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Citation de Woland


Woland
29 septembre 2012
[...] ... - D'après ce que j'avais entendu dire, enchaîna le patron de Daïtokuya, je pensais qu'une salle de thé se devait d'être de petites dimensions, mais à présent que je suis installé dans cette salle spacieuse, je crois vraiment que c'est ce qui convient le mieux au thé. Je suis plein d'admiration pour ce que vous avez construit là, [Monsieur Uraku] !

- Qu'il existe de petites salles est une bonne chose, mais je voulais qu'on puisse se divertir paisiblement dans celle-ci. Dans une petite salle, cela finit toujours par être un combat ; et qui dit combat, dit gagnant et perdant. On finit comme Monsieur Rikyû : on ne peut éviter d'attirer la mort.

- Pourquoi Monsieur Rikyû a-t-il attiré la mort ?" demanda le patron de Daïtokuya.

Même pour Monsieur Uraku, c'était une question embarrassante.

"Ah ! Pourquoi a-t-il attiré la mort ? J'ignore la raison officielle mais je la crois assez simple : combien de fois le Taïko Hideyoshi est-il entré dans la salle de thé de Monsieur Rikyû ?" fit Monsieur Uraku en se tournant vers moi.

- "Je ne sais pas vraiment ... plusieurs dizaines, ou plusieurs centaines de fois ? Au moment de la bataille d'Odawara et à Hakone, il venait à peu près tous les jours.

- Le Taïko a donc expérimenté plusieurs dizaines, ou plusieurs centaines de fois, une petite mort ; en entrant dans la salle de thé de Monsieur Rikyû, il était obligé d'abandonner son sabre, de boire le thé, d'admirer les bols ... Chaque cérémonie du thé était une mise à mort. Il aura sûrement eu envie, au moins une fois dans sa vie, de faire connaître la mort à celui qui la lui avait fait goûter ! N'est-ce pas ?"

Je n'arrivais pas à distinguer la part de sincérité et la part de plaisanterie dans les propos de Monsieur Uraku. Le patron de Daïtokuya insista :

- "Il aurait pu éviter tout cela s'il s'était excusé. Il y a eu une rumeur en ce sens, à une époque.

- Ah bon !" se contenta de dire Monsieur Uraku sans autre réaction avant de reprendre : "Monsieur Rikyû avait assisté à la mort de nombreux samouraïs. Combien d'entre eux sont partis pour la bataille où ils trouvèrent la mort, après avoir dégusté un thé préparé par Monsieur Rikyû ? Après avoir assisté à tant de morts non naturelles, c'était presque un devoir que de ne pas mourir dans son lit ! N'est-ce pas ?"

Il déclara ceci d'un ton neutre. Son expression nous engageait à souscrire à ses propos :

- "Cependant, ajouta-t-il, Monsieur Rikyû était quelqu'un d'extraordinaire : quel que soit le nombre d'autres hommes de thé de par le monde, pas un seul ne peut lui être comparé. Il suivait sa propre route, en solitaire ; il préparait le thé, en solitaire. Il fit du thé autre chose qu'un divertissement. Mais il n'en fit pas une salle de zen ; il en fit un lieu de suicide. Bien,
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