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Critiques de Yves Lavandier (48)
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L'institutrice, tome 1 : Ne fais pas à autrui..

Je suis un peu mitigé après cette lecture non pas que le sujet ne soit pas passionnant. Il s'agit pour une institutrice Marie-Noelle de sauver un élève d'origine juive que menace une milice bretonne nationaliste qui aide les nazis dans leur sinistre entreprise d'extermination. A noter que l'action se situe en juin 1944 en Bretagne alors que les américains viennent de débarquer en Normandie.



Elle va entraîner toute une classe dans une fuite peu commune. Il faudra également faire avec un élève qui se situe clairement du côté des allemands et qui n'hésitera pas à la dénoncer à la moindre occasion. C'est un peu irresponsable comme attitude de la part de l'institutrice un peu rebelle mais c'est pour la bonne cause.



J'ai été étonné qu'elle donne une écharpe et un bonnet à des élèves pour un petit tour dans les bois car il fait un peu frais en cette fin du mois de Juin. Cela aura toute son importance car c'est cette écharpe égarée qui va guider les chiens dans leur traque.



Il y a également un côté extrêmement moralisateur à travers des fables pour enfants mais c'est rempli de bon sens pour respecter son prochain. Je ne suis pas certain que tout les lecteurs puissent adhérer à cette manière de faire. Je dois dire que j'ai déjà trouvé plus de subtilités dans d'autres œuvres du même acabit. Qu'importe car c'est également une manière de combattre l'antisémitisme et la haine de l'étranger.



J'ai bien aimé le dessin qui est parfaitement lisible. Les couleurs donnent une véritable consistance et le décor est magnifique.



Pour le reste, cela reste une première partie tout à fait convenable en attendant la suite et fin. C'est une très belle histoire sur le fond avec le combat juste d'une femme ayant de bonnes convictions.
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L'institutrice, tome 1 : Ne fais pas à autrui..

Une bd aux jolis dessins et couleurs sur parfois une pleine page. L'histoire c'est du vu et revu avec cette institutrice qui cache un enfant juif durant la seconde guerre mondiale. Elle emmène toute la classe dans la forêt pour semer leurs poursuivants. On en devine la fin.
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L'institutrice, tome 2 : Les enfants de Sur..

Ce deuxième tome de la BD l’institutrice vient conclure l’aventure de Marie-Noëlle, cette maîtresse d’école bretonne, qui en juin 1944 improvise une balade en forêt avec ses élèves pour protéger un d’entre eux, Jacques Rosenthal, un enfant juif poursuivi par la milice.



A la fin de la première partie, la situation était assez tendue et quasi désespérée. Entre les enfants qui n’ont entendu à la maison que des discours collaborationnistes et antisémites, des petits bouts de chou qui ont la peur de leur vie, et quelques turbulents, Marie-Noëlle essaye de préserver l’essentiel : Jacques. Pour se faire, il lui faut égarer les miliciens bretons qui se rapprochent, guidés par leurs chiens.



La tension de la situation est contrebalancée par les réactions spontanées des enfants. Le courage exceptionnel de Marie-Noëlle paraît d’une déroutante évidence. Le dessin (magnifique) amène un regard tendre sur cette classe, où tous les caractères sont présents. Le diptyque L’institutrice est une grande réussite de la BD.
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L'institutrice, tome 1 : Ne fais pas à autrui..

Une bonne BD en cette fin d’année 2022 avec ce récit de Marie-Noëlle, une institutrice bretonne dans un petit village durant la seconde guerre mondiale.



Elle écoute radio Londres, et participe à son niveau aux actions de la résistance locale. Mais surtout en ce mois de juin 1944, elle cache parmi ses élèves un garçon juif, Jacques Rosenthal. Lorsque la milice locale arrive dans le village pour s’emparer du garçon, elle multiplie les artifices pour le protéger… jusqu’à emmener tous les élèves de sa petite classe dans une promenade en forêt pour mettre de la distance entre les poursuivants armés, leur chien, et le petit Jacques. Une ballade qui n’est pas au goût du gamin le plus éveillé de sa classe, mais qui est aussi le fils d’un pétainiste, répétant à tout moment les propos de son père.



