Citations de Kwon Yeo-sun (30)
Son flegme et sa grâce, lorsqu'elle considérait son interlocuteur sans mot dire ou ne donnait que de brèves réponses, auréolaient sa beauté d'une aura de mystère.
Je l’entendais sans l’entendre, comme les gazouillis d’oiseaux ou les clapotis de l’eau. Un bruit qui effleure le lobe des oreilles, comme une légère brise. Un bruit magnifique à vous briser le cœur. Un bruit qui s’éloigne à force de l’écouter.
Je l’entendais sans l’entendre, comme les gazouillis d’oiseaux ou les clapotis de l’eau. Un bruit qui effleure le lobe des oreilles, comme une légère brise. Un bruit magnifique à vous briser le cœur. Un bruit qui s’éloigne à force de l’écouter.
Tout comme un trou noir qui aspirait tout sur son passage, elle attirait tous les regards.
Etre en vie, il n'y a besoin de rien d'autre.
Et si le fait de vivre, de ressentir la joie, la peur, le calme et le danger, n'était pas déjà un sens en soi?
Certaines vies sont injustement cruelles, et nous continuons à vivre en les ignorant comme de misérables insectes.
Je joue la scène dans mon esprit : un garçon de dix-huit ans, assis sur son scooter de livraison, à l'arrêt d'un feu. Derrière lui, une belle jeune fille aux lèvres rouge vif et aux coins des yeux qui remontent. Au moment où le feu change et où le garçon démarre, la jeune fille s'agrippe aux hanches du jeune homme. Ses mains sont tièdes et douces comme des plumes. Elle porte un short et un débardeur, dit-elle, et la voix et le souffle de la jeune fille caressent le lobe de l'oreille du garçon. Sur ses joues monte une joie qu'il n'avait jamais ressentie auparavant. En lui, une peur mystérieuse se tapit. Le jeune homme accélère, fonce et traverse l'intersection, débordant de bonheur et de crainte, vers le soleil couchant d'un radieux soir de juin.
Vêtue de sa robe jaune, le soleil rougeâtre formant un halo derrière elle, elle irradiait tel le cœur d'une immense flamme. Mais sous son apparence flamboyante se cachaient des ombres, pareilles aux bords encore trempés des marches.
Ma grande soeur Hae-eon qui, faisant fi des interdictions, posait ses pieds sur le sofa ou sur le siège d'une voiture et s'installait avec les genoux un peu écartés, n'avait-elle pas vécu avec douceur et beauté, comme un oiseau tout juste envolé? Ces moments, ces courts instants, ne forment-ils pas le sens réel de nos vies?
Cette vie n'est-elle qu'un long chemin de misère?
Je me demande : n'y-a-t-il vraiment aucun sens à nos vies? Quand bien même on en chercherait un, on s'en donnerait un de force, n'y aura-t-il absolument rien eu au final?
La vie commence sans raison et finit de la même façon.
L’imagination est tout aussi douloureuse que la réalité. Non, elle l’est plus encore. Après tout, l’imagination n’a ni limite ni fin.
Cela a éveillé en moi un sentiment étrange, qu'il m'est difficile d'expliquer : jamais je n'avais vu un tel mélange chez une jeune femme, à tel point que son visage semblait une énigme. Il m'était à la fois familier et inconnu, comme si je l'avais déjà vu longtemps auparavant et comme si je le découvrais, comme si je voulais éviter de le regarder et que je ne pouvais m'empêcher de le scruter.
Certaines vies sont injustement cruelles, et nous continuons à vivre en les ignorant comme de misérables insectes.
-- Au final, la mort n'est qu'un incident qui trace un trait net entre les morts et les vivants, avait-elle dit d'un ton solennel.
Le soleil déclinait. Je descendais l'escalier de la bibliothèque lorsque j'ai croisé une étudiante, vêtue d'un chemisier beige et d'une jupe jaune. Le bord des larges marches de ciment, encore imbibé par la pluie tombée la veille, était d'un gris sombre. Je l'ai regardée monter l'escalier, puis ai détourné mon regard un court instant avant de la regarder de nouveau. Je n'ai pas pu m'en empêcher.
Un jour, au réveil, j'avais trouvé ma mère assise à côté de moi en train de me fixer, son expression figée en une inquiétante grimace. J'ignorais depuis quand elle était comme ça. Bien que je sois réveillée, elle avait continué à me dévisager, toujours avec le même regard. Elle avait l'expression de quelqu'un à qui on venait d'arracher un ongle. Je savais qu'elle cherchait un autre visage que le mien.
Après tout, l'imagination n'a ni limite ni fin.