Un roman court, avec de très bonnes qualités littéraires il va sans dire mais cela doit venir de moi car je n'ai pas vraiment réussi à accrocher (l'histoire m'a tout de même interpellée et faite réagir) mais j'ai eu beaucoup de mal avec l'écriture, ce qui explique ma note mitigée pour cet ouvrage (vous me direz il en faut pour tous les goûts aussi je vous laisse libres juges. A découvrir !
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Le sel de la Bretagne

Le sel de la Bretagne est une invitation à voyager dans le temps et dans les souvenirs d’auteurs du terroir.

Quand un collectif partage ses souvenirs, ses anecdotes, ses histoires. Tout vit, s’empreint de nostalgie, d’humour, de beauté.

Jusque là, la Bretagne c’était une terre de légendes, Brocéliande, l’ankou, les druides, le Triskel. Mais aussi l’océan, ses tempêtes, ses marées ( quel mystère pour une méditerranéenne). Et ensuite, Pêcheurs d’Islande, Bécassine, la musique.

Mais le temps de cette lecture, j’ai découvert une autre bretagne, grâce à ce collectif, ce pays s’est matérialisé avec ses peintres au printemps, son millefeuille du Faou,… je ne cite pas tout. Et le fou-rire que m’a fait prendre Yann Queffélec avec Météo.

J’en ressors avec l’envie de visiter tout ces lieux, qui m’ont séduite, à travers les récits de ces auteurs

Merci Les Presses de la Cité pour ce dépaysement.

#Le sel de la Bretagne#NetGalleyFrance

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Osmose

"Il se fait comme ça, entre les rêves et la conscience éveillée, des échanges mal définis : une sorte d'osmose, peut-être, on ne reconnaît pas que cette pensée vient encore du sommeil... elle a traversé la membrane..."

Cette citation d’Aragon me semble convenir assez bien à l’atmosphère de ce livre.



Toxique aurait pu en être une autre pour qualifier cette relation entre le père et le fils. La manipulation psychologique dont fait l’objet ce gamin est infâme. Elle m’a souvent fait faire des bonds. En ce sens, je suppose que l’auteur a atteint son but ou l’un d’entre eux.



Pierre, un jeune adolescent, est expédié sur l’île Désertas dans un pénitencier pour mineur. Ça, c’est le premier chapitre. Les autres chapitres s’attardent sur sa vie, et ce qui l’a conduit dans ce pénitencier. Mais comme dirait son père Marc, l’index posé devant la bouche : « motus » …



L’approche est assez déroutante. J’ai parfois eu du mal à identifier le narrateur, principalement au début. C’est comme des brides de subconscient qui tentent, tantôt de revenir à la surface, tantôt d’être étouffées. En refermant le livre, je me suis quand même demandé ce que Pierre (l’adolescent) savait vraiment. Il remet par exemple parfois en cause l’interprétation de certains propos de Marc sur sa mère qui ont lieu avant sa naissance. Mais quelles vérités est-il en mesure d’exhumer sous cet amas de déjections mensongères ?



Certains éléments m’ont aussi paru étrange, hors contexte, ou je n’en ai pas saisi la portée. Je n’ai pas bien compris par exemple la valeur ajoutée des scènes concernant ce pénitencier aux allures de Sa majesté des mouches de William Golding. Les personnages secondaires sont également parfois un peu décevants, comme celui de Laura, l’assistance sociale, que je n’ai pas trouvé très crédible, ni très psychologue.



L’ambiance est un peu trop malsaine pour moi mais les amateurs devraient y trouver leur compte. C’est un livre dérangeant à l’écriture heurtée tout comme ses potagistes et sinistre à l’instar d’une nuée de vautours tournoyant avidement au-dessus d’une proie pas tout à fait à point…



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Les noces barbares

Prix Goncourt 1985, Yann Queffelec a obtenu une juste récompense avec « Les Noces Barbares ».

En dépit de la dureté du récit, ce roman sombre et triste se lit facilement et tient en haleine de la première à la dernière page. C'est avec grand talent et habileté que l'auteur décrit le pire et raconte dans un style captivant la vie d'un enfant, devenu adolescent, en cruel manque de tendresse et d'affection de la part de sa mère.

Durant tout le livre on se demande si l'enfant est né avec une maladie mentale ou si son état est dû à ce douloureux manque de tendresse et d'attention ; certainement un peu des deux.

Cette constante quête désespérée de tendresse, de reconnaissance et d'amour de la part d'un fils perdu dans un abîme d'indifférence ne peut laisser le lecteur insensible. Ludo n'a qu'un objectif et celui-ci l'obsède constamment : être aimé de sa mère qui lui refuse toute affection. Il recherche désespérément la reconnaissance de sa mère. Pourtant celle-ci lui refusera toute affection et le privera de toute manifestation de sentiment ou de tendresse, trop marquée, blessée, par un passé haï et son fils qui lui rappelle inexorablement ce passé.