Les dessins aux couleurs pastels sont parfaits pour ce monde à mi chemin de l’enfance et des tragédies des adultes. L’institutrice, directe, déterminée, avec son caractère entier, ne plaît pas à tout le monde. L’histoire rappelle aussi que des Français ont servi de supplétifs aux forces nazies, comme ici des nationalistes breton.

La fraîcheur des réflexions des gamins s’oppose aux idéologies des adultes. C’est très réussi.

La suite sera t-elle du même niveau ?
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L'institutrice, tome 1 : Ne fais pas à autrui..

Parfois, il suffit d’un regard….Pour moi ce fut celui de cette institutrice, les bras croisés, déterminée à protéger ses élèves de ces hommes en uniforme qui n’avaient rien à faire dans une classe. Car résister c’est déjà ce que fait Marie-Noëlle dans l’ombre. Il est donc pour elle impensable de livrer un de ses élèves juif à la milice bretonne. S’en suivra un véritable périple avec l’ensemble de ses élèves dans la forêt. L’occasion pour elle qui est très attachée à son rôle d’enseignante de rappeler quelques règles de morale et de respect d’autrui.

Explosion des couleurs, multiplication des vignettes, débats et joutes verbales, alternance des images de la milice et du groupe d’enfants, le rythme est effréné, la tension palpable. Une course poursuite qui ne sera peut-être pas sans conséquences au vue de la dernière image qui nous laisse terrifiés.

A la fois récit historique et superbe hommage au corps enseignant, cette bande dessinée est à mettre entre toutes les mains.

Une belle découverte. Il me tarde lire la suite.
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L'institutrice, tome 1 : Ne fais pas à autrui..

Bretagne 1944, la France est occupée et à Ploménéac, Marie-Noëlle Moënner est l'institutrice du village. Forte tête, elle enseigne aux enfants et tente de les protéger.

Au sein de sa classe, on retrouve toutes les tendances de la société du moment, les enfants véhiculant souvent ce qu'ils entendent à la maison : collaboration, antisémitisme, résistance...



Jacques est juif et la milice française débarque un beau jour à l'école pour le chercher.

Il faut faire preuve d'astuce et d'ingéniosité ainsi que de beaucoup de pédagogie pour tenter de le sauver. Mais la tâche est difficile, apprendre à réfléchir et ressentir de l'empathie ne s'acquièrent pas en claquement de doigts...



Les dessins sont superbes, avec une belle galerie de personnages en début et fin d'ouvrage, la bouille attendrissante du petit Corentin, des visages aux grands yeux expressifs où passent toutes les émotions.



Un joli premier tome au scénario bien dosé sur le rôle des enseignants résistants pendant cette période trouble qui se termine sur un vrai suspense ! Vivement le second tome !


Lien : https://chezbookinette.blogs..
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L'institutrice, tome 1 : Ne fais pas à autrui..

Bien que les Alliés viennent de débarquer en Normandie, dans certains villages bretons, la vie continue comme si de rien n'était.



Pas mal de gens se demandent quand ils verront des soldats anglais ou américains, et s'ils parleront breton pour se faire comprendre. C'est le cas à Ploménéac dans le centre de la Bretagne, où la classe de Mademoiselle Marie-Noëlle suit les derniers événements avec attention grâce à leur institutrice.



Mais cette douce tranquillité vient subitement de prendre une toute autre orientation.

Des soldats allemands, accompagnés de quelques miliciens bretons font irruption dans leur école à la recherche d'un enfant, un juif en fuite.



Marie-Noëlle décide alors de tout faire pour le protéger, y compris d'impliquer, bien malgré elle tous les autres élèves de sa classe.



Une très belle histoire, empreinte d'humanité, de sens moral et de courage.

L'histoire, et la mise en page, sont juste parfaites, et on la vit intensément, tout en frémissant au rythme de leurs aventures.

J'attends la suite de ce diptyque avec impatience !!
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Construire un récit

Les Impressions Nouvelles ont publié en septembre dernier une nouvelle édition de Construire un récit d’Yves Lavandier ( qui a réalisé un long métrage en 2001, Oui mais avec Jugnot et Emilie Desquenne), un ouvrage célébré par d’innombrables scénaristes et cinéastes, indispensable complément du premier volet, intitulé La dramaturgie.



