Votre librairie "Le Forum du Livre" a eu le plaisir de recevoir dans son café littéraire Yves Prié. L'auteur nous a présenté la maison d'édition qu'il a fondée, les éditions Folle Avoine. La rencontre était animée par Jacques Brélivet.
Remous entre ciel et terre
Une vague assaille l'horizon
Sa crête un instant
Ronge l'air
Qui du paysage
ou de toi
est le reflet de l'autre
Egarés en ce monde
nous arpentons ses marges.
Enfant de la nuit
fais du temps
l'allié de tes rêves
Que sais-je de ce monde
qui heurte mon regard.
Je tente une lecture
un éclair dans le rêve.
Ce soir je ne rejoindrai pas le rivage.
De plus en plus nous devenons clandestins dans nos démocraties livrées aux lois du commerce libre.
Quelle perversion du mot! La tâche qui nous attend, loin des slogans, des mots d'ordre, des séductions est de réapprendre pas à pas le goût de refuser, d'opposer un silence de dédain aux offres inconvenantes. Nous rentrons dans un temps de recréation de l'espoir, peut être toujours déçu; mais n'est ce pas là notre noblesse: l'honneur des refus.
L’atelier du peintre
En cet instant...
En cet instant
partage des eaux
Qui de l’amont ou de l’aval
retient l’autre
Laissant le vent
lisser la crête des vagues
Il lui fallait voir
et rêver le monde
Aiguisant l’outil
qui fauchera l’averse
des jours ombrageux
La rumeur est là
sourde et active
dans l’attente
des changements
que révèlera l’aube
le rivage est un enclos
où se livrent
des combats heureux
…
Esquisses pour un hiver
Ô surprise
des matins scellés dans le gel
du commerce du ciel
avec l’angle des talus
Dans l’attente de
qui rompra le sortilège
et rendra cet instant
à la mémoire
*
Est-ce plaie vive
dans le temps
que cette césure du gel
*
Ce pays reste doux dans le gel
Quelque chose comme l’envie
de caresser le silence
et la crainte d’y déranger
le fil d’un chemin
*
Au revers du silence
la vie fait racine sous le gel
*
Et ce blé criant sa soif
sa fièvre de ne jamais
rompre le chant
Prenez le temps avec l’attention de celui
qui sait l’épaisseur des jours.
Il ne se compte, ni ne se passe.
Il se goûte avec l’appétit
que l’on apprend des crépuscules.
Heureuse l’heure lente
qui nous rend le désir du temps
et la saveur des mots
Le désir d’une île
extrait 4
Entre terre et mer
dans un ailleurs indéfini
l’espace nous abandonne
se referme en ses démons
Seule la lumière
caresse le dos des herbes
répliques apaisées de la vague
Il reste une ombre
une menace
qui guette nos enthousiasmes
Le monde serait-il clos
dans un visage
que la pierre transpire
…
Le désir d’une île
extrait 5
Nous ne serons rien
dans ces remous
Brins d’algues
éclatés au front de la pierre
Le temps s’allège de nous
Je ne sais plus
où la terre
où la mer
Sombre renaissance
d’un monde condamné
à la foudre
aux battements chaotiques
des laves
Il nous reste à inventer
l’au-delà des séismes
Le désir est une plage
qui s’égare
dans le secret des failles