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Citations de Youssef Fadel (26)


Les corbeaux sont comme ça. Ils ne peuvent pas taire leur colère et leur mépris des humains même quand ils ne croassent pas.
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Les fois précédentes, mon cœur tremblait tout ce qu’il pouvait et, dès que j’entendais des nouvelles d’Aziz, je ne me contrôlais plus. Le simple fait d’imaginer quelqu’un venant me dire qu’il était en vie quelque part, même dans un lieu qui n’existait pas (comme c’est arrivé tant de fois !), cette seule idée me mettait dans tous mes états et je ne tenais plus en place. Mon sang bondissait dans mes veines comme s’il était devenu fou. Aujourd’hui, j’ai l’impression que mon émotion s’est un peu refroidie, que mon enthousiasme n’est plus ce qu’il était. Ça me ferait presque de la peine. Surtout pour Aziz. J’aurais souhaité en moi plus d’effervescence. Pourquoi la nouvelle ne me fait-elle pas tout l’effet attendu et pourquoi glisse-t-elle sur moi, comme ça, en passant, comme l’homme, sans laisser de trace ? C’est sûrement à cause de ces quatre années que je viens de passer à trimer enfermée dans le bar de la Cigogne, quatre années pendant lesquelles on ne m’a apporté aucune fausse nouvelle.
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Tout en marchant, je pense à cette étoile morte depuis des centaines d’années et dont la lumière continue d’étinceler. Comme elle je suis mort et il se pourrait bien que ce que je vois ne soit que la nostalgie de quelque chose qui n’est plus et dont l’écho vibre encore avant de s’éteindre à jamais.
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Ai-je joué mon rôle à la perfection ? Mes bouffonneries n’ont pas été sans faire une colonie de jaloux, de flatteurs. Tiens, voilà un beau et bon souvenir pour m’accompagner jusqu’à ma tombe… à condition que mon cadavre ne se casse pas la gueule en cours de route ! ça aussi ça pourrait arriver. Avec les humains, il faut s’attendre à tout.
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Je lui ai demandé de me parlé de la guerre .Il m’a dit : « Les Sahraouis veulent fonder leur propre Etat, ici au Sahara, pour avoir leur propres bandits. Au lieu de se faire spolier par les mêmes familles que nous, ils préfèrent se faire dépouiller par les leurs ! » Sa réponse m’a plu. Elle m’a paru à la fois sensée, plausible et drôle. C’est comme ça que finissent révolutions, insurrections et protestations en tout genre : elles vous amènent à tendre votre cou aux vôtres pour qu’ils vous égorgent et vous sucent le sang.
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Oui, je suis bouffon de mon état. Les gens qui s’esclaffent autour de moi, ces cascades de rire qui tombent des quatre coins de la pièce, ces grappes de joie qui pendent, ce bonheur qui flotte dans l’air, cette ivresse qui bat des ailes, cette tempête qui emplit les veines, les yeux et les bouches, qui plie en deux la taille des rieurs et enflamme leurs joues comme si le sang allait leur gicler par les pores du visage et comme s’ils étaient à la limite d’exploser, tout cela me comble de fierté.
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Il n’y a plus “un soleil”, comme vous pourriez le croire, mais plusieurs. Chacun le sien, qui le suit, l’attend à chaque coin de rue, à chaque détour du chemin. Je me dis, moi qui n’aime pas du tout les jours ensoleillés, et même les exècre et les ai en horreur, que ce mois d’octobre commence de la pire des façons. Car je ne vous parle pas d’un soleil chaud, pur et sain comme celui du désert, par exemple. Non, celui-là est pâle et rabougri, au point que c’en est à se demander ce qu’un soleil pareil vient fabriquer au-dessus de vous à cette période de l’année, pas chaud pour deux ronds et parfaitement inutile mais armé de rayons pointus comme des aiguilles qui vous rentrent jusque dans la moelle des os et vous tapent droit sur le crâne. Un soleil pervers, qui darde ses rayons mortels sur le point le plus sensible de votre front et le transperce à un endroit bien précis, toujours le même, comme s’appliquant à le miner avec son pic invisible. Vous avez beau louvoyer, vous contorsionner dans tous les sens, il louvoie et se tortille avec vous en vous suivant dans vos tours et vos détours, au point qu’il ne nous reste plus qu’à le maudire et à jeter l’éponge.
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Ils se retrouvaient puis se séparaient, dans une sorte de jeu dont le sens leur échappait. Elle arrivait au moment où il ne s’y attendait pas pour disparaître le lendemain, ou quelques jours, quelques semaines plus tard, à l’image du chaos qui régnait alors dans sa tête. Il essayait de rassembler les morceaux d’une vie qui n’avait pas duré bien longtemps. Farah aimait le bleu, la couleur de la robe dans laquelle elle lui était apparue la première fois. Et le chant aussi.
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Dans son rêve, toujours, couché dans l’exacte position de la morte étendue sous lui, il entend déjà, angoissé, l’esprit tendu, le vacarme qui va monter d’ici peu du dehors et il voudrait que le jour ne se lève pas pour qu’on ne découvre pas le corps. Il se demande aussi s’il n’a pas déjà vu la morte quelque part. Il n’ose pas aller voir de près son visage pour savoir s’il a déjà eu affaire à elle. Et elle s’appelle Farah, pour le cas où vous en douteriez encore ! Mais d’où viennent ces brûlures qui lui couvrent le visage et les bras ? Y a-t-il un couteau, un hachoir auprès d’elle, une arme quelconque qui le relierait à la victime ? Il n’ose regarder ni dessous ni autour de lui pour ne pas voir le sang ou les profondes blessures laissées par l’acide. Dans le rêve, toujours, il ouvre les yeux et, voyant qu’un pan de son cauchemar s’accroche encore à lui, il les referme aussitôt. C’est qu’il n’est pas bien sûr d’être réveillé. Mais maintenant qu’il est assis devant la porte et qu’il la tient enfin, son histoire, il repense au juge qui les affectionne particulièrement. Et celle-là, elle mérite d’être racontée. Elle va bien l’amuser.