Une importante refonte a été opérée par rapport à la version de 2016. 25 % ont été ajoutés. Il est toujours question de règles qui sont plus que jamais les alliées de tout auteur désireux de transmettre leur pensée et leur univers tout en captivant le récepteur de leur art.

Pour cela, Lavandier propose une méthode étape par étape, précise et complète qui consiste à partir du sens pour arriver au récit complet, en passant par le pitch, les fondations, les jalons, le scène-à-scène et le traitement.

Le principe général étant qu’« on ne construit pas une maison en commençant par le papier peint ». En couverture de cette nouvelle édition, on trouve une photo du film emblématique « Un jour sans fin », une des œuvres les plus analysées dans le livre, en particulier sur les sujets de la trajectoire interne et de la structure en trois actes.



Une autre bible des scénaristes ? Presque deux fois moins volumineux que La dramaturgie, Construire un récit n’en est pas pour autant le résumé.Plus concret et méthodologique, il veille aussi à ne pas citer les mêmes exemples (puisés dans le théâtre, le cinéma, la télévision et la bande dessinée) que son aîné. Les deux livres sont donc aussi instructifs pour qui veut raconter une histoire. Ils sont assurément complémentaires.



Une suite ? Il faudra attendre 2020 pour clôturer en beauté cette trilogie essentielle à tout dramaturge et scénariste professionnel ou débutant avec la parution de Évaluer un scénario.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'institutrice, tome 2 : Les enfants de Sur..

Ce second tome confirme mon ressenti du premier.

C'est une jolie histoire, avec une belle morale, de beaux sentiments et qui véhicule des valeurs aux plus jeunes.

Je suis un peu dubitative sur le public cible de cette histoire qui semblera sans doute un peu complexe aux jeunes ados mais manquant d'un peu de sobriété dans les retournements de situations incessants pour paraitre crédible aux plus âgés.

J'ai l'impression que cette BD tente de surfer sur le succès mérité des enfants de la Résistance pour se faire une place dans le même créneau.

Bof donc mais je tiens à souligner le dessin de Carole Maurel que je trouve magnifique, comme toujours avec cette auteure.
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L'institutrice, tome 2 : Les enfants de Sur..

Il s'agit du tome 2 de "L'institutrice : les enfants de Surcouf". La maitresse, Marie Noelle, est dans la forêt bretonne avec ses 17 élèves pour sauver Jacques Rosenthal, jeune réfugié juif, de la traque de la milice bretonne au service de l'occupant allemand.



Marie Noelle doit faire preuve de plus en plus d'ingéniosité pour éviter que le groupe soit rattrapé par la milice. Il faut réussir à leurrer et tromper les chiens et leur flair. Pour éviter la panique des enfants, l'institutrice présente les épreuves comme un jeu (la partie d'évolution dans les arbres est assez significative et montre que Marie Noelle est aguerrie).



L'institutrice doit faire face à plusieurs problèmes :

* la traque de la milice

* la peur des plus jeunes

* la volonté de Jacques de partir seul pour ne pas entrainer ses camarades

* la trahison potentiel de Guénolé



Peu à peu des personnalités s'affirment chez les enfants, les relations entre eux évoluent ainsi que celles avec l'enseignante. Ce n'est plus elle qui fournit en permanence des sentences ou des morales mais une de ses élèves qui les reprend à son compte et les applique dans ce contexte bien particulier. les enfants se mettent aussi à faire preuve d'ingéniosité ( en particulier pour piéger les chiens de la milice).



Marie Noelle sera assaillie par le doute plusieurs fois et à la limite du désespoir et du renoncement mais le destin en décidera autrement. On découvrira que même au sein de la milice, il peut y avoir des hommes refusant l'inacceptable et se révoltant. L'adversité renforce les liens entre les protagonistes et change la donne, les adverses pouvant devenir des alliés voire des amis.



Le graphisme de Carole Maurel est toujours aussi juste, les expressions des visages collant parfaitement aux différentes situations. Ce graphisme est simple, épuré. Les scènes dans les arbres sont très réalistes. Le découpage des cases facilite la lecture et s'articule parfaitement avec le scénario.



