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Citation de MegGomar


De retour chez elle, Yuna avait noué son ruban dans ses cheveux et commencé à écrire une longue lettre à Renée. Le crayon à dure mine de plomb grignotait le temps, le dévorant peu à peu entièrement, et, dans le dos de Yuna, l'aiguille du réveil tournait à toute vitesse. Avant même le lever du jour, des oiseaux impatients se mirent à gazouiller. Ces petits êtres ailés semblaient avoir pris dans leur bec les mots biffés par Yuna et les traduire en leur langage à eux tandis que Yuna, son bras droit posé sur la table comme une lourde prothèse, les épaules affaissées, barrait et barrait encore d'autres mots. La muqueuse luisante de l'enveloppe préencollée attendait déjà la version définitive de la lettre. Yuna biffait de plus en plus de mots et bientôt elle n'eut plus la force de leur en substituer d'autres. Biffer avec frénésie remplaçait l'acte d'écrire. La voiture orange des éboueurs s'approchait de la maison avec un bruit de moteur menaçant. Les détritus de pensée de Yuna n'étaient pas encore emballés dans un sac plastique gris ni déposés dans la rue. Cette sorte de déchets avait une combustion difficile.
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