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4.55/5 (sur 10 notes)

Nationalité : Maroc
Né(e) à : Casablanca , 1949
Biographie :

Né en 1949 à Casablanca, Youssef Fadel est dramaturge, metteur en scène, romancier et scénariste. Il a connu la prison après la parution de sa pièce La guerre en 1974. Il est l’un des membres fondateurs du Théâtre Shem’s et a dirigé la revue littéraire Najma.
Paru en 2014, chez Actes Sud : Un joli chat blanc marche derrière moi.




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Bibliographie de Youssef Fadel   (3)Voir plus

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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Les fois précédentes, mon cœur tremblait tout ce qu’il pouvait et, dès que j’entendais des nouvelles d’Aziz, je ne me contrôlais plus. Le simple fait d’imaginer quelqu’un venant me dire qu’il était en vie quelque part, même dans un lieu qui n’existait pas (comme c’est arrivé tant de fois !), cette seule idée me mettait dans tous mes états et je ne tenais plus en place. Mon sang bondissait dans mes veines comme s’il était devenu fou. Aujourd’hui, j’ai l’impression que mon émotion s’est un peu refroidie, que mon enthousiasme n’est plus ce qu’il était. Ça me ferait presque de la peine. Surtout pour Aziz. J’aurais souhaité en moi plus d’effervescence. Pourquoi la nouvelle ne me fait-elle pas tout l’effet attendu et pourquoi glisse-t-elle sur moi, comme ça, en passant, comme l’homme, sans laisser de trace ? C’est sûrement à cause de ces quatre années que je viens de passer à trimer enfermée dans le bar de la Cigogne, quatre années pendant lesquelles on ne m’a apporté aucune fausse nouvelle.
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Je lui ai demandé de me parlé de la guerre .Il m’a dit : « Les Sahraouis veulent fonder leur propre Etat, ici au Sahara, pour avoir leur propres bandits. Au lieu de se faire spolier par les mêmes familles que nous, ils préfèrent se faire dépouiller par les leurs ! » Sa réponse m’a plu. Elle m’a paru à la fois sensée, plausible et drôle. C’est comme ça que finissent révolutions, insurrections et protestations en tout genre : elles vous amènent à tendre votre cou aux vôtres pour qu’ils vous égorgent et vous sucent le sang.
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Oui, je suis bouffon de mon état. Les gens qui s’esclaffent autour de moi, ces cascades de rire qui tombent des quatre coins de la pièce, ces grappes de joie qui pendent, ce bonheur qui flotte dans l’air, cette ivresse qui bat des ailes, cette tempête qui emplit les veines, les yeux et les bouches, qui plie en deux la taille des rieurs et enflamme leurs joues comme si le sang allait leur gicler par les pores du visage et comme s’ils étaient à la limite d’exploser, tout cela me comble de fierté.
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Il n’y a plus “un soleil”, comme vous pourriez le croire, mais plusieurs. Chacun le sien, qui le suit, l’attend à chaque coin de rue, à chaque détour du chemin. Je me dis, moi qui n’aime pas du tout les jours ensoleillés, et même les exècre et les ai en horreur, que ce mois d’octobre commence de la pire des façons. Car je ne vous parle pas d’un soleil chaud, pur et sain comme celui du désert, par exemple. Non, celui-là est pâle et rabougri, au point que c’en est à se demander ce qu’un soleil pareil vient fabriquer au-dessus de vous à cette période de l’année, pas chaud pour deux ronds et parfaitement inutile mais armé de rayons pointus comme des aiguilles qui vous rentrent jusque dans la moelle des os et vous tapent droit sur le crâne. Un soleil pervers, qui darde ses rayons mortels sur le point le plus sensible de votre front et le transperce à un endroit bien précis, toujours le même, comme s’appliquant à le miner avec son pic invisible. Vous avez beau louvoyer, vous contorsionner dans tous les sens, il louvoie et se tortille avec vous en vous suivant dans vos tours et vos détours, au point qu’il ne nous reste plus qu’à le maudire et à jeter l’éponge.
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Dans son rêve, toujours, couché dans l’exacte position de la morte étendue sous lui, il entend déjà, angoissé, l’esprit tendu, le vacarme qui va monter d’ici peu du dehors et il voudrait que le jour ne se lève pas pour qu’on ne découvre pas le corps. Il se demande aussi s’il n’a pas déjà vu la morte quelque part. Il n’ose pas aller voir de près son visage pour savoir s’il a déjà eu affaire à elle. Et elle s’appelle Farah, pour le cas où vous en douteriez encore ! Mais d’où viennent ces brûlures qui lui couvrent le visage et les bras ? Y a-t-il un couteau, un hachoir auprès d’elle, une arme quelconque qui le relierait à la victime ? Il n’ose regarder ni dessous ni autour de lui pour ne pas voir le sang ou les profondes blessures laissées par l’acide. Dans le rêve, toujours, il ouvre les yeux et, voyant qu’un pan de son cauchemar s’accroche encore à lui, il les referme aussitôt. C’est qu’il n’est pas bien sûr d’être réveillé. Mais maintenant qu’il est assis devant la porte et qu’il la tient enfin, son histoire, il repense au juge qui les affectionne particulièrement. Et celle-là, elle mérite d’être racontée. Elle va bien l’amuser.
 