Cette BD évoque une nouvelle fois la seconde guerre mondiale en mettant en scène des enfants. Elle n'est pas sans rappeler par certains côtés "Les enfants de la Résistance". Elle met l'éclairage sur le rôle qu'ont pu tenir certains enseignants et donne des informations sur la milice bretonne. Elle peut être mise dans les mains d'élèves de CM1 CM2 ou de collégiens et pourrait servir de support pour la réflexion sur cette période dans le cadre du devoir de mémoire.



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L'institutrice, tome 1 : Ne fais pas à autrui..

Marie Noelle est institutrice en Bretagne en juin 1944. Nous sommes quelques jours après le débarquement, les troupes américaines progressent en Normandie. Marie Noelle suit les informations en écoutant Radio Londres. Elle accueille au sein de sa classe un jeune juif. Malgré le débarquement en Normandie, les allemands et les miliciens locaux pourchassent encore et toujours les résistants et les juifs. Marie Noelle va entrainer toute sa clase pour tenter de protéger et de sauver Jacques.



Les auteurs nous proposent le courage de cette institutrice engagée au sein de la résistance et qui refuse l'injustice et l'infamie. On découvre au fil de l'histoire les ressources de cette jeune femme qui pense à s'équiper avant de partir en "randonnée, pique nique" avec ses élèves. Elle est très au fait des moyens d'éviter d'être repérer par les chiens, elle sait grimper aux arbres et faire le "nœud de l'évadé".



les auteurs insistent sur l'engagement de cette femme qui se retrouve seule dans son entreprise. Elle doit de plus faire face aux préjugés de certains élèves reproduisant les propos de leurs familles.



J'ai beaucoup aimé le graphisme épuré de Carole Maurel et les couleurs pastels utilisées. Certains paysages sont somptueux. J'espère que le tome 2 sera à la hauteur du premier.
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L'institutrice, tome 2 : Les enfants de Sur..

Le premier tome de « L'Institutrice », « Ne fais pas à autrui… » est sorti en mars 2022 ; six mois plus tard, Carole Maurel et Yves Lavandier nous proposent la conclusion de ce diptyque avec la parution des « Enfants de Surcouf » aux éditions Albin Michel.



Je dois avouer qu'en lisant le « pitch » du tome 1, je suis restée sceptique. Quoi encore une oeuvre sur l'Occupation ? avec un enfant caché ? Mais c'est un thème archi rebattu ! Cette période constituant même un sous-genre à elle seule dans la BD française. de plus, j'avais énormément apprécié l'album « Collaboration horizontale » que la dessinatrice avait réalisé avec Navie au scénario et je me demandais ce que ce diptyque pourrait nous proposer de neuf tant au niveau du scénario que du dessin …



Bon, c'était sans compter sur le fait que le scénariste Yves Lavandier dont c'est la première incursion en bande dessinée était un auteur chevronné : tant sur le plan de la pratique (il a fait ses gammes dans les séries télés et les longs métrages et même réalisé un film avec Gérard Jugnot : « Oui mais ! ») que sur celui de la théorie puisqu'il est l'auteur d'un ouvrage que l'on considère depuis deux décennies comme la Bible des scénaristes : « La Dramaturgie » et d'un autre intitulé « Construire un récit ». Alors évidemment, il a su m'amener là où je ne l'attendais pas !



HOMMAGE AU PLUS BEAU METIER DU MONDE



Déjà, le personnage principal est une héroïne. Vous me direz que le « girl power » c'est un peu dans l'air du temps et qu'en beau portrait de résistante on a « Madeleine résistante » du trio Bertail/Morvan/Riffaud . Certes… Mais la motivation première d'Yves Lavandier n'était pas de glorifier un héroïsme historique conjoncturel mais l'héroïsme quotidien des enseignants, métier qu'il avait redécouvert dans les années 1990 quand ses enfants sont allés à l'école maternelle ! Et il est vrai qu'avec le personnage de Marie-Noëlle Moënner, il crée un beau portrait de femme tout en nuances : touchante lors de la scène d'ouverture du tome 1 quand elle se laisse aller à des rêves de midinette en dansant avec un portemanteau sur fond d'Edith Piaf, irritante avec ses côtés prêchi-prêcha, bouleversante dans ses doutes et ses désarrois …très loin finalement des canons de la « super héroïne « et de la femme forte, surtout dans ce deuxième tome.



