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Critiques de Miri Yu (37)
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Sortie parc, gare d'Ueno

Quand on quitte la gare d'Ueno par la sortie parc, l'on tombe sur des cabanes bâchées de bleu et des SDF assis sur des bancs. Parmi l'un d'eux, il y a ce vieil homme qui semble observer et écouter le monde qui l'entoure. Ici ou là, les commentaires des visiteurs du musée, les promeneurs du parc, la pluie qui tombe sur les feuilles du cerisier, le vent qui secoue les arbres. Dans ce Tokyo anonyme, il semble invisible, exclu du temps qui passe. Il nous livre son quotidien et son passé: son travail qui l'a emmené loin de sa famille, ses morts qui l'ont quitté trop vite, comment il est arrivé là et la nature qui l'entoure...



Il aura fallu à l'auteur pas moins de 12 années pour écrire ce roman profondément humain et très poétique. Dans cette nature omniprésente, sous cette pluie qui glace les âmes, au son des oiseaux qui roucoulent ou des cigales qui chantent, l'on écoute ce vieil homme nous raconter des bribes de sa vie. Ce roman fait la part belle aux couleurs: le gris du ciel, le rose des fleurs de cerisier, le vert des feuilles, le jaune des ginkgos, le bleu de l'étang et le noir de l'âme. Yu Miri nous offre un roman à la fois mélancolique et poétique et dresse le portrait d'un autre Japon. Un récit tout en finesse porté par une écriture douce et élégante.
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Sortie parc, gare d'Ueno

Il n’est pas rare en se promenant dans le parc impérial d’Ueno de voir fleurir de grandes bâches bleues sur lesquelles les familles s’installent pour profiter de la beauté des cerisiers en fleurs.

Mais pour les SDF japonais, ces mêmes bâches ne sont pas synonymes de douceur de vivre. Ils s’en servent pour se protéger de la pluie dans leurs cabanes faites de bric et de broc.

Kazu était l’un de ceux qui vivaient dans le parc. Après une longue vie de labeur sur différents chantiers de la péninsule japonaise, il était retourné chez lui, près de Fukushima, pour découvrir que ses enfants avaient grandi sans lui et qu’il ne les connaissait pas. Restait sa femme, seule rocher auquel s’accrocher après une vie conjugale marquée par ses absences. Mais sa mort, suivant de peu celle de son fils, lui avait fait fuir sa région natale pour revenir à Tokyo et s’installer à Ueno.

Ueno, cadeau de l’empereur aux habitants de la capitale, poumon vert de Tokyo. Ueno et son zoo, ses temples, ses musées. Ueno et ses laissés-pour-compte, souvent des provinciaux échoués ici après un drame familial, une perte d’emploi, un revers du destin.



Souvenirs d’une vie d’un homme qui, comme il le dit lui-même, n’a pas eu de chance. Il a travaillé depuis son plus jeune âge, s’est sacrifié pour nourrir sa famille et finalement est passé à côté du bonheur.

A travers le destin de Kazu, Miri Yû raconte tous ceux qui ont échoué dans le parc d’Ueno, toutes ces vies en marge qui se débrouillent avec des bouts de rien pour maintenir un semblant de vie. Invisibles au milieu des promeneurs, ils sont carrément effacés quand le parc est visité par un membre de la famille impériale. Commence alors la ‘’battue’’. Ils ont quelques jours pour démonter leurs abris, entreposer leurs maigres biens dans des lieux dédiés et se fondre dans l’anonymat d’une salle de cinéma ou d’un cybercafé. Cachons ces indésirables que l’empereur ne saurait voir !

Douceur et mélancolie pour un livre fort qui réussit à mettre de la poésie dans la noirceur. Car il ne faut pas se fier à sa couverture rose bonbon. Sortie parc, gare d’Ueno est un récit triste et dur qui donne à voir la triste réalité des SDF au Japon. Souvent des campagnards ‘’montés’’ à Tokyo pour travailler et qui ont subi de plein fouet les crises financières successives, ils ont été rejoints par les réfugiés de Fukushima chassés de leur région par la catastrophe nucléaire de 2011. Une minorité invisible que l’on chasse au gré des visites des puissants.

Un sujet intéressant et douloureux traité avec pudeur et poésie.

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Sortie parc, gare d'Ueno

Un texte très bouleversant, de qualité mais fort dérangeant...., car il est question de l'épreuve de la pauvreté, d'une vraie misère tenace qui pourrit la vie, le quotidien, enlève une humanité minima... et emprisonne les êtres dans une sorte de toile d'araignée infernale !



Une très belle écriture poétique et épurée... qui prend aux tripes...



Le narrateur raconte que pour nourrir sa famille, il lui a fallu travailler toute sa vie, loin de chez lui...(et plus exactement 48 années à être une bête de somme !!)

