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Citation de Tempsdelecture


Plus de trente années après, au moment de tracer ces lignes, j’en tremble.

Qu’y puis-je si son nom revient sans cesse sous ma plume? Si, alors que je descends en craquant les dernières marches de ma destinée, et que lui-même est déjà ailleurs, je me trouble toujours en l’évoquant?

Au fil des ans, je me suis épuré, dépassionné, presque désincarné. Je crois l’avoir déjà dit: je me suis éloigné de mon siècle et je me sens comme échoué sur une autre rive imprécise, dans une lumière diffuse comme on en voit dans un tableau de Giorgione. Mais, à sa seule évocation, je m’empourpre.

Aucun être au monde n’a provoqué en moi des sentiments d’une telle intensité. De l’admiration énamourée à la haine et au mépris, j’ai parcouru tout l’arc.

Beaucoup de choses que je dirai à son propos, je les ai prononcées ailleurs. Mais j’en révélerai d’autres, si je l’ose.

Comment en parler, rapporter ses paroles, le juger? Il faudrait que je puisse prendre de la distance, Faire comme si je décrivais de l’extérieur, impassible, les scènes dont nous fûmes les protagonistes. C’est illusoire, je le sais, mais que faire d’autre qu’essayer?

C’était le 12 octobre 1507 en fin d’aprés-midi.

Quand je suis entré dans l’imprimerie, j’ai vu un homme assis, bras croisés, près d’une fenêtre. Il s’est levé et m’a dit:

– Je vous en prie, veuillez dire à Messer Aldo que je suis là depuis plus d’une heure. Je suis Érasme de Rotterdam.
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