Une figue rebondit sur son épaule et tomba au sol.
Il la ramassa, la rinça, l'ouvrit en deux, délicatement, et observa le fruit.
La pulpe avait la couleur intense des soirs d'été,
quand le soleil se couche sur la mer,
la couleur de son dernier soupir avant de se noyer dans le sommeil liquide.
p42
Des hommes à pied, savamment enturbannés, à la bedaine flasque, humaient l'air, flanqués de femmes chamarrées comme des pouliches de fête.
p95
J'ai pour lest une figue, pour voile le tissu de mes sensations, pour mousse le petit garçon que je fus.
P18
J'étais un enfant des nuées, un Pierrot lunaire. Je quittais le sol à la moindre occasion.
Je frôle le paysage comme on frôle une main, inconnue ou familière.
Le temps est lâche comme un vêtement trop grand.
Le temps a parfois l'inconsistance du silence, un peu comme la vase du canal, près de chez nous. Il est moelleux, on peut s'y lover, voire disparaître à la vue des autres ou s'y enliser, comme dans les sables mouvants de la honte.
Je m'aime un peu mieux quand je m'écris.