AU LONG COURS… OU PETITES ORGUES MARINES…
PETITES ÉPHÉMÉRIDES NAUTIQUES
Extrait 2
Plage déserte livrée nue au Maître des moissons,
Les méduses pourrissent
Sur l'échine des seiches.
Meurt aussi la saison au lit des sables crucifères,
Systole, diastole, incessante palpitation
Dans la paume du Pays Blanc piqueté de bouées lentes,
J'entre vivant, vainqueur d'un paysage qui se refuse
Et que je violente,
Dans ce moulin marin ouvert à tous les vents.
…
p.39
À COURRE…
À LA CORDE
UNE poule sur un mur
Qui picore dans l'azur,
Sur la ville le jour s'éparpille
Fil de mantille
Menthe à l'eau menthe à l'huile
Et au vinaigre.
Aigre douce, douce amère,
À la mère et à la fille
À la corde tu jouais.
Accorde accordéon
Sur un air des familles
Jupons noirs jupons roses
Otarie ôta rose
Rien ne vaut la loterie
Tir au pigeon, lapinodrome
Carillonne cloche de Rome
Et chante Pâques
En la saison.
p.48
DES COURS URBAINS AUX COURS URBAINES…
TOUJOURS L'ACCORDÉON
Extrait 2
C'est démon de midi.
Chromatique ou diatonique
Aux carrefours des ennuis
Le vieux joueur devient poussif.
Reviendra-t-il jamais
Le temps des valses brunes
Chevaliers de la lune
Cerises rouges, merle moqueur,
Ni pire ni meilleur,
Votre bon cœur, ces messieurs-dames,
Quand l'eau du cœur entre les cils
Rompt les amarres,
Filles-fleurs en bottines
Ou blue jeans,
Le pas qu'on attend
Carillonne un jour de noces,
Ciel de pluie, ciel de lit,
Pour le meilleur et pour le pire
Et les flons flons d'accordéon.
p.11-12
AU LONG COURS… OU PETITES ORGUES MARINES…
PETITES ÉPHÉMÉRIDES NAUTIQUES
Extrait 1
Toujours à ras de terre, à ras de ciel
Et la merveille se dévoile.
Y croire, n'y pas croire,
Entre les ailes du moulin
Se déploie l'arc-en-ciel
Dans la farine des nuées,
Or roux, fleur de froment,
Les feux du soir tournoient sur l'Océan
Énorme meule de meunerie.
Tous chemins obstrués vers les greniers du ciel,
Chemin de contrebande,
Anges boiteux, barbus, qui comptez les moutons,
Je vous convoque tous en bataillons serrés.
…
p.39
À COURRE…
MYSTÈRE BIGORNE
Vos glaïeuls bisaïeule
Tournent de l'œil
Œil-de-bœuf
En mansarde
Oeil-de-perdrix
Quand blés en herbe
Œil-de-chat
Velours de la géologie
J'ai au logis l'œil d'or
De la douairière Corsaire borgne
Entre deux chandeliers Louis XV
Au quinze ter Rue Kervégan
Ou bien Quai des Antilles
À Nantes qui frétille
Mystère bigorne aïeule
En son cadre
Me lorgne.
p.51
AU LONG COURS… OU PETITES ORGUES MARINES…
PRÉLUDE À LA VISION MARINE
LE silence d'été dans la maison déserte
Silence à toucher Dieu,
Et soudain le tam-tam de la mouche
Contre la vitre, contre la mer,
Comme une peau de femme
Heureuse.
Le flux file une soie d'écume japonaise
Clapote et va mourir entre les roches
Apaisé.
Pierre, si tu m'aimais,
Sur l'Eau vers moi tu marcherais.
p.38
DES COURS URBAINS AUX COURS URBAINES…
TOUJOURS L'ACCORDÉON
Extrait 1
SUR l'accordéon des saisons
Les rengaines courent les rues,
L'Automne roux poilu
De pampre revêtu
Mélancolique rit et se voit nu.
L'Hiver-aux-squelettes-blanchis
Mains dans les poches
En a blêmi.
Le Printemps prince charmant
Rose à la bouche caracole.
L'Été dodu parade
Cœur consumé des ardeurs de minuit
…
DES COURS URBAINS AUX COURS URBAINES…
JEU DE VILLE
POURQUOI ce coup de lance
Au cœur des places laides,
Vide la plaie à la pointe des grilles.
Comme un ormeau feuillu
Entre les pierres raciné,
Toits de guingois et murs lépreux,
À la vie, à la mort,
Ville ennemie,
Reprends tes cartes biseautées :
Jouons encore.
p.13
DES COURS URBAINS AUX COURS URBAINES…
MA COUR
IL, encombrait le paysage
Le figuier de ma cour
Ils l'ont coupé.
Quand les figues sont mûres
Elles saignent sur le pavé.
Le fils du charpentier le signa de son sang.
Qui reviendra sous le figuier ?
p.22
À COURRE…
HONNEURS DU PIED
MOT à mot
Mot à mort
Et Matamore
Corps à cor
Chasse à cor
Au pied
Et Matador
Corps à corps
Accourt
Accort et âme
Olé
C'est l'hallali
Delille
Et syllabez
L'Abbé
p.45