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Notre fonction nous rend comme on dit “dignes d’estime et de respect”… mine de rien. Comme dit Baba Ali, “nous mangeons notre pain en attendant notre fin”. Personne ne pourra dire que je n’ai pas rempli toutes mes obligations au travail comme à la maison. Le manger, le boire, l’habillement et tout le reste. Mais quand tu as sept filles dont l’aînée se cache dans une maison de Tighassaline, d’El-Hajeb ou de je ne sais quelle ville pour faire des cochonneries avec les hommes, tu te dis finalement que, non mon frère, tu ne peux rien contre le destin. Les filles sont nées dès le départ d’une côte tordue. Un fils, au pire, ça devient chômeur. Une fille, le mieux qu’on peut en attendre est de la voir arriver avec le ballon ! En admettant qu’elle n’ait pas joué la fille de l’air avec le premier salopard venu qui lui aura parlé de mariage, de noce et de bague au doigt et qui l’aura abandonnée dans le premier fossé après l’avoir…
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Ai-je joué mon rôle à la perfection ? Mes bouffonneries n’ont pas été sans faire une colonie de jaloux, de flatteurs. Tiens, voilà un beau et bon souvenir pour m’accompagner jusqu’à ma tombe… à condition que mon cadavre ne se casse pas la gueule en cours de route ! ça aussi ça pourrait arriver. Avec les humains, il faut s’attendre à tout.
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Tout en marchant, je pense à cette étoile morte depuis des centaines d’années et dont la lumière continue d’étinceler. Comme elle je suis mort et il se pourrait bien que ce que je vois ne soit que la nostalgie de quelque chose qui n’est plus et dont l’écho vibre encore avant de s’éteindre à jamais.
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Tout cela n’existe que dans notre tête. Sait-on quand commence une chose et quand une autre finit ? Peut-on décider qu’une chose est finie et qu’une autre a pris la suite ? J’ai compris que l’idée que l’homme se faisait des phénomènes était fausse. Disparaissent-ils dès l’instant qu’on leur tourne le dos ? Rien ne commence et rien ne finit. La nuit ne succède pas au jour ni le jour à la nuit. Ils existent en même temps et nous nous déplaçons seulement de l’un à l’autre. Retourne-toi : c’est la nuit. Lève un peu les yeux, lève-les suffisamment pour repérer ta direction : voilà la lueur du jour qui filtre par les fissures des murs. Ce n’est pas un plein jour. Juste un indice qui prouve que le jour existe quelque part et que c’est ta mémoire qui le voit avant qu’il soit.
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Comme je l’ai dit, je n’aime pas parler le matin et je sais encore moins discuter avec les gens. Mais je lis les pensées de toutes les créatures volantes. Et je sais très bien les écouter. Tout ce qui vole : papillons, cafards, chauves-souris. Mais pas les humains. Parce que les humains ne volent pas. Je ne sais pas comment entamer la conversation avec les hommes ni répondre à leurs questions alors qu’ils sont comme ça, nus, sans ailes. Mais avec les papillons, ou le moineau qui me salue chaque matin et dont je fais toujours exprès d’ignorer le bonjour, c’est différent. Eux et toutes les autres espèces d’animaux volants. J’ai avec eux une relation particulière. Je comprends leur langue franche et sans ambiguïté.
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