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Citation de LeCombatOculaire


Ces sensations et émotions sont un atout dans la mesure où l'être concerné est mobile, où il peut se déplacer, se soustraire à un danger, se soigner. Elles cessent d'être globalement profitables lorsque ce n'est pas le cas : un animal blessé qui se met en sécurité continue néanmoins à éprouver la douleur due à sa blessure, parfois totalement en vain. Et, comme le montre l'existence d'individus qui ont un système nerveux déficient et ne perçoivent pas la douleur ou qui sont dans le coma ou décérébrés, les os se ressoudent, les plaies cicatrisent, le sang coagule, le système immunitaire agit en toute indépendance de la perception de la douleur : celle-ci n'offre aucun avantage à ce niveau, au contraire même, puisque chez les animaux, la sensation de douleur crée un stress qui, s'il ne peut se résoudre par une réaction consciente, se retourne contre l'organisme lui-même. Or, les plantes n'ont pas cette mobilité qu'ont la plupart des animaux ou bien, lorsque cette mobilité existe, elle reste insuffisante pour contrer une agression. Pourquoi alors auraient-elles acquis une conscience au cours des âges ? Et si malgré tout elles en avaient acquis une, pourquoi l'auraient-elle gardée ?

Nous savons clairement que certains animaux n'éprouvent aucune sensation, comme c'est par exemple le cas des éponges, constituées de deux couches différentes de cellules seulement, qui soit filtrent et digèrent les particules organiques en solution dans l'eau, soit forment un épiderme protecteur, et qui ne disposent pas de tissu nerveux. De même, de nombreux autres animaux marins non mobiles sont non sentients, comme c'est vraisemblablement le cas des huîtres ou des moules. Leur système nerveux très succinct suffit fort bien à rendre compte des mouvements réguliers des aspirations/expirations d'eau et des mouvements réflexes de refermer la coquille à la moindre pression exercée, sans qu'il y ait besoin de faire intervenir une forme de sentience. Certains animaux marins, en se fixant au cours de l'évolution sur des rochers, ont d'ailleurs perdu l'essentiel du système nerveux de leurs ancêtres mobiles. C'est que ressentir des sensations est un atout de privilégié dans la monde du vivant, un gain qui du point de vue de la sélection naturelle se paye cher et dont les avantages doivent compenser les inconvénients : le système nerveux des animaux constitue l'une de leurs principales dépenses énergétiques.

Ainsi, parce que les plantes ne possèdent rien qui ressemble un tant soit peu à un système nerveux, parce qu'on ne leur connaît rien qui ressemble non plus à un influx nerveux (qui transporte l'information à grande vitesse), parce qu'une sensibilité à la douleur et au plaisir vraisemblablement ne leur servirait à rien, et, peut-on même imaginer, nuirait à leur survie, je pense qu'elles sont « insensibles » et « muettes », vivantes mais néanmoins « inanimées ». Dit autrement : nous n'avons aucune raison sérieuse de penser qu'elles sont sentientes.

« Mais, me répondra-t-on, il est naïvement anthropomorphique de rechercher chez les plantes un système nerveux similaire au nôtre ou une conscience organisée comme la nôtre, et il n'est pas étonnant de ne rien trouver de tel ; mais cela n'implique pas l'inexistence d'une conscience "organisée autrement". » Ce que pourrait alors être une telle « conscience » devient hélas totalement indéfini, et rien ne nous dit donc en quoi cela resterait une conscience. Et si l'on ne sait strictement rien d'une telle conscience, alors on n'en sait effectivement rien, on n'en peut donc rien dire et autant ne point en parler.
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