LES ENFANTS D'ABORD !



Ensuite comme l'indique les sous-titres des deux tomes, on observe un déplacement de l'intérêt du tome 1 au tome 2 : car dans « Les enfants de Surcouf » non seulement l'héroïne a vraiment de l'épaisseur mais également les enfants qui deviennent pratiquement le sujet du tome final alors qu'on aurait pu s'attendre à ce que seul l'enfant juif, l'enfant caché, soit développé. l. Ils sont tous bien individualisés et caractérisés et la direction d'acteurs de Carole Maurel est assez incroyable dans la justesse des mimiques et des émotions ; leurs visages sont très expressifs et le jeu de regards superbement rendu.



UNE OeUVRE POPULAIRE



Ces beaux portraits permettent l'identification et l'empathie tant pour les adultes que pour les enfants et créent une véritable oeuvre « populaire » au sens noble du terme, c'est-à-dire pour tous. Elle me semble même supérieure à la série à succès « Les Enfants de la Résistance » car plus délicate à la fois dans le graphisme et la narration. Yves Lavandier et Carole Maurel se refusent au manichéisme (et au prêchi-prêcha !), amenant même certains miliciens à la Rédemption et font finalement passer bien des valeurs universelles et atemporelles d'entraide et de solidarité à travers une aventure très rythmée.



En effet, le récit est prenant, le découpage varié et souvent très cinématographique. On a même un fondu au noir ! le gaufrier est très souvent éclaté pour crée une variation de rythme et on a même parfois l'impression d'entendre grâce aux onomatopées le bruit des bottes et l'aboiement des chiens. A la fin du 1er tome on restait sur un cliffhanger digne des meilleures séries américaines et dans ce deuxième tome, à cause d'une construction presque théâtrale (unité de lieu, de temps et d'action), on ressent l'angoisse des héros devant l'étau qui se resserre tandis que certaines scènes montées en parallèles (poursuivants/poursuivis) créent beaucoup de suspense.



UNE REALITE HISTORIQUE TABOUE



Mais «L'Institutrice » quel que soit le dessein de départ, est ancré dans un contexte géographique et historique : la Bretagne (Ploménéac) après le débarquement allié. Et là encore Yves Lavandier fait mouche en évoquant une réalité historique taboue : celle des milices nationalistes bretonnes, dont le bezen Perrot, qui par haine des Français et antisémitisme s'engagèrent volontairement au côté des Nazis et dont certains membres- comme on le voit dans l'album- revêtirent fièrement l'uniforme des Waffen SS.



Le tract présenté page 31 sur lequel apparaît une bigoudène balayant deux juifs caricaturés est ainsi authentique. Alors, ce qui aurait pu sembler une coquetterie - les bulles noires qui signalent des dialogues prononcés en breton - trouve sa pleine légitimité car cela souligne que cette histoire de chasse aux Juifs et aux Résistants est finalement « consanguine » : les méchants sont Bretons comme les victimes. Comme le déclare malicieusement le scénariste c'est « la seule fiction au monde sur l'Occupation dans laquelle il n'y a pas un seul Allemand » ; on ne pourrait donc trouver plus novateur !



DU MANGA AU RENDU D'AQUARELLES



Quant au dessin, il est aussi renouvelé. Comme dans « Collaboration Horizontale », ou « Nellie Bly », Carole Maurel joue parfois du symbole mais on a cette fois un petit côté manga qui n'apparaissait pas auparavant. En plus des personnages cadrés de très près et de la focalisation sur leurs yeux, on trouve en effet dans « Les Enfants de Surcouf » certaines pages cernées de noir (comme les comics) ; certaines vignettes deviennent triangulaires ou octogonales comme dans la bande dessinée japonaise et les onomatopées font partie intégrante de la composition de l'image. Mais surtout la dessinatrice, à l'aide de sa palette graphique et de ses brushes qui ont parfois un rendu d'aquarelle, délivre des pages plus organiques que dans ses oeuvres précédentes. La majeure partie de l'action de ce tome se passe dans la forêt, souvent de nuit et on a donc une grande variété de couleurs et de textures pour recréer décors et ambiances. Les pleines pages sont plus nombreuses aussi ce qui permet de créer une respiration dans la narration et de donner à la bédéaste la possibilité de faire éclater son talent.