Ce qui est terrifiant dans ce roman est de voir notre "anti-héros" réaliser après la mort prématurée de son fils, puis de son épouse, qu'il a trimé toute son existence pour subvenir aux besoins des siens, sans les voir vivre, et que tout simplement au fil de son existence, sa vie a perdu tout sens....



En dehors du pathétique absolu de ce roman, ce texte nous offre avec bonheur la description des traditions et cérémonies bouddhistes...



L'auteur dans la postface, explique qu'elle a mis 12 années pour rédiger ce roman. Entre temps, elle a rédigé, publié de nombreux écrits, romans , essais...

Frappée par la misère de ses compatriotes, l'auteure a persisté dans son enquête. En 2006, elle voulait enquêter sur ces opérations spéciales de nettoyage, appelée "battues" par les SDF, qui sont menées avant chaque visite impériale...



Elle a réussi de façon magistrale...

On ne sort pas indemne de ce genre de lecture. Un grand bravo à cette dame de la littérature coréenne... au style et à la sensibilité magnifiques.



" En regardant le visage de mon fils mort dans son sommeil, qui avait l'air simplement endormi, ce visage qui ressemblait tellement au mien, je n'ai pas pu ne pas me poser de questions sur le sens de ma vie, ou plutôt sur son absence de sens" (p. 52)





"Ma stupéfaction , mon chagrin,, ma colère, étaient si grands que pleurer

me semblait inadéquat" (p. 52)
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Sortie parc, gare d'Ueno

Le vieil homme déroule son histoire. Triste comme un jour de pluie sous les cerisiers. Il est un de ceux que l'on nomme "johatsu", ceux qu'on ne voit pas, les sans abris qui peuplent le parc d'Ueno.

Au fil du récit, on apprend qu'il a dû travailler très tôt, très jeune pour aider sa famille. Puis, jeune adulte, il s'est marié, a eu deux enfants qu'il a peu vus, peu connus, car obligé de partir ailleurs gagner de quoi faire vivre la famille. Il a enterré son fils, mort trop tôt dans la jeune vingtaine, enterré aussi ses parents...Que d'épreuves ! Que de résilience. Et, au crépuscule de sa vie, il revient au village, vers son épouse pour tenir des jours tranquilles. Des jours qui ne se dérouleront pas nécessairement comme espérés. Ce sera sa petite fille qui viendra s'installer avec lui pour en prendre soin. Mais lui, il choisira autre chose, une autre vie en lui laissant une note, un petit mot sur la table: "Toutes mes excuses pour cette disparition soudaine. Je pars à Tokyo. Je ne reviendrai pas dans cette maison. Ne me cherche pas. Je te remercie pour tous les délicieux petits-déjeuners que tu m'as préparés."

Et voilà que ce pan de vie se termine là...

Et au-delà de la chronique, Yu Miri, l'autrice, nous parle d'un Japon bien propre, bien soucieux des apparences, pour qui le devoir est plus important que l'humain. Un Japon qui tolère mal les laissés pour compte, les pauvres, les démunis. Un Japon qui ne se gêne pas pour démanteler les tentes des sans abris dans le parc juste pour le passage de la voiture d'un membre de la famille royale. On sait bien qu'il faut cacher la misère aux yeux impériaux.

Ce sont donc les voix de ces dépouillés que nous entendons dans Sortie parc, gare d'Ueno. Des voix nobles et dignes empreintes de toute la poésie de l'autrice.
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Sortie parc, gare d'Ueno

Rien n'est rose dans ce livre, à part sa magnifique couverture.

C'est une vie triste et grise que nous propose de découvrir Yu Miri.

Celle d'un vieil homme, perdu au milieu d'une multitude d'anonymes, de laissés pour compte dans l'un des plus grands parcs de Tokyo.

Au fil de ces souvenirs, nous découvrons combien la vie lui a été cruelle.

La mort brutale de son fils, suivie de près par celle de son épouse ont fait de lui, une ombre que l'on évite de voir.



"Ce jour-là, le temps est passé. le temps a fini. Pourtant il s'est éparpillé comme des punaises répandues sur le sol. Incapable de détourner mon regard de la tristesse de cet instant, je continue à souffrir.

Le temps ne passe pas.

Le temps ne finit pas."



Et pourtant, les saisons défilent, la floraison des cerisiers rythme le temps qui peu à peu le rapproche de la mort.



La plume de Yu Miri est empreinte d'une grande sensibilité mêlée de douceur et de mélancolie.

Une très belle découverte.

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Le Berceau au bord de l'eau

La critique de @hordeducontrevent sur les Fables et légendes coréennes de Anne-Claire Duval a ravivé en moi des souvenirs.



En 2016-17, j'ai été membre d'une association pour la promotion de la Corée, une expérience passionnante.



En 2019, dans le cadre d'un club de lecture consacré au Japon, j'ai lu le Berceau au bord de l'eau.



Je reprends ici mes notes éparses.