 
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Il ne dort pas. C’est pour ça qu’il n’est pas sujet aux cauchemars. Seuls, de temps en temps, viennent troubler le silence le battement d’ailes d’un oiseau réveillé avant l’heure, pas à cause d’un bon ou d’un mauvais rêve, mais parce que c’est le propre des oiseaux, ou le “floc” d’une goutte de rosée tombée délicatement sur le sol.
Mais ce cauchemar qui a dérangé son sommeil, il ferait mieux de l’oublier et de penser aux menus soucis que le jour risque de lui apporter. Car le jour, il va bientôt se lever et il n’aura pas d’histoire à raconter au juge quand il va arriver.
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L’oiseau vient là pour lui chanter une chanson, exprès pour lui, et lui, fasciné par ce privilège, il attend un moment, qu’il prolonge ou abrège en fonction de son humeur et des dispositions de la pie pour lui répondre par la même note filée : prrriiii… Ou quelque chose dans ce goût-là !
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Accorde-toi une dernière audace. Tu n'iras pas plus loin que ton courage de toute façon. Et tu ne regretteras pas ta peine. Monte! L'océan illimité de la vie coule au-dessus de toi. Bientôt, l'immense vague t'emportera vers un autre monde où t'attendent de nouvelles idées et, comme le vent du nord, elle te poussera à embrasser l'infini.
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À partir de maintenant, j'irai de surprise en surprise.
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La femme, comme je le dis toujours, recherche la stabilité. L’abri et le couvert. Et si son destin est de s’établir avec moi à El-Hajeb ou à Midelt… ou dans une ville suffisamment loin d’ici pour que nous ne voyions plus la casbah et les hommes qui y sont enterrés… Dieu nous trouvera une solution en temps utile. Ni avant ni après. La moitié a trouvé sa moitié manquante…
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Ça doit être beau, une vie sans fils et sans filles. Si seulement elle avait bien voulu me laisser me coucher sur sa poitrine, écouter battre en elle la pulsation de la vie comme dirait l’autre… oublier et me dire que rien de ce qui était arrivé n’était arrivé, recommencer avec elle une nouvelle vie, depuis le début, à zéro, sans fosse, sans cadavres, sans oncle ivrogne et débauché ! Je me suis dit : Et si je la laissais quelque temps chez Baba Ali, l’espace de deux ou trois jours, le temps que Dieu arrange les choses, ou tout au moins que je rentre de la ville ?… Si je vois que cette fois tout est comme qui dirait possible, alors je repartirai à zéro !
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Je passe un long moment à essayer de retirer la bague de mon doigt. Mais on dirait qu’elle est collée à la chair. Chaque effort cause plus d’angoisse que de douleur. Quand j’ai enfin réussi à l’ôter, je la range de côté. J’ai toute la journée pour réfléchir à un moyen radical de la cacher. Puis je me dis finalement que ce n’est pas la peine et je la remets à mon petit doigt pour pouvoir l’enlever facilement en cas de besoin.
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Comme je l’ai dit, je n’aime pas parler le matin et je sais encore moins discuter avec les gens. Mais je lis les pensées de toutes les créatures volantes. Et je sais très bien les écouter. Tout ce qui vole : papillons, cafards, chauves-souris. Mais pas les humains. Parce que les humains ne volent pas. Je ne sais pas comment entamer la conversation avec les hommes ni répondre à leurs questions alors qu’ils sont comme ça, nus, sans ailes. Mais avec les papillons, ou le moineau qui me salue chaque matin et dont je fais toujours exprès d’ignorer le bonjour, c’est différent. Eux et toutes les autres espèces d’animaux volants. J’ai avec eux une relation particulière. Je comprends leur langue franche et sans ambiguïté.
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J’ai commencé à chercher ce quelque chose de dur dès que l’oiseau a chanté deux fois. Je me suis levé dès qu’il a poussé son premier cri en me souhaitant un bon matin. Mais je ne lui ai pas rendu son salut. Je lui ai dit : “Je ne réponds pas aux bonjours. Le matin, je ne parle à personne. Même pas aux rossignols. J’ai perdu confiance depuis longtemps. Et puis je ne souhaite pas le bonjour à n’importe qui.”
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La famille, c’est ceux que vous croisez tous les jours dans la rue sans les saluer, ceux que vous rencontrez dans l’escalier sans leur dire bonjour. Ce sont ces étrangers que vous n’avez vus qu’une ou deux fois dans votre vie. La famille, c’est tout le monde, sauf les enfants.
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La plupart voyagent pour un document administratif, une visite de famille ou des vacances. Ils portent sur leur visage les signes de l’avenir tranquille qui les attend. Ils ne sont ni pressés ni inquiets. J’aurai beau faire, je ne serai jamais comme eux. Mais ils n’en savent rien et c’est tant mieux.
À quoi rêve un passager ? Et moi, je rêverais si je dormais ? Je me demande où ils vont. Rien ne dit qu’ils vont à la fête des roses. Pas de chants, pas de parfum de henné, pas de jeunes filles qui rient ni de femmes qui pleurent. Est-ce que la question du mariage les concerne au point de les faire voyager à bord d’un autocar de nuit en retard sur l’horaire ?
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