On l'aura compris, ce diptyque m'a séduite. Je vous en recommande la lecture. C'est un récit d'aventures mais surtout une aventure humaine. Certains moments sont drôles, d'autres terrifiants ou émouvants. Les personnages sont magistralement caractérisés et on n'observe aucune glorification ou condamnation abusives. le dessin est varié tout comme les cadrages. On passe du manga à l'aquarelle impressionniste. C'est un livre à lire dès 12 ans mais bien plus profond qu'il n'y paraît !


Lien : https://bulles2dupondt.fr/20..
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L'institutrice, tome 1 : Ne fais pas à autrui..

Marie-Noëlle est institutrice en Bretagne et engagée dans la Résistance. Alors que le Débarquement a eu lieu, une milice bretonne qui adhère aux idées nazies débarque dans sa classe, à la recherche d'un enfant juif. Vite, elle emmène le groupe se cacher en forêt, le temps de mettre le petit Jacques à l'abri. Mais le danger ne vient pas que des adultes...



Un très beau roman graphique, des dessins fabuleux, une histoire simple mais réaliste, j'ai hâte que le second tome sorte pour savoir comment tout cela va se finir.
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L'institutrice, tome 2 : Les enfants de Sur..

Avec le Tome 2 ( enfin ! ) les aventures de Marie-Noëlle, institutrice bretonne et de sa classe se poursuivent. Il faut échapper aux miliciens qui recherchent Jacques Rosenthal, un enfant juif.



Les difficultés se multiplient, les dangers aussi. Vont-ils échapper à leurs poursuivants ? Guénolé, antisémite ( l’influence parentale est marquée) va-t-il réussir à dénoncer son camarade Jacques, les gamins vont-ils enfin comprendre qu’ils ont besoin d’être soudés pour gagner cette épreuve ? Comme Surcouf, vont-ils réaliser des prouesses ?



Sous prétexte d’un « road-movie », des questions essentielles se posent :

- Délation ou protection d’un enfant juif.

- Renoncement de l’égoïsme, du confort personnel au profit du groupe.

- Importance de l’empathie face aux difficultés de certains(es) moins armés(ées) face au danger.

Ce dernier point est particulièrement bien illustré par Marie-Noëlle. Auparavant, elle était polarisée sur son objectif : sauver Jacques et les autres enfants de la classe étaient tenus de suivre, vaille que vaille. Le personnage de l’institutrice, plutôt psychorigide s’éclaire, s’ouvre au fil des pages.

Celle qui SAIT, qui enseigne le Savoir, accepte ses faiblesses, ses besoins.



Mention spéciale pour le graphisme de Carole Maurel. Les visages très expressifs donnent le ton à la vivacité du récit, à son suspens également.

A lui tout seul, le dessin suggère la dramaturgie de la scène, avec les gros plans (Voir les planches au-dessus du précipice des pages 40 à 43), les mouvements des corps, l’incompréhension ou l’horreur dans les yeux.

Le fond des planches accompagne admirablement l’histoire : plutôt vert forêt ou blanc quand ils fuient, violet foncé pour le danger ou l’émotion.

J’adore le coup de crayon de Carole Maurel et c’était déjà le cas quand j’ai lu et aimé Nellie Bly.



Un binôme qui se complète magnifiquement pour proposer une BD tout en nuances à mettre entre toutes les mains, car chacun y trouvera son niveau de compréhension.



Tome 1 – Chronique : https://commelaplume.blogspot.com/2022/06/normal-0-21-false-false-false.html




Lien : https://commelaplume.blogspo..
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L'institutrice, tome 2 : Les enfants de Sur..