Sans cesse le lecteur a l'impression qu'il aurait suffi d'un rien pour que cet enfant en souffrance, et inapte à la vie en société, puisse enfin s'épanouir et vivre normalement. Le roman laisse sans cesse le lecteur espérer un infime moment de joie, que Ludo ait enfin la reconnaissance tant attendue et qu'il trouve la paix.



Ce roman éveille certains enseignements chez le lecteur concernant l'âme humaine. Il est parfois difficile de faire la différence entre une victime et un coupable, on peut quelquefois être les deux. Il serait ainsi facile de juger la mère, enfant à peine adolescente, elle qui n'a pas su trouver sa place de mère, a subi la haine et la colère de ses parents, et qui a été détruite au plus profond d'elle-même.

Ce roman démontre également qu'il n'y a pas seulement des maltraitances physiques mais que des mots, des incompréhensions, des rejets peuvent également se transformer en maltraitance pouvant entrainer de graves conséquences sur la personnalité d'un enfant puis de l'adulte qu'il deviendra.



Ce roman, d'une beauté sauvage et cruelle, est un de mes livres préférés et nul doute un des meilleurs prix Goncourt.

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L'homme de ma vie



Un mois et demi, déjà.. que j'ai rédigé cette chronique



Hasard des trouvailles, et des flâneries en librairie. Deux raisons à mon choix: la Bretagne, un écrivain breton des plus significatifs, et un hommage vibrant d'un fils devenu lui-même écrivain, fasciné par une grande figure paternelle, qui fut simultanément synonymes de "terreur", "modèle" et "vénération"...

Un style jubilatoire, un peu surchargé à mon goût, avec quelque mal à accrocher au départ...qui s'est heureusement débloqué au fur et à mesure du récit !



J'ai le souvenir lointain de rapports fort tendus entre le fils et l'auteur de ses jours...Dans ce récit on constate que les rapports entre le père et le fils ont toujours été houleux...et plus !!! Yann s'est toujours senti le mal-aimé, le "canard boiteux" de la famille aux yeux du père, car la maman était aimante, et admirative de son fils, de ses tout premiers écrits... contrairement au père dont on sent l'ambivalence et l'omniscience constante...



Un récit bouleversant où on sent simultanément l'amour fou d'un fils pour un père exceptionnel mais aussi un gâchis, de la douleur, une demande d'amour filial, à jamais insatisfaite !



On constate toutefois deux passions fortes entre le père et le fils, qu'ils vivent chacun , avec leur personnalité distincte: les mots, l'écriture et la mer, et les bateaux...



Le hasard de mes dernières lectures m'a fait me plonger dans différents hommages filiaux, avec "Suite à la dernière leçon" de Noëlle Châtelet, "ma mère du Nord" de J.L. fournier et enfin cet "Homme de ma vie" de Yann Queffelec...



13 janvier 1992, décès d'Henri Queffelec... Nous pouvons observer qu'il aura fallu à notre écrivain plus de 20 années pour pouvoir entamer ce "monument de mots" à la gloire de cette figure paternelle, gigantesque...

Un mélange subtil , explosif d'amour et de peines pas vraiment apaisées.



"Plongée ces jours-ci dans -Mémoires d'une jeune fille rangée-, je m'aperçois grâce à Simone de Beauvoir, qu'il faut dire aux enfants les sentiments qu'ils nous inspirent et qu'il est délicieux d'éprouver à leur contact. Tu as bon cœur, mon chéri, et tu devrais parler à ton papa. C'est un homme secret, mais tellement bon. Souviens-toi qu'il n'a jamais connu son père. Un mot de ta part lui délierait la langue aussitôt. Un mot suffit pour se dire les choses, et peu importe qui fait le premier pas. Tu ne le regretteras pas, mon chéri. Tu m'ôteras un tel poids du cœur ce jour-là. Et crois bien que je lui parle à lui comme je te parle à toi. Mauriac a bien raison d'épingler le mutisme imbécile des familles ravagées par le malentendu." (p. 156)

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Les noces barbares

Ludo, rejeté par sa famille, est un genre de petit sauvage à qui on n'a pas inculqué les règles élémentaires (comme la propreté...) et se trouve incapable de livrer le fond de sa pensée à ceux qui l'entourent - seul le lecteur en profite ! Le pauvre bougre est rejeté dès sa création et accusé de tous les malheurs du monde, puis on lui rebat sans cesse les oreilles avec le fait qu'il est sale, sournois même et idiot. Pas de quoi s'en étonner lorsque pour seule éducation, il est enfermé dans une sorte de grenier, avec la porte bien fermé à clé, qu'on le nourrit de restes (quand on daigne le nourrir!) et qu'on ne lui adresse pas la parole.

