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Citations de Yves-Daniel Crouzet (30)


Il y a trop longtemps que je laisse les autres empiéter sur mon territoire. Trop longtemps que je laisse faire, mais c’est fini, bien fini. Chaque homme est un prédateur. J’ai décidé de ne plus laisser personne franchir les limites de mon territoire.
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Des histoires noires à ne pas mettre entre toutes les mains !
Lecteurs prudes et timorés, passez votre chemin ! Car si la violence et la sexualité sont rarement explicites dans cet ouvrage, certains thèmes le sont. Manipulations, transgressions, perversions et autres aberrations du comportement, sont ici au rendez-vous. Vous êtes prévenus !
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Il sourit pour lui-même. En un sens, il avait de la chance, car chaque fois qu’il retombait amoureux, il redécouvrait le monde avec de nouveaux yeux.
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À quoi ils ressemblent ? C’est une bonne question et je vous remercie de me l’avoir posée, comme dirait l’autre. Malheureusement, je ne peux pas vous répondre. Vous comprenez, je ne les ai pas vus sous leur véritable aspect. Leur système de brouillage est trop puissant pour que, même moi, je puisse les voir tels qu’ils sont réellement. Je sais seulement qu’ils ne sont pas humains. Ont-ils des tentacules à la place des bras, ressemblent-ils à des limaces géantes ? Je n’en sais foutre rien.
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L’amour ça se mérite et ça se travaille, lui avait un jour dit Thibaut. Si tu crois que c’est en passant d’une fille à l’autre que tu vas y arriver tu te fourres le doigt dans l’œil, mon coco. Il faut être exigeant. Et plus encore lorsque tu as trouvé la femme de tes rêves. Beaucoup de mecs croient que lorsqu’ils l’ont dénichée, ils n’ont plus rien à faire. Ils se laissent aller et patatras ! C’est le plantage assuré.
Est-ce que tu imagines un seul instant qu’un type qui a bossé dur pour obtenir le job qu’il convoitait, va tout à coup cesser de travailler une fois qu’il l’a eu ? Non, n’est-ce pas ? Et bien, en amour c’est exactement la même chose. Il faut s’accrocher et ne pas baisser les bras au premier revers !
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Préface
Yves-Daniel Crouzet est diabolique. Il n’est pas le Malin, bien sûr, mais il est malin. Rusé. Depuis un peu moins d’une dizaine d’années, il écrit et publie des nouvelles fantastiques dans différents supports, constituant, sans en avoir l’air, une œuvre impressionnante. « Le réveil », soumis pour l’édition 2008 de Ténèbres, mon anthologie annuelle de fantastique et d’horreur, a été mon premier contact avec le « style Crouzet », une histoire horrible teintée d’humour très noir (elle n’est pas reprise dans La Plus grande ruse du diable, mais il m’en reste en stock, alors vous savez ce qui vous reste à faire…) Trois ans plus tard, rebelote ! Le bougre me propose « L’ombre sur le palier » pour Ténèbres 2011. Cette fois encore, il s’inspire du quotidien pour mieux en dévier vers l’étrange, le surnaturel (cette nouvelle n’est pas non plus reprise dans ce recueil, alors…) Ensuite, il va poursuivre son lent travail de sape, m’abreuvant de textes de qualité, jusqu’à ce jour fatidique du 10 janvier 2013 (j’ai noté la date) où je reçois un email de sa part avec cinq (cinq !) nouvelles pour Ténèbres 2013. Déjà, je crains le pire. Dans la semaine qui suit, je lis les textes en question, et je sais immédiatement que je suis foutu : ils sont tous bons ! Pourquoi tant de haine ? Yves-Daniel Crouzet est diabolique. Le 18 janvier 2013 (je vous l’ai dit, j’ai noté les dates, j’ai gardé les preuves, si je plonge, il plonge avec moi), je lui propose de publier un recueil qui comprendra les nouvelles qu’il vient de m’envoyer, plus une sélection de son œuvre fantastique, sous forme de rétrospective. Voilà comment il est arrivé à ses fins. Yves-Daniel n’est pas seulement diabolique, il est patient.