Le Japon est un pays particulièrement xénophobe. Jusqu'à l'époque du Meiji (1868-1912), il vivait en totale autarcie sans aucun échange avec le reste du monde. La fin du protectionnisme est marquée par une politique d'expansion :

-1894-95 Guerre sino-japonaise

-1895 Annexion de Taiwan

-1904-5 Guerre russo-japonaise

- 1905-1945 Colonisation de la Corée



De nos jours, le pays du Soleil Levant a une politique d'immigration draconienne. Il y a très peu d'étrangers. La plus grosse communauté est coréenne : 650 000 en 2013. Les coréens sont méprisés. Beaucoup vivent en ghetto (Okubo, Tokyo, quartier coréen).



Miri Yu est fille d'émigrés coréens. le Berceau au bord de l'eau est un roman autobiographique. Son récit suit l'ordre chronologique de sa naissance le 22 juin 1968 à ses vingt-huit ans. L'autrice insiste pour nous dire qu'elle colle autant que possible à la réalité, que si elle la trahit c'est parce que sa mémoire est défaillante.



Son père parlait parfois du « Genkainada » (je reprends une note en bas de page 20) :



« Mer au nord-ouest de l'île de Kyüshu, parsemée de nombreuses îles posées comme des pierres de jardin permettant le passage entre le Japon et la Corée et se prolongeant à l'ouest par le détroit de Tsushima et le Chenal d'Iki ; redoutable l'hiver pour ses tempêtes et ses vagues furieuses. Clandestinement, légalement ou recrutés de force comme travailleurs, des millions de Coréens ont dût franchir cette mer dans le courant du XXème siècle pour venir chercher fortune au Japon ».



Le berceau au bord de l'eau est un témoignage poignant. Rien ne nous est épargné sur la misère, la saleté, la violence, les tentatives de suicide de Miri Yu, les problèmes familiaux, les difficultés d'intégration…



Voici la description du logement familial :



« Ce que nous avions loué n'était en fait qu'une petite bâtisse sans étage, à vocation de remise, construite sur le terrain occupé par la maison du propriétaire.

Par un grand trou béant dans le mur de la salle d'eau entraient des limaces qui allaient se coller sur le petit bac à savon et de gros grillons aux longues pattes que l'on retrouvait inertes, flottant dans l'eau de la baignoire. Mais murs et plafonds étaient aussi criblés de trous dans les autres pièces et à chaque grosse averse c'était un véritable branle-bas de combat. Nous dormions avec tout ce que nous possédions de récipients, bouilloires, casseroles et bassines, disposés aux points névralgiques et quand la pluie s'intensifiait, le martèlement des gouttes tombant dans tous ces récipients devenait une cacophonie si lancinante que nous n'arrivions pas à nous endormir ». (p.21)



La famille de Miri Yu s'efforce de masquer ses origines. Les prénoms sont japonisés. « Miri » c'est le « Hanbe » (grand-père) qui avait cherché des idéogrammes dont la prononciation soit identique en Corée et au Japon. « Saule », nom de famille se lit « Yu » en coréen et « Yanagi » en japonais.



Harcelée à l'école, livrée à elle-même chez elle, témoin de violences domestiques, Miri devient une enfant dure et perverse qui s'amuse à torturer des fourmis et jouit de les voir souffrir, qui ne s'émeut pas de la mort des bébés chatons dont les yeux ne sont pas encore ouverts, tués par son père (se référer à la citation correspondante).



Le berceau au bord de l'eau n'est pas qu'un nid de violence, c'est aussi un lieu de poésie où l'âme coréenne se réveille. Je n'ai pas le livre sous les yeux, juste quelques pages que j'ai photocopiées.



« Juste au milieu de l'arrière-jardin s'élevait un plaqueminier qui semblait délimiter les territoires des deux maisons. le long de l'étroit sentier menant à l'arrière-cour fleurissaient, rouges, roses ou blanches, des impatientes plantées par mon père. Dès qu'on les touchait, leurs capsules éclataient, pour projeter leurs graines au loin ». (p.21)



Miri Yu est une écrivaine sensible : elle décrit bien la violence intérieure générée par les traumas familiaux. C'est très cru mais il y a aussi de belles évocations sur les traditions coréennes. C'est un beau roman qui nous sert d'entrée dans l'âme coréenne.



Triste sort pour la brillante civilisation coréenne.



L'invention de l'imprimerie est faussement attribuée à Gutenberg :



« le Jikji est le plus ancien livre au monde, connu à ce jour, imprimé au moyen de caractères métalliques mobiles. Son impression en 1377 à Cheongju, dans l'actuelle République de Corée, est antérieure de 78 ans à celle de la Bible de Gutenberg ». (Extrait de la notice de la BNF).



Les japonais ont pillé le patrimoine culturel coréen.