Marie-Noëlle, une institutrice bretonne, fait tout pour sauver un enfant juif des milices locales. Nous avions fait connaissance avec elle et ses élèves dans le tome 1. Un premier récit qui m’avait emballé grâce à ce personnage et sa capacité à lutter, sa détermination à défendre Jacques Rosenthal en emmenant avec elle tous ses élèves…



Nous les avions laissés s’échappant dans la forêt de Ploménéac, les miliciens à leurs trousses…. Nous les retrouvons au même endroit, tentant de multiplier les ruses pour échapper à leurs poursuivants. Tous font preuve d’une solidarité exemplaire … tous sauf Guénolé, qui ne comprend pas pourquoi il faut faire tout ça pour défendre cet enfant juif.



Le récit met donc en scène cette poursuite et le dilemme que rencontre Marie-Noëlle face au danger qu’elle fait encourir à tout le groupe. Le dessin de Carole Maurel continue de m’enchanter. Son talent pour nous offrir des personnages qui incarnent avec puissance les rôles définis m’épate… Chacun enfant a son caractère, reconnaissable, et cette instit dégage une force hors du commun tout en révélant ses failles.



Voilà un beau diptyque à ranger pas loin de la série « Les enfants de la Résistance » dans la bibliothèque de n’importe quel jeune lecteur, à partir de 10-12 ans peut-être mais pas que !

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Construire un récit

Appendice indispensable, cet opus propose un guide de mise en application des concepts développés dans la Dramaturgie. Sans être encore parfait, l'ouvrage manque de précision quant à la méthode à employer pour dompter sa créativité, il demeure à ma connaissance le meilleur du genre. Sans se cacher derrière son petit doigt ou de grandes théories, il développe les différentes phases d'écriture d'un scénario (ou de tout autre projet de fiction) avec de nombreux exemples et de très praticables pistes de travail.
Lien : https://www.tristan-pichard...
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L'institutrice, tome 1 : Ne fais pas à autrui..

En 1944, en Bretagne, une institutrice se bat pour sa classe. Une milice bretonne est à la recherche de Jacques. Marie Noëlle, la maîtresse, voyant le danger approcher, emmène ses élèves en excursion. Ils partent en forêt, dans une mine d'ardoise... ils traversent une rivière pour éviter le flair des chiens... Cette excursion est l'occasion de revoir certaines morales. Marie Noelle arrivera t elle a sauver tous ses élèves.



Cette histoire m'a touché à plusieurs niveaux. Je suis enseignante en primaire donc forcément ça me parle. Et j'enseigne l'histoire et cette période fascine généralement les élèves aunpoint qu'ils dévorent les grandes vacances, les lulus.... cette BD finira peut être dans ma classe....
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L'institutrice, tome 1 : Ne fais pas à autrui..

Marie- Noëlle est l'institutrice d'une petite bourgade de Bretagne. Malgré la seconde guerre mondiale, elle tente d'offrir à ses élèves un semblant de "normalité". Mais voilà, lorsqu'un de ses élèves est recherché, elle n'hésite pas à embarquer sa petite troupe dans une fuite aux multiples périls.

Cette BD offre un scénario prenant et addictif. Très vite, le cadre est posé et l'on comprend le tempérament de notre héroïne. Les premières planches, plantent le décor et esquissent des personnages qui ne vont cesser d'évoluer tout au long du récit. J'ai adoré suivre la troupe dans sa fuite. J'ai adoré les valeurs portées par ce scénario. En effet, l'histoire est d'une force incroyable.

Et puis, il y a les illustrations de Carole Maurel dont je suis une inconditionnelle admiratrice. Du premier coup d'œil, on reconnait la patte de l'artiste, les traits si reconnaissable de ses personnages, avec ses regards tellement expressifs. Et puis cette palette de couleurs qui donnent un petit côté vintage. Je crois que je suis capable de regarder une planche pendant plusieurs minutes en essayant de saisir tous les petits détails dont regorgent les vignettes.

Cette lecture est un coup de coeur incontesté.
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L'institutrice, tome 1 : Ne fais pas à autrui..

Un très bon premier tome de l institutrice qui retrace le parcours d une maîtresse d école d origine bretonne pendant la seconde guerre mondiale. Cette femme très protectrice envers ces jeunes élèves et ici plus précisément avec Jacques, un jeune garçon qui vient d arriver au village et qui est de confession juive.