Il s’est déjà taillé une belle réputation dans le domaine du polar (son roman, Les fantômes du Panassa, a été le Coup de cœur du jury du Grand Prix du roman de l’été Femme Actuelle en 2009), mais quand il écrit des nouvelles, son genre de prédilection est le fantastique. Comme je l’ai dit plus haut, Yves-Daniel Crouzet aime puiser son inspiration dans le quotidien (un panda en peluche trouvé dans la rue, un pigeon qui agace un fonctionnaire un peu maniaque…) pour mieux plonger son lecteur dans le bizarre, le surnaturel, parfois même l’horreur ou le gore, mais toujours avec sa voix bien particulière, une petite musique qui promet un voyage vers l’inconnu.
Yves-Daniel Crouzet est diabolique. Non content de m’avoir entraîné dans cette aventure qui se sera étalée sur plus d’un an (relectures, corrections, rédaction de notes par l’auteur pour chacune des nouvelles), il n’aura pas arrêté durant cette période de m’envoyer de nouveaux textes (certains ont été ajoutés au recueil dans les semaines qui ont précédé la rédaction de cette préface). Le projet qui, au départ, devait compter dans les 220 pages en fait près de 300, et comprend dix-neuf récits fantastiques écrits entre 2003 et 2013. Malheureusement, je crains que ça ne suffise pas à apaiser la soif de publication de ce monstre prolifique et talentueux. Mon Dieu, je suis persuadé qu’il prépare déjà le tome deux…
Yves-Daniel Crouzet est diabolique. Mais comment résister à la tentation ?

Benoît Domis
Nancy, le 8 février 2014
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Bomaki est revenu. Du fond des âges il est revenu, appelant de ses vœux les ténèbres et la terreur Aveugle et sournois, il rampe dans les anciennes galeries et étire ses froids tentacules dans les tunnels et dans les puits. Dans les rues aussi.
Personne ne l’entend rire encore.
Personne.
Et pourtant il est là qui caquette dans la nuit. Son babil dément conte d’étranges histoires. Des récits de douleur et de peur, de sueur et d’angoisse, et surtout de mort.
Il parle d’âmes égarées et d’antiques sacrifices. Il parle d’enfants disparus.Il parle de faim. D’une faim dévorante et insatiable. D’une faim qu’il faut calmer. Impérativement.
Je le sais. Bomaki a failli m’emporter autrefois.
Au souvenir de la tendre chair qu’ils ont déchiquetée, je suis sûr que ses crocs, infernal chaos de lames et de pics, ruissellent de plaisir, dégoulinent d’un immonde appétit.
Mais si elle est impatiente, paradoxalement, la bête n’est pas pressée.
Qu’importe le temps qu’il lui faudra pour retrouver la lumière.
Elle attend depuis des siècles, depuis l’origine du monde en fait, alors elle peut bien attendre encore un peu.
Dans son antre Bomaki glousse d’une joie démoniaque : son attente va bientôt cesser.
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Michel Dubois n’en croyait pas ses yeux ! Il relut le flyer, fit encore quelques pas, puis se retourna vers le type qui les distribuait. L’individu, indien ou pakistanais, les tendait tranquillement à la foule qui entrait et sortait du métro parisien. Certains n’y portaient même pas un regard et les jetaient directement dans la poubelle située à proximité, quand ce n’était pas par terre. D’autres, après un vague coup d’œil, les glissaient tout chiffonnés dans leurs poches en attendant de s’en débarrasser plus loin.
C’était ce qu’il faisait généralement lui-même, sauf que là… eh bien, sauf que là, ce n’était pas une publicité pour un restaurant qu’il tenait dans la main, mais ni plus ni moins une incitation active à trucider son prochain !
Il regarda derechef le prospectus, doutant encore du témoignage de ses sens. Mais il dut se rendre à l’évidence, c’était écrit en toutes lettres :

L’ATELIER DU CHOURINEUR
Travail rapide et soigné - Discrétion et satisfaction assurées -
Facilités de paiement
Votre voisin fait du bruit ? Votre grand-oncle d’Amérique tarde à faire de
vous son légataire universel ? Votre conjoint vous trompe ? Votre patron
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Renseignez-vous dès à présent !
Tarif de groupes consenti au-delà de quatre contrats. Abonnement possible.
L’Atelier du Chourineur, la solution à tous vos malheurs !

Perplexe, Dubois observa les usagers du métropolitain s’évanouir dans les rues alentour sans manifester la moindre réaction. Personne, à part lui, ne semblait s’être rendu compte du caractère illégal et hautement toxique des prospectus que distribuait cet individu.
