Après avoir vu et lu de nombreux avis très enthousiastes sur les œuvres de Ringo Yuki, j’ai eu très envie de la découvrir. Charmée par le style de la mangaka, je ne regrette pas un seul instant de mettre plongée dans son univers qui est doux, poétique et émouvant !
Tamayura signifie « court instant, en un instant, quelques temps » pourtant ce one shot n’est pas rapide, ni succinct et encore moins expéditif bien au contraire. C’est langoureux, intemporel, les souvenirs de l’enfance se heurtent au présent avant de basculer dans un futur plus lointain. Tamayura, c’est avant tout une histoire d’amour, une histoire de passion, une histoire qui vient bousculer les codes du début du XXème japonais, une histoire d’amitié, et bien plus, trop longtemps étouffée.
Avril 1922, Asakura est nouveau et pensionnaire dans un lycée pour garçon, dès le premier jour il rencontre son colocataire de chambre qui n’est autre que Tashibana, un ami d’enfance. Quatre ans plus tôt, les deux adolescents sont très amis, Asakura qui est harcelé et rejeté à cause de ses traits européens est accepté par Tashibana qui l’a pris sous son aile, jusqu’au jour où Asakura surprend Tashibana en plein ébat avec une jeune fille, choqué, il fuit et ne reverra plus son ami jusqu’au lycée. Cette nouvelle rencontre va réveiller des souvenirs mais aussi des sentiments jusqu’alors enfouis et tus, tout aurait pu être facile si l’innocence, l’époque puritaine et les convenances sociales ne venaient pas se greffer à cette histoire.
Si le dessin n’est pas forcément extraordinaire en soit, il est d’une simplicité et d’une pureté qui vient justement renforcer une romance très émouvante, loin d’être facile et bourrée de clichés. On craque inévitablement sur les deux personnages masculins, héros très expressifs bien différents l’un de l’autre et justement bien croqués pour les rendre attachants.
Ashibana est un personnage poète, passionné, libre qui aspire à être romancier, il un côté intellectuel et philosophe très avancé pour son époque, ne refrénant pas ses envies, ses sentiments. Il est aussi d’une bonté humaine avec une facilité pour accepter les autres quelque soit leurs origines ethniques ou sociales. C’est un très beau personnage qui va toutefois être bousculé par le destin.
Asakura est un personnage différent, des cheveux d’un blond cendré et des yeux bleus, loin du physique japonais, il est rejeté pour cette différence, que ce soit par la femme de son père comme les enfants de son âge. Il a aussi un côté très bourgeois avec des idées assez arrêtées, des émotions qu’il ne gère pas ou n’accepte pas, beaucoup d’interrogations sur ce qu’il peut faire ou non, il y a vraiment un côté prude et innocent chez ce personnage, très nostalgique d’une enfance avec Tashibana. Il va vraiment évolué au contact de ce dernier, se libérer en quelque sorte.
Ce qui est intéressant dans ce manga, c’est l’aspect convenance sociale d’une époque encore entravée par des idées reçues, des obligations familiales, etc. Une des difficultés dans la relation des deux personnages est justement le fait que Asakura doivent se marier à une femme pour respecter les demandes de sa famille. Un véritable tiraillement pour le personnage. Évidemment, si l’amitié revient très vite entre eux, les difficultés vont s’accumuler, on n’est pas dans une relation facile qui va se conclure aussi vite que le manga est à peine entamé, justement il y a du temps qui passe, et l’auteure ne sombre pas dans la facilité ni dans l’accumulation de scènes érotiques. Il n’y en a finalement qu’une et elle est d’autant plus intense qu’elle arrive au bon moment.
En bref, un manga yaoï très réussi, où la douceur côtoie la poésie, où les personnages sont très humains et émouvants, où les embûches ne feront que renforcer une passion amoureuse destinée. Mon petit cœur s’en souvient encore, n’hésitez plus !
Lien :
https://songesdunewalkyrie.w..