Les coréens du Sud, maintenant sous l'emprise des Etats-Unis, s'efforcent de reprendre leur identité.
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Sortie parc, gare d'Ueno

Le parc impérial d'Ueno, est un lieu de promenade et de passage, un lieu que personne n'imaginerait peuplé, où personne ne s'attendrait à y voir des habitants....et pourtant derrière les fourrés, s'élèvent des tentes faites de bric et de broc, en toile bleue, celles-là même que l'on étend pour la floraison des cerisiers, mais qui là, ne constituent que des abris de fortune pour les laissés-pour-compte de la société japonaise.

En point d'orgue les préparatifs pour les jeux olympiques de Tokyo de 2020 et pour lesquels on fait place nette.......et l'on s'apprête à déloger sans ménagement ces hôtes indésirables. le narrateur septuagénaire dont on ne connaît pas le nom se souvient les jeux olympiques de 1964, il les a connus, il a même travaillé pour les projets de l'époque, mais là s'arrête la comparaison : entre ces deux références le Japon triomphant a fait place à une économie et une crise qui a écrasé les plus faibles. Au gré de ses souvenirs, on découvre la vie de cet homme, une vie heureuse en famille, qui va basculer après plusieurs drames, vers une vie de solitude et de retrait jusqu'à une vie d'errance et de refuge dans le parc.

Une construction intéressante du roman qui nous plonge au coeur du parc, alternant les souvenirs du narrateur, les conversations des promeneurs, les bruits familiers de construction, les bruits familiers que l'on croise dans un parc.



Malgré le sujet intéressant qui oppose deux périodes de référence liées au même sujet - les jeux olympiques - je n'ai pas vraiment été conquise par Sortie parc, gare d'Ueno, je n'ai pas vraiment ressenti de l'empathie pour le personnage principal, peut-être le style trop neutre et quelquefois distancié de Yu Miri et des développements concernant la secte d'appartenance du héros qui ne m'ont pas intéressée plus que cela.

Sortie parc, gare d'Ueno reste une une lecture instructive sur les laissés pour compte mais mais cela n'a pas été un coup de coeur.
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Sortie parc, gare d'Ueno

D'abord une superbe photo de couverture, ce banc un peu déglingué symbolisant peut-être le vide, la solitude et l'abandon sous la spectaculaire floraison rose d'un cerisier.



L'attrait essentiel de ce livre, que j'ai trouvé par ailleurs de bonne tenue côté style, est de nous faire découvrir une facette peu reluisante et bien réelle de l'évolution de la société japonaise, le phénomène SDF. Certes, nous rencontrons aussi en occident ces situations dramatiques. le Japon est moins enclin à faire la lumière sur ces problèmes, surtout lorsqu'il touche des lieux où l'Empereur doit se rendre en visite, ou lorsqu'il s'agit de montrer la puissance nippone aux yeux du monde à l'approche des jeux olympiques de 2020…



Le narrateur, septuagénaire, est devenu SDF presque par choix. Au cours de sa vie de travail, il n'a pas pu voir beaucoup sa famille, sa vie est passée vite et il a subi les traumatismes successifs de la mort de son fils Koichi à 21 ans et de sa femme à 65 ans, dans son sommeil. Ne voulant pas vivre aux crochets de sa fille, il part de sa terre de vie du Tohoku (région de Fukushima) sans laisser de message, pour se mêler aux sans-abris du parc d'Ueno à Tokyo. Il n'a pas eu de chance…



Là, il observe jour après jour la petite vie quotidienne des autres sans-abris, nous rapportant leur histoire, leurs conversations, leurs manèges (notamment pour gagner quelques yens en récupérant des canettes pour des recycleurs), leurs liens forts avec leur chat ou chien, dernier compagnon d'infortune…Il y voit aussi les non SDF mener leur vie habituelle apparemment sans faire attention, même si parfois de leurs fenêtres des immeubles proches ils dénoncent les malheureux à la police…



Etonnant de voir comme ces SDF, souvent âgés, sont à la fois organisés, chacun érigeant sa tente voire sa mini-cabane, formant ainsi une sorte de village dans un coin du parc, près de la gare grouillante, mais aussi comme ils peuvent être l'objet de haine, notamment par des bandes de jeunes qui les cassent et les passent à tabac. Quant aux autorités, elles décident de plus en plus régulièrement de faire place nette, par de véritables « battues », faisant démonter les tentes pour quelques heures, histoire de ne pas faire tache dans le paysage impérial et touristique.



Instructif, mais j'ai mis longtemps à vraiment m'immerger dans le sujet et à accrocher pour plusieurs raisons : on se perd parfois dans les allers-retours passé-présent du narrateur, la séquence des obsèques de son fils est interminable et ennuyante, et je n'ai pas ressenti l'émotion escomptée, sans compter une fin tirée par les cheveux, l'auteur essayant de relier à son histoire, maladroitement à mon sens, les événements de Fukushima…



Un peu de déception donc, mais ce roman reste un témoignage intéressant, par une coréenne vivant au Japon, sur les maux actuels, notamment l'exclusion (les coréens sont encore souvent victimes de ségrégations) et la pauvreté rampante, d'un Japon en perte de repères et qui a bien besoin de rêver à nouveau.