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Un recueil de nouvelles à la fois sombres, cruelles et drôles à découvrir.
Allez maintenant j’attaque le roman !
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On n’est fort que grâce à l’amour des autres. Qu’ils nous le retirent et on devient aussi faible et fragile qu’un nourrisson.
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J’ai été comme vous, moi aussi. Belles voitures, belles gonzesses, belles maisons. Mais je ne regrette rien de cette époque. À part peut-être, les petits restos sympas et les voyages à l’étranger. Vous savez ce genre de pays où on peut se procurer de la chair fraîche sans difficulté et, surtout, sans risquer de se retrouver en prison ! Bon Dieu, j’en ai bien profité. Non, je ne regrette rien. C’était une autre vie. Factice. Superficielle. Mensongère.
Aujourd’hui, je suis dans la réalité. Je sais ce que c’est que de se battre pour survivre. J’apprécie chaque instant comme si c’était le dernier. Je connais le bonheur du loup qui plante ses crocs dans la chair de sa proie encore frétillante. Je sais le bonheur du gladiateur qui voit le sang de son ennemi rougir le sable chaud de l’arène. Je suis redevenu un prédateur, un chasseur, un animal. C’est bon de vivre en mode binaire, vous ne pouvez pas imaginer ! Sans se poser d’inutiles questions. Sans s’embarrasser l’esprit avec la morale séculaire et la loi des hommes. Sans se faire des nœuds dans la tête. Survivre. Un concept formidable. À bas cette connerie de pyramide de Maslow ! Je n’ai pas besoin qu’on m’aime et moins encore qu’on m’estime. Je ne me soucie plus d’un quelconque accomplissement personnel. Qui suis-je ? Un animal ! Pourquoi suis-je sur terre ? Pour tuer ! Quel est mon but ? Survivre ! Quel est mon avenir ? Mourir ! Simple ! Aussi simple et limpide qu’une lame d’acier courant sur une gorge fragile. Quand on a accepté ça, on n’a plus peur de rien. De rien ! Les Autres, la Loi, Dieu, le Diable…, on s’en fout ! On est débarrassé de cette boule au ventre qui accompagne l’être civilisé. On est bien.

Extrait de « A vot’ bon cœur ! »
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Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ! Avec le recul, je réalise avec acuité la terrible lucidité de ce proverbe.
Tout à mes préoccupations égoïstes, au rang desquelles l’aboutissement de mon roman tenait la première place, j’avais totalement occulté mon environnement immédiat.
Comme une étincelle couvant sous la braise mon désir pour Lin-Yao, avait grandi, s’était épanoui, jusqu’à éclater au grand jour dans cette sordide chambre d’hôtel par un curieux tour de passe-passe de l’inconscient. De même, j’étais totalement passé à côté des écœurantes manigances de mon épouse, ignorant que je cachais au sein même de mon foyer une vipère aux crochets dénudés. Aujourd’hui encore j’en reste sidéré et honteux.
En quittant Zi j’étais comme un boxeur groggy que son adversaire vient de frapper d’un double uppercut. Il faut du temps à l’être humain pour comprendre et accepter les soubresauts qui agitent sa vie.
Assis sur ce banc public, alors que le jour ne va pas tarder à se lever, je ne suis même pas encore sûr d’avoir compris.
Je regarde autour de moi. Tout est calme. Paris s’éveille, mais le parc Georges Brassens sommeille encore. Les gazouillis joyeux des oiseaux ne sont pas parvenus à le tirer de sa torpeur. Je hume l’air frais chargé de subtiles odeurs. Combien de temps le respirerai-je ? C’est fragile l’existence. Tout peut basculer si vite. Une simple faute de quart, et hop c’est la sortie de piste ! On se retrouve tout à coup sur une pente dangereuse et non balisée avec au bout de la dégringolade, le précipice !
Aurais-je pu faire autrement ? Emprunter un autre chemin ? Je me le demande.
Je ne suis pas déterministe, mais je crois sincèrement que nos actes et nos comportements ne nous appartiennent pas. Ils nous sont dictés, imposés, par notre éducation, par notre enfance et par une succession d’expériences bonnes et mauvaises qui contribuent à nous construire.
Toute mon existence passée m’a conduit de façon irrésistible à cet enchaînement d’événements et à ce banc. Toute. Il y a là une sorte d’inéluctabilité. C’est ce qu’on appelle le destin.
