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Citations de Yves Viollier (162)


Je n’étais pas amoureux d’elle. Elle avait au moins l’âge de maman. Je n’étais pas ignorant des choses de la vie. A l’école, j’entendais les mots crus des gars de la grande classe quand ils parlaient des filles. Des histoires de culottes réjouissaient le village. Et Marie était concernée plus que d’autres. J’étais curieux « comme une belette », disait tante Irène, et elle n’avait pas tort. J’allais chez Marie et j’étais bien chez elle. Je n’avais pas à slalomer longtemps pour monter de chez ma tante à sa maisonnette. Je prenais le chemin de l’étang.
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Tout ce que je vis aujourd’hui est lié à ces moments d’enfance. J’ai grandi. Je les croyais en allés. Mon monde s’élargissait. Je regardais devant. J’ai rencontré Marie-Claude. Nous nous sommes fait de nouveaux amis. Nous avons construit ensemble. Soudain ils surgissent, mon arrière-grand-mère Lise, Marcellin cahotant dans ma tête, la belle Olympe, Henri caracolant sur son cheval. Il suffit d’une étincelle. Ils se mêlent au présent. Le passé ne meurt pas. Quelle chance que la vie des autres. Ceux que j’ai rencontrés hier et avant, aimés ou détestés, parfois sans qu’ils s’en doutent, continuent d’être là. Ils parlent, m’interrogent, m’orientent.
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Mais quand on a été sevré d’amour, on est tenté par tout ce qui passe, on devient vite boulimique et on attrape n’importe quoi.
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Le père directeur s'était retiré, dos au mur,il laissait le père superieur mener l'interrogatoire. Le père supérieur posa sa barrette sur le bureau,et s'assit dans le fauteuil Voltaire au velours grenat généralement offert aux visiteurs.Une giboulée de printemps cinglait la vitre de gouttes piquantes comme du grésil.
--Tu veux partir? demanda-t-il doucement
François murmura:
--Non,mon père.
Le père supérieur soupira, prit à témoin le père directeur.
--C'est parce que tu veux passer le bac?
--Non,mon père.
Mais alors,pourquoi te caches-tu pour lire ces saletés interdites au séminaire ? Qu'est-ce que tu as donc dans la caboche? Je te préférais quand tu avais choisi une autre façon de te distinguer,François Devineau !
Le père supérieur promena la main sur son crâne pointu et chauve et,le coude appuyé sur le coin du bureau ,le menton dans le creux de la main,il réfléchit à haute voix.
--Écoute,je veux bien te garder encore parmi nous,puisque tu en manifestes le désir. Mais tiens -le toi pour dit: ce sera ta dernière chance!( page 122).
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On a bien labouré ensemble…On a récolté aussi de la misère, mais à deux…
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Elle n’a pas eu besoin d’apprendre ni à traire, ni à conduire les troupeaux, ni à couper l’herbe à lapins. Dès sa première visite, bien avant le mariage, elle avait senti que la vie était plus facile chez eux, ils mangeaient mieux, regardaient moins à la dépense. Les culottes des hommes dans la grange n’étaient pas rapiécées. La cour de la ferme était empierrée, les contrevents peints en bleu.
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On peut employer les mots qu’on veut. Elle ne les avait pas ce jour-là. Mais elle en est sûre : toutes ses cellules ont senti que c’était pour la vie, qu’elle avait rencontré son destin.
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C'est alors m'a dit le père de Marie-Claire, la voix étranglée, qu'il a réalisé que le seul carré de terre que Toinou a jamais possédé en Charente était ce lopin de terre de cimetière partagé avec son mari, son fils et sa bru.
Ces combats, ces jours, ces chemins, ces nuits, ces levers, ces repas, ces défaites, ces pleurs d'enfants, ces épuisements, ces humiliations, ces souffrances, ces inquiétudes, ces espérances, ces réussites, ces rires, ces prières, ces appels, ces cris, ces recommencements.
Quelle différence entre elle et les morts importants dans la dentelle de leurs tombes-chapelles à côté de la sienne ? Toinou n'avait jamais eu de maison à elle en Charente. Mais, derrière le mur du cimetière, il y avait ce plateau, ces vignes, où elle avait tiré les bois, vendangé. Elle était chez elle.
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J'ai photographié ma mère à Angkor, un après-midi de soleil blanc, en juillet 1967. Notre père avait profité de notre retour au Cambodge pour nous accompagner parmi les ruines des temples, il nous avait si souvent parlé de la porte des éléphants, des cinquante-quatre géants de pierre, des racines de ficus étrangleur et de fromager poussées parmi les blocs de grès, les tentacules noués autour des dévatas, les divinités hindoues gardiennes des sanctuaires.
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À bien y réfléchir, rien d’autre ne compte pour François-Xavier. Il vit dans ce paradis dont le centre est occupé par le tilleul du grand-père, la fabrique, le pavillon de ses parents.