Quant à l'affection, c'est bien sûr une chimère ! C'est dans la 2ème partie du roman que Ludo comprend petit à petit la tragédie qu'est la sienne, à savoir l'absence d'amour : "Tout le monde s'aimait (...) lui seul restait toujours seul." Alors il s'invente une vie ( "Il prenait livraison des sentiments qu'on lui refusait.").

Pourtant, ni lui ni sa mère ne se libèreront du secret qui les a uni - à savoir le terrible viol de Nicole par 3 soldats américains.



La première remarque que je ferai est qu'il est bien agréable de lire la plume d'un romancier qui écrit bien le français (à l'inverse de certains contemporains portés aux nues par les médias et les éditeurs).

L'écriture est très pudique, il y a beaucoup de non-dits dans cette histoire tragique. Et lorsqu'un évènement est décrit en détails, c'est choquant !

J'ai eu plus de mal à m'habituer au parler paysan des personnages et aux motifs presque gênants du sang, de la nudité et des excréments dans la 1ère partie. Le romancier n'attend pas du lecteur qu'il ait de la sympathie pour ses personnages, toutefois, j'ai bien aimé le personnage de Micho, le garagiste généreux et crédule.



J'ai été tour à tour très emballée et gênée par ce roman qui met à mal le mythe de l'instinct maternel et explore l'univers de l'aliénation mentale.

Il servirait presque d'avertissement aux adolescentes naïves qui rêvent du grand Amour.



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Les noces barbares

J'ai l'impression d'avoir mis une éternité à lire cet ouvrage ? Pourquoi ? Trop plein au niveau de l'écriture, trop vide en étant dépourvu de sentiments de la part des protagonistes, trop violent également dans la première partie, bref Trop !

Ludovic est un enfant non désiré, venu au monde suite au viol collectif de sa jeune mère, Nicole, encore adolescente à l'époque. Mal aimé, pour ne pas dire exécré autant bien de la part de celle qu'il n'appellera jamais "maman" et de ses grands-parents, Ludovic reçoit néanmoins un peu d'affection de la part d'une cousine, "Nanette". Cependant, élevé dans un grenier, cloisonné et caché au monde extérieur comme étant le fruit de la honte, il se renferme de plus sur lui-même et finit par être considéré comme un demeuré. Il aurait pu avoir une chance d'avoir une autre existence lors du mariage de sa mère (mariage sans amour cependant avec Micho) si "Elle" (sa mère avait daigné lui donné un peu d'affection ou du moins le considérer comme son fils et non comme une chose immonde sortie de ses entrailles. Ludovic va devoir bien vite quitter Les Buissonnets où sa mère vit désormais avec Micho et son fils Tatav. Lui ne demandait jamais rien, si ce n'est qu'elle le regarde autrement qu'avec du mépris...



Voilà le décor planté mais notre jeune Ludo, lui, est bien loin d'avoir fini de déménager et d'être confié à qui voudra bien de lui. La question qui se pose alors est la suivante : et lui, dans tout cela, le veut-il aussi ?



Un roman dramatique qui m'a beaucoup touché mais une écriture avec laquelle j'ai eu du mal à accrocher et je sais que je n'ai probablement pas su apprécier cet ouvrage à sa juste valeur à cause de cela. Je ne peux néanmoins que vous le recommander mais attention : âmes sensibles, se préserver en débutant cette lecture (chose que je n'ai pas faite, et qui fait que je sors de cette lecture non pas anéantie mais pas loin, d'où cette recommandation !
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L'homme de ma vie





Pas facile d'être le fils de. Dans « L »homme de ma vie », Yann Quéffelec le prouve à travers un livre qui aurait pu être un réquisitoire sans retour sur un père qui n'ouvrit presque jamais son cœur à ce fils qui pourtant choisit la même voie et obtint le Goncourt pour « Les noces barbares », d'ailleurs la scène de l'annonce du prix, par le fils au père est le parfait exemple de cette déconnexion familiale. Yann raconte tout cela dans un style riche (parfois un peu trop), les malentendus, les disputes, les absences, l'incompréhension, la dureté d'un père fermé, autoritaire. Quéffelec fils, malgré les rendez-vous manqués, racontent ces peines, ce manque d'affection. Il utilise un l'humour bienvenu, il n'est pas revanchard, juste lucide. Son récit est celui d'un homme qui a su trouver sa place, regarder vers la mer (que son père aimait lui aussi) pour trouver les bons vents, histoire de rappeler qu'il peut-être fier de son parcours malgré ces blessures paternelles.

Emouvant.
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