Onze nouvelles axées sur le mental de la femme japonaise contemporaine. Pour échapper à une réalité traumatisante, les héroïnes se laissent dériver dans le rêve. Le songe éveillé fait partie intégrante de l'existence. Contraste entre la dureté, voire le sordide, du réel et un onirisme compensatoire qui "réalise" les aspirations profondement refoulées.
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Roman japonais. Koko est une « mauvaise mère ». Elle élève sa fille seule jusqu’à ce que cette dernière décide d’aller vivre chez sa tante, la sœur de Koko. Elle n’a pas de mari, ni de carrière flamboyante. Pas bankable du tout la Koko !
On la suit dans cette vie marécage qui parce qu’elle la subit plus qu’elle ne l’a choisis est un espace un peu misérable.
3 raisons de lire ce livre :
- on est dans la tête de quelqu’un de dépressif qui s’ignore (souffrance émotionnelle, beaucoup de rêverie, ressace le passé, méchanisme d’adaptation non adaptée, égocentrisme…).
- on est dans la tête d’une « mauvaise mère ». Ses désirs passent avant ceux de sa fille, forme d’immaturité émotionnelle, elle ne semble même pas tant envisager sa fille que ça. Son amour est ambivalent, l’enfant l’empêche en même temps qu’elle la sauve.
- on voit la force « société » à l’œuvre. Ce concept creux qui s’exercent à travers nos comportements de jugements automatiques est rendu visible dans ce livre à travers tout les comportements de contrôle qu’exerce l’environnement de Koko. La bienveillance dans ce roman ne serait qu’un moyen de contrôler et de se valoriser soi-même. C’est un peu tristoune mais vraisemblable.
Bonne lecture ! ^^
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Les 12 nouvelles ou chapitres de ce roman forment le récit d’une année de la vie d’une femme qui vient de se séparer, contrainte et forcée, du père de sa fille. Yûko Tsushima fait exister sa narratrice par petites touches jusqu’à ce que son portrait – subtil, nuancé et intime – devienne tangible. Comment exprimer à quel point ce livre est beau ? Non pas par sa poésie ou ses images mais grâce à tous les aspects terre à terre de son histoire et tous les sentiments contradictoires qui traversent son héroïne. Les sensations intimes de la narratrice sont si fortes et si belles parce que tout la ramène en permanence vers ses problèmes : le jugement de son entourage, l’inconséquence de son ex-compagnon, la désapprobation de la société, la pauvreté qui la guette… Pourtant, elle trouve une liberté dans sa nouvelle vie qu’elle m’abandonnera plus.
Territoire de la lumière, écrit par Yuko Tsushima en 1979 et traduit du japonais par Anne et Cécile Sakaï en 1986 pour les éditions des femmes.
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Yûko Tsushima poursuit son travail de consolation avec ce roman autobiographique qui ne sombre jamais dans le douloureux ou le pathétique. Le récit de l’auteur alterne entre mémoire familiale et personnelle, et rêves où Akiko, le personnage principal, revit et faire revivre Kôta son fils disparu. Une femme est comme toujours chez Tsushima au cœur du récit. Akiko, à peine quarante ans, élevait seule son fils Kôta qui meurt brutalement. Elle revient habiter chez sa mère où des travaux de rénovation sont entrepris. Les échanges qu’elle aura plusieurs hommes – son oncle revenu un temps des États-Unis, un ami avec qui elle travaille par ailleurs, le chef des travaux de rénovation, une relation de son enfance – lui permettent d'affronter son deuil et prendre un nouveau départ. Beau portrait et très belle écriture.
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Une écriture à la persistance d'étoile...
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Kôko Mizumi est une femme fragile, qui n'a guère réussi sa carrière professionnelle (sans grande motivation, elle est professeur de piano) ; elle est divorcée, et élève sa fille, difficilement, au point que la jeune adolescente préfère vivre chez sa tante, dans un foyer plus stable, et plus conventionnel aussi. Entre songe et souvenirs, elle s'interroge sur sa nouvelle grossesse, celle-ci se révélant le symptôme de son mal-être et de ses interrogations sur la maternité, ses relations avec les hommes ou sa soeur qui tentent sans cesse d'orienter sa vie et de lui assigner un rôle...
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Un très beau texte dans lequel Yoko Tsushima nous fait suivre la vie quotidienne d'une femme souhaitant élever seule sa fille (son travail, la crèche, une fuite d'eau dans l'immeuble, ses relations avec son futur ex mari etc), ses interrogations : dans chaque texte alterne présent, souvenirs et rêve. Cet onirisme est très important, de même que l'attention portée aux sensations (lumière, souvenirs, émotions). Le roman se présente comme une suite de textes, portant chacun un titre, mais il y a bien une continuité chronologique et narrative. L'auteur ne fait pas toujours de son personnage quelqu'un de sympathique (dans ses relations avec sa fille), mais on suit avec attachement cette jeune femme qui cherche sa voie.
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