Il connaît tous les dissidents et les dissidentes qui se réunissent chaque dimanche à l'église de La Chênelière et forment une grande famille. Les enfants de son âge qui vont à l’école et au catéchisme avec lui sont comme des frères. Les lointaines guerres de Vendée, et tout ce qui les a suivies, demeurent plus fortes que le souvenir. Elles constituent le socle de leurs traditions.
Bien sûr, François-Xavier n’ignore pas qu’ils forment une île, sans cesse menacée, que les gens tout autour vivent autrement. Mais ce monde étranger ne l’intéresse pas.
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Le bonheur de la vie charentaise s’exprimait à travers cette indolence, cette paresse du langage. En Vendée, les sonorités étaient plus rugueuses, les mots plus pesants. Il se lia vite d’amitié avec des femmes de tous âges. Des mémés le considérèrent comme un petit-fils. Il les appela grand-mère, et les servit bon poids, s’intéressant à leur présent, et surtout à leur passé. Leurs histoires lui procurèrent un vrai plaisir.
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Il n’y a pas de bon ni de mauvais pays, répondit Germain, fort de sa science de voyageur. Il n’y a que des pays comme les hommes les font.
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Chaque dimanche, les amoureux descendaient se promener au bord de l’Yon, où ils s’embrassaient dans les cabanes des laveuses, au lavoir militaire. C’est là, dans la fraîche odeur du savon, qu’ils connurent leur premier éblouissement, dans un bonheur partagé. Antoine emporta cette odeur heureuse des lavoirs à la guerre, même dans l’horreur des tranchées. Quand le souvenir de l’amour était insensé, il lui suffisait de s’approcher d’un trou d’eau qui ressemblait à un lavoir, ses jambes se mettaient à trembler et il éprouvait au milieu des morts les frissonnements de la vie du monde.
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On n’a rien pour nous faire plaisir dans ce damné métier. Voici qu’on veut nous donner un franc de plus et par jour, chaque fois que nous serons en ligne. Ceci nous laisse froids et ne nous remonte guère. C’est la paix qu’il nous faudrait. Ce n’est pas en nous donnant un franc de plus qu’on nous fera voir la fin de nos maux. Pour l’instant, ici, il faut nous estimer bien, malgré une vie de chien. Mais puisqu’il n’y a pas de casse, pouvons-nous demander autre chose ? Que sera ce mois d’avril ? Nous l’ignorons !… Et je ne puis même pas dire ce qui se dit entre nous. Du reste, il s’est dit tant de choses qui ne sont jamais arrivées !
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Clotilde ne s'est jamais habitée à ses fulgurants flash-backs qui la laissaient chaque fois sidérée comme si elle débarquait d'une autre planète. Elle a eu beau consulter des psychothérapeutes, des psychiatres (certains des sommités), des gourous, des acupuncteurs, le même phénomène s'est reproduit, quelquefois aux moments et dans les lieux les plus surprenants.Quand elle a lu, dans le journal de ce matin, Des charniers de Vendéens découverts au Mans, et quand elle a vu la photo des squelettes alignés au fond de la fosse devant les archéologues affairés à démonter les derniers ossements, elle a saisi son téléphone.
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Depuis combien de temps ai-je conscience d'être une infirme ? Je n'ai jamais prononcé sans souffrir deux mots qui se comprennent dans toutes les langues, aussi simples qu'un cri : maman, papa. Rien qu'à les écrire aujourd'hui, j'éprouve malgré moi le vertige du marcheur au bord du précipice.
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Les yeux de verre des grands oiseaux de nuit dans la vitrine considéraient Elise avec indifférence. Elle se rhabillait. Le cabinet retentissait à côté des bruits de bassine et d'eau de M. Héliodore Duval. Le vieux médecin avait débarrassé sa méridienne d'un empilement de planches de botanique, et prié Elise de s'y étendre. Il ne pratiquait plus la médecine depuis vingt ans. Les dix-huit fermes de son domaine de Bellenoue lui suffisaient pour vivre et se consacrer à ses activités de naturaliste et d'entomologiste.
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Vingt-deux ans avaient passé, et c'était comme un jour.
L'eau continuait de couler dans le lit de la Vie.
La guerre était revenue.
Tout était peut-être à recommencer.
Rien n'est jamais fini dans les travaux des hommes.
Il ne savait pas s'il avait encore assez de forces pour lutter.
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Plus tard, sous les couvertures et l'édredon, dans la chambre froide, Elise pensa tout haut :
- On lui aura au moins donné une qualité dont je suis sûre, c'et l'intelligence.
- C'est quelquefois un cadeau dangereux quand on est infirme.
Elise ajoura ;
- On lui a aussi donné le courage, il se battra.
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Le ton affable du comte rassura Augustin. Bien sûr, cet homme était le maître, le propriétaire de tout ce pays. Avec le temps, il endossait le costume de son père. Il s'était laissé pousser la moustache. Il avait commencé comme lui ses tournées digestives à travers le pays. On le disait plus hautain, moins disponible qu'au début. Mais en reconnaissant dans ses yeux le regard familier de la comtesse mère, augustin oublia sa gêne et parla.
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