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Sortie parc, gare d'Ueno

Posé sur la table des nouveautés à la médiathèque, voici déjà trois ans, cette explosion de fleurs de cerisier m'a attrapée sans que je puisse m'en détacher. Bravo aux éditions Acte Sud pour leur couverture magnifique.



Une fois le livre ouvert, j'ai découvert un monde bien moins rose que les sakura en illustration. Il est vrai que le parc Ueno à Tokyo est renommé pour la célébration annuelle du "hanami" (la contemplation des cerisiers en fleurs, qui donne lieu à de joyeuses festivités entre amis, collègues ou en famille). Pourtant la sortie parc de la gare de Ueno ouvre sur une perspective autrement plus dérangeante : un véritable village constitué de bâches et cartons, servant d'habitat précaire aux personnes tombées à la rue.



Le narrateur est un homme âgé, SDF alors qu'il a travaillé comme une bête des années pour entretenir sa famille. Lorsque sa femme et son fils unique meurent, il réalise qu'il ne les a quasiment pas vus tout ce temps où il se vouait à son entreprise (mentalité et situation récurrentes chez les salary-men nippons).



Reclus dans la cité des invisibles de Ueno, il détaille misères et beautés de la nature. Je dis invisibles mais pas toujours car les services de nettoyage leur tombent régulièrement dessus pour faire disparaître cette tache sur le paysage urbain tokyoïte. Qui plus est lorsqu'un membre de la famille impériale vient à traverser le parc. Cacher ce pauvre que je ne saurais voir (ça, ce n'est pas propre au Japon mais se retrouve partout où des personnes sont à la rue).

L'esprit du narrateur force l'admiration à contempler le passage des saisons et leurs expressions florales et végétales, à encaisser les battues des services de nettoyage avec un fatalisme incroyable, à écouter les discussions des "vrais" citoyens tokyoïtes dans le parc, etc. Il est pourtant des moments où la mort serait délivrance d'une vie dont le sens lui apparaît pathétique et inutile.



Yu Miri, d'origine coréenne, signe avec ce roman une histoire troublante et qui dérange énormément. Si elle mêle à son texte des touches poétiques et une écriture raffinée, son propos reste grave et concerne nombre d'êtres humains tombés dans la déchéance. Elle a longuement enquêté pour rédiger son ouvrage, qui lui prit douze années. Son approche sensible fait la part belle à une profonde humanité. Un livre très fort, très émouvant, qui conduit aussi à se demander ce que vont devenir ces villages de bâches lors des Jeux Olympiques d'été dans la capitale japonaise en 2020.
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Sortie parc, gare d'Ueno

Il y a beaucoup de livres tristes. Certains mélangent humour et drames, certains ne sont que dramatiques, d'autres démonstratifs. Ce roman est d'une tristesse pudique et alterne des souvenirs qui pèsent à juste raison sur le narrateur et d'autres moments purement contemplatifs.



Mais ce qui m'a marqué le plus dans ce roman c'est la solitude du narrateur...



Le narrateur est issu de la région du Tokohu.

Sa famille a toujours dû lutter contre la pauvreté. Lui même a toujours travaillé durement, pour des métiers peu qualifiés, dans des postes temporaires loin de chez lui. Il fait partie d'une population n'ayant que très peu bénéficié du miracle économique japonais, mais à la merci des crises.

Sa vie est précaire, mais surtout solitaire. Sa précarité ne lui a pas permis de constituer un cercle d'amis pour le soutenir. Pudeur oblige, le narrateur ne l'évoque pas directement. C'est l'absence d'amis dans tout le récit qui laisse cet indice poignant.



Il n'a jamais pu voir grandir ses enfants. Il raconte par exemple avoir découvert à la mort de son fils que celui-ci lui ressemblait. Son fils est pour lui un parfait inconnu. Il n'avait même pas de photo.

La description de la mort de son fils est le moment les plus fort du roman. Un passage en creux : A-t'il parlé avec sa femme en se rendant chez son fils il ne s'en souvient pas. Il se souvient de la pluie.



Alternant avec les souvenirs, le roman capture des dialogues entendus par le narrateur. Il n'est que spectateur d'une vie "normale". Sans rechercher une vie par procuration, il écoute, il reçoit. Mais les dialogues ne sont pas de son monde et glissent sur lui comme la pluie. Il est purement et simplement invisible pour ceux qui traversent le parc.



Il y a en fait plusieurs formes d'invisibilité



Une institutionnelle et organisée

Cachons ces SDF pendant la visite de l’Empereur (incroyable moment où deux mondes ne peuvent se croiser)

Cachons ces inutiles dans un parc



Une sociale :

Les hors système sont clairement invisibles pour tous

Parlons librement entre amies dans ce parc...de toute façon, il n'y a personne à proximité non ?