Le rythme de cette bd est très bon, il n y a pas de temps mort et la mise en page est très bonne. Petit bémol, pour être un peu critique, est le recours à l instrument informatique.
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L'institutrice, tome 1 : Ne fais pas à autrui..

Une drôle de classe nature….



Juin 1944. Marie-Noëlle est l’institutrice d’une classe unique, dans un petit village breton.

Elle est impliquée dans son enseignement, ses engagements et tente d’inculquer à ses élèves des éléments de morale, « ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fit », d’histoire et de géographie en utilisant les événements qui se déroulent en Normandie. Elle cherche à les faire s’interroger et réfléchir.



Vendredi 23 juin. Sa classe est interrompue par l’irruption de la milice locale qui recherche un enfant juif, Jacques Rosenthal. Les hommes, des bretons, doivent revenir pour emmener Jacques.

Elle décide alors de fuir avec l’enfant et une partie de sa classe, dans la forêt qu’elle connait bien.

Le lecteur se demande pourquoi, alors que le débarquement se poursuit en Normandie, une milice bretonne pourchasse encore des enfants juifs. Certains mouvements nationalistes bretons étaient proches du nazisme et faisait le sale travail. Comme le montre à la page 31, ce dessin authentique, paru dans un hebdo nationaliste breton : Il représente une femme, environnée de lumière, coiffée d’une bigoudène qui chasse avec son balai, deux hommes sombres au nez crochu.

Intéressant et édifiant… Comme le dit Marie-Noëlle aux enfants : « les juifs, c’est comme les bretons. Il y a de tout, des méchants, des gentils et entre les deux. »



Ce « road-movie » dans la nature est magnifique car les enfants demeurent des enfants même s’ils ont compris que c’était grave et sérieux.

Ils jouent, ils se disputent, ils s’aident, ils ont peur, ils se posent des énigmes : « Pour moi, l’après-midi est avant le matin, l’adolescence, avant la naissance et le dimanche, avant le samedi. Qui suis-je ? »

Si vous souhaitez la réponse, il faut lire cette histoire. :-)



Car le suspens est au rendez-vous : vont-ils échapper à la milice bretonne qui les poursuit avec des chiens ?

Car aussi, il y a beaucoup de scènes savoureuses et émouvantes :

Marie Noëlle fait jouer les enfants pour qu’ils oublient la peur : inverser les rôles. Une élève est la maitresse et l’instit redevient une élève comme les autres. Et puis, Guénolé prend la place de Jacques…. Or Guénolé, le plus grand pense que les juifs sont des méchants, des fourbes, des menteurs, des rats, comme le dit son papa.

La force de l’éducation familiale dans les représentations des enfants m’a interpellée. Les petits sont des éponges et ce que pensent leurs parents a force de Vérité. Marie-Noëlle va essayer de leur faire comprendre autre chose.



Chacun est bien différent, dans son caractère, son comportement. Il y a Guénolé, conscient d’être le plus grand, le plus fort, quelquefois rebelle, Gaëlle qui a toujours besoin d’être rassurée, Suzanne, un peu plus grande et protectrice envers les petits ( on l’imagine déjà future instit ), Jean-Marie, simple et naïf, Anig, petite fille soignée qui ne veut pas abimer ses jolies habits, ni se mouiller les pieds dans la rivière.

Du suspens, du tragique mais aussi de la joie avec les réactions des enfants.

Une instit courageuse, impliquée dans sa tâche, engagée. Le lecteur sait déjà qu’elle ira jusqu’au bout….



Les personnages sont attachants, les traits bien marqués, sans caricature, ni dans le scenario, ni dans le graphisme.

Comme d’habitude avec Carole Maurel, l’observation est fine et les expressions très suggestives. J’aime beaucoup les pages où ne figure qu’un seul dessin. Tout est riche de détails, tant dans l’environnement que dans l’expression des visages, A chaque fois, la graphiste suggère par la seule force et finesse de sa plume, l’ambiance du moment.

J’ai bien aimé aussi devant et derrière les pages de couverture, le dessin de chacun des personnages.



Une belle réussite !

Un seul bémol : il va falloir attendre la fin septembre pour découvrir le Tome 2. :-)

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