À moins, comme le croyaient nos ancêtres, que nous ne soyons les jouets des dieux. Des dieux cruels et versatiles qui s’ennuient ferme sur leur Olympe et autres demeures célestes et s’amusent à nous mettre à l’épreuve pour égayer leur interminable quotidien.
Mais les dieux et le destin ne sont après tout que les deux visages d’une même chimère que l’homme se plaît à invoquer pour justifier sa faiblesse et son manque de clairvoyance.
Car le seul véritable coupable, finalement, c’est lui seul.
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Aujourd’hui j’ai tué un chat. Je rentrais du travail lorsque l’animal a brusquement surgi devant ma voiture. Je n’ai rien pu faire pour l’éviter. Le véhicule a eu un petit cahot écœurant lorsque les roues lui sont passées dessus et j’ai cru entendre un miaulement, mais c’était sûrement mon imagination.
Je ne me suis pas arrêté. J’ai regardé dans mon rétroviseur la forme inerte qui allait en s’amenuisant et j’ai eu un frisson.
Un frisson de plaisir.
Je n’ai compris qu’après coup que c’était du plaisir, car voyez-vous j’aime bien les chats. En écraser un, même involontairement aurait donc dû me faire de la peine, mais non, ce que j’ai ressenti c’était bien du plaisir. Il n’y a pas d’autre mot pour ça.
J’avais eu une journée éprouvante. À trois reprises, le grand patron m’avait fait appeler dans son bureau et pas pour me complimenter, malheureusement !
Je ne suis pourtant pas plus mauvais qu’un autre. Je fais mon boulot correctement, mais peut-être n’y mets-je pas suffisamment d’empressement et d’enthousiasme. Mais comment être enthousiaste quand on est chef d’un service comptable ?
De toute façon, le boss, il préfère les jeunes. Ils sont plus motivés et plus malléables. Normal, ils n’ont pas encore connu toutes les turpitudes et désillusions de la vie active. Mais ça viendra un jour. Ça viendra…
Maintenant que je suis tranquillement assis dans mon salon à regarder la télévision, je sais que ce n’est pas un chat que j’ai écrasé aujourd’hui, mais mon patron.
Enfin pas au sens littéral, bien sûr. Je m’explique : cette pauvre bête m’a servi, bien involontairement, d’exutoire à un moment où j’en avais besoin. Toutes les frustrations de la journée, toutes les tensions larvées se sont évanouies lorsque je suis passé sur son petit corps poilu. C’est comme si, en mourant, le chat s’était chargé – au sens physique du terme – de toutes mes ondes négatives et m’en avait libéré.
Résultat : je me suis rarement senti aussi bien que ce soir. Même ma femme s’en est aperçue.
- Tu-as-passé-une-bonne-journée-on-dirait-mon-chéri, a-t-elle dit avant de retourner dans sa cuisine.
- Oui, très bonne ! ai-je répondu, un peu surpris moi-même.
Ce n’est qu’à ce moment-là que j’ai compris pourquoi j’étais d’aussi bonne humeur.
Le chat, bien sûr !
J’ai souri.
- Tu ne sais pas ce qu’il m’est arrivé ? ai-je commencé.
Mais je me suis tu aussitôt.
Impossible de raconter ce genre de choses sans passer pour un dingue.
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Il fit sauter le sceau de papier vert et sortit un cigare de la boîte. Théâtralement, il le fit rouler sous son nez.
– Sentez-moi ça, les copains ! C’est pas de la gnognotte !
Ça, c’est un vrai truc de grands. Cent fois mieux que la meilleure des Chupa Chups !
Il me le fit passer et, un à un, religieusement nous humâmes le parfum corsé du cigare. Le vrai cigare d’un vrai révolutionnaire, roulé sur les cuisses d’une vraie femme, ça ne se voit pas tous les jours, quand même !
– Il y en a cinq dans la boîte. Un pour chacun de nous. Le dernier, je le garde pour plus tard. Pour une super grande occase ! Je le fumerai avec ma première fille ! Ou mieux encore : sur la tombe de mon père !
Collardo et Lombardi éclatèrent de rire, sans réaliser que Gascogne pensait vraiment ce qu’il disait.
– Eh bien, moi, j’ai apporté ça ! dit Lombardi en brandissant son sac en papier. Avec des cigares, il faut de l’alcool, non ?