C'est donc un roman triste sur la solitude d'un homme qui ne pouvant sortir de la pauvreté est resté toute sa vie un étranger à son pays, et à sa propre famille.

Le tsunami du 11 mars 2011 (il y a cinq ans !) celle également son avenir. Point de retour possible vers ce qui reste de ses proches.



Autres avis

Je suis quelques blogs qui parlent du Japon ou de littérature et même des deux en même temps.

Voici quelques avis qui m'ont poussé à lire ce roman :

http://dozodomo.com/bento/2016/02/27/critique-sortie-parc-gare-ueno/

http://bookmaniac.fr/2015/12/21/sortie-parc-gare-dueno-de-yu-miri/

https://comaujapon.wordpress.com/2015/11/20/sortie-parc-gare-ueno/

http://lirelejapon.blog.lemonde.fr/2015/11/16/sortie-parc-gare-dueno-yu-miri-regard-dun-sdf-invisible


Lien : http://travels-notes.blogspo..
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Jeux de famille

La couverture est belle,le visage paisible d'une jeune femme aux yeux fermés penchée vers le spectateur ou ici le lecteur; on distingue des lettres calligraphiées sous l'illustration. Je pense que c'est ce qui m'avait fait acheter le roman, en plus d'une curiosité toute nouvelle pour la littérature japonaise.

En encart, il est précisé que l'auteure, Yu Miri, est une Japonaise d'origine coréenne qui a beaucoup souffert de moqueries durant ses années d'école. Ces détails m'ont toujours intriguée et je n'en comprends toujours pas la raison ici...



Le livre est composé de deux nouvelles. J'ai repris le livre par curiosité après l'avoir lu il y a une bonne dizaine d'années. J'ai redécouvert deux récits psychologiques un peu trop glauques pour moi, mais vu la critique de Rhodopsine, je ne suis pas la seule. On y suit, donc des relations familiales dans lesquelles les relations aux sexes sont crues et perturbantes; malheureusement on n'éprouve pas d'empathie, l'auteure ne nous en laisse pas vraiment le loisir, mais plutôt un mélange de dégoût et d'écoeurement. Peut-être l'auteure, pour son premier roman, a t'elle voulu jouer sur le thème de la provocation... Il y a certains passages descriptifs très beaux, pris sur l'instant, qui atténue ces mauvaises sensations, mais dans l'ensemble ce n'est pas un livre plaisant à lire et dont on tire quelque chose... je n'en comprends pas vraiment le but, l'intérêt.
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Sortie parc, gare d'Ueno

Je n'ai pas vraiment été conquis par les déboires de ce pauvre homme. Le récit part un peu dans tous les sens, aussi bien dans le temps que dans l'espace. Bien sûr, on ne peut que s'attendrir à l'évocation de la vie de ce SDF. Mais ce roman me semble trop lyrique pour s'ancrer véritablement dans la réalité des sans-abris, qui, à Tokyo comme ailleurs est certainement une horreur. Pour autant, on apprend beaucoup de choses sur l'histoire du Japon et de ce parc, devenu, avec la statue d'Hachiko à la gare de Shibuya, un des principaux lieux de rendez-vous touristiques de la capitale. (Les jeux olympiques prévus en 2020 ne vont certainement rien arranger pour les SDF.)
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Sortie parc, gare d'Ueno

Je dois reconnaître que dans un premier temps c’est la couverture de ce roman qui m’a attirée, ensuite le titre avec la gare de Ueno, pour moi aussi c’est ma rencontre avec le Japon cette gare donc il ne m’en fallait pas plus pour me plonger dans cette histoire.

Celle d’un SDF qui vit dans une cabane bâchée de bleue dans ce parc, il nous livre son quotidien, les scènes de sa vie que l’on saisit tout comme lui par des brides de conversations. La nature est très présente dans ce livre et comme l’on sait joue un rôle essentiel au Japon sans oublier la pluie omniprésente au tout long du roman. Il nous raconte par petite touche sa vie, le comment, le pourquoi il en est arrivé à vivre dans ce parc, on découvre qu’il vient de la région de Fukushima, il a travaillé toute sa vie de 12 à 60 ans sans relâche, loin de sa famille afin de subvenir aux besoins de celle-ci. Il ne rentrait que deux fois par an et il souffre de ne pas connaitre ses enfants, une douleur s’ajoute à une autre, de la perte des êtres aimés à celle de la vague du Tsunami qui déferle sur son village natal.

Ce que j’ai aimé en plus de l’écriture poétique de l’auteur, c’est le portrait de ce Japon celui de la misère, de l’absence.

C’est un roman émouvant et beau à la fois, je vous laisse le découvrir.

