Même si Delilah servait le seigneur de l'automne, même si, grâce à lui, elle pouvait se transformer en panthère, au fond d'elle-même, elle restait un petit chat fragile.
(Delilah vue par sa sœur Menolly).
- Y a-t-il une chance qu'elle travaille avec des humains ?
- C'est possible, mais en général les humains qui s'associent avec des démons ne vivent pas assez longtemps pour qu'on s'en préoccupe. Ils ont trop lu de contes de fées. Ils croient qu'en échange de leur âme, le diable leur donnera tout ce qu'ils désirent. Ils ne se rendent pas compte que ces règles n'existent que dans leur monde. Les démons utilisent les autres à leur avantage et, quand ils en ont fini avec eux, ils se débarrassent des restes, c'est aussi simple que ça.
En Outremonde, la terre était tellement liée à ses habitants, que, ensemble ils formaient une communauté. Même dans les bois les plus sombres, on se sentait accueilli et compris. Sur Terre, un grand gouffre séparait la forêt et les gens, ce qui expliquait le manque de confiance que je ressentais chez la plupart des humains que j'avais rencontrés. Ils ne faisaient pas confiance à la nature, craignaient le primitif et se démenaient pour apprivoiser tout ce qui croisait leur chemin. C'était comme si les terres sauvages étaient en guerre contre l'humanité. Si seulement on pouvait parvenir à un compromis...
Parfois, il fallait repousser ses inquiétudes au fond de son esprit pour se concentrer sur ce qui se trouvait devant nous. Parfois, il fallait oublier sa peur du futur et vivre pour le présent.
- On a mieux que ça ! Flam, si vous vous transformez ici, l'espace sera suffisant. Vous ne pourrez pas vous battre, mais vous prendrez de la place et ils ne pourront pas tous rentrer !
- Comme c'est charmant. C'est la première fois qu'on me demande de servir de presse-papiers géant.
Les voleurs comprennent rarement le concept de propriété, qu'ils soient humains ou ogres.
- (…) Je suis un homme d'honneur.
- Mais pas forcément un homme de vertu, rétorqua l'étranger.
- La vertu n'a rien à voir avec la moralité, dit calmement Trillian.
(…)
- Mais la moralité dépourvue de vertu est une fausse victoire pour l'honneur. (L'étranger secoua la tête.) Tu ne peux pas effacer le pouvoir de la foi, ni celui des dieux.
Trillian s'esclaffa.
- Le pouvoir des dieux mène souvent au chaos, sauf pour les dieux eux-mêmes. Combinées, la vertu et la moralité sont dangereuses. Les fanatiques finissent toujours par tuer ceux qui ne sont pas d'accord avec eux. Alors restons-en à l'éthique et laisse la religion en dehors de tout ça.
On ne peut vraiment pas compter sur le système éducatif, aussi bien en Outremonde qu'ici, marmonna-t-elle. Mais ça ne me surprend pas. Chaque fois que des mortels sont impliqués, ils oublient le passé et répètent leurs erreurs.
- Chaton, tu es peut-être 'fair-play', mais Wisteria est notre ennemie, n'oublie jamais ça, dis-je en tapotant avec précaution les bords du pansement. Ces démons sont sanguinaires. Ils veulent envahir ce monde, notre monde. Ils ne vont pas faire les gentils et épargner les femmes et les enfants. On ne peut pas les laisser gagner.
Ses lèvres tremblèrent. Ma sœur au grand cœur, qui voulait toujours croire au meilleur, était toujours positive et ignorait tout aspect négatif, commençait à comprendre le côté sordide de la guerre. La leçon était dure, mais elle devait l'apprendre.
Les gargouilles ne ressemblent à de la pierre que si elles sont liées à une quête. Par nature, elles sont des observatrices, des témoins. Elles sont relativement intelligentes et ont un vocabulaire limité. Par contre, elles ne pensent pas de la même façon que nous. Elles vivent aussi très longtemps, plus que les Sidhes. Certaines des gargouilles sur les murs de Notre-Dame ou d'autres cathédrales sont en stase pour observer ce qui se passe sur Terre. Cela fait tellement longtemps qu'elles font partie des statues qu'elles ne sont peut-être même plus capables de se retransformer.