Le sang afflue à mes joues brûlantes. La femme est pile devant moi. Il me suffisait de tendre la main pour la toucher. J'écoute sa respiration haletante. J'ai presque l'impression d'entendre le bruit de ses côtes à chaque respiration. De sa nuque monte l'odeur de l'adrénaline, acide comme la sueur, entêtante comme un parfum. Depuis que ma maladie de chien s'est déclarée, c'est la première fois que je sens une odeur aussi capiteuse et d'aussi près.
Mon thorax se raidit. Mon estomac se durcit, un ballon gonflé à bloc. Dans ma tête, le scénario maintes fois imaginé tourne en boucle. Suivre, épier, suivre encore, courir, se cacher, trouver, faire face... Le rasoir est toujours dans ma paume, son aile tranchante grande ouverte.