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Sortie parc, gare d'Ueno

A la gare d'Ueno, j'ai pris la sortie du parc. Là, je m'y suis installé. Las, j'ai regardé la nature environnante, les cerisiers en fleurs, les diverses espèces de plantes variées. Là, j'ai vu des abris de fortune, Las, je suis las d'être là.



Un roman profondément introspectif où le narrateur nous conte des bribes de son existence. Des fragments d'instantanés passés. Des fragments de soi décomposés. Un narrateur qui vit à la rue, parmi d'autres rejetés de la vie en société et qui tente de survivre dans un Tokyo qui ne voit qu'une chose. Les visites de l'Empereur et les Jeux Olympiques de 2020.



Comment en arrive t-on ici. La déclassification sociale qui vous broie. Malgré tout, même si l'histoire est triste, il y a une belle poésie tout au long des pages. Un style qui vous glisse dessus comme un foulard lorsqu'une petite brise se lève. Les cerisiers du Japon ploient sous la pluie comme un profond vague à l'âme qui ne veut pas passer.



Tout au long des pages, nous glissons, marchons, ricochons à travers l'abri et les abris. Au fil de la découverte de la vie du protagoniste où le bonheur qui échappe, car il n'a pas réussi à le saisir. Malgré la jolie couverture, on y lit bien cette insidieuse descente vers le rien. Une poétique douceur pour bercer une prégnante mélancolie.



Un moment doux malgré tout. L'autrice a pris une bonne dizaine d'années pour écrire se livre et s'y imprégner d'histoire qu'elle voulait nous narrer. C'était, ma foi, joli.
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Poissons nageant contre les pierres

De cette romancière, j’ai d’abord lu son dernier roman paru, «Sortie parc, gare d’Ueno», qui m’a beaucoup plu. En discutant, j’ai appris que ces premiers romans étaient très autobiographiques, et qu’il lui avait fallu du temps pour panser par l’écriture bien des plaies d’une existence difficile. J’ai donc voulu en savoir plus, et j’ai lu ce roman qui fut son premier roman.

Etonnement, admiration : que de chemin elle a fait, pour s’extraire d’elle-même et en arriver au personnage du SDF de «Sortie parc, gare d’Ueno» ! Je vais attendre avec impatience son prochain roman !

Mais parlons de ces poissons qui nagent contre les pierres. Ils savent tellement peu vivre, ces poissons-là, qu’ils s’écorchent à la vie et n’en reçoivent que des plaies… la tonalité d’ensemble de ce que j’ai lu, c’est l’impression d’une immense solitude dans laquelle se trouve et s’enferme l’héroïne… Elle ne peut communiquer avec autrui, excepté à de très rares exceptions et occasions, que sur le mode de l’agressivité, voire de la haine. Evidemment, le champ de sa solitude s’agrandit de plus en plus, jusqu’à la déréliction finale… Même son chat, avec lequel aussi elle a, de façon réciproque, un rapport d’amour/haine, finit par disparaître…

Surnage (la bouée de sauvetage du poisson ?) dans ce désastre la certitude, qu’elle possède, et que le lecteur partage à sa suite, que ses écrits sont recherchés et lui assurent déjà une certaine notoriété. Elle ne donne pas d’importance à cela, elle manque trop d’enthousiasme vital pour que ce soit possible, mais on sent que ce fil directeur-là ne se casse pas… L’avenir lui donnera raison.

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Sortie parc, gare d'Ueno

A la mort de sa femme, sa petite fille est venue à la maison pour s’occuper de lui. Mais il n’a pas supporté d’être un fardeau, un poids inutile pourrissant la vie de ses proches. Alors un jour il a quitté Fukushima en prenant le train pour Tokyo sans prévenir personne, avec un maigre bagage et quelques sous en poche. Et après avoir dormi pour la première fois de sa vie à la belle étoile, il est devenu un SDF sexagénaire, sous une tente de fortune, dans le parc d’Ueno.

Il raconte les jours mornes, les magazines ramassés ici où là et revendus pour quelques pièces à des soldeurs. Il raconte le froid mordant de l’hiver, la pluie incessante du printemps et la chaleur étouffante de l’été. Il raconte les jours particuliers où un membre de la famille impériale doit venir dans le parc. Ces jours-là les SDF ont l’obligation de démonter leurs abris, de faire place nette et d’attendre la fin de la visite pour s’installer à nouveau. Il raconte ses années de labeur sur les chantiers à travers le Japon. Des années loin des siens avant une retraite bien méritée dont il aura peu profité. Il raconte le décès de son fils dans son sommeil alors qu’il n’avait que 21 ans et un brillant avenir devant lui. Sans jamais s’apitoyer, il raconte une vie qui ne l’aura pas épargné. Au-delà de son propre cas, il parle aussi de ses compagnons d’infortune. De la violence, de la misère, du regard méprisant d’une société qui voudrait faire d’eux des invisibles.