J’ai piqué cette bouteille dans la cave de mon père. C’est de la grappa. « Le nectar des dieux ! » comme il dit. Les dieux romains, c’est mieux que les révolutionnaires, non ?
En guise de dieux, l’étiquette montrait surtout un gros type en train de se bâfrer une grappe de raisins, entouré de nymphettes.
– Et comment ! s’exclama Collardo. De l’alcool ! C’est géant !
– Tu as pensé à prendre un tire-bouchon ? demandai-je.
Lombardi se tapa le front du plat de la main.
– Merde, j’ai complètement oublié ! Comment on va faire ?
– Vous inquiétez pas. Je péterai le goulot, nous rassura Gascogne. J’ai vu mon père faire ça une fois, avec une bouteille de mousseux. Ça marche sûrement avec « le nectar des dieux » ! Bon et toi, Collardo, qu’est-ce que t’as apporté ?
Notre ami rougit jusqu’aux oreilles, tandis que nos visages convergeaient vers lui.
– Moi ? Oh, rien d’intéressant, les gars.
On voyait bien qu’il ne demandait qu’à se faire prier.
– Allez accouche, Groscollas ! dit Gascogne.
– Allez ! Allez !
– Allez !
Nous le chahutâmes deux bonnes minutes avant qu’il extirpe enfin de son pantalon ce qu’il y cachait.
– Des revues de femmes à poil !
L’exclamation avait été lancée à l’unisson.
– Et pas que de femmes ! s’enorgueillit notre copain, rouge comme une pivoine. Y’a des hommes avec et ils font ça pour de vrai ! J’ai piqué les bouquins chez mon oncle ! Il en a plein chez lui. Même que ma mère dit que c’est un cochon et qu’il sera damné ! J’avais une de ces frousses que mes parents les découvrent ! Ça fait trois jours que je les cache dans mon froc !
– Ça doit puer, alors ! rigola Lombardi.
Nous n’en plongeâmes pas moins avec avidité dans les revues salaces.
Je ne garde qu’un souvenir vague des photos que nous vîmes alors. Je me rappelle de corps enchevêtrés, de seins et de fesses pétris par des mains puissantes. Je me souviens d’une fille noire avec une invraisemblable coupe afro faisant l’amour avec un Blanc. Cette négresse splendide, aux seins lourds, à la taille étroite et aux fesses rebondies, est restée, aujourd’hui encore, mon idéal féminin. Sans doute ne faut-il pas aller chercher plus loin l’origine de mon tropisme pour les femmes exotiques.
– Des femmes, de l’alcool et des cigares ! Pas mal, les mecs !
lança Gascogne. Pas mal du tout ! Et toi Piozou, qu’est-ce que tu as ?
Tous leurs yeux étaient tournés vers moi. Sans rien avoir prémédité – comment l’aurais-je pu d’ailleurs ? – je savais déjà que ma contribution constituerait le couronnement logique de toutes les autres. Qu’elle clôturerait en apothéose notre petite cérémonie.
Je plongeai ma main dans la poche de mon blouson et en extirpai l’objet placé au panthéon de tous les petits mecs en puissance : une arme à feu !
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Le soleil n'est rien si on ne peut pas le partager avec quelqu'un.
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En amour (...) il faut s'accrocher et ne pas baisser les bras au premier revers.
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L'amour ça se mérite et ça se travaille.
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Son cœur ne battrait dorénavant que pour lui, pas pour quelqu’un d’autre, réduit à sa simple fonction vitale de pomper le sang dans son organisme. Un organe, une machine, alors qu’il aurait dû être bien plus que cela : l’expression du plus intense et du plus beau des sentiments. Et si son cœur était réduit à l’état de machine, qu’était-il lui-même sinon une machine ? Un robot qui traversait la vie sans sentiments.
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Cinquante ans de vie commune suffisent à adoucir les sentiments, comme l’eau du torrent lisse et arrondit les pierres qu’elle charrie pour en faire des galets.
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Le don de Valentin – lui, il l’appelait sa malédiction – lui permettait de savoir immédiatement s’il était ou non amoureux. Impossible de se mentir sur sa situation. J’aime ou je n’aime pas. Verdict imparable du cœur ! Verdict terrible aussi, car comment supporter une vie en noir et blanc quand on l’a connue en couleurs ?
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