Le désespoir ne prend pas ici la couleur de la colère, il s’exprime plutôt dans une forme de résignation tout en retenue. La douleur se drape dans les habits de la dignité, le narrateur semble murmurer son histoire, comme pour ne pas déranger. C’est beau, c’est triste, c’est cruel, ça ressemble à la vie dans ce qu’elle a de plus dur à offrir. Un court roman poignant et pétri d’humanité.


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Sortie parc, gare d'Ueno





Voilà un roman paru chez Actes Sud en 2015 que je n’aurai sans doute jamais lu si une amie ne me l avait offert. J’éprouve, en effet, une sorte de réticence à l’égard de la littérature de pays que je ne connais pas et je n’aurai pas été de moi-même vers cette romancière japonaise. J’aurai eu tort car voilà un roman remarquable et sensible sur le monde des SDF dans ce parc de Tokyo.

On a là l’histoire d’un vieil homme qui finit sa vie dans une cabane faite de carton et de toiles et qui nous donne a sentir ce qu’il ressent. Il a très peu connu sa famille étant parti loin de chez lui pour gagner petitement sa vie. On en apprend beaucoup sur cette situation fréquente au Japon où, pour des raisons économiques des hommes sont contraints d’aller travailler pour pas grand-chose très loin de chez eux et qu’il se crée, alors, une coupure dans leur vie. Son fils est mort à vingt ans puis plus tard sa femme et c’est à ce moment qu’il a quitté sa maison et qu’il est devenu ce SDF dans ce parc.

Il y a, notamment le récit poignant de la mort et des obsèques de son fils avec la liturgie particulière des partisans de la Terre pure et cette invocation qui revient comme un leitmotiv, comme une incantation Namo Amida Butsu…

Le style est également particulier et se rapproche d’une écriture poétique avec quelques fois des mots, de simples mots répétés. On est vite pris par ce que l’on apprend , petit à petit , de la vie difficile de cet homme et des SDF de ce parc ,obligés de dégager en emportant leurs affres et en démontant leurs pauvres cabanes lorsque la visite d’une personnalité et surtout de la famille Impériale est annoncée.


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Sortie parc, gare d'Ueno

J’ai été touché durant toute la lecture de ce roman, devant la difficulté de la vie de ce sans-abri, racontée avec une très belle langue. La fin est quant à elle très forte. Une très jolie découverte pour ma part et un très joli livre à avoir dans sa bibliothèque.
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Sortie parc, gare d'Ueno

C'est un récit émouvant par sa pudeur et qui dévoile le côté sombre de la réalité japonaise que l'on connaît si peu; loin de la fascination et des contrastes culturels nippon-occidentaux, nous voila devant un témoignage poignant d'un exclu vivant aux environs d'un charmant parc de Ueno. Sans domicile fixe ou plutôt domicilié parmi les parias du système japonais prônant le travail acharné garant de la réussite, ayant consacré toute sa vie à servir l'Empire du Soleil Levant, l'homme fait le bilan de son existence en basculant dans l'abîme de détresse. Quand on se balade à Tokyo, aux abords des terrains verts, on aperçoit les petites cases faites de bâches bleues en plastique où, à l'abri des regards, vivent des gens honnêtes et valeureux mais couverts de honte par ce qui ne leur a pas réussi.
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Sortie parc, gare d'Ueno

YŪ MIRI est d’origine coréenne, mais est née au Japon, ne parle pas le coréen, et écrit en japonais. Au sortir d’une enfance difficile, elle a trouvé une porte de salut dans le théâtre, puis elle s’est mise à écrire des romans.

Avec « Sortie parc gare d’Ueno », elle nous invite dans le monologue intérieur d’un SDF. Monologue décousu, certes, mais qui nous laisse peu à peu découvrir à la fois ce que fut la vie de cet homme, et un lieu, le parc d’Ueno, qui a donné son nom au roman. Deux personnages principaux donc, le SDF et son parc, dont l’un et l’autre disent le Japon, et dont l’un et l’autre se dévoilent par touches successives qui conduisent à la cohérence d’un tout.

Le roman est remarquablement écrit, avec une grande sobriété, une grande retenue, et cette sobriété et cette retenue contribuent à la puissance de l’émotion et à la poétisation du texte.

Et l’on se retrouve à terme devant l’implacable déroulement du destin d’un homme terrassé à la fois par la pauvreté et la mauvaise chance.

Tout ce qu’il reste à cet homme, c’est le parc, l’observation du parc et des êtres qui le traversent. Ce qui nous fait entrer dans des instantanés sur la vie des Japonais. C’est aussi la nature qui est conviée, dans les divers moments des saisons. Et divers commentaires ouvrent également une fenêtre sur l’histoire passée et présente du Japon.

Il faut lire ce texte, pour profiter d’un regard sur le Japon, et sur l’humain, d’une originalité qu’il serait dommage de manquer.

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